Comment s'améliorer à l'écrit et choisir ses mots pour des textes fluides et agréables ?

Discussion ouverte où tout avis est la bienvenue !

a marqué ce sujet comme résolu.

Bonjour à tous !

Je communique souvent par écrit, que ce soit sur des forums, par e-mail, sur Discord, via des rapports ou des articles, etc. Cette manière de communiquer s’est renforcée avec le télétravail, c’est pourquoi j’aimerais apprendre à bien écrire.

Il m’arrive souvent d’être coincé dans le choix des mots. Devrais-je rédiger en « je », en « on » ou bien en « nous » ? Comment vérifier qu’un écrit est fluide, agréable à lire avec un style d’écriture adapté ? Il me manque des outils pour me permettre d’être critique face à mes écrits. Je n’ai aucune idée si mes messages sont correctement rédigés ou s’ils contiennent des erreurs de style.

Un message bien écrit commence par une bonne orthographe, au sens large. Sur ce point, je n’ai pas besoin d’aide : même si mon orthographe est imparfaite, je suis capable de l’améliorer en toute autonomie. L’orthographe, grossièrement, c’est un ensemble de règles objectives et incontestables. Si j’ai un doute sur l’orthographe, je peux consulter un Bescherelle / dictionnaire qui me donnera l’unique bonne écriture1.

Par contre, il existe pleins de manières d’utiliser les mots pour exprimer ses idées, et c’est bien sur ce point que j’ai envie de m’améliorer.

Venons-en au fait

Je ne sais pas ce que je cherche, car j’ignore quel outil / ressource pourrait m’aider à cet objectif.
Cependant, je sais au moins ce que je ne veux pas :

  • Un cours sur l’orthographe / la syntaxe / la grammaire / la forme… ;
  • Un cours pour améliorer son écriture manuscrite (les recherches Google mènent souvent à ça) ;
  • Un cours payant ou avec un professeur. J’aimerais être pleinement autonome et apprendre sur mes temps libres.

Idéalement, je cherche des ressources écrites (pas de vidéos).
Si vous avez cependant d’excellentes vidéos à conseiller, je reste ouvert aux propositions.

Si vous souhaitez raconter comment vous êtes arrivés à bien écrire, les retours d’expériences m’intéressent aussi. En fait, ce sujet est assez ouvert : tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, permet de s’améliorer à l’écrit (conseils, astuces, etc) est la bienvenue. J’aimerais découvrir cette « science » de l’écriture qui me semble bien loin des mathématiques que j’ai l’habitude de côtoyer.

Un exemple

Voici un exemple de billet que je trouve très bien écrit :
https://zestedesavoir.com/billets/3700/un-bot-xkcd-en-go-episode-1/

C’est tellement bien écrit que j’ai lu une grande partie du billet, alors que je n’y connais pas en Go ou en programmation Discord. L’écrit me paraît accrocheur2, agréable, fluide avec un style d’écriture efficace. J’aimerais pouvoir rédiger des écrits dans cette idée.

Tout avis constructif sur la question est la bienvenue, et je vous remercie par avance de votre aide.


  1. Je grossis le trait, l’idée c’est de dire par exemple, que le pluriel du mot "cheval", c’est "chevaux" et il n’existe aucune autre possibilité pour mettre ce mot au pluriel.
  2. Accrocheur dans le bon sens du terme : qui donne envie de poursuivre sa lecture. Pas dans le sens « racoleur ».

Salut,

Je pense que déjà les bases pour bien écrire c’est :

  • lire beaucoup, et ciblé, par exemple si tu veux écrire de bons tutoriels, lire des tutoriels, si tu veux écrire de bons articles de blog, lire des articles de blog, etc.
  • se relire, et comme a dit Boileau, "Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : polissez-le sans cesse et le repolissez ; ajoutez quelquefois, et souvent effacez."
  • faire relire aux autres
  • pratiquer

Si tu cherches des ressources là-dessus je dirais qu’il faut peut-être chercher dans le domaine de la communication.

+8 -0

Quelques trucs et astuces en vrac qui peuvent se travailler :

Les idées et le contexte

Les écrits bancals que je croise ont souvent l’un de ces deux problèmes antagonistes :

  • Soit ils noient leurs idées dans un déluge de détails inutiles,
  • Soit il n’y a que l’idée principale, sans aucun élément de contexte.

