Accès aux articles académiques et déontologie

a marqué ce sujet comme résolu.

Bonjour,

Récemment, j'ai voulu accèder à un article, et à ma surprise, mon université ne me le permet pas. Je me suis donc posé quelques questions sur comment pouvoir le lire, que voici.

  1. Il est commun de le demander par email à un des auteurs. Est-ce autorisé ou seulement accepté ? Peuvent-ils envoyer la version finale, avec le travail de l'éditeur, ou seulement la version qu'ils avaient envoyée, sans ce travail ?

  2. Il existe des sites comme ResearchGate qui permettent de demander les articles également. La différence étant qu'une fois mis en ligne, ils sont accessibles à tout le monde sur cette plateforme, sans considération aucune aux abonnements de chacun. Créer un compte requiert néanmoins une affiliation académique. Est-ce autorisé ? Accepté ?

  3. Demander l'article à quelqu'un d'autre, qui ne fait pas parti des auteurs, mais qui y aurait accès. Par exemple, l'article auquel je pense a été publié dans Journal of Physical Chemistry C. Je suis convaincu qu'ici-même, un certain nombre de personnes y ont accès. Je suppose que ce ne serait pas autorisé de leur demander, mais serait-ce accepté ? Y aurait-il des risques ?

Merci !

Les auteurs ont souvent le droit de diffuser leur papier, dans une version preprint, donc sans la mise en forme de l'éditeur. C'est comme ça qu'ils se retrouvent dans ResearchGate ou Arxiv. Ça dépend donc de la revue et de la bonne volonté de l'auteur (ce qui répond au point 1 et 2).

Je doute fortement de la légalité du 3. Mais je doute aussi que ça fasse le moindre problème. J'ai été dans un labo université + CNRS, et les revues que les uns ne pouvaient pas avoir, ils demandaient aux autres. Et je ne parle pas des stagiaires qui n'ont pas forcement d'accès (en licence, notamment). Un éditeur qui commencerait à porter plainte risque assez gros, les chercheurs étant à la fois fournisseurs et clients.

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En plus d'être d'accord avec Gabbro, je trouve personnellement particulièrement désagréable de ne pas avoir accès aux publications du journal qui me fournis personnellement le plus de références (J. Chem. Phys. pour ne pas le citer) : dès qu'il s'agit de la référence d'une méthode donnée, elle a été publiée là et je peux pas citer dans le vide. Du coup, j'use et j'abuse de la solution 3. Pour moi, si quelqu'un devait te demander des comptes, c'est non pas l'éditeur (qui effectivement, a beaucoup à perdre, puis je pense pas que ça soit réellement ça qui compte pour rentrer dans leurs frais puisque la soumission d'article est payante aussi), mais plutôt l'université de l'ami qui te fourni le papier et qui paye l’abonnement (et les prix sont clairement déconnés, encore une raison qui me fait dire que l'éditeur n'en a probablement rien à faire).

C'est donc probablement illégal, mais on a clairement pas le choix dans la plupart des cas si on veux faire des choses correctes.

PS: si tu veux, j'ai full accès à J. Chem. Phys. C.

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Je remercie les gens qui m'ont proposé de l'aide, ici ou par mp, mais avant même d'écrire ce message, j'avais activé les méthodes 2 et 3, et j'ai depuis recu le PDF. Ce sujet était plutôt pour comprendre ce qui pouvait être fait en son âme et conscience.

J'ai aussi été mis au courant par MP d'un hashtag twitter et d'un moteur de recherche académique, qui ne sont évidement pas légaux, mais qui ont le potentiel d'être plus rapides qu'un email à l'auteur ou à une connaissance.

Merci pour toutes les réponses. En gros, pour rester dans la légalité, c'est preprint ou payer.

Ouep, c'est pas très légal mais tu n'as pas toujours le choix à part demander à ton unif/patron de faire l'abonnement. Chose qu'il ne va pas forcément apprécier comme suggestion :p

En plus d'être d'accord avec Gabbro, je trouve personnellement particulièrement désagréable de ne pas avoir accès aux publications du journal qui me fournis personnellement le plus de références (J. Chem. Phys. pour ne pas le citer) : dès qu'il s'agit de la référence d'une méthode donnée, elle a été publiée là et je peux pas citer dans le vide. Du coup, j'use et j'abuse de la solution 3. Pour moi, si quelqu'un devait te demander des comptes, c'est non pas l'éditeur (qui effectivement, a beaucoup à perdre, puis je pense pas que ça soit réellement ça qui compte pour rentrer dans leurs frais puisque la soumission d'article est payante aussi), mais plutôt l'université de l'ami qui te fourni le papier et qui paye l’abonnement (et les prix sont clairement déconnés, encore une raison qui me fait dire que l'éditeur n'en a probablement rien à faire).

