Est-ce que le .brussels « fait territoire »1 ? Quel intérêt des GeoTLD dans la fabrique de l’identité bruxelloise ? Cet article, technique (mais largement compréhensible pour le public de Zeste de Savoir) est super-intéressant, et permet de lier DNS et sciences sociales.
Une chose intéressante à faire, serait de recommencer l’expérience avec d’autres GeoTLD, tel que le .alsace, .corsica, .paris, .nyc, .london… Et faire une typologie ? Je serais curieux de voir s’il y a des différences entre les métropoles (NYC, Londres, Paris et tutti frutti) et des territoires pas uniquement urbain comme le Pays Basque (.eus) ou le Quebec (.quebec).
En bon article scientifique, la méthodologie est donnée, avec même le code-source des scripts. Vous pouvez donc reproduire l’expérience, si vous le souhaitez.
« Le territoire est une réordination de l’espace dont l’ordre est à chercher dans les systèmes informationnels dont dispose l’homme en tant qu’il appartient à une culture. » (Claude Raffestin)↩
Personnellement, je n’ai jamais compris cette décision de l’ICANN tant je trouve stupide d’autoriser une chiée de noms de domaine de premier niveau qui pourraient parfaitement être des nom de domaine de second niveau. Typiquement, .brussels.be ou .paris.fr. Ces villes font partie d’un pays, cela n’a juste pas de sens de mon point de vue de leur accorder un nom de domaine de premier niveau. Et je parle même pas des trucs vaseux comme .cat, .museum, .aero ou .xxx… À quand le .mcdonald, le .trump ou encore le .lama ?
Autant je comprends le souhait de certains pays d’internationaliser les noms de domaines en leur permettant d’écrire dans leur langue (même si c’est pénible sur le plan technique), autant les ajouts de TLDs à la mords-moi-le-noeud me désespèrent.
Edit : Je suis en train de lire l’article, je ne sais pas s’ils répondent à cette question : le gouvernement flamand, qui se trouve à Bruxelles, va-t-il adopter le ".brussels", ou le ".vlaanderen" ?
n’ai jamais compris cette décision de l’ICANN tant je trouve stupide d’autoriser une chiée de noms de domaine de premier niveau qui pourraient parfaitement être des nom de domaine de second niveau
Moi non plus. À part faire plus de profit ?
Ces villes font partie d’un pays, cela n’a juste pas de sens de mon point de vue de leur accorder un nom de domaine de premier niveau
Par contre le phénomène de métropolisation est intéressante : les villes veulent rayonner à l’international, en s’affranchissant du pays. Que « Paris » soit Paris en tant que tel, en dépendant plus de la France dans la communication. Bref, que les métropoles soient les nouveaux centres de pouvoir dans un monde mondialisé, rendant has been les États. À mon avis, ces geoTLD sont parfaitement dans cette dynamique là, et c’est cohérent dans cette logique. Après, questionner cette logique, oui, c’est plus que légitime.
En passant, il y a quelques coquilles dans l’article.
Les acteurs commerciaux sont bien conscients de l’importance des URL, comme en témoigne le marché secondaire des noms de domaine où des URL s’achètent et se vendent.
Nope, les URLs ne s’achètent pas, ce sont les noms de domaines qui s’achètent (’fin techniquement se louent, mais bref).
la capitale de la Belgique, des Communautés flamande et française,
Alors, de un c’est sympa d’avoir oublié la Communauté germanophone, de deux la Communauté française s’appelle depuis quelque temps la Fédération Wallonie-Bruxelles (oui, c’est débile, mais c’est l’appellation officielle) et de trois, Bruxelles est la capitale de la Belgique, point.
Il n’y a pas besoin de préciser que c’est aussi la capitale de toutes les entités du pays, sinon faut se lever tôt : Bruxelles, la capitale de la Région flamande, de la Communauté flamande, de la Communauté française (Ah ! Non, pardon, de la Fédération Wallonie-Bruxelles), de la Région Wallonne, de la Communauté germanophone, de la Région bruxelloise, de la Commission communautaire commune, de la Commission communautaire française, de la Commission communautaire flamande, mais aussi de la province de Liège, de la province de Flandre orientale, de la commune d’Houte-Si-Plou, de… Bref, c’est stupide de procéder comme ça, une capitale est liée à un pays.
675 pour l’Europe
Je ne suis pas certain que les pays faisant partie de la région gérée par RIPE NCC soient ravis de se voir rassemblés sous le terme « Europe »…
Cela suit effectivement une logique « d’indépendance » vis-à-vis des pays et du carcan initial imposé par l’ICANN. Cela étant, de mon point de vue, cela n’a juste pas de sens et c’est renier la réalité. Par exemple, une entreprise publique ou privée, n’existe que de part le droit d’un pays, il est donc logique de rattacher celle-ci au TLD d’un pays. Le Japon par exemple est assez exemplaire de ce point de vue puisque ses entreprises ont toutes un nom de domaine commençant par .co.jp.
