Recherche de données statistiques sur le handicap pour un projet de sensibilisation

En France, idéalement, mais ce n'est pas nécessaire.

a marqué ce sujet comme résolu.

Salut !

Pour un projet de sensibilisation, je cherche des données statistiques un minimum fiables sur les proportions des différents types de handicap en France et/ou dans d’autres pays et/ou dans le monde, en général ou parmi les internautes. Par exemple, handicaps visuels, moteurs, auditifs, dyslexie, …

L’objectif est de créer un site web simple sur lequel on rentre son audience approximative, et qui nous indique combien (visuellement) de personnes dans notre audience sont concerné·e·s par des handicaps, en espérant que cette façon de présenter les choses soit plus parlante, et plus marquante pour des décideurs·euses, que de simples statistiques.

J’ai trouvé des statistiques pour la population britannique, il y a quelques mois ; cependant, elles sont faiblement sourcées, et le site d’origine où j’avais trouvé ces stats n’existe plus. Ce qui est fort dommage.

Statistiques trouvées (faiblement sourcées)

Les statistiques britanniques que j’ai trouvées sont les suivantes (leur source a disparu des internets, ce qui m’embête).

People who:

  • wear glasses or contact lenses: 74%
  • have any disability: 21%
  • have literacy skills below level 1: 14.9%
  • are deaf or hard of hearing: 16%
  • are dyslexic: 9%
  • have a colour vision deficiency: 4.5%
  • are blind or partially sighted: 3%
  • are autistic: 1%
  • are British Sign Language (BSL) users: 0.2%

Les indicateurs que j’aimerais bien couvrir sont les suivants. Si j’en manque d’importants, n’hésitez pas à le signaler.

  • Personnes portant des lunettes ou des lentilles
  • Personnes ayant un handicap quelconque
  • Personnes sourdes ou malentendantes
  • Personnes dyslexiques
  • Personnes peu lettrées (ex. étant aidé·e·s par des versions FALC de documents)
  • Personnes daltoniennes
  • Personnes aveugles (totalement ou partiellement)
  • Personnes avec TSA/TDAH/etc.
  • Personnes utilisant la langue des signes
  • Personnes ayant un handicap moteur (ne pouvant pas facilement utiliser une souris, typiquement)

J’en ai déjà parlé à quelques personnes mais je manque encore cruellement de données sourcées. Si vous avez des pistes, ça m’intéresse grandement :) .

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Merci ! Le premier lien semble être limité aux gens qui ont un emploi, ou qui sont déclarés officiellement, ou similaire, mais c’est déjà un début (probablement sous-estimé du coup)

Le second semble en cours (résultats en décembre-janvier 2022 ?) mais ils font références à d’anciennes études de 2015 et 2008, je vais tenter de les retrouver.

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Recherche sur Google "fréquence des handicaps" :
https://www.seton.fr/infographie-handicap-france.html
Qui nous apprend qu’il y a une étude INSEE de 2007, à rechercher sur leur site.
Ils en présentent quelques aspets.

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/disability-and-health
travail au niveau mondial par l’OMS. Pour le site del’OMS, je conseille la version en anglais.

Informations également sur le site de la banque mondiale (anglais conseillé).

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Salut,

Je vais te fournir ce que je sais sur la partie psy vu que c’est ce que je connais bien

Personnes avec TSA/TDAH/etc.

La plupart des ressources que tu trouveras concernant la prévalence des troubles du spectre de l’autisme en général te feront souvent effectivement état de prévalences globales (y compris en France) situées autour de 1 %, mais il y a aussi des sources qui te fourniront des chiffres beaucoup plus bas (surtout à certaines époques, si tu retournes 30–40 ans en arrière les infrastructures de diagnostic étaient globalement sous-développées et la connaissance scientifique du sujet/la sensibilisation du public très médiocre donc tu trouveras souvent des prévalences 10 fois plus faibles qu’aujourd’hui) ou plus rarement plus hautes mais localisées (je pense aux données statistiques récentes qui suggèrent des prévalences nationales autour de 3 % au Japon, voire de mémoire encore plus hautes dans certaines préfectures : ce qui n’est pas impossible étant donné la probable origine au moins partiellement génétique de nombreuses forme d’autisme).

