Quand la musique fait vendre

Initiation au marketing auditif

L'influence de la musique sur les consommateurs fascine les responsables marketing : en effet, la musique est créatrice d’émotions, d'images et d'univers, elle influence donc les capacités cognitives, affectives et comportementales de la personne qui l'écoute. Elle crée une atmosphère et donne ainsi une âme aux objets, aux évènements et aux lieux.
La puissance du marketing sonore a été découverte très tôt, étant donné que Monoprix a commencé à utiliser de la musique sur ses points de vente dès les années 1930. Depuis, le marketing sonore a été exploité selon différentes optiques, chacune potentiellement très productive : plusieurs études ont affirmé qu'une bonne utilisation de la musique augmentait le chiffre d'affaires de 17 à 20% 1 .

Nous allons donc voir les possibilités qu'offre la musique aux responsables marketing et, puisqu'il y en a beaucoup, nous tâcherons d'avoir une approche globale. Il s'agit donc d'un article d’initiation, sans prérequis :) .


  1. « Impact de la communication sonore et des messages magasin : croissance forte de ventes (15 à 20% du chiffre d'affaires) » Alain Goudey In: Marketing sonore et marketing sensoriel en magasin, 2012, diapo 25. « Lorsque la musique est adaptée selon les caractéristiques sociodémographiques de la population cible, le temps passé en magasin et les achats augmenteraient respectivement de 18 % et de 17 % » Mylène Rajotte. In: Le marketing sensoriel. 4ème trimestre 2010. Les cinq sens - 2. p. 9. 

Marketing auditif dans le magasin

L'utilisation de bandes sonores sur les points de vente est un moyen qui a fait ses preuves : la musique influence les gestes du consommateur et ses déplacements. Dans ce cas-là, la musique fait plus que de donner une âme aux produits : elle manipule le consommateur, lui fait perdre la notion du temps et lui indique des articles à acheter.

Dans les grandes surfaces, la musique est mise en sourdine, pour que les clients ne se sentent pas agressés dès leur entrée. Souvent, on ne remarque pas du tout la musique de fond, ou alors on suppose que les morceaux proviennent de la radio.
En réalité, il n'en est rien. Des sociétés comme Mood Media transmettent en temps réel des playlists qui sont ensuite diffusées dans les magasins. Les playlists sont compilées par des DJ qui choisissent les morceaux exprimant la tendance générale des produits : la musique diffère donc selon le rayon. On associe par exemple l’électro aux vêtements modernes, la musique classique au linge de maison, la musique zen aux produits sanitaires et ainsi de suite.
Les musiques diffusées varient selon l'heure et même le jour (musique différente le lundi, le samedi, etc.), non seulement en fonction de l'affluence, mais aussi afin d'inciter les consommateurs à adopter un certain comportement : tranquillité ou consommation effrénée.
Voici la description de l'évolution volume sonore d'une journée type : l'intensité de la musique est initialement très faible, pour ne pas brusquer le client, puis augmente augmente peu à peu, pour retomber à midi. Durant l'après-midi, la musique s'intensifie à nouveau, jusqu’au milieu de l'après-midi, moment de la journée où l'afflux – et donc le chiffre d'affaires - est maximal. Bien sûr, la musique diffusée est plus forte les jours d'affluence.

Comme on l'a déjà vu, l'intensité de la musique, son genre et son rythme influencent le consommateur. En effet, ce dernier prend inconsciemment l'habitude de calquer ses mouvements sur les rythmes de la musique. Par conséquent, en déterminant le type de musique diffusé, on détermine les gestes des consommateurs : tandis que la musique calme pousse à la flânerie, la musique énergique incite à une consommation frénétique.
Par exemple, la chaîne de restaurant Hippopotamus utilise une musique énergique pour accroître la rapidité de la mastication et augmenter ainsi la consommation. Plusieurs études ont été réalisées pour montrer l'efficacité de la musique sur les consommateurs. En voici deux qui concernent respectivement le type de musique diffusé et l'intensité des chansons.

Études et expériences marketing

Quelle musique diffuser dans les magasins ?

