Enseigner les Mathématiques

a marqué ce sujet comme résolu.

Mais en fait je vois pas le rapport entre théoriser et mettre en équation. Ce sont deux choses très différentes, une théorie mathématique n'a pas un quota d'équations à avoir !

En y réfléchissant bien, je suis d'accord.

Je reprends donc :

J'observe qu'au final la physique n'est qu'un cas particulier des mathématiques dans 99% du temps, au sens où il suffit de considérer des cas particuliers d'outils mathématiques abstraits pour théoriser l'ensemble de la physique

Höd

Non, réponds-je, car la physique ayant pour but la description et la compréhension du monde, une théorie dois se confronter à l'expérience. Théoriser la physique n'est pas faire la physique. Ainsi, faire une théorie auto-cohérente est la moitié du travail, mais ne vaut pas grand chose si elle part la suite invalider par l'expérience. Une théorie physique qui marche se doit d'être validé1.

C'est très exactement ce qu'on enseigne en cours de physique : qu'observe-t-on, quel est la théorie derrière, comment mesurer ou estimer ? Trouver des gardes-fou pertinents (ordre de grandeur, dimensionnalité…) dans notre domaine. C'est pourquoi un scientifiques non mathématiciens a, dans son domaine, une valeur ajouté par rapport à un mathématicien.

Sur ce, j'affirme qu'un mathématicien n'a pas de facilité particulière a théoriser dans un domaine qui n'est pas le sien, car il aura des connaissances et manières de raisonner différentes. Et comme l'a dit @dri1 :

On ne réfléchit pas du tout en maths de la même façon qu'en physique (ou alors on fait n'importe quoi).


  1. N'en déplaise à certains théoriciens dont les théories ne font aucune prédiction vérifiables, et ce depuis quelques dizaines d'années. 

+1 -0

Je pense que même un statisticien chevronné peut être victime de ce biais de confirmation, et je dirais même, mais sans en être sûr, que l'existence de ces biais ne dépend pas du niveau d'étude des gens....

Looping

Je vais répondre à ta remarque, ce qui me permettra de rebondir dessus un peu plus tard. La partie en gras est fausse : plus l'expertise dans un domaine est forte, moins on fait d'erreurs de ce genre. Il y a un paquet d'études qui montrent qu'on fait nettement moins d'erreurs de raisonnement et de logique dans un domaine qu'on connait bien : regardez ce qu'il s'est passé plus haut entre @dr1 et Höd.

C'est du a l'existence de deux systèmes de raisonnement :

  • un système analytique, basé sur la mémoire de travail, le seul capable de raisonner de manière logique, qui gère des méthodes applicable à tous les domaines ;
  • un système associatif, uniquement basé sur les connaissances mémorisées, qui utilise des associations d'idées et des analogies pour faire des déductions, et qui est incapable de généralisation autre que la catégorisation et l'analogie.

Les biais de raisonnement se produisent systématiquement dans le système associatif, vu que le système analytique peut raisonner "sans erreurs". Mais la mobilisation du système analytique a lieu, soit quand le système associatif détecte une erreur ou un problème avec ses propres déductions, soit quand le système associatif déclenche l’exécution d'une stratégie ou méthode par le système analytique. Ainsi, dans 95% des cas, les humains ne raisonnent pas de manière logique même s'ils peuvent le faire, et se reposent sur ce qu'ils savent.

L'activation du système analytique est fortement facilitée quand le sujet dispose d'un bon niveau de connaissances dans le domaine du problème à résoudre. Si le système associatif ne génère pas un grand nombre d'inférences automatiques, il ne pourra pas détecter d'éventuelles incohérences ou déclencher certaines procédures apprises et le système analytique restera au repos.

Le lien est donc évident avec la discussion en cours, et permet de donner des indices pour répondre à cette question : est-il possible d'enseigner quelque chose de général, comme une capacité à raisonner ou penser applicable quelque soit le domaine ? Par exemple, Höd prétend par exemple que c'est possible, et que les mathématiques sont un vecteur assez puissant pour cela. Looping a parlé de "des cours de logique/méthode scientifique/esprit critique/zététique applicable à tous les domaines".

