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Interview : Rencontre avec Dominus Carnufex

Des tutos, des articles, des posts de forums, sur tant de sujets… Qui se cache derrière tout ça ?

Dominus Carnufex

Bonjour Dominus Carnufex ! Pour commencer, dis-nous, qui es-tu ?

Bonjour Eskimon. ^^ Je suis un jeune homme de 24 ans, originaire du Sud de la France, et archiviste de métier.

On peut voir que tu postes de nombreux tutoriels notamment sur les langues. Qu’est ce qui t’attire vers ces dernières ?

Je n’en ai pas la moindre idée, pour être tout à fait honnête. J’ai toujours eu une facilité certaine pour les apprendre et le goût de comprendre comment elles fonctionnent, mais je ne saurais pas te dire pourquoi j’aime ça.

Et finalement, combien en connais-tu et/ou utilises-tu régulièrement ?

C’est une vaste question. Je parle couramment français, anglais, allemand et latin, et j’ai un niveau disons lycée en espagnol. Je comprends à l’écrit avec un peu d’aide et je suis capable de baragouiner une demi-douzaine d’autres langues (provençal, gascon, italien, suédois, les deux norvégiens), et j’ai des connaissances disparates inutilisables en pratique dans des dizaines d’autres.

Est-ce que cela te sert pour ton métier d’archiviste ? D’ailleurs, en fait, ça fait quoi un archiviste ?

Le latin, oui. Pas mal de documents médiévaux et encore quelques documents postérieurs sont écrits dans cette langue. En revanche, les autres ne me servent pas dans mon métier.

Le travail de l’archiviste se décompose grossièrement en trois périodes. Dans un premier temps, il travaille au sein d’une organisation (une collectivité publique, une entreprise, une association…) à analyser la production documentaire de cette dernière, c’est-à-dire grosso modo tout ce qu’elle produit comme documents papiers ou numériques. Le but est de déterminer qui fait quoi, pourquoi tels documents sont produits et quelles informations ils contiennent, à qui servent ces informations et pendant combien de temps, etc.

L’objectif final est de déterminer quels documents peuvent être détruits quand le producteur n’en a plus d’usage immédiat, et lesquels doivent être conservés pendant un temps plus ou moins long. Notez bien que l’archiviste ne décide pas cela tout seul dans son coin : il y a des prescriptions légales pour certains documents, et une immense base de bonnes pratiques pour la plupart du reste. Cela s’accompagne dans l’idéal d’une sensibilisation des producteurs aux problématiques d’archivage, essentiellement pour leur faire comprendre qu’ils ne doivent pas détruire les documents sans notre aval, et que s’ils nous remettent un tas de merde où tout est mélangé, on ne pourra pas faire de miracle… ^^

Dans un second temps (qui est parfois, pour des questions de moyens, le premier), l’archiviste a la charge de récupérer auprès des producteurs les documents dont ils n’ont plus ou peu besoin. Il faut alors garder la trace de qui a versé quoi, séparer physiquement ce qui sera détruit à terme et ce qui sera conservé indéfiniment, constituer ou mettre à jour l’inventaire de tout ce qui est conservé. Puis, s’assurer que le risque de destruction accidentelle des documents est minimal, vérifier régulièrement que rien n’a disparu, détruire les documents qui sont arrivés au bout de leur sursis en s’assurant qu’aucune information compromettante ne sorte de l’organisation, et faire en sorte que si quelqu’un a besoin d’un document archivé, on puisse le retrouver rapidement.

Cette étape est directement dépendante des moyens mis à disposition du service d’archives. En effet, quand une archiviste seule1 doit gérer la production des services municipaux d’une commune de quinze mille habitants, elle n’a pas matériellement le temps d’ouvrir chaque boite pour vérifier en détail ce qu’il y a dedans : si le pré-archivage n’a pas été fait correctement, l’inventaire peut très bien se résumer à « 130 boites versées par Machin, 2003‑2015 », créant ainsi des archives mortes car personne n’aura le courage de chercher un document précis dedans. Dans un autre ordre d’idée, mettre en place les conditions de température, d’humidité et de tout le reste idéales pour la conservation d’archives coûte très cher, et peu de services peuvent se le permettre.