Expérience de C. Areni et de D. Kim (1993)

Cette étude a été réalisée aux États-Unis, dans la section « Vins » d'un magasin. Dans un premier temps, de la musique classique a été diffusée, puis, dans un second temps, elle a été remplacée par une musique Top 40. Pendant les deux périodes, on a noté le nombre de bouteilles examinées, le nombre de bouteilles prises en main, le nombre de bouteilles achetées, le montant moyen déboursé par client et le temps passé en minutes. Il s'agit donc d'une étude détaillée qui étudie scrupuleusement chaque action, ce qui permet de bien saisir la différence, même si l'on peut déplorer l'absence de toute expérience-témoin (c'est-à-dire sans musique) :

Comportements étudiés (par client) Musique classique Musique Top 40
Nombre moyen de bouteilles examinées 3,93 3,85
Nombre moyen de bouteilles prises en main 1,36 0,97
Nombre moyen de bouteilles achetées 0,12 0,07
Montant moyen déboursé (en dollars américains) 7,43 2,17
Temps passé en moyenne dans le rayon (en min) 11,01 8,97

On remarque donc que la musique classique a été largement plus efficace que la musique de style Top 40. C'est compréhensible. En effet, le vin est meilleur lorsqu'il est vieux : c'est donc un produit fortement lié à la notion d'authenticité et d'ancienneté. La musique classique est beaucoup plus adaptée à cette sorte de produits.
Le choix du style de musique est donc prépondérant, puisque non seulement il influence les mouvements du client, mais il pousse aussi à la consommation si le style est adapté. Mais à quelle intensité diffuser cette musique ? C'est la question que se sont posés Guéguen et Jacob.

À quelle intensité diffuser une musique ?

Expérience de N. Guéguen et de C. Jacob

Cette fois-ci, l'étude a été réalisée en 2002 dans un bar français, en zone rurale, avec une clientèle assez jeune. On étudie la consommation du groupe d'individus, en fonction du sexe des consommateurs et de l'intensité de la musique (pop-rock). La seule donnée fournie par cette étude a été la quantité globale consommée :

Comportement et catégorie étudiée Intensité élevée Intensité modérée Faible intensité
Consommation moyenne dans un groupe de 10 hommes (en verres) 5,8 3,9 4,1
Consommation moyenne dans un groupe de 10 femmes (en verres) 4,4 2,5 2,4

On remarque tout d'abord que la consommation a été plus faible chez les femmes et que les réactions aux changements d'intensité ont différé selon le sexe.
Chez les hommes comme chez les femmes, la consommation augmente lorsque le volume augmente ; pourtant la réaction face à la diminution du volume n'est pas la même. L'influence de la musique divergerait donc selon le sexe de la clientèle : c'est pour cela qu'il faut adapter l'intensité sonore en fonction du public visé. Les résultats de cette étude sont à utiliser avec prudence, étant donné que l’échantillon considéré est assez réduit.

Bon, c'est sympa tout ça, mais ce n'est utile que lorsque le consommateur rentre dans le magasin. Comment l'influencer en dehors du magasin ?

Bonne remarque ! C'est vrai que conquérir le consommateur en dehors du magasin est beaucoup plus compliqué. Heureusement (ou pas), la publicité s'en charge et elle utilise énormément le marketing auditif. C'est ce que nous allons voir précisément.

Marketing auditif en dehors des points de vente

Ici, la stratégie change insensiblement : la finalité est toujours la même (la consommation), mais elle est plus difficile à atteindre. Il faut donc marquer les esprits, se faire connaître durablement par un slogan, un jingle, une voix particulière dans les publicités, à la télévision, dans la rue, ou par téléphone.

Tout d'abord, les publicités. Bien que tous les sens soient stimulés au maximum durant les pauses publicitaires, l'ouïe l'est particulièrement. Pour empêcher que les publicités ne soient trop intrusives, le niveau sonore a été limité au « niveau sonore moyen du reste du programme » 1 .
Mais ne vous inquiétez pas, les agences publicitaires ont trouvé le moyen de contourner cette interdiction. En effet, l'oreille humaine perçoit les sons de fréquences différentes à des intensités différentes : il y a donc des sons perçus plus facilement que d'autres par l'oreille humaine. Un diagramme a été réalisé pour déterminer à quelle intensité les sons étaient perçus à une fréquence donnée. Il s'agit du diagramme de Fletcher et Munson (connu aussi sous le nom de courbes isosoniques) :

Diagramme de Fletcher et Munson, par A7N8X (CC-BY-SA)

Les publicitaires utilisent donc des sons plus facilement perceptibles par l'oreille humaine, pour être marquants au maximum2 . Ils utilisent par ailleurs des jingles marquants pour que, même en ne regardant plus la publicité, notre cerveau le ressasse machinalement. Tout est donc fait pour pénétrer profondément la vie du futur client.

