Réflexions sur l'art libre et son avenir

a marqué ce sujet comme résolu.

Tout le monde se secoue ! :D

Je me suis demandé si mon article « Réflexions sur l'art libre et son avenir », originellement publié sur mon site, pouvait intéresser et être pertinent sur Zeste de Savoir – éventuellement via quelques modifications. C'est là l'objet de cette bêta.

Merci !

J'aime ce qui tente d'ouvrir le débat. Cet article entre dans cette perspective. Je suis donc pour sa parution sur le site. La dernière section me semble superflue dans le cadre d'un import ici puisqu'il s'agit plus de quelque chose de personnel à tes écrits. Utiliser cet espace libéré pour aborder certains points en profondeur me semble tout-à-fait possible. :)

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Hum je suis sceptique sur un point :

Mais si on excepte les cas de plagiat par flemme ou opportunisme, les exemples de réutilisation dans l’art sont plutôt rares.

Je en trouve pas que cela soit si rare en fait. L'univers des fans fiction reste assez imposant, ce serait dommage de l'oublier. Hollywood raffole de réutiliser ou d'adapter des univers à l'écran dont Disney est un porte étendard évident. Sans oublier tous les livres / comics adaptés ces dernières années sur le grand écran (et donc certains s'amusent à en faire plusieurs versions !).

D'ailleurs, les films les plus populaires de ces dernières années ont souvent existé avant sous une autre forme, que ce soit les Disney, les Marvell ou les œuvres de Tolkien.

Les opéras, pièces de théâtres ou encore les chorales et orchestres ré-exploitent allègrement les œuvres disponibles dans le domaine public. Et c'est bien, ce serait triste que les œuvres de Molière ou de Shakespeare restent sous forme de livres uniquement, ou celles de Bach et de Mozart sous forme de partition. Cela n'est possible que parce que c'est dans le domaine public, qui s'apparente à la notion d'art libre.

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J'ai mis à jour la bêta. Elle :

  1. Supprime la dernière partie hors sujet.
  2. Met à jour l'icône.
  3. Clarifie le message cité par Renault, j'espère que ce que je voulais dire à ce sujet est plus clair maintenant.
  4. Indique dans l'intro pourquoi le cas particulier du domaine public n'est pas traité.

Merci d'avance pour vos commentaires.


Les opéras, pièces de théâtres ou encore les chorales et orchestres ré-exploitent allègrement les œuvres disponibles dans le domaine public. Et c'est bien, ce serait triste que les œuvres de Molière ou de Shakespeare restent sous forme de livres uniquement, ou celles de Bach et de Mozart sous forme de partition. Cela n'est possible que parce que c'est dans le domaine public, qui s'apparente à la notion d'art libre.

J'ai l'impression ici que tu confonds l'œuvre elle-même et son support de diffusion : l'œuvre est libre donc tu peux la reproduire, et ce même si le support de diffusion n'est pas libre – à condition de ne pas reproduire le support lui-même dans ce cas. Un exemple typique, c'est une musique ancienne disponible uniquement sous la forme d'une partition moderne : tu n'auras pas le droit de copier la partition elle-même parce qu'elle est protégée, mais tu pourras tout à fait jouer la musique elle-même sans rien demander à l'auteur de la partition.

Cela dit, le fait que des supports de diffusion puissent être considérés comme des œuvres (au moins des créations intellectuelles) différentes de l'œuvre d'origine et avec des droits complètement différents est un point qui pose énormément de problèmes légaux et moraux (on l'a encore vu avec l'édition Glénat de Pepper & Carrot, qui n'est pas libre du tout et qui pose la question de la réaction de l'éditeur si un autre éditeur veut imprimer lui aussi l'œuvre d'origine).

J'ai l'impression ici que tu confonds l'œuvre elle-même et son support de diffusion : l'œuvre est libre donc tu peux la reproduire, et ce même si le support de diffusion n'est pas libre – à condition de ne pas reproduire le support lui-même dans ce cas. Un exemple typique, c'est une musique ancienne disponible uniquement sous la forme d'une partition moderne : tu n'auras pas le droit de copier la partition elle-même parce qu'elle est protégée, mais tu pourras tout à fait jouer la musique elle-même sans rien demander à l'auteur de la partition.