Enfin, dans un troisième temps, et toujours si elle en a les moyens, l’archiviste va s’efforcer de donner une seconde vie à ses documents. Cela passe en premier lieu par le fait d’accueillir ceux qui voudraient consulter tel ou tel document (dans la limite de la légalité), et de numériser les documents les plus demandés pour les rendre accessibles à un plus large public (et accessoirement, mieux préserver les originaux). En second lieu, si les documents le permettent, on peut organiser des actions de valorisation : expositions, visites de scolaires, publications de pièces intéressantes dans une gazette locale ou encore information auprès des chercheurs et sociétés savantes.

Comme vous le voyez, un métier assez diversifié au quotidien, et c’est une des raisons principales pour lesquelles j’aime mon métier. Après, il faut garder à l’esprit que je vous présente là ce que peut faire une archiviste ayant toute latitude dans ses actions : la réalité peut être beaucoup plus réduite pour peu qu’on soit dans un grand service d’archives et en bas de l’échelle, ou dans une organisation qui ne voit d’intérêt à vous payer que pour une partie de ces missions.

Un exemple de document d’archive

Un document d’archives ressemble plus souvent à ça qu’à un parchemin poussiéreux. Désolé de casser le mythe. :D (domaine public)

Archiviste ce n’est pas un métier dont on entend parler tous les jours ! Comment en es-tu arrivé là ?

À la base, quand j’étais ado, j’étais usager des services d’archives, essentiellement pour de la généalogie. Les Journées du Patrimoine m’ont permis de découvrir l’autre côté du comptoir, et ça m’a vraiment branché. Puis quand j’étais en Seconde, mes parents ont entendu parler de l’École des Chartes : c’est une grande école spécialisée dans les métiers du patrimoine, particulièrement réputée pour sa formation en archives, et qui offre l’avantage indéniable que ses étudiants sont payés pendant leurs études.

J’ai su que c’était là que je voulais aller étudier, alors mon Bac S en poche, j’ai fait deux ans de prépa Chartes, avant de décrocher le concours tant attendu. :-)

Un Bac S ? J’aurais plutôt vu un L ou ES à la rigueur ! Lors de l’interview de Solid sur le métier de comptable on a découvert qu’il fallait avoir des connaissances en droit. Au vu des documents que tu manipules est-ce ton cas aussi ?

C’est une méconception courante. :-) Un bon archiviste doit être rigoureux, méthodique, organisé et aimer quand les choses sont bien rangées dans des cases.

Et oui, le droit est une part importante de notre formation. À commencer parce que notre métier est encadré par des dispositifs légaux parfois très précis (par exemple, sur les délais qu’il faut attendre pour pouvoir communiquer certains documents au public) qu’il nous faut connaître. Ensuite, parce que travailler dans le public, ce qui concerne la majorité des archivistes, implique d’avoir une bonne connaissance du fonctionnement des institutions, et du droit public de manière générale. Quant aux archives privées, elles sont régulièrement concernées par certains aspects du droit de la propriété intellectuelle.

Existe-t-il différentes branches ou spécialités dans ce métier ? Car quand on me parle d’archives, j’imagine assez bien une salle de stockage de pièces à conviction :D

Ça existe, ça existe ! Aux archives départementales de la Haute-Garonne, il y a des salles entières remplies de sacs de jute contenant les pièces de procédure et parfois les pièces à conviction de procès étalés entre le XIVe et le XVIIIe siècle. :D

Plus sérieusement, il peut arriver qu’on se spécialise sur un domaine au cours de sa carrière : par exemple, sur les archives privées, ou sur les archives modernes (c’est-à-dire entre la Révolution et le milieu du XXe siècle environ). Mais c’est plus un choix de carrière que véritablement une spécialité : à part les archives anciennes et les archives électroniques, qui nécessitent des savoirs particuliers, on peut passer assez facilement d’un domaine à un autre.

Le bureau de l’archiviste

Le bureau de l’archiviste (CC-BY-SA, source).

