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[Signet] Le cerveau fait son monde : l'illusion de la réalité

Une conférence de Yves Rossetti

Le cerveau fait son monde : l’illusion de la réalité

👉 Le monde est-il vraiment tel que nous le voyons ? Grâce à des illusions d’optique étonnantes, cette rencontre scientifique vous livrera quelques secrets sur notre cerveau, la manière dont nos capacités de perception se construisent à partir de notre expérience personnelle, et combien cela affecte notre relation à l’autre…

🗣️ Avec Yves Rossetti, enseignant-chercheur à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et membre du Centre de recherche en neurosciences de Lyon

Dans le cadre de la Semaine du cerveau, en partenariat avec le CNRS



10 commentaires

Temps de lecture, moins d’une minute, certes. La vidéo dure quand mpême 1h30…
Des illusions visuelles, c’est toujours captivant.
A mon sens, ce qu’il faut retenir, c’est bien le message : ce que je perçois est mon point de vue, pas nécessairement partagé par autrui.

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Ça me fait penser que je voulais revenir sur cette image, qui est très souvent dévoyée pour lui faire dire n’importe quoi (d’ailleurs je l’ai retrouvée sur un site qui lui fait dire n’importe quoi).

Effectivement, le symbole au sol peut être perçu comme un 6 ou comme un 9 – c’est le message donné dans la vidéo – et il faut accepter que l’autre puisse le percevoir autrement.

Mais un point très important sur le quel il met assez peu l’accent, c’est que ça ne veut absolument pas dire que ce symbole est en réalité un 6 ou un 9, et encore moins que cette réalité dépendrait du point de vue de l’observateur. Cette mésinterprétation est très utilisée par les Chercheurs de Vérité™ et autres charlatans de tout poil pour nous faire accepter n’importe quoi.

Parce que le mot-clé dans l’interprétation qui donne un 6 ou un 9, c’est que la perception est différente.

Et une fois mis d’accord sur la différence de perception, c’est important de se mettre en quête de la réalité derrière cette perception. Ici, quelqu’un a peint un symbole au sol, et ce symbole est volontairement soit un 6, soit un 9, soit encore autre chose de mal compris. Mais il existe une vraie explication qui ne peut pas être écrasée par nos seules perceptions.

Le même passage m’a aussi un peu gêné. Je crois que le fond c’est que pour impressionner le public faut tirer des vieilles ficelles rhétoriques. C’est difficile de mettre de la finesse quand l’exposé est un catalogue de fun facts… (n’est-ce pas le cas des sciences cognitives en général ?)

Ici, quelqu’un a peint un symbole au sol, et ce symbole est volontairement soit un 6, soit un 9, soit encore autre chose de mal compris. Mais il existe une vraie explication qui ne peut pas être écrasée par nos seules perceptions.

Et encore, l’idée qu’il existe effectivement une vraie explication n’est pas nécessairement vraie. Parfois on regarde juste du bruit et il n’y a rien de significatif à voir.

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Et encore, l’idée qu’il existe effectivement une vraie explication n’est pas nécessairement vraie. Parfois on regarde juste du bruit et il n’y a rien de significatif à voir.

adri1

Oui, je parle dans le contexte de la vidéo, où l’exemple est donné pour une utilisation dans une conversation, et où donc l’hypothèse du pur bruit est faible.

Mais il existe une vraie explication qui ne peut pas être écrasée par nos seules perceptions.
@SpaceFox

Heu, là, cette phrase n’est pas très claire pour moi. Il me semble en effet qu’il y a des explications, mais à quoi ? Quant à écraser une explication, je ne vois pas comment procéder, surtout avec des perceptions.
De mon point de vue, il y a juste un dessin qui représente une situation possible.
Les protagionistes ne perçoivent pas le même chiffre, et cela les irite.
:) Je vois un g tracé par terre, et les protagonistes y voient des chiffres. :magicien:

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On est dans un contexte de communication : la personne qui a écrit le truc au sol (que ça soit un 6, un 9, un g ou que sais-je) l’a fait dans une intention. Or, la communication, ça n’est pas si contenter de tirer les conclusions que l’on veut à partir de ce qu’on a compris du message, surtout que notre perception du message peut être partielle ou erronée. Le vrai but, c’est de comprendre l’intention, la vraie explication derrière nos perceptions.