En réalité, toutes les expérimentations sur le sujet (et dieu sait qu'il y en a eu) ont clairement montré que de tels entrainements ne donnent de gains que pour des situations analogues à celles vues lors de l'apprentissage : dans ces situations, le système associatif peut activer le système analytique ou donner directement les bonnes réponses.

A ce sujet, je conseille la lecture de ce document, qui aborde spécifiquement l'apprentissage de la méthode scientifique : Critical thinking and scientific method : why it's so hard (and even impossible) to teach ?. On y apprend que le raisonnement scientifique est relativement intuitif : d'après les observations de Piaget, même les bébés l'utilisent dans certaines situations (ce qui fait que certaines pédagogies actives mettent en avant le tâtonnement expérimental comme méthode naturelle d'apprentissage, en passant). Mais même les meilleurs scientifiques peuvent échouer à mettre en œuvre ce raisonnement, à cause des faiblesses de leur système associatif.

+2 -0

La logique c'est des maths. Désolé les mecs. Mais c'est une branche comme une autre des mathématiques. Dire "faut pas faire des maths, mais de la logique" c'est un peu …m'voyez ? Pareil pour l'informatique théorique, venez me dire ce qu'il y a de différent avec des maths.

La logique est la même, jusque dans la construction de tes phrases. C'est de l'association (d'idées,…). La méthodologie, elle, varie. Par exemple, un légiste n'utilisera pas de maths dans l'immédiat quand il a un cadavre sur la table d'autopsie. Ses premiers outils, ce sont ses deux yeux et le cerveau à l'intérieur de sa boîte cranienne. Son travail est avant tout un travail d'observation, un travail visuel : il va repérer les ecchymoses, les impacts des balles, si les artères/organes ont été touchés, s'il y a des traces de brulures, de torture, whatever pour formuler une première hypothèse. Lorsqu'il va procéder à d'autres analyses (toxicologique, etc.), là il se rapproche plus des méthodologies que l'on retrouve en médecine, chimie, bref en sciences qui sont pour la plupart similaires à ta méthodo quand tu abordes un sujet en mathématique.

Un matheux fait des observations et expériences. C'est affolant de penser qu'un matheux ne regarde jamais, ne fait aucune expérimentation. D'ailleurs ce sont des maths très sérieuses que celles qui traitent des expériences (on parle aussi de maths appliquées).

Personne n'a dit ça (enfin, pas moi en tous cas). :)

Des financements obtenus pour travailler sur le sujet, et des demandes des juges et avocats eux-même pour produire des outils leur permettant de raisonner correctement, appliquer la loi correctement.

J'espère que tu te sens aussi insulté que je me sens insulté par ton corps de métier en lisant les jugements du TGI de Paris pour les besoins évoqués plus haut - et me conforte dans l'analyse que j'avais déjà de ces métiers lorsque je n'avais pas à m'y frotter d'aussi près.

Je ne saurais te répondre. Je n'ai pas ces demandes devant les yeux, je ne sais pas le contexte de ces demandes et je ne sais pas dans quelle mesure le processus décisionnel varie entre la Belgique et la France. Chez nous, le juge ou le procureur n'est pas seul à prendre une décision. Avant qu'un procureur ne dépose son réquisitoire, tu as tout un travail d'une équipe de juristes, policiers, "experts" (géomètres, architectes, légistes, mathématiciens, etc. en fonction des cas) qui vont compiler les informations sous la supervision du magistrat pour en suite recommander la réalisation de devoirs complémentaires, recommander une peine aux regards des éléments du dossier et de la loi, etc. Même chose pour le juge, le juge est assisté d'un greffier (comme partout) pour vérifier la validité de la procédure dans sa forme, et assisté par des référendaires pour le fond. Maintenant, si je sais que dans des cas particuliers (très long dossier, avec beaucoup d'infractions), on utilise au Parquet des outils d'aide à la décision, je ne sais pas si tel est le cas au niveau des juges. Je ne connais pas grand chose du travail des référendaires dans la pratique.

