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Un peu de mathématiques

La suite, la suite...

Reprenons donc la formule vue plus haut : K=A1+i+A(1+i)2+A(1+i)3+...+A(1+i)n\boxed{K=\frac{A}{1+i}+\frac{A}{(1+i)^2}+\frac{A}{(1+i)^3}+...+\frac{A}{(1+i)^n}} — Cela ressemble vachement à la somme des termes d’une suite géométrique, non ?
— Euh…

On va essayer de se rappeler un peu des mathématiques du lycée. Une suite, en mathématiques, c’est, ben euh, une suite de nombres, les uns à la suite des autres. Ça peut être la suite des nombres entiers, la suite des nombres pairs, une suite complètement aléatoire, la suite des multiples de trois…
Il existe deux types de suites particulièrement étudiées (notamment parce qu’on peut faire facilement des calculs dessus, contrairement à une suite aléatoire par exemple) :

  • les suites arithmétiques : elles sont générées en partant d’un nombre (le terme initial) et en rajoutant un nombre fixe à chaque fois. Ainsi, en partant de 11 et en rajoutant 33 à chaque fois, on obtient la suite 1471013...1-4-7-10-13-...
  • les suites géométriques : elles sont générées en partant d’un nombre (le terme initial) et en multipliant par un nombre fixe à chaque fois. Ainsi, en partant de 11 et en multipliant par 33 à chaque fois, on obtient la suite 1392781...1-3-9-27-81-...

Le nombre que l’on rajoute ou par lequel on multiplie à chaque itération s’appelle la raison de la suite.

Ainsi, la suite géométrique de terme initial 11 et de raison qq sera la suite : 1,q,q2,q3,q4...1, q, q^2, q^3, q^4...

Or regardez notre formule du crédit immobilier :

  • le premier terme de la formule est A1+i\frac{A}{1+i}
  • si on le multiplie par 11+i\frac{1}{1+i}, on obtient A(1+i)2\frac{A}{(1+i)^2}, qui est le deuxième terme de la somme
  • si on multiplie ce deuxième terme par 11+i\frac{1}{1+i}, on obtient A(1+i)3\frac{A}{(1+i)^3}, qui est le troisième terme
  • et ainsi de suite…

Dans notre formule, KK est donc bien égal à la somme des termes d’une suite géométrique, de terme initial A1+i\frac{A}{1+i} et de raison 11+i\frac{1}{1+i}.

Or, magie des suites géométriques, il existe une formule permettant de calculer une telle somme. En retrouvant nos souvenirs du lycée, ou en allant sur la page Wikipédia des suites géométriques, ou alors en regardant ce tutoriel, on obtient la formule :

u0(1+q++qn1)=u01qn1q  (si q1)u_{0}(1+q+\cdots +q^{n-1})=u_{0}{\frac {1-q^{n}}{1-q}}\ \ (\text{si } q\neq 1) Démontrons cette formule :

Démonstration

Soit : S=u0(1+q++qn1)S = u_{0}(1+q+\cdots +q^{n-1})

  • Multiplions par qq.
    On obtient : qS=u0(q+q2++qn)qS = u_{0}(q+q^2+\cdots +q^{n})
  • Soustrayons les deux expressions terme à terme.
    On obtient : SqS=u0u0qnS-qS = u_{0}-u_{0}q^n
    Donc : S(1q)=u0(1qn)S(1-q) = u_{0}(1-q^n)

On arrive bien à la formule indiquée :
S=u01qn1qS = u_{0}\frac{1-q^n}{1-q}

Quelques manipulations mathématiques

Faisons quelques manipulations de notre formule, en mettant en facteur le premier terme :

K=A1+i+A(1+i)2+A(1+i)3+...+A(1+i)nK=A1+i(1+11+i+1(1+i)2+...+1(1+i)n1)\displaystyle{\begin{array}{ccccccccccccc}K&=&&\frac{A}{1+i}&+&\frac{A}{(1+i)^2}&+&\frac{A}{(1+i)^3}&+&...&+&\frac{A}{(1+i)^n}&\\&\\K&=&\frac{A}{1+i}(&1&+&\frac{1}{1+i}&+&\frac{1}{(1+i)^2}&+&...&+&\frac{1}{(1+i)^{n-1}})\end{array}}

Remarquez bien que comme on a factorisé le premier terme, le dernier terme n’est plus en puissance n\text{puissance } n mais en puissance n1\text{puissance } n-1.

