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Les soins non urgents

Traiter une écorchure ou une petite brûlure

Bien le bonjour !

Dans ce court tutoriel, je vous propose d’apprendre à reconnaître la gravité d’une blessure, et à traiter les moins graves d’entre elles.

Avant de commencer, je précise que les techniques données ici sont celles enseignées dans le diplôme français PSE1 selon le référentiel en vigueur en 2016 et sont susceptibles de varier au cours du temps. Elles ont été quelque peu adaptées pour « coller » à un usage hors postes de secours. Toutefois et par acquit de conscience, j’en ai conservé la plupart des recommandations (tel que le port de gants) : libre à vous de décider si vous devez les appliquer ou non en fonction du contexte. Aussi, n’oubliez pas de garder un esprit critique : secourir, c’est rester simple et rationnel.

Si le sujet des gants vous intéresse, vous pouvez aller voir cet article très complet sur le sujet : Comment protéger efficacement ses petites penottes ?.

Enfin, n’oubliez pas que ce tuto n’a pas pour vocation d’être un guide exhaustif, et que vous n’êtes pas obligés de le lire en entier et dans l’ordre pour en comprendre le contenu.

Sommaire

Reconnaître la gravité

En secourisme, on considère généralement deux seuils de gravité pour un problème médical : le seuil « simple » et le seuil « grave ». Ce dernier devra être suivi rapidement (voire très rapidement) d’un appel aux secours, tandis que le premier pourra être traité à la maison par vous-même ou par un proche. Au moindre doute, on considérera que l’on est en face d’un problème grave. Pour déterminer ce seuil de gravité, on se base sur une liste de critères : si l’affection satisfait à au moins l’un d’entre eux, elle est alors considérée comme grave.

Je ne traiterai pas de l’appel aux secours dans ce tutoriel, celui-ci ayant déjà été abordé ici : Comment alerter les secours ?. Je rappelle juste que les principaux numéros d’urgence sont le 112 en Europe de l’Ouest, et le 911 en Amérique du Nord.

Les plaies

Une plaie est une blessure de la peau dont la profondeur est variable, mais qui s’étend au moins jusqu’au derme, c’est-à-dire la partie vivante de la peau. Elle laisse généralement échapper du sang, et la peau du pourtour est souvent rougeâtre.

Une plaie est considérée comme grave si elle est (au moins un de ces critères) :

  • profonde ;
  • étendue (sauf dans le cas où elle est superficielle) ;
  • multiple (de nombreuses plaies localisées) ;
  • accompagnée d’un corps étranger (tel qu’un couteau) ;
  • hémorragique.

Pour ce dernier point, un petit éclaircissement me semble utile. On dit qu’un saignement est hémorragique quand il ne s’arrête pas spontanément au bout de quelques secondes. Puisqu’il est inutile et dangereux d’attendre sans rien faire devant une plaie qui saigne, on dit aussi qu’une plaie est hémorragique si le saignement se poursuit après une compression. Pour vérifier cela, protégez votre main avec un gant ou un mouchoir et appuyez fermement sur la plaie. Si le saignement se poursuit, il s’agit d’une plaie grave. Dans ce cas, continuez d’appuyer fermement et appelez les secours.

Aussi, toute plaie présentant un gros corps étranger, tel qu’un couteau ou un tournevis, sera considérée comme grave. Dans ce cas, la compression sera bien sur impossible. Mais n’essayez surtout pas de retirer le corps étranger, cela risquerait d’aggraver une blessure interne. Ce cas est abordé plus en détails dans le tuto sur l’appel aux secours (cité plus haut), j’y reviendrais également dans la section idoine de ce tuto. Bien sur, les gravillons et la terre à la surface d’une écorchure ne font pas une plaie grave. Toutefois, s’ils ne partent pas facilement, il est avisé de demander à un médecin de s’occuper de la plaie.

Si la plaie est due à une morsure, désinfectez-la au plus vite en suivant toutes les précautions sur la stérilité dans la section sur les plaies. Au moindre signe suspect, ou si la morsure vient d’un animal sauvage, montrez-la au plus vite à un médecin.

Les brûlures

La gravité d’une brûlure est définie en fonction de plusieurs critères, qui permettent d’obtenir un « degré de brûlure ».

