- Craw,
Bonsoir,
J’ai eu deux idées mais je ne sais pas si elles sont faisables, j’aimerais avoir votre avis si possible. Attention ça va être un peu long mais je dois mettre le contexte et bien expliquer pour avoir les avis les plus pertinents possibles.
Première idée :
La photothermie : le principe est bien connu, on injecte des nanoparticules d’or au patient/à la souris par intraveineuse. Dedans on peut piéger une molécule anticancéreuse. On recouvre ensuite la nanoparticule d’or d’un polymère thermosensible : quand on dépassera une certaine température il y aura des pores et le contenu de la nanoparticule (en l’occurence l’anticancéreux ici) pourra être distribué aux cellules cancéreuses pour les tuer. Avec un laser infrarouge on éclaire depuis l’extérieur du corps ces nanoparticules d’or qui réagissent aux infrarouge en chauffant. Finalement la température augmente et le polymère thermosensible entourant la nanoparticule change de conformation, libérant le produit anticancéreux.
Actuellement on essaye de concentrer les nanoparticules d’or sur le site de la tumeur et on éclaire avec un laser infrarouge uniquement ce site de la tumeur, pour être le plus spécifique possible et éviter de tuer les tissus sains.
Mais j’ai eu une idée : c’est de faire produire aux cellules cancéreuses la luciférase. Ensuite on injecte les nanoparticules d’or en même temps qu’une luciférine modifiée, ainsi seules les cellules cancéreuses* ayant la luciférase vont oxyder la luciférine modifiée pour émettre dans le proche infrarouge (la luciférine habituelle émettant vers 530 nm). Cela va donc permettre la production d’infrarouge par les cellules cancéreuses elles-mêmes, sans même utiliser un laser.
Seul problème : la puissance de ces photons produits par les cellules cancéreuses sera-t-elle assez puissante pour chauffer assez les nanoparticules d’or ? Puisqu’un laser est beaucoup plus puissant. C’est ce qui me fait douter de la faisabilité de cette première idée. Mais peut-être n’y a-t-il pas besoin d’une puissance comparable à celle d’un laser car les photons sont directement produits dans les cellules donc dans l’environnement proche des nanoparticules d’or (pas besoin de traverser la peau etc donc).
*: J’essaye de cibler au maximum les cellules cancéreuses par le choix de promoteurs spécifiques à ces cellules cancéreuses. Mon idée est d’instaurer une double spécificité pour viser au maximum les cellules cancéreuses et elles seules : un promoteur de la survivine (protéine très exprimée dans mes cellules cancéreuses mais très peu dans les tissus adultes différenciés) - un promoteur de réponse à l’hypoxie (HRE) pour cibler les zones d’hypoxie donc principalement les tumeurs.
Une recombinase cre est sous le contrôle du promoteur de la survivine, donc transcrite uniquement dans un nombre déjà restreint de types cellulaires. Une luciférase sous le contrôle du promoteur activé par l’hypoxie.
La construction est la suivante :
5’ -[promoteur survivine]-[cre recombinase]-3’
5’ -[promoteur HRE]-[loxP]-[peptide qui ne sert à rien]-[terminateur de transcription]-[loxP]-[luciférase]-3’
Ainsi la recombinase cre sera exprimée uniquement dans les tissus exprimant la survivine (principalement les cellules cancéreuses). Elle éliminera ce qui est entre les deux sites loxP : lors d’un épisode d’hypoxie la luciférase sera donc transcrite dans les tissus exprimant la survivine. Ce double niveau de spécificité permettrait de mieux cibler les cellules cancéreuses et elles seules.
Deuxième idée :
Pour la deuxième idée j’utilise là encore deux constructions avec les mêmes promoteurs mais je n’utilise plus une luciférase mais une protéine AOX (Alternative OXidase) de la plante Sauromatum guttatum. J’utilise cette AOX car elle a été décrite comme constitutivement active, ce qui devrait permettre de rendre cette protéine active même dans un organisme animal. La protéine AOX est une protéine de la membrane interne mitochondriale qui permet de faire de la chaleur (un peu comme la thermogénine mais pas le même mode d’action). Le but est de faire exprimer AOX uniquement dans les cellules cancéreuses (via la double spécificité des promoteurs là encore) pour faire chauffer ces cellules davantage par rapport aux autres cellules de l’organisme in vivo. Les particules d’or, une fois injectées, seraient donc activées uniquement dans ces tissus. Ici ce n’est plus l’infrarouge qui génère la chaleur mais la cellule cancéreuse elle-même.
Les deux constructions sont les suivantes :
5’ -[promoteur survivine]-[cre recombinase]-3’
5’ -[promoteur HRE]-[loxP]-[peptide qui ne sert à rien]-[terminateur de transcription]-[loxP]-[AOX de Sauromatum guttatum]-3’
Seul problème : il pourrait y avoir besoin de régulations pour que AOX fonctionne dans un modèle animal (vu que normalement c’est fonctionnel chez les plantes et pas les mammifères). Mais c’est pour ça que j’ai pris une AOX constitutivement active, avec cette forme d’AOX peut-être que ça marcherait même dans un animal.
Même si ça marche je ne sais pas si la température serait assez élevée par rapport aux autres cellules du corps : l’idéal serait par exemple d’avoir 40° dans les cellules cancéreuses (pour activer le polymère thermosensible entourant la particule d’or) et 37° dans les cellules normales.
Que pensez-vous de ces idées ou l’une des deux ? Je ne sais pas du tout si c’est faisable.
Et désolé du pavé.
Merci.