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Compte rendu de lecture : L'enfer de la flibuste

L’enfer de la flibuste, de Frantz Olivié avec le concours de Raynald Laprise, est un livre sur les pirates français entre 1650 et 1700, en Amériques. Pas tous les pirates, mais un équipage en particulier. Il suit l’aventure d’un équipage de flibustiers français qui va passer de la côte Est à la côte Ouest de l’Amérique, remonter jusqu’en Basse Californie, au Mexique actuel, puis revenir.

Ce qui fait la très grande particularité de ce livre, c’est qu’il est constitué en grande partie de textes d’époque (lettres, journaux de bords, compte-rendus…). Ce n’est ni un roman d’aventure, qui broderait un récit autour d’une histoire vraie, ni un livre documentaire, qui nous expliquerait ce qu’était la vie de flibustier. C’est le récit d’un voyage, vu par de multiples sources, commenté par un historien, le tout accessible au grand public.

Fiche technique

  • Titre : L’enfer de la flibuste ;
  • Auteurs : Frantz Olivié (« Textes rassemblés et annotés par »), Raynald Laprise («avec le concours de ») ;
  • Éditeur : Anacharsis ;
  • ISBN : 979–10–92011–36–4 ;
  • Année de publication : 2016 ;
  • Prix éditeur (France) : 22 €.
Couverture. Illustration d'Howard Pyles, Book of Pirates, domaine public.
Couverture. Illustration d’Howard Pyles, Book of Pirates, domaine public.

Résumé de l’éditeur

Au début de l’été 1686, plus de quatre-vingts forbans, pirates endurcis majoritairement français, entassés dans un petit navire, quittaient la mer des Caraïbes pour une aventure dont ils ignoraient encore tout de l’extraordinaire.

Ils se rendirent par le détroit de Magellan dans la mer du Sud, l’océan Pacifique, porter la désolation sur les rives espagnoles d’Amérique, où ils devaient s’attarder pendant huit longues années. Huit ans d’errances entre le Chili et le Mexique, ponctuées d’escales aux Galápagos et autres îles perdues ; huit ans de souffrances, de périls, de pillages, de meurtres.

Ils en rapportèrent un étonnant manuscrit resté inédit depuis 150 ans, qui nous a partiellement conservé la chronique de leurs péripéties.

Cet ouvrage, fondé sur les textes d’époque, loin des poncifs habituels sur la piraterie, tente de raconter leur histoire.

Résumé

Le livre est découpé en 3 parties, plus un avant-propos, un prologue et un épilogue.

Ces trois dernières (courtes) parties visent à donner un contexte, au lecteur non familier de l’Amérique des années 80. 1680. Que ce soit sur la piraterie, l’esclavage, les Amériques, les jeux politiques, ou la perception des forbans dans la société.

Les trois grandes parties sont les suivantes :

  • La première est le journal de l’un des flibustiers (dont le nom n’est pas connu avec certitude), rédigé après le voyage. En français, il a été retranscrit en orthographe moderne, mais le texte en lui-même est présenté inchangé. On a là un compte-rendu d’un flibustier. Et u texte d’époque, quasi complet.
  • La deuxième partie est principalement constituée d’échanges épistolaires, traduit de l’espagnol, à propos des tractations concernant une prise d’otage par les pirates. Avec nettement plus de détail que dans la première partie, et surtout, le point de vue d’en face.
  • La troisième partie parle du retour des flibustiers. Retour à l’Est, retour en France, mais aussi retour dans le monde, au sens, sortir de la flibuste. Plus de journal du flibustier inconnu pour nous guider, mais un journal de bord (un vrai, par le capitaine). Malheureusement laconique concernant les informations hors navigation (position, état de la mer), il est complété de textes d’engagés dans la marine ayant rédigé des livres par la suite (et ayant fréquenté nos flibustiers), et de lettres de gouverneurs et membres de la marine française. Car les flibustiers ne sont pas revenus les mains vides ; outre des richesses pillés aux Espagnols, ils ont dressé des cartes d’une zone alors inconnue par la France, et possédée par une puissance étrangère. Ce qui nous permet d’avoir des sources historiques sur le devenir de ces pirates et de leurs fameuses cartes. Et de ce à quoi elles servirent (indice : il n’y a pas eu de colonie française au Pérou).

En 300 pages, à travers de multiples textes, écris aussi bien par des pirates, des prêtres, des responsables de colonies ou des chefs de marine (mais surtout des pirates !), Frantz Olivié nous dresse un portrait de la fin de la piraterie en Amériques. Condition de vie à bord, politique, récit de voyage, traitement des otages, tout y passe. N’espérez pas de belles descriptions de contrée exotiques, les pirates n’en parlent pas. Mais souvent, en comparant les divers textes (autorités espagnols versus pirates), ce qui n’est pas dit est aussi intéressant que ce qui est dit. Car si les pirates ne semblent pas mentir, ils omettent, et c’est à nous de combler les trous 3 siècles plus tard.

Un ouvrage inhabituel, ni documentaire à proprement parler, ni récit d’aventure. Mais proprement fascinant.

Pour qui ?

C’est pour vous si

  • vous voulez une vraie histoire de pirates ;
  • mais vous ne croyez pas tout ce que vous lisez ;
  • vous voulez en savoir plus sur comment on reconstitue ce genre d’histoire.

Ce n’est pas pour vous si

  • vous soutenez mordicus que Pirates des Caraïbes est un documentaire ;
  • vous pensez que les méchants doivent être punis, même dans les livres ;
  • vous ne connaissez pas votre conjugaison du passé simple.

5 commentaires

Certes, mais 80 pages avec la moitié des verbes à la première personne du passé simple, ça fait bizarre. :D

Au soir, nous partîmes avec le reste du canot pour remonter dans la rivière, où nous mîmes à terre sur une petite île qui était proche du grand chemin.

Nous fûmes chassé d’un gros navire hollandais.

Nous mouillâmes l’ancre à la côte de l’Afrique, à des îles que l’on nomme les îles de Rolle, où nous faisions de l’eau et du bois et traiter affranchissement pour nos blessés.

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Bonjour, je suis tombé par hasard sur votre billet, et je n’ai pu m’empêcher de me créer un compte juste pour vous écrire.

Je suis la personne avec le « concours » de qui ce livre a été réalisé! Merci pour cette belle critique : je suis plus critique que vous quant au résultat final!

Pour ceux qui ont de la difficulté avec le passé simple ( :lol: ), c’est dommage mais c’était comme ça à cette époque. Autre temps, autre moeurs.

Il devrait y avoir une 2e édition, révisée et augmentée celle-là, augmentée d’un texte inédit (vraiment inédit) que j’ai découvert, lui aussi au passé simple…

Merci pour votre message, et pour votre concours au livre ! Je ne suis pas du tout spécialiste du domaine, je suis pleinement « grand public », et j’ai trouvé le résultat inhabituel mais très intéressant et prenant.

Et pour le passé simple, j’ai fait la remarque pour le côté comique et inhabituel, et parce que ça me faisait 3 points dans chaque liste. Ça ne me dérange pas plus que ça, après quelques pages. ^^

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