Dans les deux cas c’est incompréhensible.

N’hésite pas à te poser, à réfléchir à comment présenter tes idées pour être le plus efficace possible (ça peut vouloir dire plusieurs plans différents selon la personne à qui tu t’adresses, avec des arguments différents). Précise toujours le contexte nécessaire à la compréhension de ce que tu dis en fonction de ce que tu sais des connaissances du public à qui tu t’adresses.

Si tu veux ou tu dois rentrer dans les détails, sépare clairement ces détails du propos principal.

Dès que le texte est long, c’est intéressant d’avoir un résumé qui peut servir de « TL;DR ». En général, c’est soit la conclusion, soit (surtout dans les mails ou les posts de forum) l’introduction.

Le choix des mots

C’est sans doute le plus délicat, parce ça dépend complètement du public. Le dictionnaire des synonymes est ton plus grand ami.

Pour le sujet spécifique de la personne de rédaction, dans un contexte professionnel, j’utilise :

  • Le « je » si je m’exprime en mon nom propre,
  • Le « nous » si je m’exprime au nom d’un groupe,
  • Le « on » si ce qui est vraiment important c’est le propos plus que qui l’a exprimé.

Ce qui est important surtout c’est de ne pas changer en plein milieu du document.

Le style et la fluidité

Un exercice un peu pénible mais terriblement efficace, c’est de se relire à voix haute (ou au moins en subvocalisant, i.e. en « parlant silencieusement »). Les phrases bancales, trop lourdes, trop longues sont pénibles voire impossibles à prononcer.

Le découpage du texte (en idées, en paragraphes) est important aussi mais ça tu sembles le maitriser.

Pour le style lui-même c’est plus difficile, parce que ça dépend vraiment du « support » et du public visé. Mais dans l’idée, lire beaucoup et un bon dictionnaire (avec synonymes) sont les deux mamelles de l’amélioration stylistique.

Se relire

Ça a l’air con, mais dans les cas que tu dis il y a beaucoup de cas où on a tendance à ne pas se relire (notamment les mails ou les forums). Ça peut laisser passer de grosses erreurs.

Les aides technologiques

Si tu as de l’argent à dépenser, il y a des outils très pratiques, comme Antidote qui en plus de faire de la correction d’orthographe et de grammaire, font dictionnaires, te signalent les mots familiers d’acceptation douteuse en contexte pro, les erreurs de style, etc. Par contre ça n’est pas un outil magique : souvent il va te dire « vérifie ça », ce qui implique d’avoir les connaissances pour vérifier (et éventuellement corriger).

Voilà voilà, si j’ai d’autres idées je les rajouterai.

Salut !

La définition d’un style efficace varie en fonction de l’objectif. Ce que je dis après vise plutôt les documents fonctionnels, dans le sens où ils ont une visée pratique et non artistique par exemple.

Quelque soit la définition, ce n’est quelque chose qui n’est pas évident du tout. J’essaie moi-même d’améliorer mon style, et je ne pense qu’il n’y a pas mieux que beaucoup de pratique et d’auto-critique pour arrive à progresser. Il faut cependant avoir une idée de ce qu’il faut regarder.

Quand je me relis moi-même, je me pose les questions suivantes.

  • Est-ce que mon message est clair ?
  • Est-ce que je sais mettre un titre résumant l’idée de chaque paragraphe ?
  • Est-ce que mes phrases sont simples et vont droit au but ?
  • Est-ce que l’enchaînement des idées est fluide et facile à suivre ?
  • Est-ce que ça sonne bien en utilisant sa voix intérieure (ou en parlant tout seul) ?

L’idée générale est que le lecteur devrait avoir le moins possible à réfléchir au cours de la lecture, et c’est ce qui fera un style efficace. C’est destiné à l’anglais, mais j’ai lu The Elements of Style et ça m’a donné des indications utiles pour un style généralement plus simple et efficace. Il existe peut-être des choses pour le français similaires.