Tu as aussi des tutos sur l’informatique ! Preuve en est s’il le faut que les arts littéraires ne sont pas incompatibles avec les sciences. ^^ D’où vient cet intérêt ? Est-ce de la pure curiosité ou cela te sert dans tes activités ?

Comme je l’ai dit plus haut, j’ai 24 ans : j’ai baigné toute ma vie dans l’informatique, aidé en cela par ma mère, libriste de la presque première heure. J’ai découvert Internet fin 1998 et commencé à bidouiller des sites Web avec ma mère à peu près à la même époque, tandis que mon père m’enseignait les rudiments du Fortran 77 (ha ha !). Naturellement, j’ai continué à en apprendre toujours plus, avec des livres d’abord, puis sur Internet (sur le SdZ, par exemple :P ), et en pratiquant plus ou moins.

Au quotidien, dans mon métier, cela me sert assez peu : à l’utilisation, les outils informatiques de l’archivistique sont assez simples. Cela étant, savoir de quoi on parle permet un dialogue plus égal avec les services info ou les prestataires, ce qui n’est vraiment pas un mal…

Ça semble pas mal être un métier « avec du papier » cependant. Ayant un pied bien enfoncé dans le monde de l’informatique, trouves-tu qu’il y a une évolution des pratiques/outils justement ou au contraire les méthodes restent assez « conservatrices » ?

Au niveau de l’archiviste, les outils et méthodes sont déjà pleinement ancrés dans l’informatique. Dans les années 1980, on a globalement abandonné l’organisation thématique des inventaires (pour les archives contemporaines !) pour adopter un système de classement par index (en gros, les tags de l’informatique) qui ne peut fonctionner correctement que si l’outil d’inventaire est informatisé. Ou encore, la norme ISAD(G), qui est la référence en termes de description d’un fonds d’archives, fonctionne optimalement sur ordinateur, et s’intègre très bien avec le protocole de transmission de méta-données OAI-PMH utilisé par des trucs comme arXiv.

Il existe tout un marché des logiciels d’archivage, malheureusement encore largement dominé par les logiciels propriétaires, avec des solutions assez diverses, notamment dans le domaine de la mise à disposition sur Internet de documents numérisés.

Le gros changement de cette dernière décennie, c’est la place de plus en plus prépondérante que représentent dans la production les archives nativement numériques. Il y a bien sûr un gros travail à faire du côté des archivistes pour apprendre à les gérer, collectivement comme individuellement, mais une bonne partie est déjà faite : il existe des normes assez pointues pour assurer la pérennité et la validité juridique de telles archives, certains documents (notamment dans la comptabilité publique) n’existent plus du tout en version papier, et des logiciels capables de gérer toute la chaîne archivistique numérique commencent à faire leur trou.

Le principal obstacle au développement de cet aspect du métier d’archiviste, ce sont les producteurs. En effet, conserver durablement des archives numériques, c’est une installation lourde et coûteuse. Un morceau de papier pas trop soumis aux aléas pourra sans difficulté être conservé pendant un millénaire ; un CD ou un disque dur survivra péniblement vingt ans. Il faut donc impérativement disposer de sauvegardes redondantes, dans des lieux différents, et surprotégés2. Le hic, c’est que la plupart des producteurs (et en particulier les décideurs) ont énormément de mal à admettre qu’un mail ou un document Word soient des archives, et qu’il faille se donner autant de mal pour les conserver. Les préjugés ont la belle vie ! ^^

Enfin, les archives peuvent être concernées par des problématiques numériques a priori improbables. Vous souvenez-vous du projet de règlement européen « anti-Facebook » sur le droit à l’oubli, qui obligeait les organisations utilisant des données personnelles à les détruire à la fin de leur durée d’utilité pour la personne concernée ? Il aurait obligé les services d’archives à détruire tous les documents concernant une personne privée à sa mort, c’est-à-dire la quasi-totalité de ce que nous conservons. L’AAF et le SIAF ont dû passer des mois à faire du lobbying pour qu’une exception soit introduite concernant les archives. Dans une loi sur Facebook, donc…

Un exemple d’inventaire en ligne

Un exemple d’inventaire en ligne (capture d’écran par Dominus Carnufex).