Degré

Critères

Guérison

1er

Peau rouge et sèche, très douloureuse, sans cloques.

En quelques jours, sans cicatrice.

2e simple

Peau rouge, humide, brillante, douloureuse. Cloques intactes.

2 à 3 semaines.

2e profonde

Peau rougeâtre, cireuse, douce. Picotements.

Plus d’un mois, cicatrices probables.

3e

Peau grise ou noire, indolore. Peau inélastique.

Très longue.

Une brûlure peut également avoir plusieurs causes :

  • la chaleur ( :p ) ;
  • un produit chimique (acide puissant par exemple) ;
  • le froid (glace carbonique ou azote liquide par exemple).

Toute brûlure ayant pour cause un produit chimique ou le froid sera d’emblée considérée comme grave, et devra être suivie sans délai d’un appel aux secours. Pour les brûlures par la chaleur, une brûlure d’un degré supérieur ou égal à deux sera également considérée comme grave. Une brûlure sera également grave si elle est située sur ou près d’une muqueuse, sur une articulation ou sur le visage. Enfin, un dernier critère de gravité est l’étendue de la brûlure. Pour l’estimer, on prend toujours la victime comme référence. Si la brûlure est plus grande que la main de la victime (ou la moitié pour les jeunes enfants), elle est considérée comme grave. Cette surface représente environ 1 % de la surface totale de la peau (quel que soit l’âge), ce qui permet de pouvoir quantifier la surface de peau atteinte.

Il est à noter que les conseils donnés ici pour les brûlures simples s’appliquent également aux brûlures graves, à la différence qu’il faudra aussi appeler les secours sans délai.

Chose contre-intuitive : une brûlure peut être grave sans pour autant provoquer une douleur intense : c’est même le contraire. En effet, une brûlure légère excitera fortement les récepteurs de la douleur, et sera donc très douloureuse. En revanche, une brûlure intense les détruira, et la douleur ne sera donc pas perçue. Un « proverbe » de secourisme dit : « Une brûlure, plus ça fait mal, moins c’est grave ».

En préhospitalier, on croise souvent la règle dite « des neuf de Wallace ». Cette dernière permet d’estimer le pourcentage de la surface de la peau atteinte. On considère ainsi que chaque bras et chaque côté de chaque jambe représente neuf pourcents chacun de la surface totale de la peau. Le ventre, le thorax, le haut et le bas du dos représentent eux aussi respectivement 9 %, etc. En voici un aperçu plus visuel.

Règle des neuf de Wallace.
Règle des neuf de Wallace. Image Wikipédia par OpenStax College, licence CC-BY.

Pour les petites brûlures, on se basera plus volontiers sur la taille de la main de la victime, qui représente 1 % (doigts inclus).

La déshydratation

Bien connue et trop souvent sous estimée, la déshydratation se produit bien évidemment quand le corps manque d’eau pour assurer ses fonctions les plus importantes (à commencer par celle qui consiste à vous maintenir en vie). L’eau est extrêmement importante pour le corps humain, à tel point qu’elle figure en quatrième position dans la règle des trois (version longue), qui défini les points essentiels à la vie. Selon celle-ci, on ne peut pas survivre plus de…

  • 3 secondes sans attention (traverser la route sans regarder, mal faire un nœud d’escalade) ;
  • 3 minutes sans oxygène (typiquement, la noyade) ;
  • 3 heures sans régulation thermique (dehors par une nuit d’hiver) ;
  • 3 jours sans boire (une longue randonnée par temps chaud) ;
  • 3 semaines sans manger.

Source : Deux checklists, par David Manise.

La déshydratation se mesure classiquement en pourcentage d’eau perdue, que l’on peut estimer grâce à ce tableau.

