Les dessous psychologiques du démarchage

Étude de cas sur l’engagement

Certains d’entre vous le savent sans doute, la connaissance des phénomènes psychologiques, acquise à travers des études formelles ou informelles, permettent de mettre à jour certaines techniques de manipulation – c’était plus ou moins le message de ma mini-série sur le marketing 1. Aujourd’hui, il s’agit simplement d’un démarchage humanitaire, dans lequel j’ai été impliqué en tant que « passant à intéresser », que je vais tâcher d’analyser à l’aide des connaissances psychologiques que j’ai acquises : cette analyse nous mènera tout droit au thème de l’engagement, que nous verrons alors un peu plus en détail.

Le récit #RacontageDeVie

L’évènement relaté date de deux semaines et quelques jours : il n’est pas, donc, hyper détaillé (mais vous avez l’essentiel).

Il y a des moments où l’on doit attendre. En venant (vraiment) à l’avance à rendez-vous, par exemple. Et, quand ce rendez-vous est fixé sur un lieu public, il y a toujours une possibilité, infime mais toujours réelle, de se faire démarcher. Généralement, quand je suis occupé, pressé, ou autre, je n’ai pas le temps d’écouter le verbiage des démarcheurs (un « désolé, je suis en retard/pressé » doublé d’un « Bonne journée/Bon courage » est généralement un refus assez poli pour que l’interlocuteur l’accepte) ; là, plus rien ne justifiait cela − et il est toujours amusant d’entendre ce qu’ils ont à dire.

Ainsi, un jeune homme au polo orange s’est approché de moi et a lancé une phrase d’accroche assez banale (« Vous avez trois minutes ? » ou quelque chose comme ça) : j’ai donc répondu par l’affirmative, ajoutant que j’avais mon temps.
Il prit alors soin de demander mon prénom et savoir ce que je fais dans la vraie vie. Répondant les sourcils légèrement froncés (en mode « Pourquoi ? ») à la première question, je lui fis comprendre d’en venir au fait sans répondre à la deuxième.
Il se mit alors à déballer son discours sur l’association qu’il défendait : principe, applications. Bref, un exposé clair et simple, sans doute fourni en tournures persuasives que je n’ai pas eu l’esprit de repérer, mais ponctués par quelques hochements de tête de ma part.
Après cela, il marqua une courte pause et me dit : « Et toi, * * *, que penses-tu de tout cela ? ». Et moi de répondre, bien évidemment, que tout cela était fort bien et fort moral et, qu’en vérité, cette bonté et cette moralité me semblait tellement évidente que je la supposais incontestable. Il me détrompa en m’apportant l’exemple de personnes indifférentes voire hostiles à leurs opérations (ou peut-être simplement à leur démarchage). Je lui affirma, très étonné, que cela m’était impensable.
Rebondissant dessus, il dit « Nous démarchons justement pour recueillir le soutien de personnes comme toi. En fait, le soutien que nous demandons est principalement financier ». Il me proposa alors de verser un peu d’argent tous les mois à l’association humanitaire concernée. Je refusai net ; il me demanda pourquoi avec un ton brusque et subit − déjà, un début de malaise m’envahissait. J’évoquai alors ma situation financière (que je ne détaillerai pas ici, désolé les Zesteux) mais qui m’empêchait catégoriquement de faire quelque don. Il m’affirma qu’environ 30 % des donateurs de leur association étaient dans la même situation que moi (statistique dont je doute fort :-°) : le malaise s’intensifie, le silence s’installe (quelques secondes à peine, mais suffisamment pour le remarquer) et il brise toute cette tension en riant un bon coup, formulant une rapide phrase d’au revoir rapide et se détourna de moi.
Jouant à l’ingénu, j’attirai son attention en disant « C’est tout ? » (c’est-à-dire : « n’y a-t-il pas d’autres moyens de soutenir l’association, pour les personnes “sans moyens” ? »). Il m’assura que c’était tout.

Prenant un peu de recul, comprenant les mécanismes d’un discours persuasif aussi bien rodé, je fus atteint d’admiration. Mais avant de me livrer à l’analyse brute de ce discours, je vais un peu détailler le phénomène psychologique qui le sous-tend : l’engagement.

