N et N² sont équipotents

a marqué ce sujet comme résolu.

Bonjour, je cherche à montrer qu’il existe une bijection de $\mathbf N^2$ dans $\mathbf N$ (et inversement, évidemment).

De tête, je n’arrivais pas à trouver, donc pour simplifier le problème j’ai cherché sur internet une telle application et j’ai trouvé un topic qui demande justement de montrer que l’application $f : \mathbf N^2 \to \mathbf N : (n, k) \mapsto \dfrac{(n + k)(n + k + 1)}{2} + k$ est bijective.

Il y a plusieurs corrections disponibles mais un peu brouillons et puis je préfère réfléchir par moi-même et avoir mon propre raisonnement, quitte à demander quelques indices ici.

Je remarque que $f(n, k)$ est la somme de $1$ à $n + k$ augmentée de $k$.

Mais même avec cette info je n’arrive pas à trouver une piste de départ…

Une idée?

Salut,

Si tu veux une piste, regarde comment on peut géométriquement représenter cette bijection entre N² et N en assignant à chaque case d’un damier (élément de N² désigné par ses coordonnées) un numéro (élément de N). Voici un brouillon (horrible) fait avec paint : http://prntscr.com/g80r3a

L’idée est d’essayer de trouver comment construire une fonction qui relie les deux, comme la fonction que tu proposes. Cela t’aidera peut-être pour mieux visualiser la chose et imaginer ta propre fonction (et ensuite d’en démontrer effectivement la bijectivité).

Remarque : en passant d’un damier à un cube, tu peux avoir également l’intuition de la bijection de $N^3$ puis de $N^n$ avec $N$. Pour l’espace par exemple il suffit de voir que les deux premières dimensions x et y d’un point se réduisent à une seule dimension (car N² est en bijection avec N donc), a laquelle on ajoute une seconde dimension (z), et on se rapporte au problème précédent de bijection entre N² et N. En itérant, on tombe sur $N^n$. ;)

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L’idée est d’essayer de trouver comment construire une fonction qui relie les deux, comme la fonction que tu proposes. Cela t’aidera peut-être pour mieux visualiser la chose et imaginer ta propre fonction (et ensuite d’en démontrer effectivement la bijectivité).

Que représentent les flèches rouges sur ton schéma?

En fait, j’ai construit un damier dans lequel, par exemple, pour la case de coordonnées (1, 2) j’attribut le nombre 1 + 2 + 3 + 2 = 8.

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Salut,

Tu peux aussi essayer d’écrire chaque nombre sous la forme d’une puissance de deux fois un nombre impair.

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$\star$ Surjectivité : Remarque que pour tout $S_w \in \mathbf{Z}_{>0}$ tel que $S_w$ est de la forme $\frac{w \cdot (w+1)}{2}, w \in \mathbf{Z}_{\geq 0}$ $f$ est surjective sur $[\![S_w, S_w +w]\!]$.

Pour t’en rendre compte il suffit de remarquer que l’ensemble des couples $(n, k)$ tels que $n + k = w$ sont les couples de la forme $(w-a, a)$, $a \in [\![0, w]\!]$. On a donc $f(w, 0) = S_w$, $f(w-1, 1) = S_w+1$ et plus généralement $f(w-a, a) = S_w+a$. Donc par définition de $a$ $f$ est surjective sur $[\![S_w, S_w+w ]\!]$.

Or on a $S_{w+1} = S_w +w+1$. Ainsi $f$ est surjective sur $[\![S_{w+1}, S_{w+1}+w+1 ]\!] = [\![S_{w}+w+1, S_{w}+2w+2]\!]$

Bref, comme tu as du le remarquer on a alors bien $\bigcup\limits_{w \in \mathbf{Z}_{\geq 0}}^{} [\![S_{w}, S_{w}+w]\!] = \mathbf{Z}_{\geq 0}$ et donc $f$ est bien surjective.