Également, le principe du DNS est justement d’avoir un système hiérarchique. En ouvrant ainsi les TLDs à tout et n’importe quoi, on va se retrouver avec une quasi absence de hiérarchie où, à la limite, le TLD remplace le nom de domaine. Le cas du site de la ville de Bruxelles est assez emblématique de la stupidité du truc : be.brussels… Ben oui, fallait réfléchir avant, il faut bien caser un truc après le .brussels, sauf que pas de bol, cela dit déjà tout vu que c’est justement le site de la ville de Bruxelles… Personnellement, quitte à faire des trucs débiles, j’aurais créé le sous-domaine osef.brussels, au moins cela aurait été clair. La même réflexion peut s’appliquer pour le TLD .sncf.
Enfin, pour moi, il y avait déjà trop de gTLD depuis le début. Les seuls cas justifiés étaient : le .int pour les organisations internationales (ne s’agissant pas d’entités rattachées à un pays, typiquement on aurait eu un.int ou eu.int), le .arpa pour le reverse DNS et le .net pour les noms de domaines liés aux infrastructures réseaux (typiquement les serveurs DNS racines qui ont des adresses du type a.root-servers.net ou les registres régionaux comme RIPE NCC). Tout le reste, c’est du bullshit et cela peut se rattacher à un pays.
Un rapide coup d’œil nous a permis de constater que certains noms de domaine n’avaient guère de sens, à l’instar de « 0037thqst4en3so3ahg8c83b6k5bsals.brussels ». Ces URL à première vue dépourvues de sens sont utilisées dans le cadre du protocole DNSSEC.
Ouais, à vue de nez c’est plutôt des noms de domaines employé par des logiciels malveillants, mais bref.
Edit : Je suis en train de lire l’article, je ne sais pas s’ils répondent à cette question : le gouvernement flamand, qui se trouve à Bruxelles, va-t-il adopter le ".brussels", ou le ".vlaanderen" ?
À mon avis, vu la logique actuelle, il va très certainement utiliser le .vlaanderen vu qu’il s’agit du gouvernement flamand. Par contre, la Commission communautaire flamande, elle, pourrait utiliser le .brussels, mais utilise le .be.
Par exemple, une entreprise publique ou privée, n’existe que de part le droit d’un pays, il est donc logique de rattacher celle-ci au TLD d’un pays.
Les métropoles cherchant par définition à être autonome (= suivre ses propres lois), il y a aucune raison d’afficher le pays, puisqu’ils rejettent les lois (au sens large, pas juridique). De plus, les GeoTLD viennent des identités (Paris pour .paris) expliquant cela. Les entreprises sont justes opportunistes et saisissent cette occasion. Ça, c’est l’explication géographique/géopolitique.
Concernant l’explication économique, le DNS est basé sur la rareté : il n’y a qu’un zestedesavoir.com, c’est un bien rival. En étendant le nombre d’extensions, bah on multiplie les possibilités de NDD, et donc de se faire de l’argent.
Je comprends l’idée derrière (enfin, plus ou moins), mais je la trouve malsaine au vu de la manière dont fonctionne le DNS (hiérarchie) et de la réalité (toutes entité juridique est attachée à un pays sauf les organisations internationale). Si une organisation plus ouverte et/ou moins hiérarchique est souhaitée, je pense qu’il aurait alors été préférable de revoir le protocole DNS en lui-même (il y a des essais comme le GNU Name System qui repose sur un système décentralisé).
Yep, et de réservations malvayantes également, genre www.bnpparibasfortis.brussels (qui n’existe pas, mais qui peut-être intéressant pour duper des gens). Mais on est bien d’accord, le but est clairement de faire de l’argent, mais sans se soucier du bordel qui est en train de se dessiner.
Perso, je suis pour la suppression des dns nationaux (et de l’État-nation, mais c’est une autre histoire) pour faire un truc plus sémantique : .gov pour l’administration (au sens large), .com pour l’économie, .org pour les organisations (du Conseil de l’Europe aux ONG), .name pour les particuliers. Ou supprimer carrément ce nommage pour autre chose.
Cela se défend parfaitement comme idée, je pense que les concepteurs et participants au GNU Name System par exemple doivent très certainement partager un point de vue semblable. Seulement, il faut revoir l’organisation autour du protocole, la manière dont sont créer et gérer les TLDs, etc.
(Étant attiré par les idées anarchistes, je ne suis pas non plus un grand fan des États-Nation et du pouvoir dont ses représentants usent et abusent, mais actuellement, je considère que ce ne sont pas eux les plus dangereux, en tous les cas pas en Union Européenne).
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