- Moté,
J’ai fait beaucoup trop long… Je découpe en deux, la deuxième partie sera demain !
Impression
Le processus
L’imprimerie va fonctionner un peu différemment d’une imprimante que l’on a à la maison, mais ça peut se ressembler.
La grande différence, c’est qu’on n’imprime pas directement sur le format final, mais on va imprimer sur de grandes feuilles de papier. Ensuite, on découpe ces feuilles (parfois on les plie), et on les ordonne. Ou l’inverse, on peu très bien les ordonner puis les découper, puisqu’on utilise des machines à découper qui peuvent trancher à travers des centaines d’épaisseurs de papier (essayez de faire ça avec vos ciseaux pour voir ). C’est ce qu’on appelle le massicotage, ou massicoteuse.
À côté, on va imprimer également la couverture, lui faire subir ses différents traitements dont on reparlera après, et la découper aussi aux bonnes dimensions. Elles seront différentes de celles du papier, puisqu’on doit avoir la 1e de couverture, la 4e, le dos, et éventuellement des rabats, par exemple.
Ensuite, on part sur l’assemblage, et là aussi il y en a différents types. Sur certains, on doit assembler les pages, puis relier l’ouvrage, c’est-à-dire le fixer à la couverture. Sur d’autres, c’est une même étape.
Les deux méthodes d’impression
Il n’existe que deux méthodes industrielles pour l’impression de livres (il y en a d’autres pour ce qui n’est pas impression sur papier, par exemple).
Celle que l’on connaît bien, c’est l’impression numérique. Elle fonctionne comme nos imprimantes : des rails vont circuler et projet l’encre ou déposer la poudre sur le papier. Cela permet d’imprimer directement un fichier numérique de manière extrêmement simple. En imprimerie, la différence c’est que ce sont de grandes imprimantes, qui vont bien plus vite que les nôtres, sur de bien plus grandes feuilles.
Je vous mets la vidéo d’un petit imprimeur sur l’impression numérique, c’est assez sympa à regarder
Et il y a l’imprimerie offset. Cette fois, c’est la grosse imprimerie industrielle, avec de très grosses machines.
Le principe est très différent : on grave des plaques d’aluminium avec le motif à imprimer. On fixe ces plaques sur un gros rouleau qui, en tournant, va passer sur de l’encre puis ensuite se presser contre le papier. Cela permet de déposer l’encre par imposition, de manière un poil plus traditionnel. Et il n’y a pas qu’une seule plaque ni un seul rouleau, il y en a quatre, les uns à la suite des autres, un par encre CMJN : cyan, magenta, jaune, noir. Sauf en impression noir et blanc, où l’on a besoin que d’un rouleau d’impression noir. En réalité, il peut y en avoir plus sur de l’impression très qualitative, jusqu’à 7 ou 8 il me semble, pour des encres de couleur spéciale.
Par rapport à l’impression numérique, on va avoir des feuilles encore plus grandes, voire carrément des rouleaux de papier.
L’impression offset, ça coûte cher au démarrage : il faut préparer les plaques, préparer la machine… Par contre, ça imprime beaucoup beaucoup plus vite que l’impression numérique. C’est donc utiliser pour des grosses séries, et ça permet de réduire très fortement le coût de l’impression.
Voici la vidéo d’une très grosse impression offset, sur un magazine. La plupart des imprimeries ne fonctionnent pas avec des machines aussi impressionnantes, ça ne doit concerner vraiment qu’une fraction du nombre de livres / magazines imprimés.
Dans mon cas, j’imprime en 40 exemplaires, on ne se pose donc même pas la question : ce sera de l’impression numérique.
Les formats de papier
Il existe un standard sur le format de papier, qui existe en plusieurs tailles. La plus connue, bien sûr, est la taille A4, qui fait 21 * 29,7cm. En fait, le A4 est fait pour que chaque taille supérieure corresponde à deux feuilles de taille inférieure mise côte à côte. Ça veut dire que pour un A3, il suffit de juxtaposer deux feuilles A4.
Cela permet de vendre des feuilles A0 aux imprimeries, qui peuvent comme ça imprimer plein de pages d’un coup puis les découper. Quand on essaye de rester sur des tarifs plus économiques, on reste donc sur un format standard. Sinon, si on prend une taille un peu plus petite, on va perdre un peu de papier sur la feuille A0. Et encore pire, si on fait même juste un tout petit peu plus grand, ça veut dire qu’on perd l’impression de plusieurs pages sur le A0.