Niveaux Symptômes
1 : ≈2 % Elle commence évidemment par une sensation de soif, suivie par une certaine fatigue. C’est le premier niveau, celui où nous sommes tous très fréquemment quand nous restons un moment sans boire.
2 : ≈6 % Au second niveau, des maux de têtes apparaissent, un manque de tonus général, une sensation de bouche sèche et des nausées. L’urine devient jaune foncée et diminue en volume, la peau devient sèche et rêche. La victime peut avoir du mal à se déplacer. Boire devient urgent.
3 : ≈12 % Enfin, si aucune hydratation n’est apportée, la victime peut alors perdre connaissance. Son rythme cardiaque et respiratoire diminue, sa peau est complètement sèche, froide et plissée. L’urine peut devenir marron et est réduite à un très faible volume, voire inexistante. Une hospitalisation devient urgente sous peine de décès.

Toute déshydratation avec des symptômes du stade 3 devra être suivie d’un appel aux secours, ou d’une visite urgente à l’hôpital local. Dans l’idéal, une personne au stade 2 devra aussi voir un professionnel de santé qui s’assurera de sa bonne rémission.

Traiter une plaie

L’importance du traitement d’une plaie varie en fonction du contexte et de sa cause. Une micro-coupure faite chez soi dans un milieu salubre ne sera pas aussi grave que la même coupure faite dans des bois humides lors d’une longue randonnée, car le risque d’infection n’est pas le même. Ainsi, la procédure donnée ici vous paraîtra (et sera) superflue pour de la « bobologie » classique chez soi, mais par acquit de conscience, je préfère donner ici la procédure complète, telle qu’enseignée au PSE1.

Matériel nécessaire

  • Une paire de gants vinyle / latex / nitrile (optionnel, pour les endroits insalubres).
  • De l’eau propre.
  • De l’eau savonneuse (optionnel).
  • Du désinfectant.
  • Deux compresses stériles (une seule si le désinfectant est vendu en tant que compresse imprégnée).
  • Un pansement.

Pour le désinfectant, je vous conseille de la Bétadine ou de la Chlorhexidine.

Pour plus de renseignements sur le sujet, vous pouvez voir cette vidéo du Pharmachien : Comment empirer vos petites blessures et coupures.

Procédure

Pour commencer, découvrez la plaie de tout vêtement et inspectez-la pour vérifier qu’il n’y a pas de corps étrangers. Faites couler un petit filet d’eau propre au-dessus afin de faire un premier nettoyage et d’enlever la terre et les éventuels gravillons. Cela a aussi le mérite de calmer la douleur. Si la plaie est sale ou provoquée par un objet insalubre (caillou, outil de jardinage par exemple), vous pouvez rajouter de l’eau savonneuse pour plus d’efficacité.

Ouvrez le sachet contenant la première compresse stérile, sans toucher cette dernière. Il y a normalement des coins que vous pouvez attraper sur le sachet pour ce faire. Attrapez la compresse par les coins et repliez-la, un peu comme un parachute, puis utilisez-la pour nettoyer une dernière fois la plaie des éventuels corps étrangers. Vous pouvez repasser un petit filet d’eau (voire de liquide physiologique) si vous le jugez nécessaire.

Si votre désinfectant est contenu dans un flacon ou un pulvérisateur, appliquez-en quelques gouttes (ou quelques pulvérisations) sur une compresse que vous aurez ouverte comme précédemment. Sinon, attrapez la compresse imprégnée en la tenant par les coins, si possible sans en toucher le milieu (c’est plus ou moins facile selon les emballages).

Maintenant, utilisez votre compresse pour désinfecter la plaie. Commencez par utiliser un de ses coins pour désinfecter le pourtour, puis utilisez le centre pour la plaie en elle-même. Essayez de ne pas utiliser deux fois le même endroit de la compresse, car tout ce qui touche la peau ou la plaie est considéré comme « contaminé » (l’inverse de stérile).

C’est le moment de poser un pansement. Trouvez-en un d’une taille adaptée à la plaie, et attrapez-le par les côtés adhésifs, puis « pliez-le » afin d’enlever le film de protection au centre. À ce moment, vous devriez avoir les pouces côte-à-côte, tenant les côtés du pansement avec vos indexes. Vous pouvez alors utiliser vos majeurs pour tirer le film de protection afin de découvrir la partie protectrice blanche du pansement. Posez-la sur la plaie.

Il ne vous reste plus qu’à plier le pansement pour « dérouler » le film qui recouvre les parties adhésives et à les laisser se placer sur la peau.