Mais ce n'est pas parce que tu as vus des lacunes en ce qui concerne le TGI de Paris que ce sont des lacunes intellectuelles ou que ce soit identique pour tous les juristes. Tu généralises pas mal. Et c'est très dangereux.

Et à chaque étape du processus judiciaire, tu as une forme de contrôle. C'est ainsi qu'on limite très fortement des décisions rendues injustement, etc. Après, comme je l'ai dit, t'as toujours des juges qui sont las de se retrouver pour la cinquième fois devant un fumeur de cannabis ou un voleur qui a été piqué un pot de ketchup dans un supermarché juste parce qu'il n'avait pas assez d'argent pour acheter un sauce pour ses frites.

J'attends que tu me listes précisément les outils et les connaissances que utilises pour que je puisse te démontrer point par point que ce que tu utilises est obsolète depuis 30, 50, 100 ans. Il y a de très rares domaines où les outils mathématiques et scientifiques utilisés sont à la pointe et ce sont ceux où il y a de l'argent à se faire, aka banque et industrie (et encore, y a des principes économiques qu'on tient pour axiomatiques qui ont été démontés il y a 60 ans mais qu'on postule toujours). Dans toutes les institutions sociales, juridique et législatif en tête, on est à la ramasse sur le formalisme, la logique et l'aide à la décision

Sans entrer dans le détail, j'ai utilisé les travaux sur les réseaux de Barabási pour un séminaire sur certaines formes de délinquance, criminalité (existe déjà) en tenant compte d'une variété de paramètres issus de dossiers réels (d'actualité ou issus des archives), en mettant ces données en corrélation avec d'autres réseaux (transport, etc. (ce qui n'avait pas été fait dans ma ville)) et d'autres données pour estimer (ça reste des probabilités) les connecteurs (dealers, recruteurs de filières très à la mode aujourd'hui, etc.) qui deviendraient plus importants si par exemple, l'on arrêterait une tête pensante (= un autre connecteur principal). Je sais qu'il existe des modèles plus récents et précis, mais vu qu'il ne s'agissait que d'une présentation, je n'avais besoin que de présenter l'idée, le concept et comment des réseaux apparemment différents s'interconnectent (réseaux de dealers d'armes/drogues, réseaux de fraudes fiscales ou sociales, etc.) et dans quelle mesure, on pouvait s'en servir pour avoir une vision plus claire de comment ils s'établissent.

Me dire que tu peux te passer dans le juridique ou dans tout autre domaine de l'outil mathématique voire le supplanter, que ce n'est qu'un outil parmi un autre, c'est me dire qu'il est plus sur de conduire une 2CV qu'une voiture moderne avec l'ABS et consort. On a toujours besoin du pilote (et encore, ça arrive), mais on y gagne à tous les étages: précision, confort, sécurité, efficacité.

La lecture attentive est essentielle et fait pleinement partie de la rigueur. Explique-moi donc comment de ce paragraphe qui est mien :

Gosh, j'utilise des modèles mathématiques au quotidien pour étudier les réseaux de criminalité ou de délinquance, j'utilises des stats, de la probabilité, j'utilises des outils d'analyse criminologique, d'Histoire, de toxicologie, de physiologie, de criminalistique, de linguistique, de classification d'informations, d'informatique (évidemment). Je ne saurais te citer une liste précise d'outils, de concepts, de modèles qu'utilise un juriste dans son travail quotidien tant ils peuvent être nombreux et que cela dépende des cas. J'ai une amie juriste qui aborde au quotidien des domaines comme la biotechnologie ou les nanomatériaux et pour faire son boulot proprement, il est obligatoire qu'elle connaisse relativement bien le sujet et puisse dialoguer avec les interlocuteurs.

Tu arrives à me dire ceci :

Me dire que tu peux te passer dans le juridique ou dans tout autre domaine de l'outil mathématique voire le supplanter, que ce n'est qu'un outil parmi un autre, c'est me dire qu'il est plus sur de conduire une 2CV qu'une voiture moderne avec l'ABS et consort.

