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Interview : Rencontre avec zeqL

Partons à la découverte du métier d’ingénieur en électronique grâce à zeqL

zeqL

Salut zeqL et merci pour ta participation ! Pour commencer, pourrais-tu te présenter, nous dire un peu qui tu es et ce que tu fais professionnellement ?

Salut,
Je ne suis pas très doué pour me présenter donc je vais faire simple : je suis un jeune homme de 25 ans qui vit en région parisienne (France). Je n'ai pas de grandes occupations si ce n'est aller boire un verre (ou plus en général) et voyager (surtout aux États-Unis : <3 Seattle).

Au niveau professionnel, je suis ingénieur en électronique dans un bureau d'étude/société de prestation. On parle souvent de SSII, même si ma société en est proche, notre petite taille et le fait qu'on ait encore des projets développés sur place font que l'ambiance est vraiment sympathique et tout le monde se connait.

Pour en arriver là, j'ai fait un classique bac S avant d'intégrer en post-bac l'ECE (École Centrale d'Électronique, mais aujourd'hui on doit dire ECE Paris). Lors de la première année d'ingénieur, j'ai pu intégrer la filière en apprentissage. L'entreprise où j'ai réalisé mon apprentissage est un grand groupe électronique français, je travaillais dans une entité qui concevait et produisait des calculateurs pour les avions (un calculateur est un "ordinateur" dédié à une tâche spécifique).

En quoi consiste ton boulot ? Quelles sont tes tâches/responsabilités ?

J'ai principalement effectué des missions dans d'autres sociétés donc mon travail varie selon l'étape de conception du produit.

Lorsque l'on fait de la conception, la majeure partie du travail consiste à trouver les composants nécessaires à la réalisation de la carte/fonction, lire des datasheets, les spécifications, faire des simulations, des calculs, saisir des schémas, etc. C'est principalement un travail sur ordinateur. Cela peut être comparé au travail d'un programmeur qui va lire de la documentation, faire quelques algorithmes sur papier et coder sa fonction ensuite.

Pas mal de personnes ont fait du test de carte et j'y ai plus ou moins échappé, car je ne suis intervenu que ponctuellement. En général ce type de travail consiste à dérouler une procédure de test (en général pour la première fois, sinon c'est fait par des techniciens) et vérifier que tout se passe bien et faire des corrections si nécessaire.

Une de mes spécialités que j'ai pu acquérir lors de mon apprentissage est ce que l'on appelle le support produit. Dans l'aéronautique cela semble être un "métier" à part entière là où dans d'autres domaines, ce sont principalement les concepteurs qui en sont chargés.

Pour faire simple, le support consiste à intervenir lorsqu'il y a des problèmes, principalement en production. Soit on peut avoir un rôle basique de réparation de cartes (composant défectueux à trouver), mais aussi un rôle d'expertise lorsque les problèmes sont récurrents et qu'il faut trouver la cause racine et ensuite proposer des solutions. L'expertise joue aussi lorsque l'on a des retours d'Airbus ou des compagnies, ces problèmes là font l'objet de procédures particulières.
On utilise principalement les schémas et la documentation de conception plus des manipulations pour essayer de trouver cette cause racine. Mais un point important est que sur certaines affaires on travaille avec des personnes du logiciel, du système, la qualité, etc. Et il ne faut pas avoir peur d'émettre des hypothèses farfelues, du moment qu'elles peuvent être réalistes.

Je pense que dans le développement logiciel il doit y avoir le même type de poste plus ou moins dans des domaines critiques.

Actuellement, je suis dans une mission de validation électronique sur des gateways (les fameuses "box" internet). Cela consiste à vérifier que le design est conforme aux différentes normes et standards utilisés. Par exemple je m'occupe de la partie Ethernet, je vais donc vérifier qu'au niveau électrique les signaux sont conformes à la norme Ethernet. Mais je vais aussi réaliser des tests beaucoup plus fonctionnels avec des outils de tests qui vont permettre de vérifier le débit maximum d'un lien Ethernet. Une sorte de speedtest mais en plus poussé. :)

Existe t-il une journée type ?