Si la plaie présente un gros corps étranger (disons, plus gros qu’un gravillon), il s’agit alors d’une plaie grave. Dans ce cas, ne touchez pas au corps étranger et appelez les secours. S’il y a une hémorragie et si vous y êtes formés, vous pouvez poser un garrot — technique réapparue depuis peu1 dans les diplômes de secourisme « grand public ».


Ce pansement devra être changé régulièrement. Il n’est pas nécessaire de refaire toute la procédure. Toutefois, si la plaie est apparue dans un contexte insalubre, il peut être salvateur de la désinfecter à nouveau le lendemain si l’on craint une infection.

Si la plaie devient rouge, chaude, gonflée ou plus douloureuse, demandez à la victime de consulter un médecin : il peut s’agir d’une infection. Il en est de même si la plaie est due à une morsure.

Toute cette procédure paraît bien lourde pour une simple coupure faite à la maison, et elle l’est effectivement. Si la plaie est propre et que rien ne vous fait craindre une infection, vous pouvez vous contenter la nettoyer à l’eau claire et d’y appliquer un petit pansement pour accélérer la guérison.

Traiter une brûlure

Venons-en maintenant aux brûlures. Je précise que les conseils qui suivent s’appliquent également aux brûlures graves, à la différence que ces dernières doivent être suivies en même temps et le plus rapidement possible d’un appel aux secours.

Matériel nécessaire

  • De l’eau propre et fraîche.
  • Une chaise.

Procédure

Comme pour tout problème du domaine du secourisme, le premier geste à avoir est de soustraire la victime à la cause de sa blessure. Éloignez-la donc de la source de chaleur ou éteignez-la si vous le pouvez. Ensuite, allez quérir une chaise et asseyez la victime près d’un point d’eau, idéalement un évier ou un lavabo. En effet, il est fréquent que les victimes de brûlures aient aussi des malaises : le fait d’être assis leur évitera de s’évanouir et de chuter.

Ensuite, arrosez la brûlure avec de l’eau fraîche (20°C est une bonne moyenne, évitez juste l’eau glacée qui risque d’être douloureuse) sans pression, en la faisant ruisseler le long de la zone atteinte. Cet arrosage doit durer au moins une minute pour être pleinement efficace. Cependant, il ne devra pas excéder une dizaine de minutes pour éviter un risque d’hypothermie, sauf volonté de la victime.

Si la victime se sent mal, allongez-la sur place et rassurez-la, puis appelez les secours. Même chose si elle éprouve une difficulté respiratoire.

Si la brûlure n’est pas superficielle et qu’une rougeur apparaît, il est conseillé de poser un pansement pour la protéger, ce qui aura aussi l’avantage de limiter les frottements, et donc d’accélérer la guérison. La surveillance est ensuite la même que pour une plaie.

Traiter une déshydratation

Pour traiter une déshydratation, plusieurs options s’offrent à vous, selon le matériel dont vous disposez et l’état général de la victime. Je vous recommande plutôt le plan B.

Plan A
  • De l’eau. :p
  • Des Sels de Réhydratation Orale (SRO), trouvables en pharmacie.

Cette méthode est la plus « médicalement correcte », si je puis dire. C’est aussi celle qui coûte le plus cher.

Plan B
  • Une bonne bouteille de jus de pomme (non fermenté :D ).

Cette méthode est moins chère que la première, et sûrement plus « précise » que la troisième qui suit. Le jus de pomme a en effet, et selon une étude publiée très récemment, toutes les caractéristiques pour en faire un bon fluide de réhydratation. À noter qu’à défaut de jus de pomme, vous pouvez aussi utiliser du jus d’orange. Par contre, prenez-en un de bonne qualité.

Cette solution est encore plus avantageuse quand la déshydratation fait suite à une gastro-entérite, car elle sera légèrement nutritive mais entraînera moins de nausées, en plus de compenser les pertes d’eau et d’électrolytes. Si le cas se présente, vous pouvez aussi rajouter une pincée de sel dans la bouteille de jus de pomme.

Plan C
  • Encore de l’eau.
  • Du sel.
  • Du sucre.