Je ne comprends pas vraiment ce que tu veux dire. Une œuvre est liée à son support, mais pas que, et contrairement à ce que tu sous-entends ensuite, oui un autre support implique une œuvre différente. Déjà au niveau du droit c'est ainsi, mais aussi parce que un changement de support implique de fait des adaptations et une interprétation de l'original ce qui la modifie et constitue de fait une œuvre nouvelle. Par exemple le livre Shutter Island a une fin moins ambigüe que le film ce qui change beaucoup de chose sur l'interprétation et la force de l’œuvre finalement. Même si la trame est la même, on ne peut considérer que c'est la même chose. Et je ne pense pas que l'adaptation soit de fait bâtard, de moindre qualité ou d'intérêt. C'est une œuvre pleine et entière.

Typiquement, si j'écris une pièce de théâtre, dans le modèle classique des droits d'auteur j'empêche quiconque d'en faire une interprétation sans mon accord. J'empêche même la possibilité d'en faire un film, un jeu vidéo ou autre chose basé dessus. À moins de faire une parodie, il est impossible d'exploiter une œuvre sans l'accord de l'auteur (ou de ses descendants) que ce soit pour la reproduire ou l'adapter sur un autre support.

Et c'est assez inique que ce que fait Hollywood ou Disney à ce sujet. Ils militent pour durcir et étendre la durée de validité du droit d'auteur alors qu'ils ont usé abondamment des œuvres du domaine public (conte de fées diverses, ou ouvrages plus précis comme ceux de Victor Hugo par exemple). Alors que ce qu'ils ont utilisé est de l'ordre du domaine public, la production de Disney elle est sous licence restrictive. Alors que par exemple Fantasia n'exploite que des musiques (je crois) libres de droits, il te sera impossible de diffuser la musique du film tel quel car l'orchestre et Disney ont des droits sur cette interprétation des œuvres d'origine. D'ailleurs, dans le domaine musical on peut noter aussi la tendance à faire des reprises, que ce soit une adaptation dans une autre langue (Claude François a par exemple importé plein de tubes américains en français), une reprise directe des titres (genre Générations Goldman qui reprend tous les tubes de Goldman directement), etc. Et cela a un intérêt, on peut citer par exemple les titres La Mer de Charles Trenet ou Comme d'Habitude de Claude François qui ont connu une popularité sans précédent dans le monde et en France grâce aux adaptations anglaises par d'autres chanteurs.

En tout cas, sans droit d'auteur plus permissives par défaut, ce genre d'initiatives et de possibilités sont impossibles par défaut. Et cela ne nuit pas à l’œuvre, à l'auteur ou quoique ce soit. Je pense que pas grand monde ne crache sur les adaptations de Disney ou d'Hollywood, principalement parce que cela permet de faire revivre des œuvres, leur assure une promotion, un nouveau public même (celui qui va au cinéma n'est pas forcément un grand littéraire) et permet d'étendre l'univers avec un regard toujours différent sur l'ouvrage d'origine. Cela enrichit l'ensemble pour souvent une qualité assez bonne.

Une œuvre et un univers étant par essence extensible et interprétable, il est tout naturel justement de laisser la possibilité aux gens de faire des reprises, adaptations et même modifications. C'est l'essence même de l'art que de s'inspirer voire repomper ce qui se fait ailleurs. Cela s'est toujours fait et se fera toujours même si le cadre légal actuel s'y prête moins.

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Je voudrais aussi revenir sur un autre biais de ton écrit que je n'avais pas identifié à la première lecture. Tu dis sur la fin qu'il n'y aura pas d'art libre car contrairement au logiciel libre, les artistes sont mal rémunérés le jour donc pourquoi ils feraient ça sur leur temps libre ? Pendant que les développeurs eux ont peu de chômage, etc.

En fait, tu oublies que les codeurs dans les Logiciels Libres sont pour l'essentiel des codeurs de manière professionnelle aussi, même si ce n'est pas toujours sur ces logiciels en question. Il y a très peu de gens qui sont codeurs la nuit avec une fonction sans rapport le jour.

Pour l'art, c'est très diversifié. Beaucoup d'artistes ont justement un emploi sans rapport avec leur passion. Tu le vois avec les télécrochets d'ailleurs, beaucoup d'amateurs ont des métiers très divers. Je connais beaucoup de groupes de musiques amateurs qui sont caissiers, militaires, vendeurs, postier, enseignant ou autre.

