Reprise de thèse après arrêt

a marqué ce sujet comme résolu.

Bonjour, Je me permets de demander conseil sur ce forum, car peut-être certaines expériences peuvent-elles être partagées.

LA SITUATION

Ancien doctorant (il y a deux ans de cela), j’ai malheureusement dû interrompre ma thèse à cause de problèmes personnels durant la période Covid. Pour le dire directement : une dépression de deux ans couplée à des soucis pécuniaires.

Hors délai pour une césure, j’ai également perdu la confiance de mon directeur de thèse. Ce qui est compréhensible : les directeurs ne sont pas tenus d’être éternellement patients lorsque leurs doctorants ne leur répondent pas.

J’ai alors pris le temps de me rétablir, tant au niveau mental que financier. Bon. Et maintenant ? Le doctorat, c’est foutu.

Mais pourtant, non. Je ne peux pas abandonner ce doctorat. Tout simplement parce que, en réalité, il est presque terminé. La rédaction de la thèse est presque achevée. Cette fameuse dépression a débutée lors de la 3ème année de thèse : autant dire que j’ai commencé l’écriture de l’ouvrage… sans avoir la possibilité de la terminer.

En somme, il me faudrait quoi… quelques mois. Se remettre un peu dedans, terminer la rédaction… corrections, modifications… puis la soutenance.

LA LOI

Mais la loi en pense autrement. Il y a obligation de commencer une "nouvelle" thèse, même s’il s’agit de reprendre le même sujet. Et donc, trouver un autre directeur de thèse, et un autre laboratoire.

Mais alors, comment convaincre un autre directeur de m’accueillir ? Après avoir déçu le précédent ?

Même si cette thèse n’a jamais été une thèse financée (thèse de littérature comparée sur l’épistémologie féministe : le genre de thèse pas finançable), aucun laboratoire ne souhaite s’encombrer de doctorants potentiellement dépressifs.

Que faire alors ? Terminer l’écriture en solo, afin de passer du statut "doctorant dépressif qui pose problème" au statut "doctorant qui a été capable de finir la rédaction de sa thèse (corrections exclues)" ? Mais dans ce cas, ne serait-ce pas encore plus difficile de trouver un directeur de thèse qui puisse accepter une thèse déjà rédigée ?

DEUX SOLUTIONS… OU PLUS ?

La situation est désespérée. D’autant que le temps pression, pour une potentielle inscription l’année prochaine. Je ne vois que deux solutions :

  • Chercher un nouveau directeur qui accepterait d’encadrer la reprise de cette thèse, mais en traînant le boulet "doctorant dépressif/pas sérieux". Une étiquette comme ça, ce n’est pas pratique.
  • Terminer la thèse en solo, et ensuite chercher un directeur qui serait intéressé par ce travail et accepterait de le corriger. Mais ce n’est pas vraiment ce qui est attendu dans le milieu de la recherche. Je n’ai trouvé aucune expérience similaire sur Internet. Nul ne se risque à reprendre une thèse sans directeur ni inscription doctorale. J’ignore même si c’est légal…

CONCLUSION ET DEMANDE D’AVIS/CONSEILS

Je voulais partager cette expérience car je n’ai lu aucune expérience similaire sur Internet. Auriez-vous des conseils, peut-être ? L’une des deux solutions citées ci-avant à me conseiller, ou une autre solution à laquelle je n’aurais pas pensé ? Peut-être parmi vous des professeurs, des étudiants, ou simplement des personnes qui, ayant à cœur un projet de grand investissement, espèrent trouver un moyen de rebondir pour le mener à bien.

+0 -0

Pour moi la première chose à faire, si ce n’est pas déjà fait (tu ne le dis pas clairement dans ton message) est de reprendre contact avec le directeur de thèse, et de tâter le terrain pour voir s’il serait possible de continuer avec lui. Des thésard-e-s qui craquent pendant le COVID, il y en a eu des centaines en France, il ne faut pas croire que tu es un cas isolé et qu’on ne peut pas forcer l’institution à s’adapter à ce problème très commun.

Si c’est mort avec le directeur précédent, une façon naturelle de penser le problème serait de repartir de la démarche que tu as accomplie pour trouver un directeur au départ: as-tu envisagé d’autres encadrant-e-s potentiel-le-s ? T’es-tu appuyé sur des enseignant-e-s avec qui tu avais un bon contact pour te faire conseiller des gens ? Recontacter ces personnes.

