Licence CC BY-SA

Actualité 2017 en secourisme

Découvrons les tendances françaises de cette année

Bien le bonjour !

Comme l’année dernière dans l’article « Actualité 2016 en secourisme », je vous propose de découvrir l’actualité du secourisme en 2017. Avant toute chose, je précise que je n’ai malheureusement pas eu le temps d’assurer une veille sur le sujet pour l’ensemble des pays francophones. Par conséquent, je ne parlerai dans cet article que de l’actualité en France. Toutes mes excuses à nos ami·e·s francophones non français·es.

Une organisation plus difficile pour les grands dispositifs de secours

Un décret publié cette année, officiellement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, va venir complexifier l’organisation des grands postes de secours. Son petit nom : 2017-587.

En effet, celui-ci impose désormais aux organisateurs de grands évènements de déclarer à l’avance les personnes qui seront présentes à un autre titre que celui de spectateur. En clair, les organisateurs eux-mêmes, musiciens, techniciens, logisticiens, secouristes et toutes les personnes participant à la tenue de l’évènement devront être déclarées aux autorités administratives.

Sur cette déclaration devront figurer l’identité, la nationalité, la date et le lieu de naissance de la personne ainsi que son motif d’accès.

Un des principaux problèmes posés par ce décret est donc celui du remplacement. Que faire si un secouriste est malade la veille de l’évènement ? Il est peu probable qu’il puisse se faire remplacer par quelqu’un d’autre qui n’aura pas été déclaré.

Affaire à suivre, donc.

Un nouveau référentiel pour le PSC1

Cette année, le référentiel du PSC1 (Premiers Secours Civiques niveau 1), le diplôme grand public de secourisme en France, a eu le droit à une refonte salutaire pour actualiser son contenu. Il en avait bien besoin : la dernière version datait de 2012.

Dans cette nouvelle version…

Hémorragies

La définition de l’hémorragie est élargie pour mieux coller à la réalité. Le référentiel la définissait comme consécutive d’« une plaie, un traumatisme ou une maladie », elle est maintenant « secondaire à un traumatisme comme un coup, une chute, une plaie par un objet tranchant (couteau), un projectile (une balle) ou une maladie […] ».

La conduite à tenir est elle aussi modifiée. Au lieu de comprimer soi-même la plaie, la recommandation est désormais de demander à la victime de le faire si elle en est capable (et de le faire soi-même sinon). Si l’hémorragie est intense ou que la victime est en état de stupéfaction, ceci est probablement inutile car, soit elle n’aura plus la force nécessaire à la compression, soit elle sera trop impressionnée pour pouvoir la faire. Aussi, comme les nouvelles de l’an dernier semblaient le suggérer (voir « Vers la dédiabolisation du garrot »), le garrot est de retour dans le secourisme grand-public car sa pose est désormais indiquée par le référentiel quand la compression manuelle n’est pas efficace, c’est à dire quand le sang continue de couler.

Numéros d’urgence

Concernant les numéros d’urgence, il semble y avoir une volonté de tempérer l’hégémonie du 15, le numéro du SAMU. En effet, au lieu de « contacter le centre 15 pour signaler l’aggravation », la recommandation est désormais de « contacter à nouveau les secours pour signaler l’aggravation ». On peut peut être y voir une volonté de donner une plus grande place au 112, le numéro d’urgence paneuropéen. Cela serait cependant en contraste avec le fait qu’un nouveau numéro d’urgence ai été ajouté l’an dernier (voir « Un nouveau numéro d’urgences »).

Traumatismes

Enfin, quant aux traumatismes, on constate un rapprochement avec le référentiel du diplôme PSE1, le diplôme des secouristes dans les postes de secours (les pompiers passent aussi une formation interne qui suit ce référentiel). En effet, la conduite à tenir (CAT pour les intimes) indique désormais que le sauveteur doit demander à la victime (si elle est consciente bien sur) de ne pas bouger la tête, et doit si possible la tenir à deux mains. Les secouristes suivent une procédure très similaire en cas de traumatisme impactant la tête ou le dos, afin de s’assurer de ne pas aggraver une éventuelle lésion de la moelle épinière. Ils posent ensuite un collier cervical afin de seconder ce maintien. Cela a cependant quelques inconvénients, dont l’aspect stressant que cela peut avoir sur la victime et la surchage logistique qu’impose la prise en charge d’une victime immobilisée. Pour plus de détails, voir la section dédiée dans l’article de l’an dernier : « Vers une diminution des immobilisations ? ».