$\star$ Injectivité : En prouvant la surjectivité, l’injectivité est presque déjà prouver puisqu’il est évident que chacun des intervalles $[\![S_w, S_w+w ]\!]$ est disjoint($\bigcap\limits_{w \in \mathbf{Z}_{\geq 0}}^{} [\![S_{w}, S_{w}+w]\!] = \varnothing$). Ainsi, pour montrer l’injectivité il suffit de montrer que $f:E_w \rightarrow [\![S_w, S_w +w]\!]$ est injective ou $E_w:= \{(n,k) \in \mathbf{Z}_{\geq 0}^2 \mid n+k = w \}$. Or on a $\# E = w+1$ et $\# [\![S_w, S_w +w]\!] = w+1$, d’ou $\# E = \# [\![S_w, S_w +w]\!]$ et puisque $f$ est surjective alors $f$ est bien injective ce qui conclut.

Tu noteras que la bijection entre $\mathbf{Z}_{\geq 0}^{\infty}$ et $\mathbf{Z}_{> 0}$ est encore plus simple à construire en utilisant le théorème des nombres premiers. Effectivement il suffit alors de considérer la fonction $f(a_1, a_2, ..., ) = p_1^{a_1} \cdot ... p_n^{a_n}$ ou $p_i$ est le $i$ème nombre premier.

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Banni

Tu peux aussi essayer d’écrire chaque nombre sous la forme d’une puissance de deux fois un nombre impair.

Pourquoi ?

Que signifie ce symbole $\mathbf{Z}_{\geq 0}^{\infty}$?

Je n’ai jamais vu ce symbole utilisé pour ça mais ici $ℤ_{≥0}^∞$ dénote l’ensemble des suites d’éléments de $ℤ_{≥0}$ à support fini (il n’y a qu’un nombre fini de termes non nuls ; afin de pouvoir faire le produit infini des $p_i^{a_i}$, il faut qu’il n’y ait qu’un nombre fini de termes qui ne sont pas $1$). Je noterais plutôt ça ${ℤ_{≥0}}^{(ℕ)}$.

@Ozmox : Il faut que tu penses à une bijection entre $ℕ$ et $X$ comme une liste infinie contenant exactement une fois chaque élément de $X$. (On a un premier élément, un deuxième et ainsi de suite.) Le dessin de Demandred te montre dans quel ordre on liste les éléments de $ℕ^2$ (qui sont représentés par des cases). Les flèches représentent l’ordre de parcours. Pars de ce dessin (en commençant à $0$ au lieu de $1$ pour la case $(0,0)$) et essaie de trouver une formule prenant les coordonnées $(n,k)$ d’une case et donnant le numéro que l’on inscrit dessus.

Indication : Découpes le damier en lignes diagonales (les flèches de Demandred) et occupes toi de chaque ligne séparément. On numérote ces lignes en commençant par 0 (dans l’ordre que tu imagines). Et à l’intérieur de chaque ligne, on numérote les cases à partir de 0 (on recommence à 0 à chaque nouvelle ligne). Il va falloir calculer pour chaque ligne le numéro de la première de ses cases (il s’agit des cases la première colonne dans le dessin de Demandred). Pour avoir le numéro d’une case $C$ :

  1. On calcule le numéro de la ligne dans laquelle elle est.
  2. On calcule le numéro de la première case de cette ligne et on ajoute le numéro de $C$ à l’intérieur de cette ligne.

edit Sinon ces constructions sont un peu artificielles, je ne pense pas que ce soit très utile d’avoir une formule pour énumérer $ℕ^2$ (un algorithme suffit). Mais c’est peut-être un sujet d’étude de savoir quelles fonctions calculables $ℕ→ℕ$ ont des formules comme ça… (théorème de Matiyasevich… ?)

edit Penses à partir de $0$ au lieu de $1$ comme l’a fait Demandred, je pense que ce sera plus simple (même si au final on ne fait qu’ajouter $1$ à toutes les cases, je pense qu’il vaut mieux que tu partes de $0$).

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Tu peux aussi essayer d’écrire chaque nombre sous la forme d’une puissance de deux fois un nombre impair.

Pourquoi ?

En prenant $\varphi(k, l) = 2^k(2l + 1)$ on a une bijection de $\mathbb N^2$ dans $\mathbb N^*$ assez simple à montrer.

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Personnellement je trouve plus élégant de regarder l’injection $(k,l)\mapsto 2^k3^l$. Ça donne une injection de $\mathbf N^2$ dans $\mathbf N$. Comme on a une injection de $\mathbf N$ dans $\mathbf N^2$ (de façon évidente), il y a un résultat général montrant que les deux sont équipotents.