Versez une demi cuillère à café (jamais plus) de sel et deux cuillères à soupe de sucre dans un litre d’eau, et mélangez le tout.1 C’est prêt ! :) Vous voilà avec une solution de réhydratation qui, si le dosage n’est pas très précis, a au moins le mérite de ne pas coûter grand-chose et d’utiliser des ingrédients trouvables à coup sur dans une cuisine.

Parfois utile

Pour les personnes alitées (souvent le cas des enfants), il peut être utile de prévoir un moyen d’hydratation qui ne nécessite pas de se relever. Si le cas se présente, vous pouvez alors tenter d’utiliser une paille ou une grosse seringue (disons 5mL).


Procédure

Buvez (ou donnez à boire) régulièrement de petites quantités de liquide. Il est généralement recommandé de laisser un délai d’environ cinq minutes entre deux prises, et de ne prendre qu’une ou deux gorgées à la fois. Le corps pourra alors réchauffer et assimiler l’eau plus rapidement que si elle était prise en grande quantité.

Surveillez régulièrement la personne, et laissez-lui des périodes de sommeil si elle en ressent le besoin. Si son état vous préoccupe, ou qu’il ne s’améliore pas quelques heures après le début de l’hydratation (qui ne doit pas se terminer avant une rémission complète), rendez-vous à l’hôpital local. Si son état empire ou qu’elle souffre de symptômes du stade 3 (voire la section idoine au début de ce tuto), appelez les secours pour demander un avis médical, ou rendez-vous aux urgences.

Si à un moment, la personne est « dégoûtée » de l’eau et n’arrive plus à la boire, ne l’y forcez pas. Il y a en effet un risque qu’il s’agisse d’une hyponatrémie, c’est-à-dire d’une carence en sodium. Ce scénario est surtout probable si celle personne a un régime pauvre en sel, ou si elle a bu une trop grande quantité d’eau non salée (selon la procédure ci-dessus). Le corps a en effet besoin d’électrolytes pour maintenir ses fonctions, et ceux-ci ne sont pas assez présents dans l’eau potable ordinaire (ils sont normalement apportés par l’alimentation).

Si le cas se présente, donnez plutôt un fruit ou un légume à manger, qui apportera à la fois de l’eau et des nutriments.

Sources : Survivre à la canicule, par David Manise et Hyponatrémie sur Wikipédia.


Merci de m’avoir lu !

Si vous avez la moindre question ou remarque, n’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires de ce tuto ! :)

Sources et références

Crédits et licences

Ce tuto est publié sous la licence « Creative Commons By NC 4.0 rezemika ».
Son logo provient quant à lui de Pixabay et est placé sous licence « Creative Commons Zero 1.0 msumuh » (source).

Je tiens également à remercier Zodda pour son retour lors de la version bêta de ce tuto, ainsi que Gabbro pour son travail de validation ! Enfin, je remercie également SpaceFox et Hugo pour leurs retours après publication.

14 commentaires

Très intéressant, merci !

Je me permet de rajouter une précision sur les plaies dues à des morsures : même petites, elles doivent être désinfectées immédiatement (un quart d’heure c’est trop) et montrées à un médecin au moindre signe suspect. Typiquement, les dents de chats sont de véritables aiguilles à injecter des bactéries (au sens littéral du terme : le résultat est le même), et de telles morsures s’infectent presque systématiquement.

Et celles de renard ? :-°

tleb

Ça dépend s’il se brosse les dents ou pas :)

Plus sérieusement, le renard (tous modèles confondus) est un animal sauvage. Donc si vous vous faites mordre par un renard, c’est probablement que vous êtes dans l’un de ces deux cas :

  1. C’est un renard apprivoisé. C’est naze, ne faites pas ça. À traiter comme une morsure de chat (désinfection et surveillance).
  2. C’est un renard sauvage. Là c’est très emmerdant, parce que les renards sont des animaux normalement craintifs ; s’il vous attaque c’est soit que vous l’avez acculé et qu’il n’a pas eu le choix (et auquel cas c’est bien fait pour votre gueule), soit qu’il a la rage (et là c’est direct chez le médecin sans réfléchir).

Merci pour vos retours ! La mise à jour vient d’être publiée ! En un temps record en plus, merci Gabbro ! :)

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Je me permet de rajouter une précision sur les plaies dues à des morsures : même petites, elles doivent être désinfectées immédiatement (un quart d’heure c’est trop) et montrées à un médecin au moindre signe suspect.

