Salut rezemika !
Nous reprenons les interviews des membres après une (trop) longue pause, et c’est rezemika, notre expert es secourisme, qui s’y colle. Bienvenue !
- Pour commencer, parle nous un peu de toi. Qui es-tu, que fais-tu ?
- Dis nous en plus ! Ça consiste en quoi, la socio ?
- Quel conseil aurais-tu voulu qu’on te donne il y a quelques années ?
- D'où te vient cet intérêt pour le secourisme ?
- Et à part le secourisme, quelles sont tes activités et centres d'intérêt ?
- Quel est le meilleur endroit pour faire de la rando ? :P
- Si je passais te voir, qu'est-ce que je trouverais sur ton bureau ?
- Le mot de la fin ?
Pour commencer, parle nous un peu de toi. Qui es-tu, que fais-tu ?
Bonjour.
Je m’appelle Michael, j’ai 20 ans et je suis actuellement en première année de licence de sociologie après un bac pro1 en électrotechnique (ce qui est assez rare2). C’est d’ailleurs super intéressant, je conseille à tous ceux qui le peuvent d’aller voir un cours de socio, vous ne serez pas déçus.
Dis nous en plus ! Ça consiste en quoi, la socio ?
Vaste question !
Je dirais que c’est une discipline1 qui consiste à adopter un regard distancié pour comprendre la société et toutes les interactions qui la composent.
Le postulat de base en socio (et en anthropologie) est qu’il n’existe pas de « nature humaine » (ou tout du moins que celle-ci n’est pas déterminante de « qui nous sommes ») et que quasiment tout ce qui fait notre comportement, nos préférences et nos interactions est une construction sociale, et que celles-ci varient selon le milieu duquel on est originaire.
Par exemple, une anthropologue nommée Margaret Mead a étudié plusieurs civilisations en Océanie et a remarqué que les rôles des hommes et des femmes dans la société occidentale sont loin d’être universels. Chez les Arapesh, la notion de virilité n’existe pas, et les hommes comme les femmes sont très sensibles. Un homme peut y fondre en larmes devant une accusation injuste.
En apprenant cela, on prend de la distance par rapport à notre propre conception de ce qu’est un homme ou une femme. De la même manière, dans chaque spécialité de la sociologie, on découvre plein de structures sociales auxquelles on ne pense pas, mais qui influent quotidiennement sur notre vie.
La sociologie, ça consiste donc à mettre en lumière toutes ces constructions sociales pour mieux comprendre la société et mieux se comprendre soi-même.
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Il y a apparemment un débat pour savoir si la sociologie est une science ou une discipline. Pour ma part, je trouve cela parfaitement futile. ↩
Quel conseil aurais-tu voulu qu’on te donne il y a quelques années ?
« Lire des livres, plein de livres. »
Jusqu’au début de l’année dernière, j’étais pour ainsi dire allergique à la lecture, je n’arrivais à m’y mettre. Voir un livre de 150 pages me décourageait et j’osais à peine lire l’introduction. C’était d’autant plus ennuyeux que j’avais trouvé un livre de 330 pages1, tout en anglais, qui m’intéressait fortement.
Sauf que l’an dernier, j’ai fêté mes six mois d’expérience en langage Python, et qui dit apprentissage de la programmation dit apprentissage de l’anglais. J’avais bien sur eu des cours d’anglais au lycée, mais on n’apprend jamais aussi bien une langue que quand on en a vraiment besoin. En l’occurrence, j’avais quelques mois d’expérience en lecture de documentations de modules Python.
Un peu plus confiant dans mes capacités, je me suis lancé dans la lecture des premiers chapitres. La lecture des premières pages fut un peu difficile, mais passé le premier chapitre, j’ai finalement réussi à prendre le rythme. Ça m’a pris un bon mois, mais j’ai finalement lu mon premier « gros » livre, en anglais.
Si je m’étale un peu, c’est parce que j’espère que parmi vous, chers lecteurs, il y en aura au moins un qui trouvera le courage de s’y mettre. Parce que ça veut vraiment le coup. Trouvez une discipline qui vous intéresse, trouvez un livre facile à lire sur le sujet, et lancez-vous, ça vaut vraiment le coup.
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Pour les curieux : Gonzales, Laurence. Deep Survival. W.W. Norton & Company, 2005. ↩
D'où te vient cet intérêt pour le secourisme ?
Tout a commencé en 2015 si ma mémoire est bonne. Je m’intéressais à la randonnée depuis longtemps, et j’envisageais de partir dans des endroits un peu plus isolés, du côté de l’Auvergne, et je me demandais « qu’est-ce que je ferais si je suis confronté à une blessure grave ? ». J’avais déjà le diplôme PSC1, mais il n’avait pas été passé dans des conditions optimales, et il reste de toute façon assez limité dans ce genre de cas, puisqu’il suppose que les secours sont toujours à moins de 15 minutes de trajet.