Et si tu cherches à délimiter les formes supposées à haut niveau de fonctionnement des autres, c’est complètement la fête niveau chiffres, tu trouveras notamment des déclarations publiques contradictoires de certaines personnes impliquées dans nos politiques publiques qu’il est difficile d’appuyer.

En ce qui concerne la notion de TDA/H qui est relativement récente dans l’histoire de la médecine, c’est encore plus flou puisque les critères du DSM-V (la dernière version du livre de diagnostic le plus répandus aujourd’hui) sont nettement plus souples que ceux de la CIM (classification internationale des maladies, le second livre de diagnostic en terme de popularité). Certaines sources te parleront de prévalences de diagnostic autour de 6–7 % pour l’entité nosologique TDA/H selon les critères du DSM (notamment sur la base des observations faites aux États-Unis où le diagnostic précoce commence à s’ancrer culturellement mais aussi où la Ritaline est surprescrite) mais autour de 2–3 % selon les critères de la CIM (Wikipédia » "ADHD is estimated to affect about 6–7% of people aged 18 and under when diagnosed via the DSM-IV criteria. When diagnosed via the ICD-10 criteria, rates in this age group are estimated around 1–2%.").

Ensuite, en ce qui concerne l’autisme en général, il faut se rappeler que ça n’exclut pas forcément tout le reste de ce que tu as inclus dans ta liste puisqu’il s’agit bien souvent d’une partie visible d’une forme de plurihandicap (le plurihandicap c’est le handicap qui touche plusieurs fonctions relativement disparates, à faire contraster avec la notion de polyhandicap qui touche à des niveaux d’incapacités beaucoup plus lourds et généralisés ; tu as notamment cité les troubles dys et les problèmes moteurs, ça peut venir avec notamment à certains âges ce n’est pas très rare).

Les personnes avec des diagnostic d’autisme répondent en principe ou ont répondu à un stade de leur développement aux critères cliniques dits de la dyade autistique, donc des troubles de la communication sociale qui peuvent s’exprimer de manière variable selon l’âge associés à des comportements restreints et stéréotypés, en principe associés à des troubles sensoriels, mais dans les faits on y associe de nombreuses autres conditions dont les troubles de l’humeur en particulier pendant l’adolescence et les troubles anxieux à tous les âges, des problèmes digestifs/métaboliques/inflammatoires qui sont extrêmement fréquents, …

C’est pour ces raisons qu’on tend à ranger une partie des symptômes de l’autisme en général qui dans des grilles d’hyper/hypo-sensibilités aujourd’hui qui peuvent s’opposer selon les individus (notamment sur la partie sensorielle : températures, toucher, bruit, odorat, etc.)

Et également qu’on tend à utiliser la notion plus large de troubles neurodéveloppementaux plutôt que celle d’autisme (notamment dans certains des documents de nos dernières politiques publiques où la notion de TND tend à être privilégiée sur celle de TSA), sachant que dans mon entourage personnel il y a aussi des personnes qui ne rentrent pas dans les critères de la dyade mais qui se traînent presque toutes les comorbidités communes de l’autisme et ont aussi un profil cognitif hétérogène ; sans compter les fratries/arbres généalogiques où tu as des personnes autistes qui côtoient des personnes avec des TND sans traits autistiques (mais bien souvent borderline, TDAH, etc. c’est le cas de ma fratrie et de pas mal d’autres j’ai l’impression).

Au final, les déficits de communication et d’intégration sociale associés à l’autisme pourraient correspondre à des formes d’hyposensibilité comme des autres (il y a la notion d'alexithymie en psychiatrie qui recouvre certains symptômes afférents en particulier qui devient de plus en plus populaire), en imaginant mais sans pouvoir formaliser puisqu’on n’en a évidemment pas les outils un modèle avec des canaux émotionnels qui seraient présents au même titre que des canaux sensoriels ou moteurs qui pourraient être affectés par des conditions neurologiques communes, …

Même si bien évidemment ce qui indique la présence d’un probable trouble neurodéveloppemental c’est la prévalence conjointe des différentes gammes de symptômes qui est souvent assez substantielle et visible après un examen passé par des professionnel (en affectant dans une grande partie des cas des choses observables d’un point de vue extérieur comme le regard, souvent la motricité/tonicité, la modulation des expressions faciales, les réponses émotionnelles, le traitement de l’information, la situation et le degré d’intégration sociale, etc.).