Mais la publicité n'est pas le seul terrain de jeu pour les responsables marketing : influencer par communications téléphoniques n'est pas un enjeu moindre. En effet, une partie non négligeable des échanges commerciaux se fait par téléphone. Prenons l'exemple des jingles d'attente : plus le temps d'attente est long, mieux le morceau joué est retenu. Après, il faut bien sûr trouver un juste milieu : si le temps d'attente est trop long, le client garde une image négative de l'entreprise. On peut élargir ce que l'on vient de dire à la publicité radio, qui est aussi un très bon outil.

Quelques exemples :
- Le jingle du S.A.V. Orange, une mélodie bien connue (de bons souvenirs, n'est-ce pas ? ;) ) ;
- Dans le film Intouchables, lorsque Driss entend les Quatre saisons de Vivaldi, il s'exclame : « Je la connais celle-là, mais si si… tout le monde la connaît ! C’est “Bonjour, bienvenue aux Assedic de Paris toutes nos lignes sont actuellement occupées… le temps d’attente est d’environ 2 ans !” » ;
- La firme Leclerc utilise toujours la même voix pour ses offres.

Sur le web grandissant, cette technique commence à être utilisée : des fonds sonores illustrent certains sites. Encore une fois, la musique ne doit pas être intrusive, cela provoquerait un effet désagréable sur le visiteur : c'est ce qu'on pourrait appeler le Syndrome de l'autoplay. Depuis quelque temps, pour continuer à séduire l'internaute par des musiques sans le déranger, une nouvelle pratique est apparue : identifier l'internaute pour lui proposer des musiques qu'il préfèrerait.
Par exemple, des sites offrant des prestations de relaxation et de détentes utilisent une musique zen pour l'inciter à participer à une cure de relaxation : Ban Sabai Royal Spa en est une illustration.

Pour finir

Cet article touche maintenant à sa fin : nous avons dressé un portrait général de ce qu'est le marketing sonore et ce qu'il fait. Malgré leurs apparences ridicules, les stratégies sonores ont une efficacité redoutable, elle-même décuplée lorsqu'elle est combinée avec d'autres techniques de marketing.
Savoir tout cela est une très bonne chose mais, même avertis, nous sommes toujours vulnérables face aux techniques de marketing. Pour compléter ce tableau et faire que nous soyons plus avertis, je ferai peut-être d'autres articles sur le marketing (olfactif, neuro-marketing, etc.).

Aller plus loin

Internet regorge d'articles sur le sujet :

  • Voici une fiche synthétique, qui traite aussi de l'identité du produit à travers le son qu'il produit (Harley Davidson, etc.) ;
  • Bien sûr, l'éternel Wikipédia, qui parle plus généralement du marketing sensoriel ;
  • Enfin, une infographie intéressante, qui rend aussi compte des effets sur les employés du magasin.

Remerciements

  • Un grand merci à Vayel et à Arius pour leurs relectures avisées ;
  • Merci à Vecteezy, dont les réalisations m'ont aidé à faire l'icône de cet article ;
  • Merci plus généralement à toute la communauté de Zeste de Savoir, notamment à son staff.

27 commentaires

Merci à tous ! Je compte en faire d'autres, notamment sur les autres types de marketing et un article sur la publicité en particulier.
Mais cet article n'aurait pas pu être possible sans Vayel et Otis. merci à eux.

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poliorcetics

N'est-ce-pas ^^ ? Le troll n'est pas de moi, mais il est beau.

+3 -0

Je me permet une question un peu "technique": Concernant l'étude de la consommation dans un bar, est ce que l'étude est vraiment solide?