De toute façon, attention, si tu termines effectivement ta thèse (bon courage !) tu ne pourras pas complètement jeter aux oubliettes ton ancien directeur, qui s’attendrait à être crédité pour son travail d’encadrement sur la première partie de ta thèse. Si vous ne vous entendiez pas et il ne faisait rien pour toi, c’est une autre situation (mais ce n’est pas ce que tu dis), mais si votre relation était normale il est attendu que sa contribution à ton travail soit reconnue (à minima par une mention de (co-)encadrement dans le manuscrit et dans les démarches administratives pour la soutenance), et il faudra nécessairement que tu le contactes à cette étape.

Une remarque au passage:

thèse de littérature comparée sur l’épistémologie féministe : le genre de thèse pas finançable

Je n’ai pas l’impression que ce sujet soit "non finançable", beaucoup de sujets sont finançables — mais évidemment il y a peu de financements dans les matières littéraires. Pour moi l’idée de non-finançabilité joue plutôt le rôle de cache-misère ici, une façon de justifier une situation de précarité (thèse non rémunérée) qui est dangereuse pour l’étudiant (… d’ailleurs justement les aspects financiers ont joué un rôle important dans tes difficultés) et finalement assez arrangeante pour les encadrant-e-s, qui peuvent multiplier les étudiant-e-s sans trop s’embêter à chercher des financements. (Et pour manger, les étudiant-e-s peuvent se battre pour enseigner en licence, et d’ailleurs ça tombe bien, ça évite de devoir chercher des vacataires.) Parfois cette idée peut aussi justifier, a posteriori, un échec à trouver des financements qui a d’autres causes (structurelles souvent, liées au dossier / à l’étudiant-e parfois).

Merci pour cette réponse. Mais malheureusement, c’est mort avec l’ancien directeur de thèse.

J’imagine que les autres étudiants Covido-déprimés ont au moins répondu à leur directeur, même de façon lacunaire, pour le/la prévenir qu’ils/elles/ael étaient dans l’incapacité de poursuivre leur thèse.

Dans mon cas le directeur s’est senti humilié par mon absence de réponse à ses messages. Le lien de confiance est rompu. Et, même s’il acceptera probablement d’être crédité une fois la thèse achevée, il ne souhaite plus travailler avec moi. C’est compréhensible. Personne n’aime travailler avec quelqu’un qui est aux abonnés absents.

Le problème aussi c’est que les études de genre/féminisme (gender studies) sont un milieu assez fermé dans le professorat. On peut avoir de la chance et trouver un professeur habilité qui a des connaissances sur le sujet, mais généralement, ce sont des laboratoires spécialisés, souvent basés sur Paris. Les chercheurs se regroupent souvent selon une sensibilité aux problématiques de sexe/race etc.

Donc, un étudiant qui n’a pas fait une Licence et un Master se rapprochant du domaine des gender studies peut se retrouver sans contacts au moment de passer au domaine des gender studies. Je me souviens d’un prof de Master qui m’a dit "Je ne connais pas vraiment ces gens-là" (par ces gens-là il voulait dire : les gens qui travaillent dans le domaine des gender studies).

J’ai déjà eu beaucoup de mal à trouver mon premier directeur de thèse. Sans aide. Coup de chance : une personne qui avait des connaissances sur le sujet sans pour autant être dans un laboratoire spécialisé sur ces questions.

Mais la chance ne frappe jamais deux fois.

Réitérer cet exploit, avec en plus la réputation de "l’étudiant aux abonnés absents", paraît impossible.

une façon naturelle de penser le problème serait de repartir de la démarche que tu as accomplie pour trouver un directeur au départ: as-tu envisagé d’autres encadrant-e-s potentiel-le-s ? T’es-tu appuyé sur des enseignant-e-s avec qui tu avais un bon contact pour te faire conseiller des gens ? Recontacter ces personnes.

À vrai dire, les enseignants de Master n’ont jamais pu me conseiller (comme évoqué ci-avant, j’ai dû trouver l’ancien directeur de thèse sans aide). Quant à ceux/celles de Doctorat, après deux ans de ces problèmes d’argent et de dépression qui m’ont totalement sorti l’esprit du doctorat, c’est difficile de revenir les voir en mode : "Salut, pouvez-vous m’orienter ?".

Du coup j’aurais aimé discuter sur ce forum des possibilités légales et pratiques de terminer la thèse en solo, puis de chercher un directeur pour la "valider". Je vais quand même continuer à chercher un nouveau directeur jusqu’en septembre/octobre en faisant des recherches thématiques sur Internet. Mais si je n’en trouve pas (ce qui est probable avec un tel CV), il me faudra me rabattre sur la solution du travail en solo.

Avoir été capable d’achever l’écriture de la thèse, ne serait-ce pas un argument capable de contrecarrer la réputation de "l’étudiant.e aux abonnés absents" ?

Cela prouverait peut-être la motivation et la capacité de se rétablir après une période difficile.