Ça peut paraître plus difficile, mais au moins on peut généraliser la chose à tous les $\mathbf N^k$ juste en prenant $k$ nombres premiers entre eux … et puis le fait que deux injections donne une bijection c’est trop important pour être ignoré.

En effet, et finalement ça revient quasiment à la fin du message de @Universite sur les nombres premiers pour la généralisation (sur le principe, mais pas sur la manière dont l’idée est utilisée).

Par contre, la représentation graphique se voit un peu moins bien.

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Voici ma version :

Si $f$ est surjective alors $\forall y \in \mathbf N, \exists (n, k) \in \mathbf N^2 : y = f(n, k)$.

On cherche donc à trouver une expression des antécédents n et k :

$y = \dfrac{(n + k)(n + k + 1)}{2} + k \iff y = \tau(n + k) + k$$\tau(n + k)$ représente la somme des nombres compris entre 1 et n + k.

Soit $p$ un entier naturel tel que $\tau(p) \leq y < \tau(p + 1)$ quel que soit $y$. Ce $p$ est unique puisque la suite $(\tau_n)_{n \in \mathbf N}$ définie par $\tau_n = \dfrac{n(n + 1)}{2}$ est strictement croissante et tend vers l’infini positif.

Posons $n + k = p$, ensuite $k = y - \tau(n + k) = y - \tau(p) = y - \dfrac{p(p + 1)}{2}$, et par suite, $n = p - k = p - y + \dfrac{p(p + 1)}{2} = \dfrac{p(p + 3)}{2} - y$.

D’une part, on a bien $k \in \mathbf N$ puisque $y \geq \tau(p)$ et $n \in \mathbf N$ car $p \geq k$.

D’autre part, $f(\dfrac{p(p + 3)}{2} - y, y - \dfrac{p(p + 1)}{2}) = y$ (je ne détaille volontairement pas car c’est trop long à écrire avec Latex).

Donc f est surjective.

Puisque p est unique, $\tau(p)$ l’est aussi donc en fixant $y \in \mathbf N$ on a bien $k = y - \tau(p)$ unique, il en va donc de même pour $n = p - k$, ce qui conclut.

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Soit $p$ un entier naturel tel que $\tau(p) \leq y < \tau(p + 1)$ quel que soit $y$. Ce $p$ est unique puisque la suite $(\tau_n)_{n \in \mathbf N}$ définie par $\tau_n = \dfrac{n(n + 1)}{2}$ est strictement croissante et tend vers l’infini positif.

Il faut rajouter à l’unicité l’existence. Toutes les suites strictement croissantes tendant vers l’infini ne vérifient pas cette propriété. (Par exemple si on avait $\tau(p) = 10$, alors $y=9$ n’aurait pas de tel $p$.)

Posons $n + k = p$, ensuite $k = y - \tau(n + k) = y - \tau(p) = y - \dfrac{p(p + 1)}{2}$

C’est périlleux de poser une addition comme étant égale à une quantité prescrite. Il faut que tu discutes de l’existence et dde $(n,k)$ tel que $n+k=p$ et $k = y-\tau(p)$.

Puisque p est unique, $\tau(p)$ l’est aussi donc en fixant $y \in \mathbf N$ on a bien $k = y - \tau(p)$ unique, il en va donc de même pour $n = p - k$, ce qui conclut.

Qu’est-ce que tu veux dire par $\tau(p)$ est unique ?

Ok, avant de corriger, je voudrais revenir sur l’existence de (n, k) dont tu parles.

Si je montre que $f(n, k)$ est compris entre $\tau(n + k)$ et $\tau(n + k + 1)$ alors je pourrais écrire que $n + k = p$ et au passage montrer que n et k sont uniques (puisque p l’est)?

Oui mais pour montrer que $f$ est surjective, on a pris $y \in \mathbf N$ tel que $y = f(n, k) \iff y = \tau(n + k) + k$ donc $k = y - \tau(n + k)$.

Dès lors, on peut écrire $n + k = p$ et $k = y - \tau(n + k)$ ce qui permet d’en déduire les solutions qui sont bien uniques?

De tête ça me paraît pas tout à fait évident, pourtant je suis pas spécialement fatigué. Donc d’après le baromètre Holosmos tu dois rédiger plus que ça.

De tête, il me semble qu’il faut au moins utiliser l’injectivité de $k\mapsto \tau(n+k)$.

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