Non, je ne me passe pas des mathématiques ou pour être plus exact, de la rigueur scientifique (parce que les maths/physique/criminologie/etc. en tant que tel, tu ne les utilises pas tout le temps, ça dépend du dossier).

Maintenant, si l'outil mathématique est primordial dans le métier d'un mathématicien, c'est normal. Pour les professions juridiques, ce n'est pas aussi simple. Même la loi - bien qu'importante - n'est pas l'outil principal du juriste. Le droit est un domaine pluridisciplinaire (attention, je ne dis pas que ce n'est pas le cas des maths, ce serait profondément faux), où l'on utilise des outils de plusieurs domaines en fonction des cas (j'en ai cité quelques exemples).

Mais si les mathématiques en tant que tel ne sont qu'un outil parmi un ensemble, la logique est commune à cet ensemble. Il n'y a pas de si grandes différences dans la "logique" (stricto sensu) d'analyse d'une loi et de sa portée et celle d'un rapport d'un expert. Ce sont les méthodologies qui varient.

Les neurosciences et les sciences cognitives ont au fil du temps données naissance à plusieurs méthodologies d'apprentissage, et plusieurs modèles. C'est aussi la même chose dans le droit et même tout domaine, tu n'as pas qu'une façon universelle de procéder. En fonction du dossier, des éléments disponibles et des éléments qui restent à obtenir, tu vas fortement jongler entre la loi, les antécédents de la personne, la criminalistique, le rapport toxicologique, etc. Et tu dois analyser chaque point du dossier pour formuler une conclusion et requérir une peine/défendre ton client.

Je pourrais, à la limite, t'envoyer une copie de conclusions d'avocat si j'en trouve chez moi pour que tu puisses juger de l'analyse qui est faite d'une situation donnée et de la manière dont l'avocat va émettre les points qui semblent essentiels pour son client.

Et pour les lacunes du système, pour reprendre ton analogie, si en droit, nous sommes pluridisciplinaires et utilisons de nombreux outils pour notre confort, il arrive quand même que le pilote se crash ;) (= que la justice ne soit pas bien rendue, que le juge fasse preuve de laxisme/excès de zèle, ou qu'il soit tout simplement blasé (ce qui est assez souvent le cas, même si fort heureusement, ils font leur boulot proprement)). Le droit n'étant pas un domaine purement objectif, tu as des éléments subjectifs et en fonction des juges (puisque, par exemple, les circonstances atténuantes sont laissées à la discrétion du juge, ce qui n'est pas le cas des circonstances aggravantes qui sont contenues dans la loi) et des dossiers, ces éléments là peuvent prendre plus ou moins d'importance.

Peut être qu'au final on a juste pas la même définition d'analyser et tenir un raisonnement. ;) Mais je suis tout à fait d'accord sur le fait que tout à chacun peut raisonner, et on en a la preuve tous les jours un peu partout sur Internet entre autres.

Serait-ce du sarcasme ? :D

Pour que l'on s'entende bien, voici la distinction au sens strict que j'émets entre l'analyse et le raisonnement (même si en fonction des définitions, l'un et l'autre se confondent). L'analyse étant le recueillement d'informations (= données brutes) pour en tenir une conclusion, par exemple : ce que dit la loi sur tel crime, une analyse chimique, une analyse de sang. C'est donc l'action d'identifier des éléments constituants pour en tenir une conclusion, en déterminer la teneur. Le raisonnement, c'est la formation d'idées, de propositions liés les uns aux autres, en particulier selon des principes logiques, et organisés de manière à aboutir à une conclusion.

Alors évidemment, dans le travail quotidien d'un "matheux", chimiste, physicien, biologiste,… ou d'un juriste, ces deux définitions se confondent (suffit de lire une thèse ou un mémoire pour s'en apercevoir), mais il était nécessaire que je scinde ces deux aspects pour t'expliquer en quoi le travail d'un juriste est pluridisciplinaire et en quoi les mathématiques comme d'autres sciences entrent en compte.