En conception, c'est souvent la même chose comme je l'ai décrit juste avant. Parfois l'on peut être amené à rencontrer les commerciaux techniques des fabricants pour qu'ils nous renseignent un peu plus sur leurs produits. On peut aussi faire des montages de tests dans une phase un peu plus avancée mais c'est assez rare.

En support, c'est très varié. On est souvent en laboratoire ou en production à faire des manip'. Parfois on peut être un peu surchargés, gérer plusieurs problèmes en même temps, tout comme ça peut être un peu plus calme quand on a du mal à trouver les origines d'un problème. Sur les deux derniers problèmes sur lesquels j'ai bossé, les investigations ont duré plusieurs mois. Pour l'une, c'était dû à une faible fréquence de la panne (1 ou 2 occurrences en 1 nuit de test mais la panne peut arriver en 15 minutes ou en 5 heures…). Pour une autre, c'était dû à la complexité de l'origine de la panne et de la particularité de l'aéronautique : les tests en température. En effet, ce problème arrivait principalement à froid (-20°C à -40°C).

Qu'est-ce qui te plaît le plus dans ton travail ?

Pouvoir m'amuser avec du matos de compétition (ou pas) ! :D

Analyseur logique et calculateur instrumenté

Calculateur instrumenté dans une étuve

Banc de test années 80

Bureau

De la même manière, qu'est-ce qui te plaît le moins ?

Porter une blouse ESD en taille XL qui fait sac à viande par 30°C. :)
Être confronté aux réalités "économiques" qui font que des problèmes ne sont pas corrigés ou alors à minima car l'aéronautique impose énormément de boulot pour changer le hardware. On aimerait que la meilleure solution soit appliquée, mais ce n'est pas toujours possible. Mais c'est aussi ça le boulot d'ingénieur, trouver des solutions malgré les contraintes.

Si je passais dire bonjour, je trouverais quoi sur ton bureau ?

Selon les missions j'ai un bureau attitré ou alors pas vraiment de bureau et je me retrouve à squatter une paillasse dans un laboratoire. J'ai donc appris à "voyager" léger. En général, j'ai un cahier qui sert à prendre des notes et on pourra trouver des schémas et documents imprimés ainsi que des brouillons qui s'empilent jusqu'à ce que je fasse le ménage.

Sur mon bureau fixe, on pourra trouver une petite plaque "Moose Xing" rapportée du Canada :)

Parle-nous de ton parcours… A-t-il été déterminant pour ce poste ?

Mon parcours en apprentissage m'a permis d'avoir une mission en prestation dans le service où j'étais. Donc cela a été déterminant pour le poste que j'ai actuellement dans le sens où je ne connaissais pas vraiment le bureau d'étude et que je me focalisais sur les grosses SSII (Alten, Ausy, etc.).

Pour parler plus généralement, il suffit de faire une formation en électronique ou en systèmes embarqués pour trouver un travail dans le domaine. Le fait qu'on est fait la fac ou une école d'ingénieur importe peu, mais on attend surtout des diplômés à bac +5 pour les travaux techniques.

Les stages permettront d'avoir un peu d'expérience dans un domaine ou une activité (conception, test, aéronautique, électronique grand public, etc.). L'apprentissage outre ses avantages de base (salaire, expérience, études financées, etc.) permet d'avoir un salaire d'embauche un peu plus élevé car l'expérience est comptée à 50% (3 ans d'apprentissage = 1 an 1/2 d'expérience sur les grilles de salaire).

Un conseil à donner à ceux qui voudraient faire ce travail ?

Savoir utiliser un oscilloscope rapidement sans utiliser l'autoset, c'est le minimum :)

Tout cela te donne-t-il du temps pour avoir des activités extraprofessionnelles ?