^^ Intéressant cette intrication entre le monde virtuel et les données bien physiques ! Eh bien merci à toi pour toutes ces informations et cette superbe découverte du monde des archives ! Un petit mot avant de finir ?

Valete3 !


  1. Il y a au bas mot 80 % de femmes dans le métier, l’accord semble s’imposer. :-) 

  2. La loi interdit de confier la conservation des archives publiques définitives à une personne extérieure. On ne peut donc recourir à un prestataire extérieur que pour des archives qui seront détruites à terme, et pour le reste, il faut faire sa tambouille maison. 

  3. C’est le « A ciao bonsoir ! » de Cicéron. ^^ 



31 commentaires

Du coup je me demande, quand les archives auront récupéré tout ce qui s'est passé depuis 100 ans en terme de production, où ils stockent tout ça ?

Il y a deux réponses à cette question. Pour certaines typologies documentaires, on fout presque tout à la poubelle, parce qu'on sait qu'on ne pourra jamais tout stocker. C'est particulièrement le cas de ce qu'on appelle les documents sériels, c'est-à-dire ceux qui sont globalement identiques pour toutes les personnes concernées, par exemple, les dossiers de personnel. On fait alors un échantillonnage : on va conserver uniquement les dossiers des gens dont le nom commence par (je dis au hasard, je me souviens plus de la règle exacte) D, MI et CHA.

Les dossiers de BTP n'ayant pas nécessité un marché public partent presque tous à la poubelle, quand ils ne servent plus. Et les dossiers recalés d'un marché public partent à la poubelle au bout de dix ans, de même que les pièces justificatives des comptes (enfin, plus maintenant, puisqu'elles doivent désormais être intégralement numériques). Etc.

Et une fois que ce nettoyage préliminaire est fait, ben… on fait ce qu'on peut. Dans les services déshérités ou quand il n'y a tout simplement pas de service, on stocke ça dans une pièce qu'on veut bien nous laisser et on gratte les fonds de tiroir : j'ai été amené à stocker des plans cadastraux en rouleaux dans un genre de placard, intégré au mur d'un couloir, dont personne ne voulait. Et un service d'archives départementales dont je tairai l'identité a dû surélever ses étagères bien au-delà des instructions des normes anti-incendies.

Dans les services plus riches, il y a un bâtiment dédié, avec souvent de grandes tours pleines de magasins, que l'on appelle des silos. Et quand on se rend compte qu'il va bientôt être plein, on commence à essayer d'obtenir le financement pour faire construire un nouveau bâtiment encore plus grand. Ce qui est, pour être totalement honnête, un parcours du combattant, et demande en moyenne dix ans. De plus en plus, les services d'archives en sont réduits à construire leur nouveau bâtiment en commun avec la bibliothèque locale, pour « mutualiser les frais » et parce que les bibli ont de bien meilleures subventions que nous.

Est-ce qu'il y a par ailleurs une redondance des fichiers si un incendie se déclare dans de tels locaux ?

Haaaaahahahahahaha !

Non. Les documents numérisés sont évidemment une copie de fait. Et certains documents ont été microfilmés et sont conservées aux archives d'Espeyran. Mais ça représente un pouième de tout ce qui est conservé.

En fait, dans certains services, il y a un plan d'évacuation pour déterminer ce qui doit être sauvé en cas de catastrophe et ce qu'on abandonne parce qu'on n'a pas le temps de sortir grand chose quand le bâtiment est en flammes. Et quand ça crame, ça crame. C'est très triste, mais ça fait partie des risques du métier.

J'ai l'impression, de mon point de vue, que de nombreuses professions qui doivent avoir de telles archives (notamment ceux du droit) ne sont pas assez conscients de comment gérer et protéger leurs propres archives.

Je ne suis pas d'accord avec « de nombreuses professions » : « toutes les professions » serait plus exact. :P Troll mis à part, j'ai eu des matrices cadastrales conservées devant une immense baie vitrée (donc en plein cagnard) dans un couloir connu pour prendre la flotte. Avant que j'arrive, ma collègue avait dû sauver le cadastre napoléonien qui traînait dans ce même couloir et commençait à être infesté de poissons d'argent (un genre de termite qui creuse des galeries dans le papier pour faire son nid), une saloperie qui met des mois à être éliminée.