Engagez-vous, rengagez-vous !

Propos généraux sur l’engagement

Cette sous-partie est fortement inspirée sur mon cours de psychologie sociale de L1 en psycho.

L’engagement, qu’est-ce-que c’est ? En psychologie sociale, c’est le fait d’unir de manière forte et définitive un individu à son acte. Cela se passe toujours en deux temps :

  1. L’amorce, qui sert à impliquer l’individu dans un comportement à venir ;
  2. Ce que j’appellerai le « passage à la caisse », où l’individu est sommé d’adopter un comportement donné, en raison des amorces, sous peine de pouvoir être considéré coupable et de ressentir un inconfort physiologique et psychologique (c’est ce qu’on appelle un état de dissonance cognitive).

Pour rendre ça un peu moins abstrait, je donnerai deux exemples.
Le premier traite d’un engagement explicite : un ami a besoin de votre aide pour déménager, comme cela peut arriver. Il vous demande si, dans 3 semaines, vous pourrez venir donner un coup de main ; vous répondez positivement. Cette promesse constitue l’amorce, car elle vous obligera, 3 semaines plus tard, à « passer à la caisse », c’est-à-dire à adopter le comportement qui correspond à la teneur de votre promesse, à savoir d’aider l’ami. Si vous n’aidez pas votre ami, il sera en droit d’être en colère, et cela provoquera (normalement) une certain malaise en vous, un inconfort.
Le second exemple est davantage implicite, et s’inspire directement d’une expérience de Moriarty1, en 1975. Cette expérience se déroule sur une plage plus ou moins bondée, où un expérimentateur arrive comme un vacancier lambda, avec sa serviette et son transistor. Il s’installe à côté d’une personne, qu’il ne connait pas, à qui il demande soit du feu, soit de veiller sur ses affaires pendant qu’il va chercher un truc − c’est l’amorce. Et après cela, dans les deux cas, l’expérimentateur s’en va. Un autre expérimentateur arrive et vole le transistor du premier. Dans le cas où il était demandé au voisin de plage de donner du feu, seulement 20 % des personnes s’opposent au vol (et il y a fort à parier que si l’expérimentateur n’avait même pas parlé à son voisin, ce serait encore moins) ; dans le cas où il était explicitement demandé de veiller sur les objets, 95 % des personnes se sont opposées au vol. La simulation de vol a donc été le « passage à la caisse » qui a éprouvé l’engagement des personnes testées.

Vous l’aurez compris, l’engagement peut prendre différentes formes, mais il est généralement verbal. Certaines conditions permettent de renforcer l’engagement, c’est-à-dire que l’individu se sent davantage forcé de respecter sa promesse (c’est-à-dire d’agir en conformité avec l’amorce) :

  • Visibilité de l’amorce et de l’acte : son caractère public, durable, répétitif, etc. Plus l’acte est visible, plus il est engageant ;
  • Importance de l’acte subséquent : ce qu’il nous a coûté et la lourdeur de ses conséquences. Plus l’acte pèse lourd (j’ai beaucoup dépensé pour et/ou beaucoup de choses découleront de cet acte), plus l’engagement est fort ;
  • Causalité interne de l’acte/contexte de liberté : l’engagement doit paraître libre, pas forcé. Une promesse faite sous la contrainte ne vaut quasiment rien, d’où le fait qu’il faut toujours insister sur la liberté de l’engagé à faire ce qu’il veut.

Place à l’analyse

À l’aide de ces éléments, voyons ce que l’on peut tirer du récit de démarchage.

Il va sans dire que les éléments de présentation (savoir comment je m’appelle et ce que je fais dans la vie) sont déjà des amorces, qui consistent à personnaliser la relation et à me rendre plus impliqué et plus engagé. Bien sûr, on peut aussi voir que la connaissance du contexte professionnel permet de personnaliser le discours.
La question « Que penses-tu de tout cela ? » à la fin de l’exposé permet d’expliciter et donc de donner plus de force à l’amorce d’engagement et la digression, qui est de ma faute pour le coup, sur les personnes hostiles à l’humanitaire n’a fait que renforcer cela.