Vers une amélioration du 112 ?

Le 4 septembre dernier, la commission Marché intérieur et protection des consommateurs du Parlement européen a voté en faveur de plusieurs mesures visant à améliorer le 112, le numéro d’urgences paneuropéen.

Parmi les décisions prises…

  • Mise à disposition de toutes les informations de localisation de l’appelant. Cela n’est pas sans rappeler le lancement du PFLAU, abordé l’an dernier : « Dites bonjour au PFLAU ! ».
  • Création d’une base de données de tous les numéros d’urgence E.164 en Europe, afin de permettre à ces différents services de mieux communiquer entre eux. Les numéros E.164 sont les numéros pouvant être appelés depuis un autre pays, car possédant un indicatif de pays (de deux à trois chiffres). Ils comportent au total un maximum de 15 chiffres. Ce sont donc les numéros que vous employez habituellement, au contraire des numéros d’urgences à deux ou trois chiffres que l’on connait généralement, et qui ne peuvent être appelés que depuis leur propre pays.
  • S’assurer que tout le monde en Europe puisse accéder au 112 gratuitement depuis n’importe quel réseau téléphonique.
  • Une amélioration du caractère plurilinguistique du numéro. Ce point risque d’être complexe, étant donné la rareté des traducteurs pour certaines langues.
  • Une amélioration et une harmonisation de la réponse aux personnes handicapés. Peut-être y aura-t-il un rapprochement avec le 114, un numéro d’urgence français recevant des SMS et des faxs, très utile aux personnes malentendantes ou muettes.
  • Utilisation obligatoire des réseaux téléphoniques pour la transmission de l’alerte aux populations. Ceci permettra — espérons-le — d’éviter un nouveau fiasco comme celui de l’application SAIP du gouvernement. Cette application avait en effet mis deux heures et demi à envoyer l’alerte aux personnes présentes à Nice le 14 Juillet 2016, lors de l’attentat qui y eu lieu ce jour-là. Rappellons que cette application a coûté 400 000 euros au gouvernement, alors que des systèmes comme le cell broadcast (l’envoi de SMS à tous les téléphones à portée d’une antenne) existent déjà et ne coutent pour ainsi dire, rien. Pour plus de détails techniques sur cet incident, vous pouvez lire cet article : « Nice : explications sur le fiasco de l’app SAIP ».

Malheureusement, le temps que tout ceci soit appliqué par les États-membres, la mise en place de ces mesures n’est pas prévue avant 2020.

Pour la liste des numéros d’urgences officiels en France, voir le tableau dressé dans la section idoine de l’article de l’an dernier : « Un nouveau numéro d’urgences ».

« Signalement TIQUE », la nouvelle appli de l’INRA

À la mi-juillet dernier, l’INRA, l’Institut National de la Recherche Agronomique, a publié une application pour Android et iOS qui a pour but de fournir aux chercheurs tout un corpus statistique sur les tiques. Son nom, en toute sobriété : « Signalement TIQUE ».

Les tiques, ce sont de petits animaux sympathiques1 de l’ordre des arachnides acariens (deux noms qui inspirent la sympathie). Elles sont classés dans la catégorie des ectoparasites (les animaux qui vivent aux dépends des autres).

Leur particularité, c’est qu’elles ont tendance à se nourrir du sang des mammifères, et notamment des humains, des chiens ou des chevaux. Elle va pour cela planter son rostre (sa tête) dans la peau et sucer le sang jusqu’à multiplier sa masse jusqu’à plus de 600 fois (sic). De plus, leur salive a aussi la fâcheuse tendance à véhiculer des maladies peu enviables, à commencer par la maladie de Lyme.

Une tique adulte, vue de dessus. Source.

La maladie de Lyme est une des maladies les plus dangereuses transmissibles par un animal des contrées d’Europe de l’Ouest (à l’échelle mondiale, c’est le moustique qui arrive premier avec le paludisme). Elle est causée par la bactérie Borrelia burgdorferi et comporte trois stades.

  • Une éruption inflammatoire (une tache rougeâtre) de quelques centimètres de diamètre va apparaitre dans la zone de la piqure de la tique dans les jours qui suivent (entre 3 et 32 jours plus tard). C’est le signe le plus reconnaissable de la maladie, qui doit lever l’alerte et amener à la consultation d’un médecin.
  • Sans antibiothérapie, un second stade peut apparaitre dans un délai très variable : entre quelques semaines à quelques années après la morsure de la tique. Des maux de tête, une fatigue chronique voire des épisodes de douleurs articulaires ou de dépression peuvent apparaitre.
  • Après quelques mois ou années, et sans traitement suffisamment fort, les symptômes empirent et deviennent chroniques (ils deviennent quotidien et ne disparaissent que par moments).

