J'ai l'impression ici que tu confonds l'œuvre elle-même et son support de diffusion : l'œuvre est libre donc tu peux la reproduire, et ce même si le support de diffusion n'est pas libre – à condition de ne pas reproduire le support lui-même dans ce cas. Un exemple typique, c'est une musique ancienne disponible uniquement sous la forme d'une partition moderne : tu n'auras pas le droit de copier la partition elle-même parce qu'elle est protégée, mais tu pourras tout à fait jouer la musique elle-même sans rien demander à l'auteur de la partition.
Je ne comprends pas vraiment ce que tu veux dire.
Une œuvre est liée à son support, mais pas que, et contrairement à ce que tu sous-entends ensuite, oui un autre support implique une œuvre différente. Déjà au niveau du droit c'est ainsi, mais aussi parce que un changement de support implique de fait des adaptations et une interprétation de l'original ce qui la modifie et constitue de fait une œuvre nouvelle. Par exemple le livre Shutter Island a une fin moins ambigüe que le film ce qui change beaucoup de chose sur l'interprétation et la force de l’œuvre finalement. Même si la trame est la même, on ne peut considérer que c'est la même chose. Et je ne pense pas que l'adaptation soit de fait bâtard, de moindre qualité ou d'intérêt. C'est une œuvre pleine et entière.
Typiquement, si j'écris une pièce de théâtre, dans le modèle classique des droits d'auteur j'empêche quiconque d'en faire une interprétation sans mon accord. J'empêche même la possibilité d'en faire un film, un jeu vidéo ou autre chose basé dessus.
À moins de faire une parodie, il est impossible d'exploiter une œuvre sans l'accord de l'auteur (ou de ses descendants) que ce soit pour la reproduire ou l'adapter sur un autre support.
Et c'est assez inique que ce que fait Hollywood ou Disney à ce sujet. Ils militent pour durcir et étendre la durée de validité du droit d'auteur alors qu'ils ont usé abondamment des œuvres du domaine public (conte de fées diverses, ou ouvrages plus précis comme ceux de Victor Hugo par exemple).
Alors que ce qu'ils ont utilisé est de l'ordre du domaine public, la production de Disney elle est sous licence restrictive. Alors que par exemple Fantasia n'exploite que des musiques (je crois) libres de droits, il te sera impossible de diffuser la musique du film tel quel car l'orchestre et Disney ont des droits sur cette interprétation des œuvres d'origine.
D'ailleurs, dans le domaine musical on peut noter aussi la tendance à faire des reprises, que ce soit une adaptation dans une autre langue (Claude François a par exemple importé plein de tubes américains en français), une reprise directe des titres (genre Générations Goldman qui reprend tous les tubes de Goldman directement), etc. Et cela a un intérêt, on peut citer par exemple les titres La Mer de Charles Trenet ou Comme d'Habitude de Claude François qui ont connu une popularité sans précédent dans le monde et en France grâce aux adaptations anglaises par d'autres chanteurs.
En tout cas, sans droit d'auteur plus permissives par défaut, ce genre d'initiatives et de possibilités sont impossibles par défaut. Et cela ne nuit pas à l’œuvre, à l'auteur ou quoique ce soit. Je pense que pas grand monde ne crache sur les adaptations de Disney ou d'Hollywood, principalement parce que cela permet de faire revivre des œuvres, leur assure une promotion, un nouveau public même (celui qui va au cinéma n'est pas forcément un grand littéraire) et permet d'étendre l'univers avec un regard toujours différent sur l'ouvrage d'origine. Cela enrichit l'ensemble pour souvent une qualité assez bonne.
Une œuvre et un univers étant par essence extensible et interprétable, il est tout naturel justement de laisser la possibilité aux gens de faire des reprises, adaptations et même modifications. C'est l'essence même de l'art que de s'inspirer voire repomper ce qui se fait ailleurs. Cela s'est toujours fait et se fera toujours même si le cadre légal actuel s'y prête moins.