Quand j’esssaie d’appliquer mes propres conseils, cela fait beaucoup de réécriture, et ce d’autant plus que ce que je vais écrire est durable. À titre d’exercice, j’ai envie de réécrire un paragraphe du billet que tu cites, comme je le ferai si c’était moi qui l’avait écrit.

Je pars de ça :

Dans ce billet (le premier d’une trilogie), nous allons développer un bot Discord en Go, qui interagit avec le contenu d’xkcd, et le déployer dans le cloud. Vous allez voir que mine de rien, en partant de cette idée toute simple, nous allons avoir l’occasion de découvrir des tas de choses !

J’arrive à ça :

Dans ce premier de trois billets, nous développerons un bot Discord en Go pour interagir avec XKCD, que nous déploierons dans le cloud. Vous verrez qu’en partant de cette idée toute simple, nous découvrirons des tas de choses !

Après, il y a un jugement à avoir sur ce qu’on veut vraiment dire et là j’ai fait exprès de sabrer assez franchement. C’est pas pour tailler nohar, mais il a un style, qui a tendance parfois, et je m’en moque dans cette phrase même, à faire des phrases assez longues, qui heureusement sont assez faciles à suivre malgré tout, puisqu’il arriver à garder la complexité de la construction relativement faible.

En fonction des auteurs, on voit différentes tournures un peu lourdes qui reviennent régulièrement. Certaines sont courantes (comme le tournure « nous allons […] » au lieu du futur simple), d’autres moins (par exemple commencer trop souvent ses phrases par « Et »).


J’aimerais découvrir cette « science » de l’écriture qui me semble bien loin des mathématiques que j’ai l’habitude de côtoyer.

C’est un peu hors sujet, mais cette phrase m’a fait tiquer, parce que la rédaction en mathématique n’est pas si différente qu’ailleurs. Il faut être clair dans ses idées, emmener le lecteur dans son raisonnement sur un chemin clair et lui montrer tout ce qu’il faut pour suivre sans le noyer dans les détails inutiles.

Salut !

Alors d’abord, je suis flatté… :honte:

Je suis d’accord avec ce que dit @Society. J’ajouterais deux petites choses auxquelles je fais très attention et qui jouent beaucoup pour moi :

  • le vocabulaire, c’est très bien d’en avoir, mais le mieux, c’est de savoir ne pas en abuser. Les mots compliqués ne se lisent pas bien : un terme un peu exotique de temps en temps, ça colore le texte, ça peut faire ressortir une phrase du flot et l’idée qu’elle exprime par la même occasion. À l’inverse, quand ils sont trop nombreux ou mal placés, ils rendent le texte pompeux, trop "écrit".
  • le rythme, c’est important. Il ne s’agit pas d’écrire que des phrases qui se lisent d’une traite. Il faut aussi savoir casser le rythme pour attirer l’attention. Le meilleur moyen de travailler ça, c’est de se relire à voix haute pour se rendre compte de la façon dont le texte s’articule.

PS : Ah, @Spacefox m’a coupé l’herbe sous le pied.

PPS : Typiquement, je suis beaucoup plus satisfait par ma formulation que par la correction d'@Aabu… c’est moins lourd, certes, mais le ton n’est plus du tout le même.

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Les maths c’est mon boulot alors forcément je réagis !

J’aimerais découvrir cette « science » de l’écriture qui me semble bien loin des mathématiques que j’ai l’habitude de côtoyer.

Je suis un auteur prolifique. J’écris beaucoup, en français en anglais. Pour des maths, principalement, mais aussi de la philosophie et de l’histoire. Donc j’ai l’habitude d’écrire et je pense avoir un bon niveau littéraire.

En plus de ce qu’on dit les camarades j’aimerais insister sur quelques points :

  • On n’écrit pas tout de la même façon, il y a des usages et traditions qui dépendent du contenu et du lecteur. Pour savoir manier ça, pas de mystère : il faut lire énormément !
  • Quand les écrits sont longs, le plus dur (amha), c’est de maintenir une cohérence dans l’écriture tout du long. Par exemple, l’usage du on/nous de modestie devrait être décidé dès le début et s’y tenir. Enchaîner des phrases où on utilise le on, pour ensuite utiliser le nous, ça fait tache. (Mais ça n’est pas très grave, c’est pour l’exemple.)
  • En mathématiques, comme partout, on écrit des phrases. Avec un début, qui ne doit pas être un symbole mathématique mais un mot de la langue naturelle, et une fin avec une ponctuation finale.