  • un seul bar concerné à priori

  • passer de 3.9 à 4.1 verre ou de 2.5 à 2.4 est il significatif statistiquement parlant?

  • échantillon de 10 personnes pour chaque groupe c'est peu non?

Je sais qu'en science sociale/psycho c'est difficile de faire des études… mais là ça me semble quand même très peu solide pour en tirer la moindre conclusion. Pour moi une étude aussi réduire c'est un peu prêt pareil que de demander au pilier de bar du coin son avis sur le sujet :p

+5 -1

Merci Demandred, tes remarques sont intéressantes. Deux bars ont été concernés, et les résultats donnent globalement la même chose.

Passer de 2,5 à 2,4 n'est pas significatif, comme tu dis : c'est surtout l'augmentation du volume qui est intéressante. Mais j'ai préféré mettre aussi la troisième colonne, pour montrer le résultat lorsque l'on baisse le volume.

Puisque 2 bars ont été concernés, ça fait 20 jeunes par groupe. Ce n'est pas grand-chose, je te l'accorde ^^ . Mais cela n'a rien à voir avec les méthodes de sondage ("demander au pilier de bar du coin son avis") : les sujets sont étudiés mais ne le savent pas, contrairement aux sondés. Seul le traitement statistique est semblable.
Au delà de ce détail, je n'ai pas trouvé une meilleure étude pour montrer l'importance du volume, quoiqu'elle soit ambiguë. Mais voici le lien vers l'étude, si tu veux y jeter un coup d'oeil : http://nicolas.gueguen.free.fr/Articles/RAM2002.pdf . Merci en tout cas de ces remarques ;)

+1 -0

Pour l'étude des bars, je pense qu'il aurait été intéressant d'avoir un peu de suivi dans le temps.

Si je vais dans un bar où la musique est (trop) forte, je pense que je vais en effet avoir tendance à consommer plus, vu que parler avec mes amis sera difficile. Par contre, je n'y retournerai pas. Je ne suis pas sûr que ce qu'ils gagnent sur la soirée compense la perte de clients dans la durée.

Pour le vin, tu fais un lien entre la musique et le produit. Je n'ai pas lu l'étude que tu mentionnes, donc c'est peut-être un raccourci, mais il me semblerait plus logique qu'il y ait deux liens, un entre le produit et le client, et un entre le client et la musique, avec une corrélation certes, mais certainement pas avec un coefficient de corrélation de 1.

C'était un article intéressant, même si je dois avouer ne pas être convaincu par tout les points abordés.

  • un seul bar concerné à priori

C'est potentiellement un probleme. Mais pas forcement. Reponse de normand. Evidemment l'ideal sera plusieurs bars je suppose.

  • passer de 3.9 à 4.1 verre ou de 2.5 à 2.4 est il significatif statistiquement parlant?

Dit comme cela on ne peut pas repondre a la question. Il faut l'ensemble des donnees et seuls des tests statistiques te donnera la reponse.

  • échantillon de 10 personnes pour chaque groupe c'est peu non?

En general non [EDIT: non au sens ou cela peut largement suffire pour obtenir un intervale de confiance a 95%]. D'ailleurs, on commence pas fixer les niveaux de risque que l'on veut pour les differents tests que l'on va effectuer et l'on en deduit le nombre minimal de personne qu'il faut interroger pour atteindre ces niveaux. Y a pas de miracle, en voulant diminier un risque de premiere espece, tu fais augmenter un risque de seconde espece, et le seul moyen de faire diminuer les deux c'est d'augmenter la taille de l'echantillon… ce qui n'est necessaire que lorsque c'est juge… necessaire. Et la, c'est plus au juge, selon le domaine, les donnees donc on peut ou va disposer, bref, le travail du statisticien normalement.

Je sais qu'en science sociale/psycho c'est difficile de faire des études… mais là ça me semble quand même très peu solide pour en tirer la moindre conclusion.

C'est pas plus dur qu'ailleurs. La seule difficulte est que pour faire des etudes prospectives, cela peut poser des problemes d'ethiques. Le second probleme, c'est que les chercheurs en science sociale (mais aussi en sciences dures, et en fait c'est applicable a tout quidam comme regle generale) ne sont pas formes pour faire des statistiques et des probabilites correctement.