Je connais moins bien le système français (je suis docteur en Belgique, de surcroit en sciences), mais il y a plusieurs points qui me chipotent:

  1. Je suis pas convaincu que ce "soit mort" avec ton actuel directeur. J’entends bien que la situation n’est pas idéale, mais comme l’a dit @gasche, tu n’es ni le premier ni le dernier à craquer en situation de COVID. Quand bien même, je pense que le lien de confiance peut être restauré si tu lui explique la situation et si tu lui offre un ou deux gages de ton sérieux (par exemple, un chapitre ou deux qui serait déjà terminé). Par contre, j’imagine bien que ce n’est pas facile.
  2. Mes collègues seront plus à même de m’aider, mais est ce que tu as un comité d’encadrement et/ou une école doctorale qui peut t’aider dans tes démarches? À fortiori, ne peuvent-ils pas t’aider en jouant les médiateurs voire en t’aidant à trouver un nouvel encadrant?
  3. Tu parles des gender studies comme d’un domaine à part, et je n’ai aucun mal à te croire, mais, pour l’avoir vécu à mon niveau, on se spécialise tellement en thèse qu’on devient assez "seul" dans son domaine. Clairement, concentre toi sur ton objectif (à savoir faire avancer le domaine) plutôt que sur le "qu’en dira-t-on" (je connais peu de thèses "sexys").
  4. Encadrant actuel ou nouvel encadrant, un autre truc me chipote: il va te falloir un jury de thèse, et il me semble assez logique d’y inviter ton (ex?) encadrant. Comment tu va gérer la situation?

Dans tout les cas, courage et n’hésite pas, il y a plusieurs personnes ici qui ont une expérience de la thèse à partager ;)

+2 -0

Tu peux aussi contacter ton école doctorale. C’est leur rôle que d’accompagner les doctorants. Ils doivent normalement se mettre en contact avec ceux qui veulent arrêter pour comprendre ce qu’il se passe et aider. Ils pourront voir s’ils connaissent un autre professeur qui pourrait rependre la suite, et de manière générale, te conseiller.

S’ils font bien leur travail. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Mais ça vaut le coup d’essayer.

+4 -0

Merci pour vos réponses,

Tu peux aussi contacter ton école doctorale

L’école doctorale est plutôt de l’avis du directeur de thèse, à savoir qu’il aurait au moins fallu prévenir le directeur de thèse et l’administration de la situation. Ils me sont donc tout aussi hostiles que le directeur de thèse lui-même.

Ce fut clairement une erreur mortelle d’avoir été injoignable durant des mois et des mois. Désormais je me les suis tous mis à dos.

Il n’y a rien à espérer de ce côté-là, à moins d’attendre dix ans que leur hostilité s’atténue.

En soi c’est compréhensible, les membres d’un laboratoire n’ont aucune obligation juridique de jouer les assistants sociaux, et d’attendre un an que le/la doctorant.e finisse par répondre, alors qu’ils ont des obligations légales (savoir si la thèse est abandonnée ou pas, savoir s’il faut préparer une 4ème année ou pas, etc).

Hello Dega !

Je fini mon doctorat actuellement, mais dans un domaine différent (économie comportementale). Déjà sache qu’on est nombreux à avoir eu des difficultés pendant le covid, et certains sont en effet passés proche de l’abandon. Donc soutien à toi, c’est encore plus difficile le doctorat quand on n’est pas financé.

Je n’ai pas de réponse direct à ta solution, mais je participe à un discord de doctorants français, qui regroupe plus d’un millier de personnes de tous les domaines. Il y a bien entendu pas mal de gens de littératures, avec pas mal de sensibilités aux gender studies et au féminisme. Je pense qu’en discutant avec les membres du discord tu pourras avoir des pistes de personnes à contacter.

Tu as "l’avantage" de chercher une thèse non financée et d’avoir bien avancé. Il est possible d’espérer trouver un directeur, si tu es ok d’avoir peu d’encadrement et qu’il ne soit pas forcément spécialiste du sujet. L’objectif est de publier et finir ta thèse officiellement : n’importe quel directeur qui accepte de t’encadrer fera l’affaire car tu as a priori un besoin faible de support scientifique/encadrement. Ton sujet de thèse est dans l’air du temps, il peut intéresser plus de gens que tu le penses.

N’hésite pas à me mp pour que je t’invite sur le discord, je suis sûr que des dizaines de gens en litté/genre seront ravis de te donner des conseils et contacts pour finir ta thèse.