SpaceFox

J’ai l’impression que la consigne a évolué, quand j’ai été mordu en août par mon chien (fraichement adopté la veille) j’ai eu droit à un passage au bloc opératoire pour nettoyer la plaie et faire des prélèvements, avec prise d’antibiotiques en attendant les résultats d’analyse.

Donc si vous être mordus, perdez peut-être pas trop votre temps à aller voir un médecin généraliste si c’est pour finir aux urgences :-°

Je me permet de rajouter une précision sur les plaies dues à des morsures : même petites, elles doivent être désinfectées immédiatement (un quart d’heure c’est trop) et montrées à un médecin au moindre signe suspect.

SpaceFox

J’ai l’impression que la consigne a évolué, quand j’ai été mordu en août par mon chien (fraichement adopté la veille) j’ai eu droit à un passage au bloc opératoire pour nettoyer la plaie et faire des prélèvements, avec prise d’antibiotiques en attendant les résultats d’analyse.

Donc si vous être mordus, perdez peut-être pas trop votre temps à aller voir un médecin généraliste si c’est pour finir aux urgences :-°

viki53

Merci pour ton retour !

Je viens d’aller jeter un coup d’oeil au dernier référentiel PSE1, ça a effectivement un petit peu évolué, mais il semblerait que la conduite à tenir dépende en fait beaucoup de l’animal et de l’emplacement de la morsure.

La conduite à tenir générale est d’arrêter tout saignement et de nettoyer la plaie, puis « d’obtenir un avis médical », ce qui est la consigne générale pour à peu près toutes les interventions (c’est un référentiel pour les secouristes et les pompiers, donc une grosse partie des interventions conduit à un bilan au SAMU pour décider de la suite). Le référentiel du PSC1 donne une consigne similaire.

La subtilité se trouve plus en amont, dans la qualification des plaies : toute plaie causée par « un mécanisme pénétrant (objet tranchant ou perforant, morsures, projectiles) » est considérée comme une plaie grave, et doit donc être suivie d’un appel aux secours (ou d’une consultation en urgence).

Au PSE1, il y a quelques précisions sur les conduites à tenir selon la cause de la morsure. Une morsure humaine est systématiquement une plaie grave, alors que d’autres plaies peuvent ne pas être suivies d’un appel aux secours dans certaines circonstances (les piqûres de tiques, ou d’insectes dans certaines conditions, par exemple). Ce n’est pas dans le référentiel, mais d’expérience, l’emplacement joue aussi beaucoup : une morsure au bras peut souvent attendre un petit peu plus qu’une morsure à la main par exemple, car dans ce dernier cas, il y a un risque d’atteinte fonctionnelle (les tendons et les nerfs peuvent être abimés).

Du coup, pour simplifier, je propose la procédure suivante pour une morsure :

  • si elle est parfaitement superficielle (pas de saignement, atteinte de la peau négligeable) : désinfection et surveillance ;
  • sinon, désinfection et appel au SAMU pour demande d’avis.

J’essaie de me motiver depuis un moment à réécrire la plupart de mes contenus pour les mettre à jour et corriger les coquilles (même si celui-ci est surement celui qui demandera le moins de travail), j’essaierai de reformuler cet aspect… :)

+3 -0

À noter que les connaissances évoluent également : d’après les études les plus récentes, la désinfection antiseptique n’a pas montré de supériorité par rapport à une plaie simplement nettoyée à l’eau ou au sérum physiologique.

La désinfection a donc été ôtée du référentiel PSE Croix-Rouge pour les plaies (mais pas du référentiel national pour le moment, ça devrait suivre j’imagine). En revanche, elle est toujours présente des les référentiels PSC1 (nationaux comme CRF), c’est la même chose, en général ils sont mis à jour un peu plus tard (et parfois pas du tout, pour garder un discours simple).

Bref, tout ça pour dire qu’elle est toujours d’actualité dans la majorité des référentiels, mais que scientifiquement elle est remise en question et pourrait probablement disparaître dans les prochaines années.