Voilà pour ce que je vois à dire sur le sujet pour l’instant, bonne journée,

Merci @Zeste de Savoie pour cette réponse super extensive, c’est précieux ! Je me baserai dessus pour essayer de faire les choses bien sur la façon de parler des différents handicaps :) . (Je suis également concerné, mais tu es plus renseigné que moi, il semblerait.)

Merci également pour les autres pistes statistiques @etherpin et @Stéph, je vais regarder tout ça.

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Salut Amaury,

Déjà, très beau projet. :)

Mon collège de Médecine Physique et de Réadaptation1 (MPR, la spécialité médicale qui s’occupe du handicap physique) donne quelques statistiques intéressantes.

Dans le monde (basées pour la plupart sur un rapport mondial sur le handicap commandé par l’OMS et paru en 2011) :

  • environ 15% de la population mondiale vit avec un handicap (> 1 milliard de personnes)
  • 110 millions de personnes (2.2%) ont de très grandes difficultés fonctionnelles
  • chez les enfants (0–14 ans), 95 millions (5.1%) sont concernés avec 13 millions (0.7%) qui ont un handicap sévère.
  • dans un pays où l’espérance de vie est supérieure à 70 ans, chaque individu passera en moyenne 8 ans (11.5% de sa vie) en situation de handicap

Pathologies dans les pays développés et leur impact en terme de DALY (j’ai les même statistiques pour les pays en voie de développement si tu veux) :

Pathologies DALY (millions/ans) % du total des DALY
Cardiopathies ischémiques 12.39 8.3%
Pathologies cérébrovasculaires 9.35 6.3%
Pathologies dépressives unipolaires 8.41 5.6%
Alzheimer et autres démences 7.47 5.0%
Cancers bronchopulmonaires 5.40 3.6%
Déficience auditive 5.39 3.6%
BPCO 5.28 3.5%
Diabète 4.19 2.8%
Alcoolisme chronique 4.17 2.8%
Pathologies ostéoarticulaires 3.79 2.5%

Le DALY (Disability-Adjusted Life Years) est l’indicateur clé pour comprendre les statistiques. C’est en quelque sorte une mesure du nombre d’années de vie en bonne santé perdues à cause du handicap. Par exemple, prenons une femme dont l’espérance de vie est 82.5 ans. Elle fait un AVC à 45 ans. Elle garde comme séquelle une cécité corticale pendant 5 ans puis décède à 50 ans des suites de son AVC. Relativement à son décès, on a 32.5 années perdues. Pour prendre en compte la cécité corticale, on utilise un coefficient de pondération que l’on fixe à 0.33 (chaque handicap ayant un coefficient qui lui est propre et qui dépend de sa sévérité) ce qui nous donne 5 x 0.33 = 1.65. On a donc un total de 34.15 DALY.

En France (enquête de 2008–2009) :

  • 23 millions de personnes concernées par un handicap,
  • jusqu’à 40 ans, 5% des personnes interrogées se déclarent fortement limitées depuis au moins 6 mois dans leurs activités quotidiennes, de 40 à 65 ans on passe à 10% et au-dessus de 65 ans c’est environ 25%,
  • parmi ces personnes qui se considèrent limitées, 80% des femmes et 82% des hommes déclarent une maladie ou un problème de santé chronique ou durable (qui peut couvrir des pathologies très diverses comme l’asthme, les séquelles d’accident, le diabète, un cancer, etc.).

En matière de déficience :

  • près de 40% des personnes qui vivent dans un domicile ordinaire déclarent vivre avec une déficience physique, sensorielle, intellectuelle ou mentale (mais toutes ne mènent pas à un handicap)
  • les déficiences les plus fréquences sont les maladies (environ 1/4), les problèmes sociaux-familiaux (13%), la vieillesse (11%),
  • les déficiences dues aux maladies augmentent avec l’âge et subissent une hausse forte entre 50 et 60 ans, passant de 28% à 52%,
  • l’origine accidentelle du handicap chez les personnes jeunes est moins de 1% à 20 ans,
  • les déficiences les plus représentées sont motrices et intellectuelles (16%) puis viscérales ou métaboliques (15%) et touchent plus les femmes que les hommes,
  • les déficiences auditives touchent 21% des personnes de 60 ans et 65% des personnes de 90 ans,
  • les déficiences motrices touchent 1% des enfants, 3% des adolescents, 13% des trentenaires, 33% des sexagénaires et 69% des nonagénaires,
  • les déficiences viscérales ou métaboliques apparaissent dès les premières années (6 % des enfants), se maintiennent entre 6 et 10 % jusqu’à 50 ans et augmentent après 50 ans assez régulièrement,
  • les déficiences intellectuelles ou mentales représentent 10 % des enfants et 15 % des adolescents, augmentent ensuite modérément en fréquence (18 % des sexagénaires), pour finalement toucher pratiquement une personne sur deux de 90 ans.