J’ai donc commencé à chercher ce qui se faisait comme formations plus poussées, et la seule qui revenait (parmi les formations non professionnalisantes) était le PSE1. Naturellement, ma curiosité m’a poussé à essayer, et elle a bien fait.
On ne dirait pas comme ça, mais le secourisme associatif est une vraie institution en France, il y a plein de choses à apprendre et plusieurs domaines d’activités possibles.
Si j’aime le secourisme, c’est parce qu’il nous apprend à rester calme quand notre instinct nous dit de paniquer, il nous guide, et le fait de savoir que l’on sait ce qu’il faut faire est très rassurant. On se dit que, si un jour on est confronté à quelque chose de vraiment grave, certes on va pas forcément tout faire pile poil comme il faut, mais on aura des réflexes, des mantras intérieurs, qui nous permettrons au moins de faire en sorte que la situation ne s’aggrave pas et d’aider un peu les secours.
Je crois que c’est surtout pour ça que je parle de secourisme ici. D’une part, chaque article est pour moi une motivation d’en apprendre encore plus sur un sujet précis (les centres d’appels, la médecine de catastrophe, etc), mais surtout, je pense qu’en transmettant quelques-uns de ces réflexes au plus grand nombre, on peut sauver bien plus de vies qu’en soufflant un vent de panique, comme le font parfois les médias.
Dans un sens, le secourisme a des points communs avec la zététique (l’art de l’esprit critique), mais appliqué dans des situations d’urgences. Il apprend à discerner ce qui semble grave de ce qui l’est réellement (souvent, les deux se recouvrent, mais pas toujours). Et je pense que si ces deux disciplines étaient apprises dès l’école et au collège, la société serait très différente.
Avant de passer à la suite, je me dois de préciser que, bien que j’ai des connaissances théoriques, des raisons diverses font que je n’ai pas encore pu avoir d’expérience réelle du secourisme associatif (j’ai déjà été dans ces associations, mais pas dans des postes).
Et à part le secourisme, quelles sont tes activités et centres d'intérêt ?
Eh bien, je m’intéresse à beaucoup (trop ?) de choses, si bien que j’ai parfois du mal à tout concilier. Dès que je découvre un truc nouveau, je suis saisi par l’envie de tout savoir sur « comment ça marche », jusqu’à ce que je découvre autre chose. Du coup, j’ai des petites notions dans plein de domaines : l’électronique, l’héraldique, le fonctionnement des téléphériques… Souvent, c’est surtout la pratique qui me manque.
Du côté des passions plus durables, je m’intéresse aussi à la programmation (j’apprends le langage Python depuis un peu plus d’un an) et, comme je le disais tout à l’heure, à la randonnée. Plus généralement, j’ai toujours été attiré par les endroits isolés, où l’on peut admirer la nature à toutes ses échelles. À ce sujet, j’aime particulièrement cette citation d’Élisée Reclus.
Quel est le meilleur endroit pour faire de la rando ? :P
Bonne question ! À vrai dire je voyage assez peu, ce qui fait que je connais assez peu d’endroits. Mais si je devais en citer deux, je pense que je commencerais par les bords de la Sèvre et de la Maine, au sud de Nantes (dans l’ouest de la France). Il n’y a pas de paysages époustouflants et les routes bitumées ne sont jamais très loin, mais j’aime bien l’ambiance qui s’en dégage. On est souvent sous des arbres, à côté d’une rivière très calme, et ce n’est pas très fréquenté.
Et surtout, je citerais sans hésiter le massif du Sancy et la vallée de Chaudefour (qui est en fait une des vallées du massif), en Auvergne (au centre-sud de la France). Le massif culmine à 1886 mètres d’altitude, ce qui le rend accessible sans nécessiter une préparation physique intense (ce qui ne veut absolument pas dire qu’on peut faire de la moyenne montagne sans préparation). Les paysages sont magnifiques et on peut y admirer plusieurs grandes cascades, dont la cascade de la Biche qui fait une trentaine de mètres de haut et qui est une superbe récompense pour l’heure de marche qu’il faut faire pour la voir. Le seul inconvénient est que l’endroit est très fréquenté en été (comme toute l’Auvergne).
Si je passais te voir, qu'est-ce que je trouverais sur ton bureau ?
Eh bien, d’habitude j’ai du mal à le ranger, mais pour la photo j’ai fais un effort.
L’écran de mon pc fixe (dont je ne me sers plus en ce moment), un coin à autocollants, de la lecture et un pot à flutes (les stylos servent à les caler). Souvent il y a aussi quelques post-it, mais pas en ce moment.
Le mot de la fin ?
Lisez des trucs, plein de trucs. Même si c’est dur, même si vous n’en avez pas l’habitude, parce que ça en vaut le coup, vraiment.
Merci à rezemika pour s’être prêté au jeu.