Démontrer une théorie du complot

L'exemple du complot Rivotril

a marqué ce sujet comme résolu.

Salut,

Que ceux qui me connaissent un peu se rassurent : je n’ai pas viré complotiste. ^^

Ça fait quelques semaines que les réseaux sociaux1 s’enflamment de nouveau sur la question du Rivotril.

Pour ceux qui n’ont pas suivi cette affaire, je vous explique. Il existe de nombreuses maladies, notamment infectieuses, qui donnent ce que l’on appelle un SRAS2 - un Syndrome Respiratoire Aigu Sévère -, c’est-à-dire une détresse respiratoire grave (sévère) et qui se manifeste rapidement (aigu). Dans les cas les plus graves, notamment chez les personnes âgées et/ou immunodéprimées, la détresse est tellement sévère qu’on ne sait pas les guérir et on ne peut qu’assister impuissants à leur décès.

Ces décès se font en l’espace de quelques heures voire quelques jours et chez les patients conscients (qui ne sont pas intubés, notamment parce qu’ils sont trop âgés et/ou fragiles pour bénéficier d’une réanimation) c’est une véritable torture. Ils ont la sensation de s’étouffer voire de se noyer et doivent lutter pour chaque bouffée d’air le temps que dure leur agonie. C’est pour cela qu’il existe une mesure de soin palliatif qui s’appelle la sédation terminale. Avec des médicaments de la classe des benzodiazépines (et en particulier le midazolam qui possède l'AMM sur cette indication), on parvient à sédater le patient pour ses dernières heures. Bien évidemment, ces médicaments ne sont pas une euthanasie3 : les benzos ne raccourcissent pas la durée de vie des patients, elles ne font que rendre leurs derniers moments un peu plus confortables.

La sédation terminale au midazolam est une procédure palliative maîtrisée depuis de nombreuses années. Pendant la crise sanitaire et devant les très nombreux décès soudain dus à des SRAS, la communauté médicale est tombée à court de Midazolam. Les autorités ont donc donné une autorisation temporaire permettant d’utiliser le clonazépam (de son petit nom commercial, le Rivotril) à la place.

À la base, le clonazépam ne possède pas d'AMM pour la sédation terminale mais simplement pour la sédation vigile (soulager temporairement un patient pour la durée d’une intervention anxiogène ou douloureuse). Ne possédant que cette AMM, le clonazépam est strictement contre-indiqué chez les patients présentant un SRAS (puisque les benzodiazépines sont des dépresseurs respiratoires). C’est également le cas du midazolam lorsqu’il est employé pour la sédation vigile mais pas pour la sédation terminale : ça n’aurait pas de sens, le but étant justement de soulager les patients qui décèdent d’un SRAS.

Or, malgré cette ATU, la fiche médicament du clonazépam n’a pas été mise à jour (ce qui est logique, l'ATU est temporaire) et par conséquent il est toujours contre-indiqué chez les patients SRAS. N’importe qui d’un peu logique comprendrait que dans le cadre d’une ATU pour remplacer le midazolam, on reprend l'AMM de celui-ci sur cette indication et donc que le SRAS n’est plus une contre-indication sur la sédation terminale, mais pas les complotistes qui se sont emparés de la fiche médicament où la contre-indication est notée pour essayer de prouver qu’on a assassiné les personnes âgées au Rivotril.

J’ai essayé moi-même de discuter avec certains d’entre eux pour essayer de leur expliquer que leur raisonnement n’avait pas de sens (oui, j’ai du temps à perdre je crois), sans résultat, bien évidemment. Ils s’appuient sur des « preuves » comme des reportages dont on ne peut pas vérifier l’authenticité, des témoignages pas tellement plus convaincants, des articles de loi tordus dans tous les sens pour qu’ils donnent l’impression de confirmer leurs théories, etc.

En voyant toutes ces justifications et en lisant leurs messages m’exhortant à ouvrir les yeux et accepter leurs preuves, je me suis souvenu de ce que font certains qui discutent avec les complotistes : avant tout débat ils leur demandent le genre de preuves qu’ils sont prêts à accepter pour reconnaître qu’ils ont tort. Et je me suis dit qu’il serait intéressant voir même indispensable pour faire preuve d’honnêteté intellectuelle de me poser la même question sur l’histoire du Rivotril.

Je suis intimement et sincèrement persuadé que cette histoire est totalement inventée et, pour ne pas me retrouver dans la même position qu’eux, à défendre une thèse contre vents et marées armée de ma simple conviction profonde, il est nécessaire de se poser la question des preuves que je suis prêt à accepter pour me montrer que j’ai tort.