Tout dépend de l'endroit de ma mission. Ma société se trouve à 10 minutes de chez moi et j'ai eu la chance de faire une mission juste à côté donc en arrivant vers 9h-9h30 et en partant vers 18h, je pouvais à la fois dormir longtemps le matin et avoir du temps libre le soir. Actuellement je suis en mission à environ 1h de chez moi, j'essaie de faire à peu près les mêmes horaires, ce qui fait que je me lève plus tôt et que j'arrive plus tard (mais j'ai de bon frais de missions :) )

Mais globalement, je n'ai pas de souci au niveau des horaires et je peux m'arranger pour aller sur Paris (concerts, bars), faire des courses après le travail. Cela permet de faire autre chose le samedi :)

Le mot de la fin ?

Miam ?

J’espère que cette interview vous aura plus ! La zone de commentaire est maintenant pour vous chers lecteurs afin de poser les questions que vous souhaitez à zeqL pour en savoir plus sur son travail.
Vous pouvez aussi retrouver des articles de zeqL sur son blog : zeql.net

(Ouais, je le mets plus trop à jour à cause des vacances et de la flemme, mais vous pouvez toujours jeter un coup d'oeil et si vous êtes intéressés je pourrais faire des articles en français sur le forum par exemple ou sur mon blog)



21 commentaires

Cool, merci pour l'interview, j'y ai retrouvé des vieux souvenirs de stages en électronique embarqué (le banc des années 80 en fait, j'avais le même en version années 2000).

Pour les contraintes, j'étais confronté à celles du spatial, c'est pas la joie non plus :( Parce que la conso joue énormément, et du coup, souvent obligé de se rabattre sur des composants analogiques et finir avec un dispoitif vraiment vraiment complexe et pas générique, pas programmable, etc. Mais c'est un domaine assez fascinant, j'en garde de bons souvenirs.

Merci pour la nostalgie :) Et bonne continuation, c'est un chouette métier !

+4 -0

Je pense que dans le développement logiciel il doit y avoir le même type de poste plus ou moins dans des domaines critiques.

Pas besoin que ce soit critique, il suffit qu'on exige du support sur plusieurs années et des taux de défaillances en dizaines de ppm. J'ai fait ça pour des systèmes multimédias en voiture. La différence, c'est que les gens qui font la maintenance soft peuvent aussi introduire des améliorations (support du comportement spécifique du nouvel iPhone, support d'un nouveau codec audio…), puisque de toute façon les analyses de retours imposent de prendre en main le projet pour comprendre son fonctionnement. C'est beaucoup plus économique de faire une nouvelle version du logiciel que du matériel.

Bon, j'arrive un peu après la bataille, mais une chose m'as interpellé sur cet interview:

"Savoir utiliser un oscilloscope rapidement sans utiliser l'autoset, c'est le minimum :)"

Je suis mais alors, complètement d'accord, quand je vois mon prof d'électronique en Ecole d'ingé utiliser l'autoset .. J'ai tout simplement envie de pleurer .. :'(

Après ça dépend ce qu'on veut voir et quels types de signaux on observe. Faut pas se prendre le chignon et croire qu'on est un genre de super héros si on ne se sert jamais de l'autoset… Si l'autoset fait ce qu'il convient, pourquoi s'en priver ? :D

Après ça dépend ce qu'on veut voir et quels types de signaux on observe. Faut pas se prendre le chignon et croire qu'on est un genre de super héros si on ne se sert jamais de l'autoset… Si l'autoset fait ce qu'il convient, pourquoi s'en priver ? :D

Aabu

Pour un débutant ça peut être très souvent révélateur du fait qu'il ne sait pas vraiment ce qu'il fait.

Une simulation ou une mesure sert à valider/confirmer une hypothèse, une idée, une simulation/mesure. On doit donc plus ou moins savoir ce que l'on va observer : régler son temps à 10ms ou à 500ps fait que l'on observe pas le même type de signal tout comme mettre 100mV ou 5V en vertical.