On retrouve bien une expression de la forme :
K=u0(1+q++qn1) avec u0=A1+i et q=11+iK = u_{0}(1+q+\cdots +q^{n-1}) \text{ avec } u_{0}=\frac{A}{1+i} \text{ et } q=\frac{1}{1+i} Ce qui nous donne, en appliquant la formule : K=u01qn1q=A1+i1(11+i)n111+iK=u_{0}\frac{1-q^n}{1-q}=\frac{A}{1+i}\frac{1-(\frac{1}{1+i})^n}{1-\frac{1}{1+i}}

Simplifions cette expression :

  • Le dénominateur 111+i1-\frac{1}{1+i} peut se factoriser en (1+i)11+i=i1+i\frac{(1+i)-1}{1+i}=\frac{i}{1+i}
    qui se simplifie avec le 1+i1+i au dénominateur de A1+i\frac{A}{1+i}

On obtient K=Ai(11(1+i)n)K = \frac{A}{i}(1-\frac{1}{(1+i)^n})
Qui peut s’écrire : K=Ai(1(1+i)n)\boxed{K = \frac{A}{i}(1-(1+i)^{-n})}

(car, on le rappelle, 1xn=xn\frac{1}{x^n} = x^{-n})

Voilà donc la formule qui donne le capital emprunté. Elle permet de répondre à la question : connaissant ma capacité annuelle de remboursement AA, quelle somme puis-je emprunter au taux ii sur nn années ?


Une question plus courante est : connaissant le taux ii et la somme que je veux emprunter, quel sera mon remboursement annuel ? Pour cela, il faut isoler AA dans la formule ci-dessus, ce qui donne : A=iK1(1+i)n\boxed{A = \frac{iK}{1-(1+i)^{-n}}}

Il nous reste à chercher la formule donnant le nombre d’années de remboursement en fonction des autres critères.

En manipulant la formule A=iK1(1+i)nA = \frac{iK}{1-(1+i)^{-n}}, on obtient :
(1+i)n=1iKA(1+i)^{-n} = 1-\frac{iK}{A}

Problème : comment faire lorsque l’inconnue que l’on cherche (ici nn) est en exposant dans l’expression ? On utilise les logarithmes. Qu’es acquo ? Encore un souvenir des années lycée.

Le logarithme népérien

(Note : je fais un chapitre plus détaillé plus loin sur ces notions, pour l’instant on va aller à l’essentiel)

Il s’agit d’une fonction (notée ln\ln pour logarithme népérien, sachant qu’il existe d’autres logarithmes) qui a pour faculté de transformer les multiplications en additions. Ce qui se traduit par : ln(a×b)=lna+lnb\ln (a\times b) = \ln a + \ln b De même, on a, pour les divisions ln(ab)=lnalnb\ln (\frac ab) = \ln a - \ln b Sachant qu’une puissance n’est qu’une succession de multiplications, on a la propriété suivante : ln(an)=ln(a×a×a×a...×a)\ln (a^n) =\ln (a\times a\times a\times a...\times a) Or la propriété du logarithme nous donne : ln(a×a×a×a...×a)=lna+lna+lna+...+lna\ln (a\times a\times a\times a...\times a) = \ln a +\ln a +\ln a +...+\ln a D’où ln(an)=nlna\ln (a^n) = n\ln a

Vous le voyez, cela a permis de sortir l’inconnue nn de sa position d’exposant, ce qui va permettre de continuer la résolution de notre équation. Reprenons donc :
(1+i)n=1iKA(1+i)^{-n} = 1-\frac{iK}{A} ln(1+i)n=lnAiKA\ln{(1+i)^{-n}} = \ln{\frac{A-iK}{A}} En utilisant les propriété des logarithmes pour la puissance et la division, on obtient :
nln(1+i)=ln(AiK)ln(A)-n\ln(1+i) = \ln(A-iK) -\ln(A)
D’où : n=lnAln(AiK)ln(1+i)\boxed{n=\frac{\ln A-\ln(A-iK)}{\ln(1+i)}}