Dès lors, dans l’exemple, ça n’est pas parce qu’on perçoit un 6, un 9 ou un g que c’est ce que l’on a perçu. Même si on a très envie d’avoir raison, qu’on a réellement perçu ce 6/9/g et qu’autrui peut aussi avoir réellement perçu autre chose.

PS : pour moi c’est à relier au propos central de la vidéo, c’est-à-dire : nos sens nous mentent en permanence, dont c’est normal de pouvoir se tromper de bonne foi, avec toutes les conséquences que ça peut avoir.

On est dans un contexte de communication : la personne qui a écrit le truc au sol (que ça soit un 6, un 9, un g ou que sais-je) l’a fait dans une intention. Or, la communication, ça n’est pas si contenter de tirer les conclusions que l’on veut à partir de ce qu’on a compris du message, surtout que notre perception du message peut être partielle ou erronée. Le vrai but, c’est de comprendre l’intention, la vraie explication derrière nos perceptions.

Dès lors, dans l’exemple, ça n’est pas parce qu’on perçoit un 6, un 9 ou un g que c’est ce que l’on a perçu. Même si on a très envie d’avoir raison, qu’on a réellement perçu ce 6/9/g et qu’autrui peut aussi avoir réellement perçu autre chose.

PS : pour moi c’est à relier au propos central de la vidéo, c’est-à-dire : nos sens nous mentent en permanence, dont c’est normal de pouvoir se tromper de bonne foi, avec toutes les conséquences que ça peut avoir.

SpaceFox

Je ne comprends pas ce que tu veux dire avec le vocable "vraie explication", ou encore "vrai but". Tu écris aussi "nos sens nous mentent", or, m"entir" suppose une intention de masquer la verité. Dès lors, comment nos sens pourraient-ils "mentir" ? Je préfère m’en tenir aux propos du conférencier, qui a répété à plusieurs reprises que le fonctionnement de nos systèmes sensoriels est une adaptation , le résultat de l’évolution.

Autrment dit, nos perceptions ne sont pas toujours pertinentes.

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En fait il faut séparer :

  1. La « réalité physique » (la chose vue, le son entendu, etc).
  2. Ce que nos sens ont perçu (au sens « capté », le signal sans interprétation).
  3. L’interprétation que notre cerveau a fait de cette perception, ce qu’on en a compris.
  4. S’il existe, le message porté.

Même phénomène, différentes interprétations

Le propos de la conférence, c’est de montrer que notre cerveau fait en permanence d’énormes suppositions à l’étape 3 ; et que si on a tendance à considérer que « ce qu’on a compris » (point 3) = « ce qu’on a perçu » (point 2) = « la réalité physique » (point 1), en fait c’est pas toujours le cas. C’est souvent le cas parce que notre cerveau est optimisé (dans un sens évolutif) pour arriver le plus vite possible à l’étape 3 et pouvoir réagir en fonction. Mais ça ne fonctionne pas toujours.

La suite de la conférence, c’est qu’on peut très bien ne pas être d’accord avec une personne parce qu’on a mal interprété une même réalité physique. Pour reprendre toujours le même exemple :

  • Il y a un genre de cercle avec une queue visible au sol (réalité physique, point 1).
  • Notre œil la voit – pas d’illusion ou de masques ici, seul change le sens (perception du signal, point 2).
  • Interprétation par le cerveau :
    • La personne de gauche voit la queue en haut et interprète le signe comme un 6.
    • La personne de droite voit la queue en bas et interprète le signe comme un 9.
    • @etherpin interprète le signe comme un g.

Ces trois personnes peuvent s’engueuler longtemps sur la présence d’un 6/9/g au sol. Or, c’est idiot : ces trois personnes parlent de la même chose, qu’elles ont juste interprété différemment. En particulier, chacune d’elle est de bonne foi quand elle dit avoir vu quelque chose de différent des autres : c’est le cas, on ne contrôle ni notre perception, ni l’interprétation donnée par notre cerveau.