De plus en cas de souci sur le signal mesuré par exemple une mauvaise fréquence, si tu met l'autoset et que tu as une base de 100 ms et que tu te dis, tient le signal est bon alors qu'en fait il a une fréquence de 10Hz au lieu de 10kHz, c'est quand même embêtant.

Après quand je me sers du scope comme d'un multimètre "évolué" je fais parfois de l'autoset parce que c'est rapide, mais en général c'est pour des tensions et rarement pour des signaux alternatifs ("fréquentiels").

Super intéressant ! D'autant plus que je suis dans une école d'ingénieurs où l'on enseigne à la fois l'informatique et des sciences plus industrielles (électronique, électrotechnique, automatique, et j'en passe…) et qu'à la fin de l'année, je pense me spécialiser en électronique !

D'ailleurs, je dois trouver un stage d'ici la fin de l'année, je pense que je vais en dire un peu plus long à zeqL en privé ! :)

Quoi qu'il en soit, bravo et merci pour l'interview ! :D

Très intéressant, merci !

Savoir utiliser un oscilloscope rapidement sans utiliser l'autoset, c'est le minimum :)

C'est tout l'intérêt d'avoir fait un IUT qui n'avait pas vraiment de moyens y'a 8 ans : je ne sais pas me servir de l'autoset d'un oscilloscope.

Cela dit, je me garderais bien de postuler dans un boulot du genre du tien, puisque ça fait quelque chose comme 7 ans que je n'ai plus touché à un oscilloscope.

C'est tout l'intérêt d'avoir fait un IUT qui n'avait pas vraiment de moyens y'a 8 ans : je ne sais pas me servir de l'autoset d'un oscilloscope.

Cela dit, je me garderais bien de postuler dans un boulot du genre du tien, puisque ça fait quelque chose comme 7 ans que je n'ai plus touché à un oscilloscope.

Donc depuis la sortie de ton IUT ? :D

+0 -0

Pourquoi ne pas utiliser l'autoset ? :o
Ça ne prend qu'une demi seconde … (Bien sur si il arrive pas à gérer, tu fais à la main ;))
Et à priori, si on fait ce métier c'est que l'on comprend un minimum le principe d'un oscillo quand même ^^

Sinon très bon article comme d'habbb !

+0 -0

Pourquoi ne pas utiliser l'autoset ? :o
Ça ne prend qu'une demi seconde … (Bien sur si il arrive pas à gérer, tu fais à la main ;))
Et à priori, si on fait ce métier c'est que l'on comprend un minimum le principe d'un oscillo quand même ^^

Sinon très bon article comme d'habbb !

Choups314

J'ai expliqué juste au-dessus ;)

Après ça dépend ce qu'on veut voir et quels types de signaux on observe. Faut pas se prendre le chignon et croire qu'on est un genre de super héros si on ne se sert jamais de l'autoset… Si l'autoset fait ce qu'il convient, pourquoi s'en priver ? :D

Aabu

Pour un débutant ça peut être très souvent révélateur du fait qu'il ne sait pas vraiment ce qu'il fait.

Une simulation ou une mesure sert à valider/confirmer une hypothèse, une idée, une simulation/mesure. On doit donc plus ou moins savoir ce que l'on va observer : régler son temps à 10ms ou à 500ps fait que l'on observe pas le même type de signal tout comme mettre 100mV ou 5V en vertical.

De plus en cas de souci sur le signal mesuré par exemple une mauvaise fréquence, si tu met l'autoset et que tu as une base de 100 ms et que tu te dis, tient le signal est bon alors qu'en fait il a une fréquence de 10Hz au lieu de 10kHz, c'est quand même embêtant.

Après quand je me sers du scope comme d'un multimètre "évolué" je fais parfois de l'autoset parce que c'est rapide, mais en général c'est pour des tensions et rarement pour des signaux alternatifs ("fréquentiels").

zeqL

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