Déficience et restriction d’âge par activité :

Tranche d’âge Limitation physique absolue Limitation cognitive grave Restriction pour les activités simples de la vie quotidienne Restriction pour les activités instrumentales de la vie quotidienne
20–39 ans 2.0% 7.9% 0.4% 1.7%
40–59 ans 6.8% 9.0% 0.5% 3.5%
60–79 ans 17.8% 11.0% 1.9% 11.9%
80 ans et plus 51.6% 26.2% 11.9% 44.1%
Total (20 ans et plus) 10.2% 10% 1.4% 7.1%

Si on parle de limitation d’activité :

  • 2.11% de la population est en difficulté pour faire sa toilette,
  • 1.75% pour s’habiller et se déshabiller,
  • 0.34% pour manger et boire un repas déjà préparé,
  • 0.79% de la population présence une incontinence urinaire ou fécale,
  • 5% de la population présente des difficultés motrices pour sortir seul de son domicile,
  • 1.8% pour monter ou descendre un étage.

En ce qui concerne les aides techniques : 3.7% de la population utilise une aide pour le déplacement : 3.3% une canne ou des béquilles, 0.7% un fauteuil roulant.

Pour les restrictions de participation à la vie sociale :

  • 25% des personnes qui déclarent une déficience ne partent presque jamais ou jamais en vacances (11.6% dans la population française sans déficience),
  • 25% ne vont jamais voir de spectacle (contre 13%),
  • 66% ne font pas de sport (contre 51%),
  • le taux de chômage des personnes ayant une reconnaissance administrative de handicap est à 22% (le double de la population sans handicap déclaré).

Côté indemnités, les prestations de protection sociale liées au handicap représentent 6.6% de l’ensemble des prestations sociales en France. Elles sont passées de 17.8 (1990) à 36.1 (2007) milliards d’euros. Les pensions d’invalidité (y compris militaires) en représentent 26.1%.

Chez les enfants :

  • les malformations congénitales touchent 2 à 3% des naissances vivantes (on exclut les morts fœtales in utero),
  • 20% de ces 2 à 3% seront porteurs d’une déficience sévère (<1% des naissances) soit environ 7000 enfants par génération ce qui donne à peu près 140 000 enfants entre 0 et 20 ans (au moment où la statistique a été faite),
  • la prévalence du handicap sévère dans la huitième année de vie est estimée entre 6.2 et 6.6 pour 1000 enfants,
  • paralysie cérébrale (à 8 ans) : 2 pour 1000. Dans cette affection qui est considérée comme la plus fréquente, on inclut des douleurs (71%), des difficultés motrices (69%), des déficiences intellectuelles (53%) et des difficultés de communication (43%),
  • déficience motrice hors paralysie cérébrale : 1 pour 1000,
  • trisomie 21 : 1 pour 1000,
  • déficiences visuelles et auditives sévères entre 0.5 et 0.8 pour 1000

Enfin, il existe une grande classification conçue par l’OMS qui s’appelle la classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (ou CIF) qui permet de classer l’intégralité des handicaps existants et leurs conséquences. Elle est d’un usage relativement complexe pour qui n’en a pas l’habitude, mais c’est un outil très pratique qui permet d’exprimer les limitations et besoins de chacun en quelques caractères. Si jamais ça t’intéresse : la CIF (309 pages le bouzin).


  1. Si tu veux la référence : Médecine physique et de réadaptation, 7 édition (R2C 2021), Elsevier Masson, écrit par le Collège français des enseignants universitaires de médecine physique et de réadaptation (Cofemer), paru en juillet 2021.
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