La connaissance des illusions et de la fréquence et la puissance à laquelle notre cerveau interprète toutes les données sensorielles permet de mieux appréhender le fait que, pour un même phénomène, autrui peut être amené à avoir compris différemment sans que la perception d’autrui soit fausse. Toujours avec le même exemple, on ne peut dire à aucune des trois personne : « Non, tu n’as pas vu ça ».

Le message par-dessus tout ça

Un autre problème, c’est que même si on se met d’accord sur ce qu’on a perçu, on peut très bien – et de toute bonne foi – se tromper sur le message.

Par exemple, vous discutez par visio avec un ami américain et un contact asiatique, dans le but d’acquérir un produit vendu par ce contact. La connexion est mauvaise et la barrière de la langue est haute. Mais vous vous en sortez à peu près, quand soudain votre contact vous dit quelque chose.

  • Vous comprenez /sɛt/, donc sept : il est prêt à vous vendre 7 objets ?
  • Votre ami américain a compris /sɪt/, et se demande bien pourquoi on lui demande de s’asseoir.

Le son que vous avez entendu est pourtant exactement le même, c’est l’interprétation inconsciente de votre cerveau qui est différente. Les point 1 et 2 de la liste concordent, mais vous n’êtes pas d’accord sur le 3. Donc vous discutez avec votre ami, qui réfléchit et se dit qu’effectivement dans le contexte c’est sans doute pas /sɪt/ mais plutôt /sɛt/ qu’a dit votre contact, et donc qu’il est prêt à vous vendre l’ensemble des objets en sa position.

À ce point de la discussion, vous êtes d’accord sur ce que vous avez perçu : le son /sɛt/. Les 3 premiers points de la liste concordent, mais il subsiste un désaccord sur le 4.

Les chercheurs de vérité

L’image du 6 et du 9 est souvent utilisée par les « chercheurs de vérité » pour dire quelque chose comme : « la vérité est relative » ou « chacun sa vérité ». Comme si, une fois d’accord sur l’interprétation inconsciente du cerveau (point 3), toutes les interprétations étaient aussi vraies les unes que les autres.

Ça marche bien avec l’image du 6 et du 9 – c’est pour ça qu’elle est si utilisée d’ailleurs. En la voyant, on pourrait dire que tous les protagonistes ont raison d’affirmer qu’ils voient un 6 ou un 9 ou un g, ce qui est vrai d’un point de vue perceptif.

On pourrait aussi dire que tous les protagonistes ont raison de tenir pour vrai que ce qu’il y a au sol est un 6, un 9 ou un g. Ce qui, cette fois, est faux : si le symbole est volontaire, la personne qui l’a écrit lui a donné un sens, qui ne peut pas être à la fois 6, 9 et g. Et il reste la possibilité que ça soit une simple paréidolie, dépourvue de sens, auquel cas tout le monde a tort.

Pourtant, beaucoup de « chercheurs de vérité » (et ils ont été particulièrement actifs ces dernières années) continuent à prétendre que la réalité des choses n’est qu’une question de point de vue.

On le voit bien avec l’exemple du /sɛt/ : vous et votre ami américain avez beau vous mettre d’accord sur le son entendu, vous n’êtes pas d’accord sur ce qu’il signifie. Or, il est évident que votre contact n’a pas dit quelque chose qui doit être interprété par « sept » et par « ensemble » selon le locuteur !

D’ailleurs, votre contact est Coréen, et dans un moment de stress, il a donné ce mot en coréen. Et pour lui, /sɛt/ signifie « 3 ».


Et donc, si on vous dit : « Ça n’est pas comme ça que je vois les choses » : c’est probablement vrai. La personne a sans doute une vraie perception, totalement authentique et de bonne foi, différente de la vôtre, qui ne peut pas être remise en cause. Par contre, ça n’implique en aucun cas que les conclusions qu’elle tire de sa perception – ni celles que vous tirez de la vôtre, d’ailleurs – sont conformes à la réalité physique.

Par contre c’est important de ne pas rester bloqué sur une possible simple erreur de perception.

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