Il me manque des outils pour me permettre d’être critique face à mes écrits.

Tu devrais toujours te relire et aussi te faire relire par tes pairs, c’est la meilleure façon de progresser. Si tu as une bonne base de lecture, tu te rendras compte aussi si ce que tu écris est aussi fluide et compréhensible que ce que tu aimerais faire.

Il faut aussi faire attention à la chose suivante. Une fois une certaine qualité littéraire acquise, il n’est pas possible de dire si telle ou telle façon d’écrire est la meilleure. Écrire, c’est pleins de choix personnels (qui devraient être cohérents au cours d’un écrit) et l’une des choses les plus tristes qui puissent arriver ce sont les commentaires de styles sans fond autre que « moi personnellement je n’aime pas ça ou ça ». Faire des phrases très longues, ou très courtes, ça n’est pas interdit. Ce qui compte c’est d’être lisible (l’orthographe et grammaire en sont des composantes essentielles), et de transmettre le message voulu.

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PPS : Typiquement, je suis beaucoup plus satisfait par la formulation que par la correction d'@Aabu… c’est moins lourd, certes, mais le ton n’est plus du tout le même.

Oui, j’ai remarqué ça aussi. C’est pour ça que je parlais de jugement. Il faut voir si ça convient au ton et à l’audience. Là, par exemple j’ai enlevé le mine de rien qui détendait bien le style.

Notamment, si on écrit pour quelque chose de destiné à l’oral (typiquement le script d’une vidéo), c’est pas du tout pareil que pour un livre. Par contre, on peut vouloir quelque chose d’intermédiaire, mais si on écrit complètement comme une vidéo, ça ne rendra à la lecture pas du tout comme à l’oral et ça risque d’être ultra-lourd. Inversement, si on écrit de manière trop austère, ça peut être ennuyeux à lire aussi !

À titre personnel, je préfère partir d’un style concis voir austère, puis le rallonger et le détendre selon le besoin que de faire l’inverse. Je trouve que c’est plus facile d’avoir une bonne structure comme ça, puisqu’on part de quelque chose de relativement efficace qu’on va diluer juste comme il faut.

Lire beaucoup comme cela a été proposé me paraît une étape nécessaire.

Il faut aussi, idéalement, de bonnes notions de grammaire et de syntaxe (au delà du niveau requis à l’école) mais dans un premier temps, ne te prends pas trop la tête avec ça. Ça sera pour quand tu seras plus à l’aise :diable:

As-tu pensé à tenir un blog ? Le simple fait de rendre certains de tes écrits publics conditionnera ton écriture, formant ainsi un bon entraînement en conditions réelles. Même si personne ne lit ton blog. Cela ne t’empêche pas d’écrire anonymement si tu préfères.

C’est tellement bien écrit que j’ai lu une grande partie du billet, alors que je n’y connais pas en Go ou en programmation Discord. L’écrit me paraît accrocheur2, agréable, fluide avec un style d’écriture efficace. J’aimerais pouvoir rédiger des écrits dans cette idée

Tu peux essayer d’analyser ce texte pour déterminer exactement les éléments qui plaisent et qui contribuent à rendre un ensemble agréable à lire.

Merci pour vos réponses !

Dans l’ensemble, voilà ce que j’ai retenu au premier abord :

  • Lire. C’est une étape nécessaire pour s’améliorer. Le mieux étant de lire du contenu similaire à ce qu’on aimerait écrire ;
  • Se relire, éventuellement à voix haute. S’imaginer en train de s’adresser à son public ;
  • Garder une cohérence globale dans son écrit, en particulier dans l’utilisation des pronoms « je », « nous » ou « on » ;
  • Adopter un style efficace pour réduire l’effort de lecture ;
  • Utiliser un dictionnaire des synonymes pour s’habituer à utiliser des mots moins courants.