Pour moi une étude aussi réduire c'est un peu prêt pareil que de demander au pilier de bar du coin son avis sur le sujet :p

Demandred

Tu n'as pas plus de preuve pour affirmer cela, et a priori de ce que j'en sais, de connaissances, que de preuve pour infirmer cela.

Parce que les statistiques et les mathematiques en general non seulement ce n'est pas magique mais ce n'est pas forcement intuitif. Or, si l'on concoit difficilement laisser manipuler disons des produits chimiques a n'importe qui, on laisse manipuler les statistiques par n'importe qui. Les statistiques, leur etudes et leur comprehension c'est un metier qui s'avere vraiment indispensable a tous les niveaux (et pas seulement pour mettre au point des methodes mais surtout pour interpreter et detecter les erreurs d'interpretation et le champs possible d'interpretation). Or, les formations dispenser a tout a chacun sont relativement interessantes (j'ai pour reference les cours de Science-Po) mais incroyablement incomplet sur cette partie d'interpretation et de detection des piegesm pas souvent evident (j'en veux pour preuve les simples questions de probabilite dont il est question sur le sujet des Paradoxe sur ce meme site). Le danger c'est qu'en faisant croire qu'en sachant calculer un indicateur du minimum de vraisemblance, appliquer une ANOVA et appliquer des tests statistiques on sait faire des statistiques et on est a l'abris de 'la croyance populaire' dementis par les chiffres, c'est que c'est la qu'on a le plus de risque de se planter.

Un exemple flagrant (d'ailleurs le paradoxe avait ete poste sur le sujet evoque plus haut) serait le paradoxe de Simpson. Typiquement, tu prends un tableau avec deux groupes, A et B, pour repondre a une question du style "A ou B ?". Pour simplifier on considere un critere, exprime en pourcentage. Rien que sur ce simple cas, les choses compliquees. Considere a la lecture du tableau que A est meilleur que B. Si tu prends une partition aleatoirement de A et B en (a1,a2), (b1,b2), la probabilite que tu obtiennes B meilleur que A est mechamment proche de 1. Plus concretement, la partition consiste a choisir un critere supplementaire pour separer A et B (dans le cas de l'efficacite d'un medicament, il peut s'agir par exemple du sexe, ou de la couleur des yeux ou ce que tu veux) et ce resultat montre que tu peux toujours en pratique creer un critere pour donner le sens que tu veux, soit A soit B. Pire, tu peux avoir deux partitions qui donnent des resultats opposes (A dans un cas, B dans l'autre) et auquel cas tu es encore plus dans le flou.

C'est ainsi que tu peux faire dire que fumer augmente l'esperance de vie, rouler plus vite diminue les accidents, et ce genre de choses. Si ces exemples sont particuliers facile a voir c'est parce que tout le monde 'sait' que ce n'est pas vrai. On voit l'absurdite, mais dans beaucoup de cas pratique, il peut se passer que 1) l'auteur est malhonnete et s'arrange pour obtenir le resultat qu'il veut 2) (plus probable en pratique) l'auteur se fait pieger parce qu'il n'a pas pense a ce qu'on appelle un facteur de confusion qui en gros est un facteur non identifie qui joue sur les donnees et sur le resultat. Et l'identification de ces facteurs ne peut se faire que par des experts dans leur domaine (sauf ces cas triviaux), mais pour cela, il faut aussi que les experts soient assez competents ou eduques aux statistiques.

Dans l'ideal, il faudrait donc une expertise dans un domaine A et une expertise en statistiques pour pouvoir reellement faire serainement des statistiques. Ce n'est evidemment pas possibles et donc l'ideal pragmatique est de confier les etudes a des statisticiens et de ne pas les faire soi meme directement. C'est d'ailleurs la solution la plus courante au niveau de bien des entreprises, en temoigne la demande en statisticien qui explose (et leur salaire avec). Il reste encore du progres (surtout en politique, economie, justice mais aussi recherche paradoxalement).