+1 -0

Ah ouais ? J’ai fait ma formation continue en septembre dernier à la Protection Civile, et je n’avais pas eu cette info. Est-ce que t’aurais des documents là-dessus (ça m’intéresse, histoire de prendre un peu d’avance ^^) ? :)

Elle est supprimée pour toutes les plaies ? Ou seulement dans certaines circonstances ? Cet été, j’ai fais un petit passage à l’hôpital pour une dermabrasion (avec des petits gravillons incrustés dans la peau), j’ai eu le droit à une dose impressionnante de chlorhexidine alcoolisée versée directement sur la plaie. :-° Du coup je me demandais s’il y avait quand même une désinfection pour les plaies un peu « sales », ou si c’est juste la procédure hospitalière qui est différente (ou pas encore à jour) ?

+0 -0

Ah ouais ? J’ai fait ma formation continue en septembre dernier à la Protection Civile, et je n’avais pas eu cette info. Est-ce que t’aurais des documents là-dessus (ça m’intéresse, histoire de prendre un peu d’avance ^^) ?

Alors, pour être honnête, je n’ai pas fait de bibliographie, je n’ai pas d’article à te montrer, il faudrait que je prenne le temps de chercher et en ce moment c’est tendu.

Les seules sources que j’ai, c’est le référentiel Croix-Rouge (mais je n’ai pas le droit de le transmettre en dehors de l’asso) dans lequel il est marqué noir sur blanc « L’usage d’antiseptiques sur une plaie simple n’a pas montré sa supériorité comparée au lavage à l’eau. » en note de bas de page et où l’on peut voir que l’antiseptique a été retiré de la conduite à tenir en cas de plaie ainsi que la vidéo où notre médecin référent national explique les changements de référentiel 2018 (écrits courant 2018 et appliqués à partir du recyclage 2019) dont celui-ci (mais je ne peux pas la sortir non plus…).

Elle est supprimée pour toutes les plaies ?

Pour toutes les plaies simples, et comme il n’en a jamais été question pour les plaies graves, de fait elle est supprimée pour toutes les plaies.

Cet été, j’ai fais un petit passage à l’hôpital pour une dermabrasion (avec des petits gravillons incrustés dans la peau), j’ai eu le droit à une dose impressionnante de chlorhexidine alcoolisée versée directement sur la plaie. :-° Du coup je me demandais s’il y avait quand même une désinfection pour les plaies un peu « sales », ou si c’est juste la procédure hospitalière qui est différente (ou pas encore à jour) ?

Tout comme le référentiel PSE de la DGSCGC, je pense que les conduite à tenir hospitalières ne sont pas à jour. Et je sais même pas si elles le seront un jour, d’une part parce que ça n’est pas très important (c’est pas dangereux, c’est juste inutile) et d’autres part parce qu’il n’y a pas de culture aussi forte de formation continue en hospitalier qu’en secourisme (en tout cas beaucoup moins sur ce genre de détail).

P.-S. — Je me rends compte que je n’ai jamais pris le temps de faire un retour sur l’article (il est sorti à un moment où je n’étais pas très actif sur ZdS), mais il est vraiment top !

+0 -0

Ah d’accord, pas de soucis ! Merci tout de même pour ces précisions. ^^

J’ai fais quelques petites recherches de mon côté. Le référentiel PSE de l’édition 2018 indique toujours d’appliquer un antiseptique. La fiche n’a pas été modifiée pour l’édition 2019.

J’ai trouvé une fiche de recommandations produite par l’OMS (mais je n’ai pas trouvé la date) qui indique que « l’utilisation de topiques antibiotique et le lavage de la plaie à l’aide de solutions antibiotiques ne sont pas recommandés », mais qui indique tout de même une procédure pour l’usage d’antiseptiques. Un consensus de la SFMU de 2017 indique (page 9) que « face à une plaie franche vue précocement les antiseptiques n’ont pas montré de bénéfice » et qui précise que leur usage est indiqué « sur les plaies à risque infectieux élevé ». Seulement, une des sources est en néerlandais, et l’autre indique un résultat mitigé et pas vraiment tranché. Un article de la Revue Médicale Suisse indique ceci : « Lors d’une brèche cutanée, un rinçage avec de l’eau du robinet ou une solution saline est généralement conseillé. Pour les plaies fortement contaminées, une antisepsie est également nécessaire ainsi qu’une vérification du status tétanos. ». Mais la source indiquée n’a pas l’air de se concentrer spécifiquement sur cette question, et j’ai y du mal à y trouver une information claire. Il y a potentiellement un article sur Secours Mag sur les évolutions du référentiel, mais je ne suis pas abonné. Donc bref, j’ai peut-être pas cherché aux bons endroits, je verrai à ma prochaine formation continue. ^^