Je me demandais également s’il existe des « bonnes habitudes » à prendre ?
Typiquement, ce que j’essaye d’appliquer :

  • Bannir les doubles négations dans une même phrase ;
  • Éviter la redondance des mots courants1 ;
  • Préférer des verbes précis à des verbes « passes-partout », comme faire, être, etc ;
  • Dans une phrase, le contenu entre parenthèses doit être bien plus court que le reste.

Qu’en pensez-vous ?
Avez-vous des habitudes auxquelles vous prêtez attention en rédigeant ?


  1. Le dictionnaire des synonymes sera bien pratique pour ce point !

Utiliser un dictionnaire des synonymes pour s’habituer à utiliser des mots moins courants.

Oui, tu peux faire ça mais attention à deux points !

  • il ne faut surtout pas sentir que tu forces la chose en te lisant sinon ça risque de paraître ridicule. Justement, avec le vocabulaire tu dois développer une sorte de feeling pour parsemer tes jolis mots correctement. Cela s’acquiert en lisant beaucoup pour s’habituer aux termes dans les divers contextes et ainsi tu les utiliseras intuitivement sans même trop y réfléchir ;
  • certains synonymes sont parfois réservés à un jargon précis (exemple par excellence : le jargon juridique) et les utiliser en dehors d’un domaine risque de paraître peu naturel à la lecture, voire incompréhensible.
  • Bannir les doubles négations dans une même phrase ;
  • Éviter la redondance des mots courants ;
  • Préférer des verbes précis à des verbes « passes-partout », comme faire, être, etc ;
Green

Le premier point est toujours vrai.

Les deux autres, c’est vrai dans un texte littéraire. Dans le reste, c’est plus délicat, notamment à cause des points de jargon précis comme l’a dit sgble, ou les notions que tu veux faire rentrer dans la tête du public et qu’il faut répéter.

De plus, le but d’un texte non littéraire est souvent d’être le plus clair possible, et ça peut passer par la suppression du vocabulaire un peu exotique.

Pour ce qui est des textes didactiques, j’applique très souvent les deux idées que j’ai citées plus haut pour servir une troisième règle :

Si c’est important à mémoriser, je trouve une punchline pour bien l’exprimer.

Tiens, regarde, c’est même exactement ce que je viens de faire !

Ça demande de la pratique, mais ça fonctionne du tonnerre, en plus d’être un exercice amusant.

PS : J’ai même édité ce post pour que ma punchline soit l’association de deux décasyllabes.

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Au-delà du bien, mal écris, il y a la question du public cible : selon à qui tu t’adresses, il faudra s’exprimer différemment pour être compris au mieux. L’exemple extrême, c’est les petits enfants. Je cite Lisa, dont on a récemment eu l’interview ici-même :

La seconde concerne le texte des 21–22, écrit spécifiquement à l’intention d’une enfant de cinq ans (très précisément, c’était pour son anniversaire). Et là j’ai une annonce à faire : putain, c’est horriblement difficile ! Écrire quelque chose de compréhensible pour une enfant de cet âge, c’est extrêmement compliqué, surtout sans le support de dessins !

[…]

La première version de mon histoire contenait trois niveaux de narration imbriqués (l’histoire, les commentaires du narrateur, les commentaires de la petite fille qui écoute l’histoire au narrateur) – évidemment c’était impossible. Et puis les structures des phrases, et puis le vocabulaire, et les thèmes… Il faut tout vérifier. Chaque mot. C’est infernal. Et même comme ça, il y a des passages qu’elle n’a pas trop compris.

Alors la prochaine fois que vous entrerez dans une librairie, dites-vous bien ceci : chaque petit livre pour enfant a été infiniment plus difficile à écrire que les « essais » pondus par les personnalités et les politiques dont on nous abreuve jusqu’à la nausée dans les médias. Et pourtant le monde de l’édition juge que la littérature jeunesse c’est des enfantillages au point de déconsidérer totalement les auteurs jeunesse, jusqu’à les sous-payer et les traiter comme inférieurs dans les festivals.

Mais c’est vrai pour tout. De la doc, un roman jeunesse, une critique pour le grand public, une quatrième de couverture, un tuto, un message sur un forum… Tout ça ne s’écrit pas pareil. De la même manière qu’on ne parle pas de la même façon à ses amis, ses collègues, sa famille ou l’administration.