Et c’est là que le bât blesse : je n’en ai pas la moindre idée. Si on fait l’hypothèse que ce complot est vrai (bien que, encore une fois, je n’en croie pas un mot), comment pourrions-nous le démontrer ? À partir de quel niveau de preuve peut-on commencer à se dire qu’on se trompe ?

Merci par avance pour vos éclairages. :)


  1. Twitter, pour ne pas le citer.
  2. C’est d’ailleurs de là que vient le nom du SARS-CoV-2, le virus qui donne la Covid-19. SARS c’est SRAS en anglais (Severe Acute Respiratory Syndrome).
  3. On pourrait discuter de la question de l’euthanasie aussi, mais ce n’est pas le sujet ici.
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Et c’est là que le bât blesse : je n’en ai pas la moindre idée. Si on fait l’hypothèse que ce complot est vrai (bien que, encore une fois, je n’en croie pas un mot), comment pourrions-nous le démontrer ? À partir de quel niveau de preuve peut-on commencer à se dire qu’on se trompe ?

Déjà il faudrait un mobile clair et sans équivoque quant à cette décision. Dans la crise du covid, comme d’autres, ce sont quand même des théories souvent incohérentes, il y a du tout et son contraire, aucune source sérieuse pour étayer cela, et le but poursuivi est souvent nébuleux ou fantaisiste.

Donc il faudrait demander des preuves formelles établissant un lien rendant ce scénario crédible. A savoir qu’il y a un intérêt financier ou politique réel à procéder de la sorte. Et que ce scénario soit plus crédible évidemment que devant une situation extraordinaire on a essayé de combler les manques avec ce qu’on avait sous la main (ce qui est largement documenté dans à peu près tous les domaines lors de la crise covid).

Il faudrait au minimum des témoignages assez nombreux (plus que 1–2) de spécialistes (donc de gens pouvant prescrire le Ritrovil dans ce contexte dans leur carrière professionnel courant) mentionnant l’absurdité ou la dangerosité de cette décision.

Idéalement des rapports institutionnels ou des recherches scientifiques (si ça existe sur le sujet) confirmant que cette décision dans le cadre de la gestion du covid était une erreur à tout point de vue. D’ailleurs certains pays (comme la Belgique) commencent à commander des rapports indépendants pour évaluer leur gestion de la crise. Qui sait.

Personnellement j’attendrais la réunion de ces trois éléments, même vaguement remplis pour considérer la chose. Cela ne serait probablement pas suffisant mais ce serait le début.

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Amha t’as déjà compris ce qu’il s’est passé avec ce médicament et tu ne devrais pas perdre ton énergie dans ces débats. Les théories du complots sont par construction imbattables et des gouffres sans fond de perte de temps et d’énergie. C’est leur principal mode de fonctionnement : faire perdre pied pour faire croire n’importe quoi après

Je pense qu’il est quand même sain et intéressant de se poser la question : devant un scénario à peu près fou pour laquelle on a des éléments qui nous disent que cela ne s’est à priori pas passer comme ça, à quel moment on peut accepter qu’éventuellement cela s’est ainsi produit ?

C’est important car sinon on tombe dans le dogme en refusant des preuves qui pointent un problème réel.

Après évidemment cela ne veut pas dire qu’il existe un doute raisonnable et que la moindre suspicion doit suffire à changer d’avis. Mais il faut savoir changer d’avis à partir d’un certain niveau de preuves aussi, la question est de définir une limite acceptable tant au niveau du sérieux des éléments qu’au niveau de ne pas exiger non plus l’impossible sinon on ne quitte jamais sa posture.

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Un cas intéressant est l’affaire Snowden. Pendant longtemps il y a des gens qui disaient sur internet, "les Five Eyes espionnent tout le monde", "la NSA est partout dans les communications", etc., et ces discours (qui n’étaient pas sourcés, etc.) formaient une théorie du complot. Mais cette théorie du complot s’est révélée vraie (oui, ça arrive), et ce sont les fuites de documents organisées par Snowden qui ont fait basculer le consensus collectif sur cette question. Quels étaient les éléments fournis qui ont permis d’établir ces soupçons ?

(On n’a pas eu, notamment, de "témoignages nombreux" ou de contre-expertise scientifiques des documents Snowden. Une source, beaucoup de documents souvent techniques, un gros gros travail de journalistes d’investigation, et derrière des experts du domaine qui se sont exprimés sur la plausibilité de l’ensemble.)