Peu importe le domaine, tu as 3 catégories de métier (grosso modo) :

  • les analystes (un trader par exemple est avant tout un analyste)
  • les théoriciens
  • et ceux qui jonglent entre les deux (par exemple un procureur général, pour le droit)

Quand je bossais sur un dossier, j'analysais les "données brutes" (la loi, etc.) pour formuler une conclusion et prendre une décision à recommander au magistrat superviseur (boulot d'analyste, d'expert comme l'on dit chez nous) mais j'aurais très bien pu participer à l'élaboration d'un rapport interne sur une nouvelle politique de justice pour améliorer la pratique de la justice. Ou, un exemple peut-être plus parlant, dans le travail parlementaire, analyser l'état de la justice, former des idées nouvelles pour améliorer le fonctionnement de la justice, de la politique de justice de la société.

HS : Mais en tout cas, on voit très clairement l'amour que tu portes pour les mathématiques et ça, je l'apprécie sincèrement. ;)

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Tant qu'un individu est compétent dans son domaine,tout va bien. Et il n'y a pas lieu de faire une hiérarchie entre les matheux, les scientifiques autres, et les autres. Tout ce que je lis ici, c'est une discussion entre personnes qui n'ont jamais été en échec scolaire, qui comparent leurs cas personnels ou quasiment.

Pas grand chose à voir avec un sujet sur l'enseignement en général, et l'enseignement des mathématiques en particulier.

La question peut devenir intéressante, quand une personne supposée compétente se révèle en fait incompétente et incapable de mener un raisonnement.

Un petit exemple en matière de sécurité routière. On entend régulièrement des phrases du genre : Dans 50% des accidents, l'un des automobilistes était en excès de vitesse. Il faut donc réduire les vitesses maximales autorisées.

On peut être d'accord avec la conclusion, ce n'est pas le sujet… mais tout 'matheux' voit immédiatement que la phrase ne respecte pas les bases de la logique.

Dans le même ordre d'idée, je vous conseille le bouquin 'Plus vite que son nombre' de Sylviane Gasquet-More ; c'est un petit florilège des erreurs qu'on entend régulièrement dans les médias.

Un matheux fait des observations et expériences. C'est affolant de penser qu'un matheux ne regarde jamais, ne fait aucune expérimentation. D'ailleurs ce sont des maths très sérieuses que celles qui traitent des expériences (on parle aussi de maths appliquées).

Personne n'a dit ça (enfin, pas moi en tous cas). :)

Arius

Bah quand je lis que le physicien, contrairement au mathématicien, expérimente, je m'étouffe. Du coup je rappelle quand même qu'une énorme part de mathématiques est là pour la modélisation et répondre à la question de l'expérimentation.

Bah, si l'on prend par exemple les logiciels de modélisation en bio-informatique, ça n'existerait pas sans les mathématiques. C'est une évidence. Maintenant, j'ai beau me relire, je ne sais pas où j'ai dit que le physicien, contrairement au mathématicien, expérimente. ^^

Tant qu'un individu est compétent dans son domaine,tout va bien. Et il n'y a pas lieu de faire une hiérarchie entre les matheux, les scientifiques autres, et les autres. Tout ce que je lis ici, c'est une discussion entre personnes qui n'ont jamais été en échec scolaire, qui comparent leurs cas personnels ou quasiment.

Euh moi, si. J'ai déjà été en échec scolaire (même si c'était à cause d'éléments extérieurs, l'ambiance d'une classe joue beaucoup dans les résultats scolaires individuels, je l'ai découvert à mes dépens). Mais un gros +1 pour ton point sur la hiérarchie.

Après, comme le dit Mewtow :

Ainsi, dans 95% des cas, les humains ne raisonnent pas de manière logique même s'ils peuvent le faire, et se reposent sur ce qu'ils savent.

Et les deux systèmes (associatif/analytique) entrent vraiment en compte dans l'apprentissage et le raisonnement et les études réalisées explorent de bonnes pistes pour expliquer certaines difficultés.

C'est l'un des thèmes principaux abordés par les sciences cognitives.