Une grosse commune du Sud-Est n'a plus aucun document d'archives entre la période napoléonienne et les années 1970, parce que quand ils ont changé de bâtiment pour la mairie, les archives qui ne servaient plus sont restées dans l'ancien…

Est-ce que la profession fait des exercices de formation et de préventions auprès de telles professions ? Est-ce que cela t'es arrivé d'en faire ?

On essaye, mais on a rarement les moyens humains de le faire. D'autant qu'on part souvent de très très loin : l'exemple typique, c'est l'employé de mairie qui t'explique qu'il a bien des papiers, mais que c'est rien de très intéressant, et à qui il faut faire comprendre que si, c'est intéressant, et qu'il ne doit pas les détruire de son propre chef (même si on en détruira sans doute une bonne partie nous-mêmes, pour les raisons évoquées ci-dessus).

Pour ma part, j'ai eu très peu l'occasion de pratiquer cette activité. Ponctuellement, auprès d'un gus donné ou l'autre. Et des conférences devant des gamins, à qui je montrais avec de vrais documents de mes archives le résultat que donne chacun des principaux risques de destruction de documents (eau, feu, soleil, poissons d'argent, etc.).

Par ailleurs, que se passe-t-il si un membre d'une profession ne peut restituer les archives à la date demandée car les documents sont abimés voire disparus ?

On serre les dents et on lui fait remarquer sa négligence sans trop s'énerver, parce que le pire qui puisse arriver, c'est que la prochaine fois, il balance tout au feu. En théorie, en cas de destruction volontaire ou de négligence caractérisée, on peut passer par le préfet pour obtenir des sanctions ou une saisie préventive des documents restants, mais dans la pratique, ça reste rarissime.

Même quand quelqu'un a volé des archives, et qu'on finit par le savoir parce qu'elles ressortent quand leurs descendants en héritent, il est très difficile de remettre la main dessus sans les racheter. N'essayez pas pour autant, ça reste passible de 7 ans de prison si vous vous faites gauler.

+1 -0

Parce que j'avais oublié de répondre à certains.

Du coup, je reviens sur ZdS, c'est un chouette site.

thwx

Le savoir accessible gratuitement, ça doit vous parler, en tant que bibliothécaire. :D

Petite pensée pour les validateurs de contenus et de ZEPs.

Vayel

C'est méchant. :( Pour le contenu comme pour les ZEP, je fais le maximum pour que tous les retours m'aient déjà été faits (bêta / trèèès longue préparation des ZEP) et que les validos n'aient plus qu'à donner leur imprimatur, ou presque…

Eh bien, je voudrais savoir s'il existe des softs, open source de préférence, qui permette de mettre "automatiquement" à disposition via un site web un ensemble d'archives :) . Et si "automatique" il y a, jusqu'à quel point est-ce automatique ?

germinolegrand

Le logiciel libre ICA-AtoM dont j'ai parlé permet d'associer une fiche de l'inventaire numérique à une ou plusieurs images. Mais ça reste très limité (les images sont importées dans l'arborescence du logiciel et ne peuvent donc pas être stockées sur un serveur annexe, ne parlons pas de plusieurs serveurs) et, pour être tout à fait honnête, leur système de gestion des documents numérisés est à chier. En fait, chaque image importée crée une fiche de type « pièce » rattachée à ta fiche d'inventaire, ce qui n'a généralement aucun sens : une double page d'un registre n'est pas une pièce, elle n'a rien à foutre explicitement décrite dans l'inventaire.

Concernant les autres logiciels (non open source, donc), je n'ai jamais utilisé leur gestionnaire de documents numérisés côté archiviste (côté usager, très souvent, mais ça n'apprend rien sur le fonctionnement interne de la bête) donc je préfère ne pas m'avancer. Mais sur certains, la consultation utilisateur est déjà bien merdique, alors j'ose à peine imaginer le back office

PS : je me rends compte que mes messages de ce soir sont assez négatifs. N'allez pas croire que je n'aime pas mon métier. Mais c'est un métier difficile, qui apporte peu de reconnaissance sociale, et le nier serait contre-productif.