Mensualisons tout ça

— Depuis tout à l’heure, on parle d’annuités. Pour les mensualités, il suffit de diviser par 12, c’est ça ?
— Non. L’annuité, c’est ce qu’on aurait à rembourser par an si les intérêts étaient calculés tous les ans. Or pour un prêt normal ils sont calculés tous les mois, ce qui ne correspond pas exactement au même calcul.
— Comment ça ?
— Il faut refaire les calculs, mais avec un taux mensuel. Pour cela, il faut diviser ton taux annuel par 12. C’est ce qu’on appelle le taux proportionnel.
— Ben voilà, on divise donc l’annuité par 12.
— Non, regarde la formule de l’annuité : A=iK1(1+i)nA = \frac{iK}{1-(1+i)^{-n}}. Pour calculer la mensualité, il faut diviser ii par 12, sans oublier de multiplier nn (le nombre d’années) par 12, vu que cette fois-ci on raisonne en nombre de mois.

Ce qui donne : M=K(i/12)1(1+i12)n×12\boxed{M = \frac{K(i/12)}{1-(1+\frac{i}{12})^{-n\times 12}}} Ce qui, tu pourras t’en convaincre, n’est pas juste égal à l’annuité sur 12.

Attention : pour un prêt calculé mensuellement, un calcul d’annuité n’a plus aucune signification. Il n’indique pas ce qu’on doit payer par an. Pour savoir ce qu’on paye par an, il suffit de multiplier par 12 la mensualité, l’annuité ne signifie plus rien dans ce cas. L’annuité n’est une donnée pertinente que lorsque le calcul des intérêts se fait une fois par an.


— Oui mais voilà. Un taux proportionnel par mois ne redonne pas exactement le taux annuel en douze mois.
— Ah ?
— Oui, souviens-toi du calcul d’inflation au début. 2% d’inflation ne donnait pas 4% sur 2 ans, mais 4,044,04. C’est parce que les pourcentages ne s’additionnent pas. Or ici, avec le taux proportionnel, on considère que sur un an, on additionne 12 fois 1/12ème du taux chaque mois.
— Et donc ?
— Et donc il faut parler du taux équivalent.

Le taux équivalent

Petit aparté ici, ce dont nous allons parler là ne concerne pas réellement les prêts immobiliers. C’est plutôt un calcul utilisé dans les investissements, mais comme il est toujours question de taux, j’ai trouvé intéressant de le mentionner là. Ça me permettra également d’introduire une nouveauté mathématique.

Soit ii le taux mensuel. Souviens-toi de la formule utilisée lorsqu’on applique 12 fois un taux. Si ViV_i est notre capital initial et VfV_f notre capital final au bout d’un an (12 mois), on a :
Vf=Vi(1+i)12V_f = V_i(1+i)^{12}

Du coup, si II est le taux annuel, utiliser I12\frac{I}{12} comme taux mensuel revient à multiplier en un an ton capital par (1+I12)12(1+\frac{I}{12})^{12}. Ce qui est légèrement supérieur à (1+I)(1+I).
— Ah mais du coup je me fais avoir sur mon crédit immobilier alors.
— Non ne t’inquiète pas, ce taux équivalent n’a pas vraiment d’impact sur un prêt. Tout simplement parce qu’un prêt immobilier ne multiplie pas ton capital. Par contre il est utile de le connaître quand il est question d’investissement ou d’inflation par exemple.

On l’a vu sur l’inflation, un taux annuel de 2% donne sur 2 ans un taux équivalent de 4,04%, et non 4%.

Un autre exemple, c’est le livret A : son taux est actuellement de 0,50,5%. Or il faut savoir que les intérêts sont versés sur ton livret tous les 15 jours. Le taux appliqué chaque quinzaine est donc 0,00524\frac{0,005}{24}, ce qui fait que annuellement, ton capital n’est pas multiplié par 1,0051,005 mais par (1+0,00524)24(1+\frac{0,005}{24})^{24}
Bon, ça fait pas une grande différence, je te l’accorde. Ce n’est pas ça qui va te rendre riche.

Mais du coup cet aparté va me donner l’occasion de te présenter un autre objet mathématique :

L’exponentielle

—  Imaginons que, dans un placement à taux annuel xx, je me verse des intérêts tous les jours, toutes les heures ou même toutes les secondes. Est-ce que ça augmentera beaucoup mon capital ? Genre infiniment si je me verse des intérêts de manière continue ?
— Ah la bonne blague.