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Toi, non, gentil loup, tu n'as rien dit de tel :-)

Tout ce que je lis ici, c'est une discussion entre personnes qui n'ont jamais été en échec scolaire, qui comparent leurs cas personnels ou quasiment.

elegance

Pareil, t'es gentil mais non. On peut pas dire que j'ai eu un parcours scolaire brillant ou agréable à vivre.

Après oui je parle de moi, parce que j'évite de parler pour les autres. Mais j'essaye aussi de faire quelques remarques qui permettent de rebondir.

Bah quand je lis que le physicien, contrairement au mathématicien, expérimente, je m'étouffe. Du coup je rappelle quand même qu'une énorme part de mathématiques est là pour la modélisation et répondre à la question de l'expérimentation.

Toi, non, gentil loup, tu n'as rien dit de tel :-)

Ce qui est chiant avec les sous-entendu, c'est qu'on ne sais jamais si on en est la cible, ou non. Surtout quand c'est par écrit.

Ce message est à destination de Holosmos. ;)

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Bah, entre ce qu'on pense, ce qu'on écrit, et ce que l'autre comprend, il y un monde !

Très sérieusement, ce n'est pas ce que je pense ; mais c'est ce que j'ai pu laisser entendre que je pensais car Höd, pour autant que j'ai bien interprété ces propos, semble le penser (la phrase « J'observe qu'au final la physique n'est qu'un cas particulier des mathématiques dans 99% du temps » m'a fait sortir les yeux de la tête), et j'ai donc répondu plus ou moins sur le même ton.

Le fond de mon propos, c'est que la méthode de travail, les intuitions, d'un mathématicien n'est pas celle d'un physicien ou d'un biologiste, et qu'il y a complémentation, et non supériorité écrasante du matheux sur les pauvres hères que nous sommes.

Voilà qui, je l’espère, fermera cette parenthèse, car j'ai jamais été doué pour les comprendre ce que les autres pensaient.

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Depuis plusieurs pages, le débat est devenu caduque — et j'y ai probablement contribué, mais je ne m'étais pas encore rendu compte qu'on se trompait de question. On ne se demande pas si les maths c'est cool et important.

La question n'est pas de savoir s'il faut enseigner les maths. Je pense qu'on sera tous d'accord que c'est indispensable, ne serait-ce que pour former des individus un peu ouverts sur des choses qui ne seront pas le cœur de leur métier. Mais ça, c'est vrai pour toutes les disciplines. La bonne question, celle qui était posée au début, était de savoir comment enseigner les maths, en partant du postulat que c'est une nécessité, jusqu'à au moins la fin du collège.

Bon je vais tenter de donner quelques canons de beauté à un cours de mathématique (le cours seulement, pas les exercices/TD).

  • Un accès clair à une liste de pré-requis avec, si possible, des références qui portent dessus et permettant aux élèves de réviser ces points.
  • Une présentation claire des notations.
  • Une approche axiomatique simple : quand on présente quelque chose on le fait (bien) une fois et pas pour rien (par exemple on ne définit pas deux fois la notion de convergence, une dans $\mathbf{R}$ et l'autre dans $\mathbf{C}$).
  • Des contre-exemples systématiques. Chaque résultat devrait être accompagné de quelques contre-exemples s'ils ne sont pas évidents (et si on en connait …). Cela permet une meilleure compréhension du sujet et est une part entière au travail mathématique.
  • Plus généralement, une remise en question des outils abordés : pourquoi ceux-là et pas d'autres ? Est-ce qu'ils sont applicables facilement ? Quelles sont les généralisations possibles ?
  • Une approche axiomatique simple : quand on présente quelque chose on le fait (bien) une fois et pas pour rien (par exemple on ne définit pas deux fois la notion de convergence, une dans $\mathbf{R}$ et l'autre dans $\mathbf{C}$).

Et si on présente une fois sur $\mathbf{R}$ et la seconde sur un espace vectoriel normé quelconque ? C'est une vraie question.

+0 -0

Je reviens avec mon exemple sur la sécurité routière. On entend souvent : Dans 50% des accidents, l'un des automobilistes était en excès de vitesse. C'est trop. Il faut donc réduire les vitesses maximales autorisées.