Pour le coup, ce lien est vraiment bien: https://sciencetonnante.wordpress.com/2013/04/29/le-paradoxe-de-simpson/

+4 -0

là on est devant un cas basique, n'importe quelle personne qui a un master voir une licence en science sociale à reçu la formation en stats qui lui permet de traiter correctement le sujet: -calculer si le passage de 3.9 a 4.1 est facile à faire à partir du moment où on connait la loi mère et la variance. Si on considère que la loi est une gaussienne pas trop biscornue je doute qu'on ai plus d'un écart type de différence.. -idem pour l’intervalle de confiance c'est niveau l2 je dirais. Je suis d'accord avec toi pour dire normalement on choisit son niveau de risque et on calcul la taille de l'échantillon nécessaire. Mais à mon avis ça marche mieux dans les sondages que les études du genre. Dans le cas présent je vois plutôt le chercheur prendre toutes les données dispo (= tout les gens qui rentrent dans le bar) ou prendre un seuil arbitraire du genre.. De toute manière comment ne peut pas estimer avec précision la loi mère c'est du coup impossible de construire un intervalle de confiance correct: on peut toujours "bidouiller" la loi mère pour que 10 personnes soit un échantillon suffisant^^

Si le problème concernant les études en sciences sociale était un simple déficit technique dans l'approche statistique cela fait longtemps que ça serait résolu.. maintenant tous les étudiants ont une formation en statistique relativement poussée dans leurs cursus. Le soucis principal est la difficulté d'expérimentation qui doit se faire ans influencer les gens. C'est pour ça que l'économie comportementale reste très critiquée. Un résultat valide en labo est il vraiment solide et reflète il la manière réelle des gens de se comporter? Les données et expériences naturelles sont rares et ne correspondent qu'à quelque chose valable pour un instant t et une zone donnée.. Et ça tu ne peux pas y faire grand chose, quel que soit le niveau de formation en statistique des personnes…

PS: l'article est vraiment intéressant! Ça illustre bien à quel point il est important de connaitre un sujet pour pouvoir exploiter correctement les statistiques associées.. En allant un peu plus loin on peut soulever le problème de la "dictature" des statistiques aujourd'hui: on surveille les chiffres du chômage, la croissance, de ceci ou cela pour savoir quelle conduite adoptée. Mais sans le recul pour comprendre réellement ce que ces chiffres montrent ce qui peut conduire à des décisions stupides. Exemple simple: si dans un département la mortalité routière en janvier passe de 4 morts à 6 morts alors le prefet va réagir et prendre tout un tas de mesure pour contrer cette extraordinaire et inadmissible hausse de 50% de la mortalité…

+0 -1

Justement non. Ce que je te dis c'est qu'il ne suffit pas de lacher quelques noms techniques pour vraiment comprendre ce qu'on fait.

Et justement non, aucun etudiant a ma connaissance n'a une formation tres poussee en statistique, sauf ceux qui font des mathematiques voire de la statistique uniquement. Et la preuve, le 'a mon avis ca marche mieux' revele tres clairement un niveau de connaissance zero dans le domaine. Savoir manipuler une loi de probabilite et faire un test statistique ce n'est pas faire des statistiques, c'est un pre-requis pour commencer a pouvoir en faire. Comme je le disais, savoir calculer un estimateur du maximum de vraisemblance, estimer les parametres d'une loi, ce n'est qu'une partie, la partie pas interessante et techniques des statistiques mais il manque la partie reellement interessante et intellectuelle.

Entre les affirmations peremptoires sans fondemment (et fausses de surcroit) du type 'De toute manière comment ne peut pas estimer avec précision la loi mère1 c'est du coup impossible de construire un intervalle de confiance correct' ou les trucs fondamentalement faux comme 'connait la loi mère et la variance' (un loi de Cauchy n'admet pas de variance par exemple) ou encore le manque de connaissance sur les methodes statistiques avec 'Dans le cas présent je vois plutôt le chercheur prendre toutes les données dispo' (il y a differents types de donnees, on peut construire des jeux pour casser les facteurs d'influences, mais en science sociale cela peut vite devenir pas tres ethique voire irrealisable), cela ne fait que me renforcer un peu plus dans le fait qu'il y a une carrence effarante en statistiques et probabilites chez ceux qui en ont le plus besoin normalement (ou devrait deleguer cette partie).