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(On n’a pas eu, notamment, de "témoignages nombreux" ou de contre-expertise scientifiques des documents Snowden. Une source, beaucoup de documents souvent techniques, un gros gros travail de journalistes d’investigation, et derrière des experts du domaine qui se sont exprimés sur la plausibilité de l’ensemble.)

Je n’ai pas dit que toutes les théories du complot doivent attendre ces résultats là. Je parlais du cas du Ritrovil où tu peux raisonnablement avoir d’une part des publications scientifiques à ce sujet ou des rapports publics. C’est plus compliqué pour le renseignement. D’autre part, comme c’est public, les lanceurs d’alerte ont pignon sur rue, cela s’appelle les médecins qui doivent s’en servir sur des patients et la chaine hiérarchique qui monte jusqu’au politique qui ont pris ces décisions. Non seulement c’est facile de les interroger, ils peuvent facilement donner leur avis mais en plus ils sont nombreux.

Snowden a compensé cela par des preuves réelles qu’il a embarqué, par une description assez importante de ce qu’il a vu qui a donné un portait cohérent au scénario, et surtout il a vécu la chose de l’intérieur. C’est donc un lanceur d’alerte. Ce n’était pas un avis personnel balancé entre deux bières depuis un bar PMU à Paris. Je pense que cet ensemble est important car ces éléments font basculer le fantasme à la réalité.

Les histoires du Ritrovil pour l’instant c’est du fantasme. C’est émis et relayées par des personnes qui n’ont pas les compétences ou l’implication pour prouver quoique ce soit. Ils n’ont aucune preuve très sérieuse pour valider cela. Donc oui ça peut être balayé car le "scénario officiel" en face est plus cohérent, a des explications logiques qu’on peut vérifier (comme la pénurie de nombreux médicaments lors de cette période). Donc oui il faudra des preuves fortes, cela peut être de différentes formes évidemment, je n’ai pas dressé une liste exhaustive personnelle mais ça me semble raisonnable d’attendre cela dans un tel dossier.

Les preuves à attendre dépendent du sujet et de ce qu’on peut raisonnablement obtenir.

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Si on fait l’hypothèse que ce complot est vrai (bien que, encore une fois, je n’en croie pas un mot), comment pourrions-nous le démontrer ? À partir de quel niveau de preuve peut-on commencer à se dire qu’on se trompe ?

S’il est vrai, le démontrer serait en fait assez facile. Les agences du médicament et de santé prennent l’affaire en charge suite au signalement des lanceurs d’alerte, et confirment le problème, malgré leslobbyes © qui tentent de faire taire l’affaire. Cf médiator.

La deuxième question me semble intéressante. Mon point de vue actuellement est que le « scandale » du Rivotril est une foutaise, qu’il n’y a rien. Qu’est-ce qui, moi, me ferait dire qu’en fait, il y a un truc louche ?

Je dirai que la base, ce pourrait être de simples témoignages des bonnes personnes. Le mot-clé est « bonne ». Des gens s’étant illustrés par leurs propos absurdes, je ne les crois pas. Un point qui revient souvent dans cette théorie, et sur lequel tu appuies peu, c’est que les soignants auraient injecté du Rivotril pour volontairement tuer les patients. Donc soit le milieu médical est complètement corrompu, soit de nombreux l’ont fait sans se rendre compte du mal qu’ils ont fait. Donc, on devrait avoir de grande quantité de soignants (pas juste un ou deux) qui témoignent effarés une fois qu’ils ont compris ce qu’ils ont réellement fait.

Typiquement, si on prend le scandale Orpéa, ça fait des années que je lis régulièrement des témoignages d’aide-soignant disant qu’on ne leur permet pas de faire correctement leur travail dans les maisons de retraite. Ces soignants le savent, ils en souffrent, ils en parlent. Nombreux. Depuis longtemps.

Tous les témoignages Rivotril sur lesquels je suis tombé disait que les gens sont méchants et que le gouverne ment (jeu de mot trop souvent inclus). Ou au contraire, des gens qui disait qu’il n’y a pas de complot expliquant le pourquoi du comment, comme tu le fais dans ton message.

Après, ça ne me convaincrait pas définitivement, mais ça me ferait dire qu’il y a peut-être quelque chose.