Avec tous ces engagements, je devais logiquement payer, c’est, au sens propre et figuré, le « passage à la caisse » : car si je les soutiens en principe, il faut bien que je les soutienne en pratique. Seule ma condition a pu permettre de justifier un tel refus qui, à cause de cette amorce puissante, se révélait quasiment injustifiable (le ton du « pourquoi ? » s’est bien permis de le souligner).
Cette situation de quasi-injustifiabilité a suscité chez moi, comme je vous l’ai dit, un vif malaise, ce qui a mon sens, était prévu. En effet, la seule manière de sortir d’un tel malaise est bien de mettre la main au portefeuille, ce qui est précisément le but de notre démarcheur. Ainsi, soit on donne de bon cœur, soit, à cause des multiples amorces, on ressent un malaise plus ou moins grand que le démarcheur peut alors amplifier (les « pourquoi ? » semi-culpabilisateurs, etc.) pour pousser à la donation.

Dans mon cas, voyant que ce malaise ne mènerait à rien et, je suppose, jugeant qu’il faut mieux avoir un soutien théorique plutôt que pas de soutien du tout, le démarcheur s’est contenté de plier la chose au plus vite, notamment avec le rire, très utilisé dans les situations d’inconfort.
Quant à mon « C’est tout » (« Vous ne faites ça que pour l’argent, en fait ? »), il n’était pas prévu.


  1. Pas celui qui est mort à Reichenbach, le vrai. 

Conclusion : que faire, pour rester à la fois prudent et bon ?

Même s’il est dangereux de généraliser sans preuve, je suppose que beaucoup de démarcheurs utilisent une méthode similaire pour inciter au don. Une question se pose donc pour les personnes qui restent à la fois soucieuses de ne pas se faire manipuler et qui mettent un point d’honneur à rester juste : que faire dans de telles situations ? Je ne proposerai ici que des ébauches de réponse.

Tout d’abord, se protéger contre la manipulation passe par la réduction de l’amorce. Vous n’êtes pas obligés de donner votre nom et votre condition professionnel pour continuer à écouter le démarcheur : vous pouvez, quoiqu’il s’étonnera de votre caractère (un peu trop) direct, de passer directement aux faits. Même réponse lorsqu’on recherche votre approbation concernant le projet humanitaire.
Ensuite, réduire la catégorisation du refus et augmenter en même temps la rationalité du choix. Ce que je veux dire par là, c’est plutôt que poser un « non » catégorique, vous pouvez dire qu’il vous faut réfléchir et demander s’il est possible de faire une donation à partir du site web (la majorité des ONG qui font démarcher en ont un). Cela vous permettra d’examiner, chez vous, à tête reposée, la pertinence du projet humanitaire proposé, de voir si l’ONG en question vous semble fiable (parce qu’elles ne le sont pas toutes − je ne vise personne en particulier) et de décider, en fonction de vos moyens, d’un montant raisonnable. Mais je conçois que cette solution ne fonction pas pour les pétitions (quoiqu’elles peuvent être en ligne), etc.
Enfin, en dernière extrémité, si votre interlocuteur se montre vraiment trop insistant et/ou très agressif, comme il s’est engagé en même temps que vous l’avez fait, vous pouvez perversement tirer profit de cet engagement pour le mettre dans un état de malaise. Quelques exemples : lui demander, puisqu’il approuve lui aussi le projet humanitaire, s’il fait une donation mensuelle ; lui demander s’il est ou non rémunéré pour la tâche qu’il mène à bien ; vous pouvez, au pire, dire que la méthode de manipulation psychologique utilisée, même pour la bonne cause, est indigne d’une association philanthropique.


L’icône vient de Berkah Studio, modifiée à la sauce agrume, par les soins de qwerty. Merci bro \o/ !

14 commentaires

Merci pour ce billet très cool. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les méthodes du genre (et comment s’en « protéger »), le livre Influence et manipulation de Robert Cialdini se lit très bien.

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De Robert Cialdini. J’ajoute la précision dans mon message précédent.

