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Une présentation de la canne de combat

La canne de combat française, quèsaco ?

Les sports de combat regroupent toutes les disciplines sportives d’affrontement. Cela inclut des disciplines asiatiques, comme le judo ou le karaté, et d’autres européennes, comme la boxe anglaise, la savate boxe française, l’escrime ou la lutte gréco-romaine. Mais il en existe de moins connues bien de chez nous ; laissez-moi vous parler d’un sport que vous ne connaissez peut-être pas : la canne de combat.

Présentation

La canne de combat (canne française) est la pratique de la canne, court bâton en bois de châtaignier de 95 cm de long pour un poids d’environ 130 g (100 g à 200 g selon l’usage, compétition, entraînement ou manipulation).

Une canne de combat, de chez Fayet, https://www.boutique-cannes-fayet.com/fr/canne-de-combat/369-canne-de-combatcompetition-entrainement-manipulation.html
Une canne de combat, de chez Fayet.

En France, la canne est gérée par le comité national de canne de combat (CNCCB), affilié à la fédération de savate boxe française et disciplines associées (FSBF&DA ou FFSAVATE). Au Québec, c’est à priori Savate Canada. Je n’ai pas trouvé pour la Belgique. Il n’y à priori pas en Suisse (un seul club de savate). À l’échelle internationale, la discipline est gérée par la fédération internationale de savate.

Certains clubs d’Arts martiaux historiques européens font de la canne (la fédération française, la fédération belge, la fédération suisse).

On retrouve de nombreuses autres pratiques de la canne, et plus encore du baton, ailleurs dans le monde. Citons au moins la canne algérienne, la canne irlandaise ou le Jōdō affilié au kendo. Nous ne parlerons ici que de la canne française, et en particulier de sa forme moderne.

Il s’agit d’un sport mixte, dans lequel la maitrise des coups comme de l’arme est nécessaire. Le principe est celui d’un jeu de touche ; les assauts se faisant sans pause à la touche, le but est de plus toucher son adversaire qu’être touché durant l’échange.

Historique

La canne est utilisée depuis longtemps (ce n’est rien d’autre qu’un court baton), mais c’est au 19e siècle que la canne française se développe fortement. On retrouve plusieurs traités, notamment de Leboucher ou Larribeau, et de nombreuses salles d’armes dédiées à la canne sont présentes en France, en particulier à Paris. L’insécurité des rues parisiennes, avec par exemple les fameux apaches, pousse aussi à apprendre à se défendre, et à avoir un outil pour cela, sachant que le port de l’épée était depuis longtemps interdit.

La canne est encore utilisée jusqu’à la première guerre mondiale dans la formation des conscrits, en tant qu’initiation au sabre. Après celle-ci, la mort de nombreux instructeurs, la fin de l’utilisation du sabre — et donc de la canne à l’armée — diminueront la pratique de cet art.

Il faudra attendre les années 70 pour une première version de la canne moderne, par Bernard Plasait puis Maurice Sarry. Ce dernier fondera les règles encore majoritairement en vigueur aujourd’hui.

C’est quoi ?

Concrètement, c’est quoi, la canne de combat ?

Le principe consiste à toucher avec un coup armé son adversaire, dans des assauts de 1min30 à 2 min, non arrêtés à la touche. Le mot-clé ici est « armé ». Un coup de canne façon baton qui part dans tous les sens (comme les enfants) n’est pas efficace si on cherche le côté martial, et n’est pas lisible si on cherche le côté sportif. On fait donc de grands moulinets, mais avec une vitesse telle que ce n’est plus si lisible que ça !

Mais ça tourne, ça saute, ça mouline, c’est joli. Et efficace. Histoire de voir à quoi ça ressemble, voici la final des mondiaux 2022 par équipe :

Pour info, les compétiteurs sont avec tenue de protection, casque et gants, mais la pratique en club peut se faire sans.

La convention

La canne de combat est une arme avec convention. Celle-ci tient principalement en 3 points :

  • les trajectoires doivent être horizontales ou verticales (pas de coups en diagonal) ;
  • il faut armer ses coups avec une rotation complète de la canne derrière la ligne de corps ;
  • le premier qui arme prend la priorité, il faut parer l’attaque adverse avant de riposter (pas de double touche).

Auxquels il faut ajouter les cibles valides, à savoir :

  • la tête, sauf la nuque ;
  • le corps, sous les épaules, jusqu’à la ceinture ;
  • entre les genoux et les chevilles (exclus).

