La classique consommation … par rapport à quoi ? Voici le rapport de Michel KHAZZAKA qui montre que le système bancaire classique est 55 fois plus énergivore. Et sans forcer, car il est loin de prendre en compte l’ensemble de la consommation. Et non, la consommation de Bitcoin ne dépend pas du nombre de transactions.
Comparer le fonctionnement de la blockchain de Bitcoin avec « le système bancaire », c’est vague.
Le Bitcoin se propose comme alternative à plusieurs choses à la fois, il faut donc, je pense, comparer chaque cas précis de transaction pour voir qui consomme le plus en moyenne :
- Bitcoin en tant que moyen de paiement : à comparer avec un paiement par carte Visa/MC/Amex en ligne ou en boutique, les prélèvements SEPA, ainsi que les solutions plus récentes et indirectes à la Apple Pay ;
- en tant que moyen de transfert de fonds : à comparer avec les virements SEPA, SWIFT, sans oublier les solutions indirectes comme PayPal, WesternUnion, TransferWise, etc. ;
- en tant que réserve de valeur : à comparer avec la détention de liquidités (en monnaie fiat) et autres actifs en une monnaie dans les établissements financiers ;
- en tant qu’instrument financier : à comparer avec des ordres sur les marchés classiques.
L’article qu’il cite (qui n’est pas un papier de recherche), que j’ai lu en diagonal, semble se concentrer sur les deux premiers points. L’augmentation des transactions n’augmenterait pas nécessairement la consommation si l’on part en effet du principe qu’un bloc miné (ce qui consomme) peut ainsi en contenir plus, donc être plus efficient par effet de mutualisation. Soit, ça se tient.
Mais l’article aurait beau être correct sur les maths, il n’en demeure pas moins qu’à mon avis il répond à côté de l’esprit de la critique adressée.
Le Bitcoin encourage la multiplication des ordres spéculatifs. Certes, ça en fera plus à mutualiser dans des blocs, mais ça en fera plus quand même, et ça encourage alors le minage de plus de blocs (avec la conso qui va avec) pour des transactions dont on pourrait se passer en premier lieu. L’argument énergétique contre le Bitcoin ne dit pas tant que ça consomme plus que Visa ou SEPA, mais plutôt que ça consomme tout court pour une finalité qui semble douteuse. C’est un argument politique plus que technique.
À noter que, peut-être, le système traditionnel non plus n’est pas exempt de ce problème. S’il s’avère que la consommation énergétique d’une place boursière comme le NYSE ou Euronext est particulièrement gargantuesque du fait des transactions spéculatives, l’argument serait logiquement généralisé.
"pour ses usages illégaux (blanchissement, cyberfinancement du terrorisme), "
Que dire…10 fois moins de volumes en proportion dans Bitcoin que dans le système fiat. En proportion hein ! Et curieusement on ne voit pas beaucoup d’article sur l’utilisation du cash à ce sujet.
Je ne sais pas si c’est vrai (et encore une fois, en comparant quoi et quoi exactement), mais ça n’aurait rien d’étonnant de façon générale, pour moi.
Je suis sûr que les organisations criminelles n’ont que faire des BTC in fine. Les services dont elles ont besoin pour organiser leurs activités nécessitent d’interagir avec l’économie officielle en très grande partie, donc de payer les services en fiat comme tout le monde, voire d’investir dans l’économie officielle, toujours en fiat.
On sait aujourd’hui que les activités criminelles de grande ampleur (le trafic de stupéfiants surtout) jouent même un rôle de grand poids dans la vie économique officielle, donc celle où on paie et investit en fiat.
Et curieusement on ne voit pas beaucoup d’article sur l’utilisation du cash à ce sujet.
Je suppose qu’il sait, lui aussi, que les gens n’achètent pas généralement des stupéfiants en BTC, mais bien avec du cash. Dans l’inconscient collectif, une transaction illicite c’est en cash, ou avec des mallettes de liasses bien rangées pour la vision la plus glamour. Bref, je ne suis pas sûr qu’un article qui parle de transactions faites avec du cash ça passionnerait grand monde. C’est le mode de paiement par défaut qu’on imagine déjà.