'Et ça tu ne peux pas y faire grand chose, quel que soit le niveau de formation en statistique des personnes…' c'est exactement le genre d'argument qui donne envie de se cogner la tete contre un mur lorsqu'on discute avec des gens de sciences sociales. Comme si la modelisation c'etait facile en physique et de facto plus difficile en science sociale…

Et ton PS arrive a point nomme par rapport a ce que je te disais en prive. Les indicateurs de chomages et tous les indicateurs d'agregation en general sont des constructions sociales arbitaires. Le savoir c'est pouvoir definir clairement ce qu'un indicateur peu ou ne pas dire. En l'occurrence absolument tous les indicateurs standards en economie sont absolument biaises (pas au sens mathematiques). C'est pas bien grave en soit si on le sait, sauf si cela rend l'indicateur inutilisable dans la majorite des cas. Aussi savoir cela devrait permettre de faire evoluer les indicateurs voire eviter d'agreger des choses multidimensionnelles dans un pauvre scalaire dimensionnel car a un moment on ne reduit plus l'information, on la detruit (en fait on la detruit toujours, mais des methodes de reductions type PCA sont la pour dire comment reduire correctement), pour obtenir un panel plus complet d'indicateurs plus representatif de la realite (mais ca complexifie l'analyse et les stat dessus, d'ou le besoin du statisticiens: permettre de faire des choses un peu plus serieuses, plus a jour, plus performante ou que sais-je. Quand je vois que des outils standards en economie peuvent etre des outils qui ont deux siecles alors qu'on a fait un paquet de progres dans le domaine, ca fout les boules).

Un exemple parmi des centaines: comment veux-tu par exemple comparer un PIB entre deux pays avec 20 a 30 points de bien de services de difference dans le total de producteurs de richesses, surtout lorsque l'on axiomatise par ideologie qu'un bien ou service non marchand a pour valeur ce qu'il coute ? Etc. Etc.


  1. Je ne sais pas trop ce que tu entends par la. Je suppose que c'est la loi de la VA que tu etudies et dont tu n'as generalement pas acces directement. 

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Effectivement. Mais c'etait des remarques plus d'ordre general pour repondre a tes questions sur l'article (meme si j'ai pris exemple dans ton message ce n'etait pas adresse qu'a toi et certainement pas personnel).

Apres je connais pas du tout le domaine aborde dans l'article et du coup je l'ai lu avec plaisir. :) Ca fait quand meme une belle brochette d'articles sur des sujets supers varies en ce moment.

Pour la musique forte dans les bars il y a eu la remarque "on s'entend moins alors on boit plus", mais ne serait-ce pas aussi un cote "euphorisant" d'une écoute a haut volume qui entraîne la consommation ? La même étude avec différents types de musique aurait été intéressante (classique vs electro vs rock par exemple)

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Pour le côté euphorisant ou non de la musique forte, il y a plusieurs modèles interprétatifs. La seule chose que l'on sait avec certitude, c'est que ça marche.

La même étude avec différents types de musique aurait été intéressante (classique vs electro vs rock par exemple)

Eskimon

Je pense qu'on peut déjà présumer du résultat de la confrontation entre classique et rock ^^ . Mais comparer les effets de l'électro et du rock pourrait être très intéressant.

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Personnellement je ne comprends pas la stratégie des grandes surfaces. Contrairement à ce qui est dit ici, la musique de ces magasins a fortement tendance à être gonflante (au mieux). On n'a qu'une envie, c'est de sortir au plus vite. Et je ne suis pas bien sûr que ce soit bon pour la vente, ça.

+1 -0

Personnellement je ne comprends pas la stratégie des grandes surfaces. Contrairement à ce qui est dit ici, la musique de ces magasins a fortement tendance à être gonflante (au mieux). On n'a qu'une envie, c'est de sortir au plus vite. Et je ne suis pas bien sûr que ce soit bon pour la vente, ça.

Breizh

Réponses potentielles :

  • Ils ne s'en rendent pas compte ;
  • Ce n'est pas la réaction majoritaire.

Je ne suis pas contre d'autres articles sur ce thème, les stratégies des publicitaires sont toujours fascinantes…

Deathekirl

J'en ai publié un autre :) ! Un troisième est en préparation.

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