Comme je le disais, le raisonnement est stupide. Si on déplore que le pourcentage des accidents provoqués par les véhicules en excès de vitesse est trop élevé, il faut soit supprimer les limitations de vitesse (et ainsi, ce taux tombera à 0), soit faire mieux respecter les limitations existantes. Mais en aucun cas diminuer les vitesses autorisées.

Comment un expert de la sécurité routière peut-il faire de telles fautes de raisonnement ?

Combien de français écoutent la phrase, l'analysent, la comprennent, et détectent la supercherie ? 5% ?

Et pourquoi les médias diffusent ces raisonnements fallacieux ? Je viens de consulter la lettre de mission de France Télévision : La télévision publique a la charge d’informer, d’éduquer et d’animer le débat démocratique

Eduquer, n'est-ce-pas élever le débat vers le haut, donner la parole à des gens qui raisonnent 'à l'endroit' ?

Le problème, c'est que j'ai bien peur que mêmes les dirigeants des médias ne sont pas suffisamment matheux ou suffisamment logiques pour voir la supercherie.

Je reviens avec mon exemple sur la sécurité routière. On entend souvent : Dans 50% des accidents, l'un des automobilistes était en excès de vitesse. C'est trop. Il faut donc réduire les vitesses maximales autorisées.

Comme je le disais, le raisonnement est stupide. Si on déplore que le pourcentage des accidents provoqués par les véhicules en excès de vitesse est trop élevé, il faut soit supprimer les limitations de vitesse (et ainsi, ce taux tombera à 0), soit faire mieux respecter les limitations existantes. Mais en aucun cas diminuer les vitesses autorisées.

elegance

Pour le coup non. Tu peux pas prouver (et d'ailleurs c'est parce que c'est faux) que réduire la vitesse limite ne fera pas descendre ce taux. D'ailleurs c'est ce que semble montrer les résultats de la baisse de la limite de vitesse sur notre très cher periph.

Tu as raison de dire que d'autres moyens plus simples feraient descendre ce taux. Mais par contre, faire baisser la limite de vitesse ça marche aussi (parce que la majorité des gens les respecte et que la vitesse augmente le temps de réaction et la gravité des accidents).

Pour le coup non. Tu peux pas prouver (et d'ailleurs c'est parce que c'est faux) que réduire la vitesse limite ne fera pas descendre ce taux. D'ailleurs c'est ce que semble montrer les résultats de la baisse de la limite de vitesse sur notre très cher periph.

Tu as raison de dire que d'autres moyens plus simples feraient descendre ce taux. Mais par contre, faire baisser la limite de vitesse ça marche aussi (parce que la majorité des gens les respecte et que la vitesse augmente le temps de réaction et la gravité des accidents).

Holosmos

Je ne suis pas du tout d'accord avec ton raisonnement argument.

Le problème c'est que tu affirmes quelque choses sans aucune raison tangible. Tu dis juste "c'est pas évident donc c'est faux". Moi je te donne des arguments de douter. T'en fait ce que tu veux mais commence pas à dire que c'est illogique de descendre la vitesse limite alors que c'est pas forcément le cas (en tout cas pas avec tes arguments).

Si on fait baisser les vitesses maximales autorisées, le nombre d'accident va probablement baisser. Je suis d'accord là dessus, et je ne discute pas cela.

Mais la proportion d'accident mettant en cause des véhicules en excès de vitesse va augmenter.

Je ne vais pas dire que c'est certain, mais que c'est très probable, pour rester modeste.

Si tu lis : x < y Donc f(x) < f(y), tu vas dire que c'est faux. Il manque un argument : la fonction f est croissante.

C'est exactement la même chose dans mon exemple. On me dit qu'en diminuant V (vitesse limite), on va diminuer P (Proportion d'accident dus aux excès de vitesse). Sans même dire que la fonction P = f(V) est croissante.

Intuitivement, cette fonction est décroissante [f(1) = 100, f(90) = 50 et f(200) = 0 ]

Donc prendre comme postulat acquis et connu de tous que cette fonction est croissante aux abords de 90, c'est une lacune dans l'argument.

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