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Ce que je veux dire par là, c’est plutôt que poser un « non » catégorique, vous pouvez dire qu’il vous faut réfléchir et demander s’il est possible de faire une donation à partir du site web (la majorité des ONG qui font démarcher en ont un). Cela vous permettra d’examiner, chez vous, à tête reposée, la pertinence du projet humanitaire proposé

Les démarcheurs sont aussi formés pour ça. Tiré d’une expérience personnelle : « Mais si tu ne le fais pas maintenant, tu le feras jamais ! 20 € c’est pas grand chose, c’est même pas 2 € par mois, aller vas-y ! Quand tu seras parti, malgré ta bonne volonté, tu auras oublié, alors n’attends pas. ».

Désormais, et c’est malheureux pour eux, je n’accorde plus de temps aux démarcheurs, parce que je considère qu’ils sont trop proches du harcèlement (d’ailleurs, saviez-vous qu’ils n’ont a priori pas le droit de sortir de la zone autorisée et qu’ils sont dans l’impossibilité de vous parler en chemin ?). La dissonance cognitive qu’ils cherchent à créer, est, à mon avis, pas assez profonde : ce n’est pas parce qu’une cause est juste qu’on doit la soutenir activement ou lui donner de l’argent.

Bref, la prochaine fois que j’ai l’âme à discuter, je leur dirai qu’au contraire je suis contre la prévention des MST, que je veux voir les animaux sauvages disparaître et les enfants souffrir. On verra si ça leur fait de l’effet.

+1 pour Aabu, dire « je le ferai à tête reposée » ne marche pas. Et proposer au démarcheur qu’il vous donne son mail pour que vous puissiez lui confirmer que vous avez fait le don ne marche pas non plus : c’était une démarcheuse, elle a nettement répondu que non. Ils doivent en voir des vertes et des pas mures, côté drague.

Mais je conçois que cette solution ne fonction pas pour les pétitions (quoiqu’elles peuvent être en ligne)

Ça peut marcher. Le commerçant du coin voulait me faire signer une pétition contre un projet de la mairie. « J’ai entendu le contraire de vous sur ce projet, je préfère ne pas signer la pétition sans avoir l’avis et les demandes exacts des deux partis » a parfaitement marché. Le fait que je sois un client a aussi dû jouer.


Je voudrais vous raconter un exemple de ce qu’il ne faut pas faire. :-°

J’arrivais en avance à la gare, un type m’aborde pour demander de l’argent pour une association d’aide pour les jeunes banlieusards en difficulté (soutien scolaire ou truc du genre). Il y a une chance sur deux pour que ce soit une association fantôme. Je refuse poliment, « Non merci. Bonne journée » (parait-il que j’ai facilement l’air méprisant, je ne sais pas, je me parle rarement). Il insiste. Je refuse poliment, « Non merci. Bonne journée ». Il l’a mal pris, m’insulte et passe à la personne suivante. Je me tourne vers eux et annonce (publiquement, donc) qu’il parait étonnant qu’il représente une association de soutien (ou truc du genre) puisqu’il insulte les gens qui refuse de donner. Il revient vers moi et me menace. Je lui laisse le choix entre partir ou un appel à la police. Il part.

Donc :

  • Faites gaffe face aux démarcheurs, certains sont des conards accomplis, qui peuvent mésinterpréter vos propos.
  • Menacer d’appeler la police met facilement fin à une altercation verbale (tester et approuvé).
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Question : est-ce que les démarcheurs sont payés en fonction de la somme qu’ils ont récoltés ou ce sont des bénévoles de l’asso en question ? Dans le dernier cas, je ne comprends pas leur fonctionnement en mode harcèlement. A la limite, celui qui dit non, ils devraient donner un flyer avec le site où faire le don à tête reposée justement.

Moi, je n’ai eu affaire qu’à des témoins de Jehovah. Et encore, c’était que pour refiler leur brochure. Habiter une perite ville fait louper pleins d’expérimentations psychologiques :/

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Merci à tous pour vos commentaires ! Vos propres expériences complètent pas mal ce que j’ai écrit ;)

De Robert Cialdini.