UNamur n'a pas l'accès ? Je pensais qu'ils étaient plutôt complets…

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Nan mais c'est "grave" quand même pas avoir l'accès à un journal si tu y trouves beaucoup de références. Vois avec ton université, surtout que tu ne dois pas être le seul…

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Même problème et mêmes solutions ici =) J. Chem. Phys. et J. Phys. Chem. C pas de problème (j'ai accès à 3 abonnements différents, c'est cool de bosser dans une UMR \o/), mais c'est tout Taylor & Francis qui ne passe pas. Et en particulier Molecular Simulation, qui est le journal de référence pour ce qui m'intéresse …

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Même problème et mêmes solutions ici =) J. Chem. Phys. et J. Phys. Chem. C pas de problème (j'ai accès à 3 abonnements différents, c'est cool de bosser dans une UMR \o/), mais c'est tout Taylor & Francis qui ne passe pas. Et en particulier Molecular Simulation, qui est le journal de référence pour ce qui m'intéresse …

Luthaf

Bon, si tu veux on échange :p

Plus sérieusement, juste pour vous faire peur une fois, renseignez vous sur les prix, c'est affolant :p

Plus sérieusement, juste pour vous faire peur une fois, renseignez vous sur les prix, c'est affolant :p

« Vous n'êtes pas connectés, mais si vous voulez, vous pouvez quand même acheter cet article. Seulement 30$ les 5 pages. C'est cadeau. »

Bien bien bien… Existe-t-il une version accessible autre part ?

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« Vous n'êtes pas connectés, mais si vous voulez, vous pouvez quand même acheter cet article. Seulement 30$ les 5 pages. C'est cadeau. »

Comme quoi, y'a toujours pire que vous-savez-quel-site :-°

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D’un point de vue strictement légal, les points 1 et 2 dépendent de l’accord passé entre l’auteur et l’éditeur, mais l’usage est que les versions « de brouillon » de l’article peuvent être diffusées à la discrétion de l’auteur.

Le point 3, en revanche, est parfaitement illégal : cela se fait beaucoup, parce que les éditeurs n’ont pas les moyens humains de fliquer tous les échanges entre chercheurs, mais pour peu qu’ils mettent la main sur un gros poisson, ils se montreront aussi rapaces que les autres.

D’un point de vue éthique, en revanche, tous les moyens sont bons pour que les articles soient diffusés sans que ces vautours d’éditeurs touchent un centime. Parce que c’est ce qu’ils sont : des vautours. Le temps où les éditeurs apportaient une véritable plus-value aux articles est révolu : ce sont des chercheurs extérieurs qui font le travail de revue, la plupart du temps bénévolement, et ce sont les auteurs qui doivent mettre leur article en forme selon les normes du journal, avant même de le soumettre.

Cependant, les éditeurs scientifiques sont dans une situation d’oligopole, qui leur permet de pratiquer le racket sans être inquiétés par personne : pierre_24 parlait des prix pratiqués, ils sont effectivement exorbitants. On parle de contrats en millions d’euros pour acheter un an d’abonnement à un pack de revues pour une partie seulement des BU de France, et c’est parce qu’elles ont réussi à négocier un « prix de gros ». Ou encore, j’ai vu passer un dictionnaire d’occitan médiéval publié en feuilleton à 50 centimes la page.

Mais il y a plus que les tarifs, il y a aussi les conditions. En effet, il est très rare qu’il soit possible de prendre un abonnement à une revue célèbre toute seule : les éditeurs imposent l’achat de packs de revues, dont un certain nombre dont les BU n’ont rien à cirer, faisant ainsi gonfler le prix de l’ensemble.

Pour les bases de données, il ne s’agit pas de payer un forfait d’accès aux bases, mais bien de payer un nombre spécifique de connexions simultanées, les tarifs étant tellement élevés que ce nombre est nécessairement réduit.

En outre, les contrats sont souvent assortis de clauses qui imposent que, lors du renouvellement d’abonnement d’un établissement donné, celui-ci devra commander un pack de biens et services dont la valeur sera au minimum ce qu’il avait payé la fois précédente. Ce qui a pour conséquence que les BU abonnées à un journal sous forme imprimée ne peuvent généralement pas la bazarder au profit de la version électronique, pour faire des économies : elles sont tenues d’acheter l’abonnement électronique en sus de l’abonnement papier.

En version résumée, si ce n’était pas encore assez clair : l’État paye des chercheurs pour chercher, et écrire des articles, l’État paye des chercheurs pour qu’ils relisent et jugent le travail d’autres chercheurs, puis les éditeurs mettent plusieurs articles à la suite avec leur logo devant, et enfin, l’État paye une fortune pour que les chercheurs puissent accéder à leurs propres travaux.

Et les BU ne peuvent strictement rien faire. Parce qu’elles ont un poids économique minime par rapport aux universités américaines, et qu’une « grève » n’aurait que peu d’impact sur les finances des éditeurs. Et surtout, parce que même si ça pouvait être efficace, les chercheurs leur tomberaient dessus à bras raccourcis si les BU s’avisaient de les priver d’accès aux revues pendant ne serait-ce que quelques mois ou un an.

Elles en sont donc réduites à deux types d’action. Soit, se regrouper en consortiums de manière à négocier des tarifs de groupe, comme Couperin. Soit, parce que le prix des revues augmente beaucoup plus vite que l’inflation et a fortiori que les budgets des universités, elles en sont de plus en plus réduites à déterminer quels abonnements peuvent être sacrifiés et lesquels ont droit à un sursis. Si par hasard vous pensez qu’il y a une forme d’exagération du problème de la part des BU, je vous laisse avec ce graphique édifiant.

Évolution du prix des revues.

TL;DR : si vous avez accès à des articles, partagez sans compter, en essayant juste de pas vous faire gauler, parce que ça reste illégal.

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