Alors, par acquit de conscience, je pense que je continuerai à en mettre sur les plaies un peu sales. Mais je vais surveiller ça à l’avenir, en espérant tomber sur des recommandations publiques. Ça serait chouette de pouvoir simplifier un peu tout ça1. :)

Merci pour ton retour et pour ces précisions ! :honte:


  1. Personnellement, étant un véritable chat noir, je pense que je vais continuer d’emporter de la bétadine dans mes trousses de secours, parce que quand je me blesse, c’est souvent dans des circonstances improbables, dans des milieux insalubres, ou à plusieurs dizaines de kilomètres d’un médecin. Donc généralement je prends de quoi être autonome pour 48 heures, au cas où… :-°
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Je suis tombé aussi sur le référentiel de la SFMU ; généralement c’est une source plutôt fiable puisque c’est ce qui est utilisé pour former les externes. (J’ai d’ailleurs appris à cette occasion d’existence de la Société Française et Francophone des Plaies et Cicatrisations mais dont le site web semble ne plus fonctionner.) C’est la preuve que finalement, certains référentiels médicaux sont à jour (mais ce n’est pas pour autant que les médecins et infirmiers ont tous été recyclés sur ce point 😅).

Alors, par acquit de conscience, je pense que je continuerai à en mettre sur les plaies un peu sales. Mais je vais surveiller ça à l’avenir, en espérant tomber sur des recommandations publiques.

Oui, de manière générale ça n’a pas montré d’effet néfaste donc c’est pas un souci ; si ça peut rassurer. ;)

Faudra que je prenne le temps de faire de la biblio sur Pubmed, mais c’est pas évident comme sujet, l’asepsie est surtout étudiée dans le cadre des opérations chirurgicales ou des gros traumatismes plutôt que dans celui des petites plaies…

+1 -0

Bonjour,

  1. C’est un renard sauvage. Là c’est très emmerdant, parce que les renards sont des animaux normalement craintifs ; s’il vous attaque c’est soit que vous l’avez acculé et qu’il n’a pas eu le choix (et auquel cas c’est bien fait pour votre gueule), soit qu’il a la rage (et là c’est direct chez le médecin sans réfléchir).
SpaceFox

Je vous fais part de mon expérience : Mordu par un chien "non identifié", le samedi soir avant Pâques 2018, aux urgences de l’hôpital 1/2 heure plus tard. Conclusion de l’Interne : "Trouver un vaccin antirabique (on n’en n’a plus !) et revenez pour qu’on vous fasse l’injection !". j’ai passé toute la soirée et le dimanche de Pâques à chercher ce vaccin : il n’était dans aucunes des pharmacies de garde du département, ni dans aucun des hôpitaux (qui avait un pharmacien qui répondait au téléphone) 4 heures de téléphone ! C’est Orange qui est content ! Et c’est moi qui balisé !

Et le mardi suivant (Et oui lundi de Pâques, c’est férié !) Enfin, l’institut Pasteur décroche son téléphone, pour me dire … "Depuis 5 ans, il n’y a plus de cas de rage en France, et on ne vaccine plus en cas de morsure d’animal sauvage !"

Donc, SpaceFox, La seconde alternative n’est plus vraie ! "Il" l’a vraiment cherché !

Cordialement.

(PS : Attention, ce n’est vrai qu’en France, ça ne s’applique pas avec des animaux étrangers. Suite à mon aventure, j’avais regardé Internet : il y avait encore eu un mort par rage en France, un gamin qui avait joué avec un chiot à l’étranger (au Philippine de mémoire), et qui n’avait pas était diagnostiqué correctement quelques mois après son retour)

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