Les coups en jambe devant se faire en position de fente.

On a ainsi 6 coups : horizontal, vertical remontant, vertical descendant, pouvant se faire du côté qui tient la canne ou du côté opposé. C’est un répertoire technique plutôt limité, il va donc falloir jouer sur autre chose. Les déplacements, les feintes de cibles, les changements de vitesse, jouer avec la priorité… On profite de l’aspect lisible, parfois même exagéré, pour donner de fausses informations, ou pour pousser l’adversaire à trop anticiper.

On a une pratique très cadrée, accessible, tout en laissant beaucoup de possibilités de jouer.

Quelques images pour finir

Le latéral extérieur
Le latéral extérieur, tiré du cahier de canne.
Un latéral extérieur historique
Le latéral extérieur, depuis la fausse garde (Larribeau, Nouvelle théorie du jeu de la canne, source : BNF, gallica.bnf.fr).

Pour des vidéos de canne moderne, le mieux est d’aller sur canne.tv.

La vignette est tirée de Barton Wright, Self-defence with a Walking-stick: The Different Methods of Defending Oneself with a Walking-Stick or Umbrella when Attacked under Unequal Conditions.


Voilà pour cette présentation de la canne de combat. Si vous vouez en savoir plus, le bon endroit est le site du comité de canne qui contient toutes les infos nécessaires, en particulier, où pratiquer en France.

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7 commentaires

Merci beaucoup pour cet article d’introduction, je ne connaissais pas du tout.

J’ai plus de 10 ans d’escrime (de sabre d’ailleurs) derrière moi et je pensais que ça m’aiderait à appréhender la vidéo que tu présentes mais pas du tout, bien au contraire ! Je trouve à ce sport une forme de liberté et d’esthétisme tout à fait unique et c’est vraiment très agréable à regarder même si je ne comprends pas grand-chose. :D

L’absence d’arrêt entre les touches et de phrases d’armes comme on peut en avoir en escrime traditionnelle ne m’aident pas non plus, mais c’est un coup à prendre j’imagine.

Merci pour cette découverte, il y a fort à parier que pour quelqu’un entraîné à manier les armes d’une certaine manière ce soit difficile de changer, mais j’ai très envie d’essayer. :)

+2 -0

Il y a effectivement un mélange d’efficacité et d’esthétisme que je ne retrouve pas dans d’autres discipline et que j’aime beaucoup. Y compris en compétition !

Pour moi qui connais aussi la convention d’escrime moderne (je suis « l’escrimeur » dans mon club :p ), il y a des phrases d’arme « cachés » en canne (puisque système d’initiative, appelé priorité). Sauf qu’en l’absence d’arrêt à la touche, il faut la lire à la volée.

Merci pour cette découverte, il y a fort à parier que pour quelqu’un entraîné à manier les armes d’une certaine manière ce soit difficile de changer, mais j’ai très envie d’essayer. :)

J’ai essayé le sabre, et de mon point de vue c’est de la canne moins armée et plus diagonal. Donc faire du sabre horizontal très armé devrait aboutir à de la canne. :D L’autre grosse différence est l’aire de combat circulaire. En vrai, le passage de l’un à l’autre se fait bien, c’était historiquement utilisé pour ça.

+1 -0

J’ai essayé le sabre, et de mon point de vue c’est de la canne moins armée et plus diagonal. Donc faire du sabre horizontal très armé devrait aboutir à de la canne.

C’est ma "crainte" principale à vrai dire. Je pense que l’aire de combat circulaire je peux m’y faire sans trop de problème, mais par contre le fait de devoir armer les coups là où, au sabre, on te formate à faire des coups rapides, directs et surtout à exploiter la moindre opportunité d’un adversaire qui exposerait par exemple son poignet en armant son coup… Ça va être plus difficile. :D

Il faudra aussi que j’abandonne la banderole (un coup de sabre en diagonale) que j’affectionne particulièrement, mais il est moins ancré que ne l’est la nécessité des coups directs.

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Pas vraiment. La matraque des forces de police vient plutôt du Royaume-Unis, dès 1850, et ne s’utilise pas du tout pareil. Plus courte, cherchant plus la puissance que la vitesse, et se tient pas le petit bout (comme une batte de baseball) alors que la canne se tient pas le gros bout.

Il y a une parenté, comme entre tous les trucs longs en bois (à l’origine) qui servent à frapper à une main, mais il n’y a, à ma connaissance, pas de lien direct entre canne et matraque.

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