Imagine donc que pour un taux annuel xx, je me verse mes intérêts toutes les nn périodes, avec nn qui devient très grand. Mathématiquement, cela revient à chercher la limite de l’expression qui calcule le taux équivalent, lorsque nn tend vers l’infini. Ce qui s’écrit (là encore, souvenir du lycée) :
limninf(1+xn)n\lim_{n \to \inf} (1+\frac{x}{n})^{n}

On aimerait bien que ce taux devienne infini, mais non. Les mathématiciens ont montré que cette limite était finie. Et cette limite est égale à exe^x.
— exe^x ?
— ee est ce qu’on appelle le nombre d’Euler, il est égal à 2,718...2,718... et des poussières. Et exe^x, c’est ce qu’on appelle la fonction exponentielle.
— La fameuse fonction exponentielle…
— Oui. C’est pour ça qu’elle apparaît très souvent quand on parle de croissance (ou décroissance),quand on te dit par exemple que la population augmente de 2% par an. Les mathématiciens aiment bien les courbes continues, donc ils ne vont pas se contenter d’augmenter la population tous les 31 décembre. Ils vont diviser cette croissance annuelle en une infinité de périodes. Et du coup pour obtenir un taux équivalent de 22% par an, la meilleure fonction pour représenter cette croissance, c’est la fonction exponentielle.

Ainsi, pour une population commençant avec un nombre d’individus N0N_0 et augmentant de xx% par an, son évolution au cours du temps est de la forme :
N(t)=N0 eyt\boxed{N(t) = N_0\text{ }e^{yt}} Mais que vaut yy ?

  • Au bout d’un an, N0N_0 doit être multiplié par (1+x)(1+x). Donc :
    ey=1+xe^{y} = 1 + x
  • Encore une fois, il nous faut trouver yy, qui est en exposant dans l’expression. On en revient donc à l’utilisation du logarithme népérien et de sa propriété : lnan=nlna\ln a^n = n\ln a.
    lney=ln(1+x)\ln e^{y} = \ln (1 + x)
    ylne=ln(1+x)y \ln e = \ln (1 + x)
  • Or il se trouve que ee a une propriété, qui est que lne=1\ln e = 1.
    (Note : voir chapitre suivant pour une explication plus détaillée)
  • On a donc :
    y=ln(1+x)y = \ln (1 + x)
  • Ce qui nous donne :
    N(t)=N0 eln(1+x)t\boxed{N(t) = N_0\text{ }e^{\ln(1+x)t}}

Logarithme et exponentielle

Petit intermède mathématique ici : on va se pencher un peu plus sur ces histoires de logarithme et d’exponentielle.

En réalité, la fonction logarithme est la réciproque de la fonction puissance.
— Ce qui signifie ?
— Prenons des exemples :

  • Si je fais a+b=ca + b = c, pour retrouver aa, je fais a=cba = c - b
    On peut dire que la soustraction est la réciproque de l’addition, c’est l’opération qui permet de l’annuler.
  • De même, si je fais a×b=ca \times b = c, pour retrouver aa, je fais a=c/ba = c / b
    Comme tout à l’heure, la division est la réciproque de la multiplication, c’est l’opération qui permet de l’annuler.
  • Maintenant, si je fais a2=ca^2 = c, comment je fais pour retrouver aa ?
    Je fais a=a = racine carrée de cc.
    De même, pour a3=ca^3 = c, j’ai a=a = racine cubique de cc, pour a4=ca^4 = c, j’ai a=a = racine quatrième de cc, pour an=ca^n = c, j’ai a=a = racine n-ième de cc, etc.

— On a encore là des opérations réciproques. La racine carrée, c’est l’opération qui permet d'annuler l’opération de mise au carré, La racine cubique, c’est l’opération qui permet d'annuler l’opération de mise au cube…

Et si maintenant, j’ai 2a=c2^a = c, comment je fait pour retrouver aa ? Autrement dit, quelle est la réciproque de la fonction puissance ?