Si vous êtes piqués par une tique, il est recommandé de la retirer avec une pince tire-tique, qui a une forme de pied de biche. En passant ce pied de biche autour de la tique et en le tournant, la tique se décroche. Il suffit alors de tirer et de la piéger dans un morceau de ruban adhésif. Cette procédure nécessitant, à mon humble avis, d’avoir l’outil en main pour en comprendre l’usage, j’ai pris le parti de ne pas en parler en détail. Je vous conseille donc vivement de demander conseil à votre pharmacien, qui vous expliquera bien mieux que je ne l’aurais fait l’usage de cette pince.

Vous comprenez donc pourquoi l’INRA veut lutter contre cette maladie et cela passe par une meilleure connaissance des tiques et de leurs habitats. C’est la raison d’être de cette application : signaler les piqures de tiques afin que les chercheurs aient des données pour déterminer où sont principalement localisées les tiques en France afin de pouvoir créer des modèles de prévision des « probabilités de piqures » selon la zone géographique et la météo.

Cependant, cette application semble avoir deux principaux inconvénients :

  • il est nécessaire de créer un compte afin de pouvoir envoyer un signalement ;
  • il semblerait que l’application ne puisse pour l’instant utiliser autre chose que la position courante du téléphone pour déterminer le lieu de la piqure, ce qui limite singulièrement son utilisabilité dans des zones reculées.

Si vous l’essayez, n’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires. ;)


  1. Oh, la belle rime ! 

La Secours Expo 2018

Comme l’année dernière (« La Secours Expo 2017 ») l’édition 2018 de la Secours Expo est annoncée.

Cette année, ce sera les 8, 9 et 10 février (jeudi, vendredi et samedi) 2018, porte de Versailles à Paris.

La Secours Expo est le rendez-vous annuel des professionnels et bénévoles français du secourisme. Parmi les participants : la plupart des associations de secourisme (Croix-Rouge, Protection Civile, etc), certains organismes officiels ainsi que beaucoup de vendeurs de matériel de secourisme.

Démonstration à la Secours Expo 2016.
Démonstration à la Secours Expo 2016. Source (tous droits réservés).

Au programme : des conférences, des démonstrations de procédures de sauvetages et des stands de présentations des principaux acteurs du domaine.


Merci de m’avoir lu !

Je tiens à remercier Arius, ToxicScorpius et joseph pour leurs retours sur la version bêta de cet article. Enfin, merci également à Holosmos pour son travail de validation. :)

Cet article est placé sous licence « Creative Commons By-SA rezemika ». Son logo provient quant à lui du compte Flickr de la Croix-Rouge de Paris et est placé sous licence « Creative Commons By NC-ND 2.0 ». Les licences des autres images sont indiquées dans leurs sources.

Si vous avez la moindre question ou remarque, n’hésitez surtout pas à m’en faire part dans les commentaires. Merci ! :)

Sources et références

Une organisation plus difficile pour les grands dispositifs de secours
Un nouveau référentiel pour le PSC1
Vers une amélioration du 112 ?
« Signalement TIQUE », la nouvelle appli de l’INRA
La Secours Expo 2018

2 commentaires

<o>

Ça n’a pas été très simple. Mais apparemment, un grand évènement est défini comme tel par décret. Et donc les évènements d’ampleur modéré ne sont pas concernés.

Ouff …

+0 -0

Les tiques sont, semble-t-il, de vrais horreurs. D’une part, l’érythème migrant (la phase 1 de la maladie de Lyme) n’est pas systématique, de plus la bactérie responsable est très dure à détruire (antibiotique long) et mal reconnue par le système immunitaire.

Une solution, aussi efficace qu’inesthétique (c’est dire) consiste à mettre le bas du pantalon dans les chaussettes, empêchant ces vils bestioles de venir vous piquer. De manière générale, il faut éviter de marcher dans les fougères ou les hautes herbes.

+2 -0
Connectez-vous pour pouvoir poster un message.
Connexion

Pas encore membre ?

Créez un compte en une minute pour profiter pleinement de toutes les fonctionnalités de Zeste de Savoir. Ici, tout est gratuit et sans publicité.
Créer un compte