+6 -0

Quelques remarques en vrac

  • l’école doctorale et ton directeur de thèse sont très probablement beaucoup moins tranchés que tu ne l’imagines, comme dit plus haut. Des fois voir les gens et discuter permet de délier pas mal de situations, essaye vraiment de prendre contact
  • vois si les doctorants actuels de ton labos peuvent t’épauler avec le point du dessus
  • j’ai déjà vu des gens qui ont soutenu leur thèse dans un établissement différent suite à des problèmes locaux, donc certains aménagements sont possibles mais l’appui de ton ancien directeur sera important
+5 -0

Bonjour à tous :) @Dega et @Treorce J’etais doctorante en France en egyptologie jusqu à quelques semaines passées. Il me restait pareil quelques mois pour achever ma thèse. Sauf que j’ai commencé une dépression non reconnue avant le covid et qui s’est aggravée par la suite. Ma directrice n’a pas compris et n’a pas accepté la situation: j’avançais très lentement et je ne lui répondais pas par honte. J’ai regretté de ne pas avoir arrêté parce qu’elle ne faisait que parler très mal de moi derrière mon dos. Je n’entrerai pas dans les détails, c' est une bonne chercheuse mais une mauvaise humaine.

Alors la solution que mon labo m’a proposé, vue l’absence de participation de la directrice mais pour garder une ambiance diplomatique, c’était de faire une co-direction ou une Co-tutelle. Chose qu’elle a refusé catégoriquement.

Après presque 3 ans de négociations et de mis en garde pour ma réputation professionnelle, j’ai décidé d’arrêter ma thèse, et de partir la terminer dans un autre pays. Malheureusement pour l’archéologie comme probablement pour beaucoup de sciences humaines, souvent les professeurs refusent de reprendre les anciens étudiants de leurs collègues même si ce n’est pas la même université. C’est beaucoup plus simple de partir et bien sûr de tout expliquer au nouveau directeur. Un autre conseil qu’on m’a donné et que j’essaie de tester, c’est d’arriver avec un projet professionnel assez concret en plus du projet de thèse. Comme ça le futur directeur sait à quoi s’attendre et s’il est prêt à assister dans toutes les tâches attendues, et pas simplement être une signature sur un papier.

Si comme moi votre ancien directeur ne vous a apporté aucune assistance, vous pouvez à la limite le remercier rapidement au début de votre thèse. Et déjà c’est pas mal.

Bonsoir (et bienvenue parmi nous),

Malheureusement, je crains que ce sujet soit devenu inactif. Les deux intervenants mentionnés ne semblent plus venir régulièrement sur ZdS.

Cependant, le retour d’expérience pourrait être utile à d’autres membres ou visiteurs de ce sujet.

Si comme moi votre ancien directeur ne vous a apporté aucune assistance, vous pouvez à la limite le remercier rapidement au début de votre thèse

Effectivement. C’est préférable d’éviter une situation problématique plus loin dans l’avancement de la thèse.

C’est toujours assez dommage de lire ce genre de récit. :(

Bon courage pour la suite.

+2 -0

Bonjour, Je reviens donner quelques nouvelles. J’ai choisi de faire un second Master dans un domaine différent, afin d’obtenir un travail "alimentaire", ce qui permet ensuite d’aborder le Doctorat avec plus de tranquillité d’esprit. Cela n’aurait servi à rien de se relancer dans un doctorat sans financement comme la première fois ; car la pauvreté est un poids supplémentaire pour l’esprit (déjà mis à l’épreuve lors du Doctorat). La première fois, ça avait clairement été une des raisons attenantes à l’échec.

Parallèlement, j’ai continué, et j’ai terminé la thèse. Sans directeur et sans labo, du coup. Il faudra donc trouver tout ça très bientôt. Ça ne sera sûrement pas facile. Et même, ce sera très difficile. Mais au moins, ce parcours du combattant sera fait avec un bon état d’esprit, et non pas dans le stress et dans le manque de considération pour soi-même.

Bonne journée à vous.

+5 -0

Bonjour Dega Je viens de tomber sur ce forum et cela m’a aidé un peu à me retrouver. J’ai cru qu’il y a que moi qui a vécu une expérience pareille. Pour ma part, c’est mon directeur de recherche qui a abandonné de me diriger faute de ne pas bien avancer ( vu que je travaille en même temps et avec le covid c’était encore plus difficile). J’ai cherché un autre directeur de recherche mais le comité a refusé ma demande de transfert de dossier ni de me réinscrire de nouveau. J’ai fait 3 ans de thèse et je vois toutes mes sacrifices ( en tant qu’étudiante étrangère de tout laisser chez moi et venir en France pour faire une thèse ) durant ces années étaient pour rien. Je ne sais pas est ce que je dois changer de sujet afin qu’un autre prof m’accepte ou chercher à faire un autre master pour valider un diplôme ici en France. Je suis perdue.

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