La taille classique pour les livres au format broché, ce que j’ai choisi de faire, c’est du A5, soit 21 * 14,8cm.
Je vous laisse faire le calcul pour voir combien de pages ça donne sur un A0
Ça fait 32 pages d’un coup ! Mais en impression numérique, on n’imprime pas sur du A0 (plus de 1m de large !), mais probablement sur du A2, je pense.
Types de papier
Il existe en gros trois types de papier pour l’impression, qui possèdent des qualités différentes :
- Le papier offset : C’est le papier "imprimante" classique, le même que celui qu’on utilise dans les imprimantes personnelles. Il est économique, il fonctionne très bien, bref, c’est le classique.
- Le papier bouffant : C’est un papier plus épais que le papier offset, mais attention, pour le même poids. Ça veut dire que même si une feuille pèse le même poids qu’un papier offset, elle est plus épaisse. Ce papier apporte un toucher et une sensation particulière. Par contre, il absorbe plus d’encre, ce qui veut dire que le rendu de l’impression sera moins fort, surtout pour de la couleur. Le fait qu’il soit plus épais va également augmenter l’épaisseur du livre, on va donc éviter d’imprimer une thèse de 800 pages avec.
- Le papier couché : C’est un papier qui a reçu un traitement de surface avec une très fine couche minérale. Cela réduit l’absorption de l’encre et permet d’améliorer grandement le rendu des couleurs. C’est très utilisé voire indispensable pour les livres photos, mais aussi les BD. Le papier a un toucher particulier, très lisse et un peu plastique, même s’il n’y en a pas dedans.
Dans mon cas, j’ai pris un papier bouffant. Je trouve que ça donne un rendu "beau livre", et j’adore la sensation de la page dans mes mains. J’ai 400 pages, donc ça va encore pour l’épaisseur, voire ça donne un côté gros objet que j’aime bien. Mes illustrations intérieures étant en nuances de gris, l’absorption ne va pas trop les dénaturer, donc c’est ok là-dessus aussi.
Bien sûr, on peut toujours choisir de faire comme on veut. Boulet, pour sa série de BD Notes, a imprimé sur du papier offset, par exemple.
Il y a deux autres paramètres qui rentrent en compte dans le choix du papier : le grammage et la couleur du papier.
Le grammage, c’est la densité du papier. En gros, plus le grammage est haut, plus le papier est épais. Du moins, dans une même gamme, on ne compare pas directement le grammage d’un papier bouffant (plus épais) à un papier offset (en gros le standard) ou à un papier couché (plus fin, le traitement ajoutant du poids). Le grammage va également avoir un impact sur la solidité du papier, ou le poids final du livre. En standard, on est plutôt sur du 80 ou 90g/m². On peut descendre plus bas, pour des raisons économiques (le papier est moins cher) ou pratique (ce sera moins lourd et se pliera plus facilement). Les journaux ont un papier plus léger, et le plus fin de tous est le papier bible, parce qu’il y a un paquet de pages à imprimer en très grandes séries et à essayer de faire tenir dans des livres les plus petits possibles.
Pour information, ce qui distingue un papier d’un carton, c’est uniquement le grammage du papier.
Pour la couleur, il y a deux classiques : le blanc, et l’ivoire ou crème selon les marques. Ce dernier n’est pas un blanc pur, mais plutôt légèrement jauni. Perso, j’aime énormément ce rendu, même si d’après mon imprimeur c’est plutôt pour les livres de poésie. Je trouve également que c’est plus agréable.
Après, il y a toute liberté à utiliser des papiers fantaisie de couleur : noir, rouge, bleu, rose… Par contre, il faut savoir gérer ça sur l’impression.
Dans mon cas, j’ai donc un papier crème bouffant de 80g.
On peut aussi rentrer des critères environnementaux sur le choix de son papier ! Notamment, il est possible de choisir un papier recyclé, avec une teinte naturelle, etc. Il y a aussi des certifications sur la gestion durable des forêts, mais dans les faits, tous les papiers les ont.
Le choix du papier a un impact majeur sur l’épaisseur du livre. Cela veut dire que ce n’est qu’une fois le papier décidé que l’on aura la largeur du dos, et donc la possibilité de faire la mise en page définitive. Selon les cas, c’est plus ou moins important : comme je laisse l’image de couverture déborder sur le dos, cela la décale obligatoirement et peut endommager la mise en page de la 1e de couverture.