+0 -0

PS : je me rends compte que mes messages de ce soir sont assez négatifs. N'allez pas croire que je n'aime pas mon métier. Mais c'est un métier difficile, qui apporte peu de reconnaissance sociale, et le nier serait contre-productif.

Bof, pas plus négatif que d'autres. Je pourrais être (et je le suis) aussi négatif contre certaines réalités dans le domaine juridique et je pense que d'autres ici peuvent faire de même pour l'informatique. Entre ce que nous vendent les établissements universitaires et les réalités du terrain, y'a un gouffre. En droit, c'est l'inverse : on a "tellement" de reconnaissance sociale qu'il y a des mythes qui persistent.

Petite pensée pour les validateurs de contenus et de ZEPs.

Perso, pas moi que ça dérange. :D

+0 -0

Il y a deux réponses à cette question.

Comme à toutes les questions. ^^

Comprenne qui pourra.

C'est méchant. :( Pour le contenu comme pour les ZEP, je fais le maximum pour que tous les retours m'aient déjà été faits (bêta / trèèès longue préparation des ZEP) et que les validos n'aient plus qu'à donner leur imprimatur, ou presque…

Je parlais de la quantité bien entendu. :)

Perso, pas moi que ça dérange. :D

Oui mais toi tu n'as peur de rien ! :P

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Il y a deux réponses à cette question.

Comme à toutes les questions. ^^

Comprenne qui pourra.

Vayel

Dépend de ce que disent le poète et le savant.

@Dominus

J'ai un peu travaillé dans une équipe de Thalès Communication & Security et l'une de leurs activité était de prévoir l'archivage de tout un tas de données numériques (les bdd d'exploitation notamment), et surtout de s'assurer que les bobines magnétiques produites par les robots étaient bien conservées et testées. J'ai l'impression que ça va à l'encontre de ce que tu dis quand tu affirmes que les entreprises ont du mal à considérer leurs archives numériques comme des archives.

Surtout quand on voit la popularité apparente en ce qui concerne le CD d'archivage en verre.

Eh bien, je voudrais savoir s'il existe des softs, open source de préférence, qui permette de mettre "automatiquement" à disposition via un site web un ensemble d'archives :) . Et si "automatique" il y a, jusqu'à quel point est-ce automatique ?

germinolegrand

Le logiciel libre ICA-AtoM dont j'ai parlé permet d'associer une fiche de l'inventaire numérique à une ou plusieurs images. Mais ça reste très limité (les images sont importées dans l'arborescence du logiciel et ne peuvent donc pas être stockées sur un serveur annexe, ne parlons pas de plusieurs serveurs) et, pour être tout à fait honnête, leur système de gestion des documents numérisés est à chier. En fait, chaque image importée crée une fiche de type « pièce » rattachée à ta fiche d'inventaire, ce qui n'a généralement aucun sens : une double page d'un registre n'est pas une pièce, elle n'a rien à foutre explicitement décrite dans l'inventaire.

Concernant les autres logiciels (non open source, donc), je n'ai jamais utilisé leur gestionnaire de documents numérisés côté archiviste (côté usager, très souvent, mais ça n'apprend rien sur le fonctionnement interne de la bête) donc je préfère ne pas m'avancer. Mais sur certains, la consultation utilisateur est déjà bien merdique, alors j'ose à peine imaginer le back office

Dominus Carnufex

Merci de ta réponse :)

Il y a donc là un véritable (presque) vide informatique, et une place à combler. Intéressant à savoir.

Il y a deux réponses à cette question.