Deuxième truc, je voudrais modérer la notion de faute de langue. Très souvent, une faute n’en est une que si tu ne sais pas que c’est est une. Les barbarismes, par exemple, peuvent servir à faire de l’humour. J’ai déjà qualifié certaines méthodes de travail d’« exemple de modernitude », et passé une seconde de blanc, mes collègues ont bien compris le sarcasme.

Et ce qui pour certain est faute ne l’est pas pour d’autres, ne serait-ce que l’orthographe réformée de 1990.


Parenthèse, je me demande si tout ce qui est jeu de mot et de langue n’est pas un bon moyen de s’améliorer dans ses textes. Ça inclut le vocabulaire, le rythme, et un subtil jeu sur les règles.

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Parenthèse, je me demande si tout ce qui est jeu de mot et de langue n’est pas un bon moyen de s’améliorer dans ses textes. Ça inclut le vocabulaire, le rythme, et un subtil jeu sur les règles.

Ça joue carrément ! Sans parler des figures comme les zeugmes, les constructions symétriques ou qui se répètent… et cette espèce de règle empirique qui veut que les énumérations soient toujours plus puissantes quand elles sont groupées par trois ("A, B et C").

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Raymond Devos, l’un de mes héros <3

Je suis d’accord avec les conseils qui ont déjà été donnés ci-dessus, et voudrais appuyer l’utilisation des jeux de langues – au sens large – pour exercer son maniement du langage : pour jouer avec la langue, du dois en comprendre les subtilités pour les déconstruire et les remanier dans le sens qui t’arrange. Ne dit-on pas qu’on devient bon dans une langue étrangère quand on commence à pouvoir faire des jeux de mots dans icelle ?

Essaie aussi de connaitre tes tics de langages et problèmes récurrents : même si tu ne parviens pas à t’en débarrasser, tu sauras à la relecture (car tu relis n’est-ce pas ?) quels points surveiller en particulier. En ce qui me concerne, je surveille spécifiquement les phrases à rallonge, les incises sauvages et les sautes de niveau de langage.

Enfin évites de t’hypercorriger à trop vouloir bien faire. D’autant plus que certaines « fautes » n’en sont pas, comme cela a déjà été dit. Un exemple : l’application, ou la non-application de n’importe quelle règle issue de la réforme orthographique de 1990 n’est jamais une faute, puisque les normes autorisent son application ou non ; c’est au pire un mésusage qui peut surprendre ton auditoire et le dévier du sujet.

Ce qui reboucle sur le fait d’adapter ta façon de s’exprimer à ton auditoire, l’exemple classique ces temps-ci c’est l’usage de l’écriture inclusive (les points médians et les compressions sauvages en particulier).

(PS : Le zeugma cité au-dessus est un exemple de figure de style à éviter hors littérature ou effet voulu parce qu’elle te saute à la figure, on ne voit plus que lui – oui, « zeugma » est un mâle. Une bonne figure de style est celle qu’on ne remarque pas).

(PPS : N’hésite pas à utiliser – dans les limites du raisonnable – la typographie pour mettre en exergue les points importants de ton message : gras, italique… un court paragraphe isolé paraitra plus important qu’un long bloc de texte.)

(Et ne prends pas exemple sur ce message et ne noie pas ton propos dans des chaines de PS, c’est pénible).

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Merci pour les réponses, cela me donne pas mal de matière à réflexion.
Encore une petite question, et pas des moindres en communication écrite :

Comment éviter un ton condescendant ?

Cela nous arrive assez vite, sans s’en rendre compte, dans un message forum ou un mail.
L’emploi d’un smiley permet adoucir le ton, mais c’est mal vu dans le milieu professionnel.

J’ai du mal à trouver un ton agréable mais soutenu.

+0 -0

Ce qui est condescendant pour certains peut ne pas l’être pour d’autres … c’est déjà une affaire de qui est la cible de ce que tu écris.

Mais, de façon générale, on peut dire que certaines tournures peuvent sembler condescendante : « il est évident que », « bien sûr », « nous ne rappellerons pas que », « on sait bien que », etc.