Cela change selon moi l'interprétation de la situation. Et malgré le fait que peu d'artistes vivent de leur art, on ne peut pas dire que l'art soit mort et que personnes ne compose de nouvelles œuvres. Quantité d'amateurs font ça juste pour le fun, et d'autres professionnels continueront à produire que cela rapporte ou pas l'argent escompté.

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Il y a deux erreurs dans ton raisonnement qui te font partir très loin de ce que je dis :

  1. Tu parles d'adaptation quand je parle strictement du support d'une œuvre (la partition complète d'une musique ou le texte d'une pièce de théâtre par exemple, qui ne sont pas des adaptations dans le sens où tu le développe ensuite).
  2. Tu prends le problème dans le sens inverse du mien : je te parles du cas d'une œuvre libre (ou dans le domaine public) avec un support non-libre. Bien sûr que si tu crées une œuvre non-libre… eh bien elle n'est pas libre ! Pour reprendre ton exemple d'écriture de pièce de théâtre, par défaut elle n'est pas interprétable. Mais tu pourrais choisir de la rendre libre et interprétable, sans que le livre physique le soit. Ou en rendre l'objet libre sans que l'interprétation le soit (même si là j'ai plus de doutes quant à la mise en œuvre).

On pourrait aussi disserter sur ton assertion « Cela enrichit l'ensemble pour souvent une qualité assez bonne. », mais là on entre dans le jugement de valeur.


Concernant la question de la rémunération, j'évacue explicitement et volontairement les amateurs, côté code comme côté art (« De plus, même si on ne considère que les personnes formées à un art d’un côté ou au développement logiciel de l’autre »). Pourquoi ? Parce qu'on rentre alors dans la question de la qualité de la production – il y a énormément de mauvais codeurs amateurs, comme il y a énormément de mauvais artistes amateurs ; sauf que généralement les programmes amateurs sont beaucoup moins diffusé. C'est un sujet qui avait déjà été débattu sur LinuxFR, par exemple.

Il me fallait donc un critère pour comparer les deux états sans devoir prendre en compte cette notion de qualité : le fait est que, si tu en as les capacités techniques, quant tu veux sortir de ton état d'amateur, en informatique c'est assez simple. Dans l'art, ça peut être pratiquement impossible. C'est ça le point que je veux mettre en exergue.

Tu prends le problème dans le sens inverse du mien : je te parles du cas d'une œuvre libre (ou dans le domaine public) avec un support non-libre. Bien sûr que si tu crées une œuvre non-libre… eh bien elle n'est pas libre ! Pour reprendre ton exemple d'écriture de pièce de théâtre, par défaut elle n'est pas interprétable. Mais tu pourrais choisir de la rendre libre et interprétable, sans que le livre physique le soit. Ou en rendre l'objet libre sans que l'interprétation le soit (même si là j'ai plus de doutes quant à la mise en œuvre).

Ça n'a pas de sens le concept de support non libre en fait. Je ne vois pas vraiment concrètement comment cela peut réellement se matérialiser en fait. Une œuvre est liée à son support car la moindre transposition implique adaptation (car tu vas l'altérer). Le cas de la partition ou du texte de la pièce du théâtre ne sont finalement que le code source de l’œuvre finale à savoir le morceau joué en orchestre (éventuellement enregistré ensuite) et la pièce jouée au théâtre (éventuellement filmée aussi).

Je ne vois pas comment tu peux dire que l'un est libre et l'autre pas alors qu'en plus la partie non libre serait finalement l'outil nécessaire à leur réalisation ! Car si tu modifies le morceau joué en orchestre, de fait tu modifies la partition. Tu aurais le droit de changer et de diffuser le morceau mais pas la partition ? Wtf ?

Il me fallait donc un critère pour comparer les deux états sans devoir prendre en compte cette notion de qualité : le fait est que, si tu en as les capacités techniques, quant tu veux sortir de ton état d'amateur, en informatique c'est assez simple. Dans l'art, ça peut être pratiquement impossible. C'est ça le point que je veux mettre en exergue.

D'accord, ce n'est pas vraiment ce que j'en avais ressorti. Peut être l'expliciter d'avantage ?

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