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S’il est vrai, le démontrer serait en fait assez facile. Les agences du médicament et de santé prennent l’affaire en charge suite au signalement des lanceurs d’alerte, et confirment le problème, malgré leslobbyes © qui tentent de faire taire l’affaire. Cf médiator.

Ou alors les puissances publiques étouffent l’affaire et mentent au public, comme pour le plomb de Notre-Dame, ou les décès liés aux algues vertes en Bretagne.

Vu que ce sont des sujets qui ont fait la Une des médias nationaux, les pouvoirs publics sont quand même vachement mauvais pour étouffer l’affaire. Et la cour des comptes qui enquête sur les algues vertes, ça rentre difficilement dans la catégorie « les puissances publiques étouffent et mentent ».

Et si tu me dis que dans les années XX, l’État a caché des trucs, c’est vrai, mais justement, la transparence a beaucoup progressé ces dernières décennies (rien que la hatvp).

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Un rapport de la cour des comptes en 2021, pour un problème sanitaire qui a causé une première mort humaine avérée en 1989 et plusieurs autres depuis (source, liste sur wikipedia), c’est pas ce qu’on peut appeler une action fulgurante des pouvoirs publics. Par contre quand on regarde dans les détails, on voit que les pouvoirs publics ont systématiquement minimisé les risques des algues vertes sur la santé, refusé de diffuser les rapports d’autopsies des humains ou animaux intoxiqués, etc.

(Edit: dans le fond, la cour des comptes n’a pas été interrogée sur les problèmes sanitaires, même si son rapport dit à mi-mot que les pouvoirs publics ont essayé d’enterrer le truc trop longtemps: "C’est ce risque sanitaire qui a conduit l’État à se mobiliser, tardivement, et à prendre l’initiative du premier Plav, à la suite de plusieurs accidents.". La cour des comptes intervient parce que, en même temps qu’ils étouffaient les discussions sur les morts et accidents, les pouvoirs publics ont débloqué des plans de financement pour réduire les pollutions au nitrate. Ces financements coûtent assez cher et les gens se posent des questions sur leur efficacité réelle, on soupçonne que beaucoup d’exploitations agricoles s’en sont servi sans vraiment d’objectif de réduction effective des pollutions. C’est de cette question du bon usage des fonds publics qu’est saisie la Cour des Comptes, pas de celle du comportement des pouvoirs publics face aux problème sanitaire, ce qui ne serait pas son rôle.)

Un article de presse de 2016 sur la façon dont les pouvoirs publics ont nié la responsabilité des algues vertes sur une mort humaine survenue le 8 septembre 2016, avant d’accepter finalement le 22 septembre d’exhumer le corps pour une analyse. Attendre 14 jours pour mesurer des taux de gaz, ça aide à dire derrière "il n’y a pas de certitude que…". Citation d’un acteur associatif mobilisé contre les algues vertes:

"Cela fait des années que nous alertons les pouvoirs publics sur les dangers des algues vertes et que l’on demande des mesures", peste Yves-Marie Le Lay . "Les préfets devraient mettre en place des zones délimitées où se trouvent ces algues et installer des panneaux indiquant qu’il y a un risque de toxicité. Par ailleurs, nous avons donc déjà demandé aux préfets d’ordonner, en cas d’accidents dans des zones d’algues vertes, de faire automatiquement des prélèvements sanguins".

En me renseignant sur ce sujet un peu par hasard (à partir de l’excellente BD Algues vertes, l’histoire interdite), on se rend compte que les pouvoirs publics ont vraiment été bien cons sur cette affaire, pour des raisons politiques (dur dur de critiquer l’agriculture en Bretagne, ou de faire peur aux touristes). Ils n’ont pas été très forts pour étouffer complètement l’affaire, mais ont quand même fait plein de saloperies et ça a sans doute aidé à faire traîner les choses pendant des décennies, avec de nouveaux décès régulièrement — mais on a gardé l’agriculture et les touristes.

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Sur le plomb de Notre-Dame, encore une fois un article de presse assez clair qui s’appuie sur un dossier Mediapart.

Selon Mediapart, qui publie une nouvelle enquête (après les dissimulations de l’Agence régionale de santé et de la préfecture sur le sujet), la mairie de Paris a aussi « sciemment menti sur les taux de concentration au plomb relevés dans les crèches, les maternelles et les écoles, exposant ainsi les enfants et le personnel au risque de saturnisme ». Selon le site Internet, sur dix sites, neuf ont des taux de concentration au plomb nécessitant une intervention rapide de décontamination. Par exemple, dans l’école privée Sainte-Catherine le taux de concentration au plomb atteint 698 μg/m2, soit près de dix fois le seuil d’alerte de 70 μg/m2, ajoute le site.