Karnaj

Ah, je me souviens de lui, je l’avais vu justement sur le thème de l’engagement (une expérience de porte-au-nez 1, puis un autre de low-ball2, je crois).


La dissonance cognitive qu’ils cherchent à créer, est, à mon avis, pas assez profonde : ce n’est pas parce qu’une cause est juste qu’on doit la soutenir activement ou lui donner de l’argent.

Aabu

Je suppose que, dans tous les cas, ils n’ont pas les moyens d’engendrer un dissonance plus profonde : mais avec ces limites, ils restent diablement efficaces.
Par contre, je serais curieux de savoir ce que signifie la fin de ta phrase : je ne saisis pas tout.

Bref, la prochaine fois que j’ai l’âme à discuter, je leur dirai qu’au contraire je suis contre la prévention des MST, que je veux voir les animaux sauvages disparaître et les enfants souffrir.

Aabu

Et, s’ils te disent que tu es un salaud, rajoute qu’ils n’ont pas le droit de porter un jugement de valeur, qu’ils cherchent à t’imposer leur propre morale et que donc, par conséquent, c’est eux les nazis 3. Que j’aime les sophismes \o/


Question : est-ce que les démarcheurs sont payés en fonction de la somme qu’ils ont récoltés ou ce sont des bénévoles de l’asso en question ?

Looping

J’ai entendu dire que c’était forfaitaire, donc pas dépendant de la somme récoltée, mais rien n’est sûr, et cela rend ta question encore plus pertinente.


Moi, je n’ai eu affaire qu’à des témoins de Jehovah. Et encore, c’était que pour refiler leur brochure. Habiter une petite ville fait louper pleins d’expérimentations psychologiques :/

qwerty

Oh, ils ont eux aussi leur exigence de rendement (en sachant que seuls ceux qui ont converti le plus feront partie des 144 000 justes, si j’ai bien compris), mais spirituelle, pas économique.
Après, dès qu’il y a humain, il y a psychologie. Et si tu manques d’humains, tant que t’as des animaux, tu peux faire de la psychologie (Pavlov, Zajonc 4, etc.).


  1. Cela consiste à demander quelque chose de complètement énorme à quelqu’un (« est-ce que tu veux bien faire le ménage intégrale de ma piaule pendant un an gratuitement ? »), qu’il refusera à coup sûr, pour se rabattre sur quelque chose d’un peu moins fantaisiste, mais de toujours inacceptable (« Bon, bah du coup, est-ce-que tu peux juste me donner un coup de main pour le ménage pendant ces grandes vacances et, en rémunération, je te paye tes repas ? »). L’astuce, c’est que la deuxième proposition, si elle avait été exposée seule, n’aurait pas été accepté, alors qu’avec la préparation (première proposition impossible), elle sera davantage acceptée. On peut le considérer comme un effet d’ancrage

  2. C’est une technique typique d’engagement où l’amorce est délibérément mensongère. Par exemple, dire « Qui veut une Ferrari à 100€ ? x, en taisant le fait qu’elle ne peut même plus rouler, qu’elle est complètement éraflée, que c’est une contrefaçon etc. Quelqu’un vous répondra forcément positivement (amorce : c’est fait) et, quand vous lui direz tous les défauts de la Ferrari, il aura plus de difficulté à refuser net. 

  3. Mon Dieu, c’est dingue la tendance que j’ai à confirmer la loi de Godwin :-°

  4. Ce mec a fait des expériences sur des cafards, pour prouver que, pour une tâche complexe (figurée par un labyrinthe biscornu pour les cafards), on se débrouille moins bien face à des observateurs de notre espèce que seuls. Et inversement pour une tâche simple. 

+0 -0

Ah, je me souviens de lui, je l’avais vu justement sur le thème de l’engagement (une expérience de porte-au-nez [pan], puis un autre de low-ball[lb], je crois).

Ouep, il en parle dans ce livre qui est d’ailleurs plein de petites anecdotes (ce qui explique pourquoi il se lit très bien). Par exemple, l’histoire d’un garçon qui demande une augmentation de son argent de poche à son père. Celui ci refuse, et plus tard, le garçon revient et demande une augmentation plus petite encore une fois refusée. Il revient (encore!) cette fois pour demander s’il peut sortir avec ses amis… Ou encore il explique comment un serveur arrivait à augmenter ses pourboires.