— Eh bien tu l’as dit au début, c’est le logarithme
— Plutôt les logarithmes. Si j’ai 2a2^a, la réciproque sera un logarithme en base deux, si j’ai 3a3^a, la réciproque sera un logarithme en base trois, si j’ai nan^a, la réciproque sera un logarithme en base nn,…
Exactement comme on avait plusieurs types de racines : racine carrée, racine cubique, racine n-ième…
Donc tout comme on avait x2=x\sqrt{x^2} = x, on a :

  • log2(2x)=x\log_2(2^x) = x,
  • log3(3x)=x\log_3(3^x) = x,
  • logn(nx)=x\log_n(n^x) = x (ce qui se lit logarithme en base nn)…

Maintenant, regardons une des propriétés de l’opération puissance. On sait que la puissance, c’est une succession de multiplications : an=a×a×a×a×...×aa^n = a \times a \times a \times a \times ... \times a
Or si on fait an+ma^{n+m}, cela donne visuellement :
a×a×a×...×anfois×a×a×...×amfoisan+m=(a×a×a×...×a)an×(a×a×...×a)am\underbrace{\overbrace{a \times a \times a \times ... \times a}^{n fois} \times \overbrace{a \times a \times ... \times a}^{m fois}}_{a^{n+m}} = \underbrace{(a \times a \times a \times ... \times a)}_{a^{n}} \times \underbrace{(a \times a \times ... \times a)}_{a^{m}}

Tu vois apparaitre la propriété : an+m=an×ama^{n+m} = a^{n}\times a^{m} Autrement dit, l’opération puissance transforme les additions en multiplication.

Et bien, réciproquement, son opération inverse, le logarithme, transforme les multiplications en additions, ce qui est la propriété que nous avons utilisée dans nos calculs bancaires ci-dessus : log(a×b)=loga+logb\boxed{\log (a \times b) = \log a + \log b}


— Ah non, dans les calculs, on n’a pas utilisé log\log mais ln\ln. On ne sait toujours pas ce qu’est un logarithme népérien.

Alors dans le calcul de croissance continue, on a fait apparaître un nombre, ee, égal à 2,718...2,718... et des poussières. Et on était arrivé à l’expression suivante :
logey=log(1+x)\log e^y =\log(1+x)
(considère pour l’instant que c’est n’importe quel logarithme qui est utilisé)
Or en voyant cette expression, dans laquelle on cherchait yy, on aimerait bien que le logarithme en question annule la puissance eye^y. Donc que ce soit l’opération réciproque de l’opération « puissance de ee ».

— Ah, il faudrait que le logarithme utilisé soit un logarithme en base ee en fait, ce qui permettrait d’avoir logeey=y\log_e e^y = y.
— Exactement. Et le logarithme en base ee, c’est le logarithme népérien, qu’on a noté ln\ln.
— Énorme, tout s’éclaire !

Et quand on a dit que lne=1\ln e = 1, c’est parce que ee, on peut l’écrire e1e^1, et que lne1=1\ln e^1 = 1 (car fonction réciproque). D’ailleurs de manière générale, pour tous les logarithmes :
lognn=1\log_n n = 1

Pour résumer

Le logarithme est la fonction réciproque de la fonction puissance. Il existe autant de logarithmes que de puissances : le logarithme en base 22 est la réciproque de la fonction 22 puissance xx, le logarithme en base 1010 est la réciproque de la fonction 1010 puissance xx, etc.

Puis dans nos calculs de croissance continue, nous sommes tombés sur un nombre particulier, ee, le nombre d’Euler, qui vaut 2,718...2,718... et des poussières. Il a paru alors intéressant de trouver la réciproque de la fonction exe^x (appelée fonction exponentielle), c’est-à-dire le logarithme en base ee.
Ce logarithme, c’est le logarithme népérien (du nom de John Neper, mathématicien).

Ces deux notions (exponentielle et logarithme népérien), vous les rencontrerez partout dans vos études. Ce sont un peu les fonctions puissance et logarithme génériques des mathématiciens (plutôt que d’utiliser un logarithme différent à chaque fois). Elles ont des propriétés assez sympathiques qui font qu’elles apparaissent naturellement comme par magie dans de nombreux domaines.
Pour citer quelques exemples de propriété : le logarithme népérien est une primitive de la fonction inverse 1x\frac{1}{x}, la fonction exponentielle est égale à sa propre dérivée…
Bref, tout un monde à découvrir.