« Oui, il y a peut-être quelques taux au-dessus des seuils autorisés, mais n’allez pas dire que ces taux peuvent provoquer des cas de saturnisme », répond le cabinet de la maire Anne Hidalgo à Mediapart. Pourtant, selon la Direction générale de la santé rappelle qu’à partir d’une concentration de poussières de plomb de 70 μg/m2, « il y a un risque d’intoxication au plomb pour les enfants exposés ». Spécialiste des questions de santé publique et directrice de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Annie Thébaud-Mony juge ce mensonge « criminel » auprès du site. La mairie et la préfecture ont pourtant été interpellées à de nombreuses reprises sur le sujet depuis le 4 juillet.

« Je ne peux pas laisser dire que les personnes qui se promènent dans le quartier sont exposées à un risque. […] Mais vraiment je voudrais rassurer l’ensemble de nos concitoyens. […] Il n’y a aucun danger sauf à lécher les trottoirs », avait insisté, Didier Lallement, le préfet de police

Encore une fois, les pouvoirs publics ont menti, et ensuite il y a eu des articles dans la presse nationale (mais pour informer les habitants et éviter les risques sanitaires dans les jours qui ont suivi l’incendie… c’était trop tard). En 2019. Alors lire ensuite que "la transparence a beaucoup progressé ces dernières décennies", bof quoi. (Ce qui est bien avec Notre-Dame c’est qu’on voit que les pouvoirs publics mentent autant aux riches qu’aux pauvres, une forme de justice sociale ?)


Je n’essaie pas de dire qu’il ne faut jamais faire confiance aux pouvoirs publics, mais qu’il est avéré qu’il leur arrive (encore) de mentir sciemment (et d’utiliser d’autres approches pour éviter qu’une vérité gênante soit transmise trop rapidement à trop de gens; ralentir des procédures, etc.) quand c’est dans leur intérêt politique. Les services publics plus indépendants du monde politique sont plus dignes de confiance, mais ne sont pas à l’abri de pressions de ce genre. C’est parce qu’on tolère ce genre de choses qu’elles continuent à se produire (ce n’est pas normal que les préfets en Bretagne ou à Paris qui ont menti soient restés en poste), et cela aide justement beaucoup les phénomènes complotistes qui exploitent la perte de confiance de la population dans les pouvoirs publics.

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Merci à tous pour vos réponses !

Le but n’est pas de déconstruire cette théorie, je suis bien conscient que ce n’est pas possible et qu’il restera toujours des complotistes malgré toutes les preuves possibles et imaginables, mais plutôt d’essayer de l’examiner avec neutralité, quand bien même elle paraît totalement surréaliste. C’est ce qu’a très bien résumé Renault par cette phrase : "C’est important car sinon on tombe dans le dogme en refusant des preuves qui pointent un problème réel."

A savoir qu’il y a un intérêt financier ou politique réel à procéder de la sorte.

L’intérêt politique/financier que je vois passer le plus souvent c’est la réduction de la population et notamment des personnes âgées qui coûtent à la société (retraites, frais médicaux, etc.).

Il faudrait au minimum des témoignages assez nombreux (plus que 1–2) de spécialistes (donc de gens pouvant prescrire le Ritrovil dans ce contexte dans leur carrière professionnel courant) mentionnant l’absurdité ou la dangerosité de cette décision.

Effectivement, ça me paraît être un bon point de départ. Difficile de masquer un complot de cette ampleur et d’imaginer qu’il y ait si peu de gens impliqués qui s’en offusquent.

Toutefois, la difficulté est aussi d’identifier les témoignages d’intérêt : les complotistes sont capables de sortir des dizaines de vidéos de "soignants" expliquant qu’ils ont administré du Rivotril pour euthanasier à tout va. J’avoue que je pars de principe que c’est n’importe quoi parce que je suis convaincu que la thèse est fausse, mais si on veut être rigoureux il faudrait prendre le temps de vérifier la pertinence de chaque interlocuteur…

Un cas intéressant est l’affaire Snowden. Pendant longtemps il y a des gens qui disaient sur internet, "les Five Eyes espionnent tout le monde", "la NSA est partout dans les communications", etc., et ces discours (qui n’étaient pas sourcés, etc.) formaient une théorie du complot. Mais cette théorie du complot s’est révélée vraie (oui, ça arrive), et ce sont les fuites de documents organisées par Snowden qui ont fait basculer le consensus collectif sur cette question. Quels étaient les éléments fournis qui ont permis d’établir ces soupçons ?