Quand il s’agit de commenter la difficulté de quelque chose (que ce soit facile ou difficile) … il vaut mieux s’en tenir au factuel et ne pas donner son avis. Pas besoin non plus de tournure du type « pour rappel », dont on peut se passer complètement (un lecteur qui l’a déjà lu sait que c’est un rappel, les autres n’ont pas besoin de savoir qu’ils étaient ignares).

J’ai oublié un point, il me semble que quelqu’un l’a évoqué, ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. Bien maîtriser son sujet, et donc comment on souhaite le présenter, est très utile pour adopter naturellement une structure progressive et cohérente dans son texte. Je pense par exemple à l’écriture d’une documentation, ou d’un tutoriel. Si ça n’est pas organisé mentalement, que ce soit par un effort conscient ou par maîtrise totale du sujet, ça sera désarticulé dans le texte également.

De même, si tu ne sais pas pourquoi tu écris, ce sera plus dur aussi de "faire pousser" ton texte autour d’un message principal, et tu risques de te retrouver avec un texte zigzaguant, déstructuré et peu clair. Réfléchir au sujet, et au message à faire passer, à qui et pourquoi, ne peut selon moi qu’aider beaucoup pour l’écriture. Tu sais où tu vas, ça aide à savoir comment y aller.

Il faut aussi prêter attention aux objectifs contextuels et adapter la forme en conséquence. Par exemple, si tu es manager et que tu souhaites motiver une équipe, ainsi que montrer ta capacité à le faire, tu dois avoir ces multiples objectifs en tête lors de la rédaction de tes emails, et par exemple remplacer toutes les tournures négatives en tournures positives. Par exemple dans ce que j’ai dit au-dessus, éviter de dire "si ça n’est pas organisé mentalement, ça sera désarticulé dans le texte", mais plutôt "si c’est bien organisé mentalement, ça sera bien articulé dans le texte". Le message est le même, mais le ton est très différent, et le texte n’aura pas le même effet sur ses lecteurs. Tu passes d’un message négatif et anxiogène à un message positif, décontracté, et qui motive à faire mieux. Tu remplis tes deux objectifs, en faisant passer des émotions différentes à ton équipe, et en montrant que tu maîtrises ces aspects de la communication.

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Banni

Salut,

Je plussoie pour ce qui concerne la pratique, c’est vraiment le nerf de la guerre. Je n’ai jamais été vraiment mauvais en ce qui concerne l’écriture. Toutefois, ma façon de rédiger actuellement n’a rien à voir avec ce qu’elle était il y a de ça 5 ans.

Je ne me considère pas comme très bon, loin de là, mais je pense m’en sortir honorablement. Du moins je l’espère !

Pour être honnête je ne suis pas du tout fan de la lecture, c’est pourtant l’une des meilleures manières de progresser. S’inspirer d’autrui est, à vrai dire, assez …. inspirant. :waw:

Concernant mon retour d’expérience, je n’en ai pas vraiment. J’ai déjà rédigé des articles pour ma faculté, mais ça s’arrête là. Mais je suis actuellement sur un gros projet qui me demande énormément de rédaction, et j’ai l’impression de progresser énormément, sans forcément regarder ce qui se fait à droite à gauche.

Alors mon conseil n’est pas incroyable, mais il est simple : il faut pratiquer, et pratiquer, et pratiquer, encore et encore …

J’ai toujours aimé écrire, j’ai toujours aimé les forums, et il m’est arrivé de créer des histoires fictives car j’adorais ça. J’adorais m’essayer à cette pratique, ça me permettait de me libérer d’un tas de choses, et c’est sans doute ce qui m’a fait m’améliorer, même si plein de choses sont encore à améliorer à mon sens.

Concernant ta question au sujet de la fluidité, et du fait que c’est "agréable" à lire … J’ai une règle simple : Quand je me relis, je ne dois pas me faire ch***. Si c’est le cas, c’est qu’il y a un problème, et il faut changer !

En tout cas, de ce que je lis, tu es loin d’être mauvais, très loin même. Si l’on compare à la majorité de la population, tu es même bien au dessus. Donc peu importe jusqu’où tu te perfectionneras, tu es déjà à un stade où tu n’as pas trop à t’en faire. :D

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