Comme à toutes les questions. ^^

Vayel

Dépend de ce que disent le poète et le savant.

artragis

Laquelle veux-tu entendre ? :D

+0 -0

Comme à toutes les questions. ^^

Vayel

Je l'ai vraiment pas fait exprès… Tu m'as donné envie de le relire, tiens ! ^^

Je parlais de la quantité bien entendu. :)

Vayel

Tant que je produis moins que mewtwo, c'est que je ne produis pas assez. :P

J'ai un peu travaillé dans une équipe de Thalès Communication & Security et l'une de leurs activité était de prévoir l'archivage de tout un tas de données numériques (les bdd d'exploitation notamment), et surtout de s'assurer que les bobines magnétiques produites par les robots étaient bien conservées et testées. J'ai l'impression que ça va à l'encontre de ce que tu dis quand tu affirmes que les entreprises ont du mal à considérer leurs archives numériques comme des archives.

artragis

Alors, là-dessus, je ferai plusieurs remarques.

  • Ce dont tu me parles semble correspondre plutôt à des données nativement numériques correspondant au fond de commerce de cette entreprise. Est-ce que ces gens considéraient comme un fait acquis que les mails qu'ils s'échangeaient au quotidien, le PPT qu'ils préparaient pour la réunion d'équipe hebdomadaire, les modèles de lettres des secrétaires, le PDF du rapport d'activité qu'ils viennent d'imprimer ou les maquettes de brochures publicitaires sont des archives ? C'est rarement le cas.
  • Je ne parle pas que des entreprises, mais aussi des administrations publiques.
  • Il existe bien évidemment des exceptions, comme en tout domaine de l'activité humaine, mais la tendance générale est à considérer que les archives sont forcément sur un support papier. Pour donner un exemple moins connoté, il y a beaucoup de gens qui n'envisagent pas un seul instant qu'il puisse exister des archives audio.

Surtout quand on voit la popularité apparente en ce qui concerne le CD d'archivage en verre.

artragis

La solution technique a l'air intéressante, mais elle souffre de plusieurs défauts, qui peuvent expliquer qu'elle n'ait pas été massivement adoptée dans les services d'archives. Je ne parlerai ici que du disque en saphir, le disque en verre étant inenvisageable pour une utilisation de masse : le verre est une saloperie qui nécessite des conditions de conservation très spécifiques (et gourmandes en place) et une forte surveillance des usagers qui veulent le consulter pour ne pas se casser, cf. les daguerréotypes sur plaque de verre.

Premièrement, le coût. Il est question de 10 000 euros pour stocker 10 000 pages. À titre de comparaison, un téraoctet de stockage sécurisé peut coûter jusqu'à 10 000 euros si toute la mise en place de l'infrastructure reste à faire, bien évidemment moins s'il s'agit d'ajouter des disques à une infrastructure en place. La différence, c'est qu'on peut y stocker de l'ordre de 40 millions de pages de données nativement numériques en PDF.

Et juste pour dire, dix mille pages, c'est que dalle. L'état-civil d'une année (donc juste les actes de naissance, décès, mariage, des documents qu'on ne remplit qu'une fois dans une vie (ou 2-3 fois pour le mariage) et de toute petite taille comparée à un dossier de la CAF) représente environ 900 000 pages.

Deuxièmement, la facilité de consultation. Car la plupart des archives ont vocation à être consultée un jour ou l'autre, sinon, on ne les conserverait pas. Et ce n'est pas pour rien que l'on préfère largement, lorsque les moyens sont au rendez-vous, avoir des archives numériques sous forme de texte que sous forme d'images : il devient infiniment moins coûteux de les indexer, de rechercher dedans ou de faire un traitement semi-automatique sur le texte signifiant.

Il y a par exemple quelques (rares) expériences de dépouillement collaboratif des listes nominatives de recensement effectuées entre les années 1830 et la fin des années 1940 : c'est une source de données extrêmement intéressante, mais retrouver une personne là-dedans prend plusieurs dizaines de minutes (voire plusieurs heures) car il faut parcourir chaque page une par une.

Or les disques de saphir dont il est question ne proposent qu'un stockage analogique, sous forme d'images. Autant l'intention est louable : maximiser la possibilité de le lire quelle que soit l'évolution de la technologie. Autant elle ne peut pas s'appliquer à tous les contextes : consulter la notice technique d'un avion dans un format image, ce n'est pas très gênant ; il en va tout autrement quand on veut faire une étude comparative de 28 000 dossiers de soutenance de thèse (histoire vraie !)… ^^

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