Comme l’a dit Renault en réponse, je pense que la différence entre ces deux affaires c’est que dans le cadre de Snwoden on est dans le domaine du secret militaire dans lequel il est bien plus facile d’astreindre tout le monde à ne rien dire. Difficile à imaginer pour des millions de soignants qui ne sont obligés à rien du tout (si ce n’est secret professionnel bien sûr, mais c’est tout à fait autre chose).

Je dirai que la base, ce pourrait être de simples témoignages des bonnes personnes. Le mot-clé est « bonne ». Des gens s’étant illustrés par leurs propos absurdes, je ne les crois pas. Un point qui revient souvent dans cette théorie, et sur lequel tu appuies peu, c’est que les soignants auraient injecté du Rivotril pour volontairement tuer les patients. Donc soit le milieu médical est complètement corrompu, soit de nombreux l’ont fait sans se rendre compte du mal qu’ils ont fait. Donc, on devrait avoir de grande quantité de soignants (pas juste un ou deux) qui témoignent effarés une fois qu’ils ont compris ce qu’ils ont réellement fait.

Ça semble être le point clé au final : des témoignages en nombres, vérifiables et de qualité.

Typiquement, si on prend le scandale Orpéa, ça fait des années que je lis régulièrement des témoignages d’aide-soignant disant qu’on ne leur permet pas de faire correctement leur travail dans les maisons de retraite. Ces soignants le savent, ils en souffrent, ils en parlent. Nombreux. Depuis longtemps.

Cela dit, c’est bien la même chose à l’hôpital et notamment dans les services qui ont une grosse patientèle de personnes âgées puisque ce sont des patients complexes, polypathologiques, socialement compliqués à gérer (isolement, perte d’autonomie…). La violence hospitalière (du système et parfois des soignants malgré eux) est une réalité malheureusement… Rien qui se rapproche de l’euthanasie, heureusement.

Je n’essaie pas de dire qu’il ne faut jamais faire confiance aux pouvoirs publics, mais qu’il est avéré qu’il leur arrive (encore) de mentir sciemment (et d’utiliser d’autres approches pour éviter qu’une vérité gênante soit transmise trop rapidement à trop de gens; ralentir des procédures, etc.) quand c’est dans leur intérêt politique. Les services publics plus indépendants du monde politique sont plus dignes de confiance, mais ne sont pas à l’abri de pressions de ce genre. C’est parce qu’on tolère ce genre de choses qu’elles continuent à se produire (ce n’est pas normal que les préfets en Bretagne ou à Paris qui ont menti soient restés en poste), et cela aide justement beaucoup les phénomènes complotistes qui exploitent la perte de confiance de la population dans les pouvoirs publics.

C’est une vraie problématique qu’on a aussi. La perte de confiance de la population dans la médecine et la santé publique se constate tous les jours alors que fondamentalement ça vient surtout d’une défiance politique à la base…

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L’intérêt politique/financier que je vois passer le plus souvent c’est la réduction de la population et notamment des personnes âgées qui coûtent à la société (retraites, frais médicaux, etc.).

Mobile qui n’est pas très cohérent avec les sommes investies pour protéger cette même population du COVID et les maintenir en vie le plus que possible.

Si l’État avait fait des économies avec ça, ça se verrait déjà.

Toutefois, la difficulté est aussi d’identifier les témoignages d’intérêt : les complotistes sont capables de sortir des dizaines de vidéos de "soignants" expliquant qu’ils ont administré du Rivotril pour euthanasier à tout va. J’avoue que je pars de principe que c’est n’importe quoi parce que je suis convaincu que la thèse est fausse, mais si on veut être rigoureux il faudrait prendre le temps de vérifier la pertinence de chaque interlocuteur…

Les témoignages ne suffisent pas forcément, c’est un début. Il faut aussi des preuves qui vont avec. De toute façon j’ai envie de dire que ce n’est pas notre rôle de débunker toutes les théories de complots qui passent sinon on ne s’en sort pas. La collaboration avec des journalistes ou des institutions sérieuses est nécessaire.

Par ailleurs, les lanceurs d’alerte ou ceux qui estiment avoir des preuves suffisantes d’un tel complot peuvent saisir la justice. Si le complot est si évident, il y a moyen de saisir un juge et d’exposer les arguments solides.

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