L’exemple qu’il donne sur le démarchage concerne les dettes forcées, c’est-à-dire offrir quelque chose (par exemple une fleur en papier) en refusant de reprendre le « cadeau », et dire qu’un geste serait apprécié.

Mais je vais arrêter de spoiler là. ;)


Bref, la prochaine fois que j’ai l’âme à discuter, je leur dirai qu’au contraire je suis contre la prévention des MST, que je veux voir les animaux sauvages disparaître et les enfants souffrir.

Aabu

Et, s’ils te disent que tu es un salaud, rajoute qu’ils n’ont pas le droit de porter un jugement de valeur, qu’ils cherchent à t’imposer leur propre morale et que donc, par conséquent, c’est eux les nazis [^godwin]. Que j’aime les sophismes \o/

Ou tu peux dire que toi aussi tu soutiens une association qui défend quelque chose de très proche et lui demander de te faire un don ; je me demande comment ils réagiraient…

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Question : est-ce que les démarcheurs sont payés en fonction de la somme qu’ils ont récoltés ou ce sont des bénévoles de l’asso en question ? Dans le dernier cas, je ne comprends pas leur fonctionnement en mode harcèlement. A la limite, celui qui dit non, ils devraient donner un flyer avec le site où faire le don à tête reposée justement.

Looping

Alors je ne sais pas ce qu’il en est en France, ni partout en Suisse, mais je sais qu’il existe des sociétés qui emploient des démarcheurs qui sont "prêtés" à des associations. Pour autant que je le sache, c’est assez mal payé, et tu n’as même pas droit au défraiement si tu n’as pas atteint les objectifs.

J’ai notamment eu le cas d’une personne qui a tenté de me démarcher parce que je m’étais assis à côté d’elle dans le train alors que je l’avais croisée à un stand une heure plus tôt. Après un peu de discussion, elle m’a avoué qu’elle avait été forcée de rentrer par son chef de stand parce qu’elle n’arrivait pas à faire passer le message de l’association. Elle m’a dit qu’elle aurait droit au défraiement, mais uniquement parce qu’elle avait fait une demi-journée sur la journée complète qu’elle aurait dû.

+1 -0

Le second exemple est davantage implicite, et s’inspire directement d’une expérience de Moriarty1, en 1975. Cette expérience se déroule sur une plage plus ou moins bondée, où un expérimentateur arrive comme un vacancier lambda, avec sa serviette et son transistor. Il s’installe à côté d’une personne, qu’il ne connait pas, à qui il demande soit du feu, soit de veiller sur ses affaires pendant qu’il va chercher un truc − c’est l’amorce. Et après cela, dans les deux cas, l’expérimentateur s’en va. Un autre expérimentateur arrive et vole le transistor du premier. Dans le cas où il était demandé au voisin de plage de donner du feu, seulement 20 % des personnes s’opposent au vol (et il y a fort à parier que si l’expérimentateur n’avait même pas parlé à son voisin, ce serait encore moins) ; dans le cas où il était explicitement demandé de veiller sur les objets, 95 % des personnes se sont opposées au vol. La simulation de vol a donc été le « passage à la caisse » qui a éprouvé l’engagement des personnes testées.

Je suis vachement sceptique là-dessus. À moins que le "voleur" se comporte comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, t’as aucune raison de suspecter que le gars se fait voler son transistor (surtout il t’a pas demandé de surveiller ses affaires). Mon réflexe serait de penser que c’est un pote qui est allé chercher son transistor pour lui. Si il t’a demandé de surveiller ses affaires, c’est différent parce que ça veut dire qu’il s’attend pas à ce que quelqu’un vienne chercher son transistor. M’est avis que l’effet d’engagement est loin d’être le seul facteur dans cette expérience (surtout que bon, l’effet d’engagement quand on te demande de surveiller un transistor à la plage, c’est pas le même que lorsqu’on te parle de gamins qui meurent de faim).

Je comprends ce que tu dis et, en fait, j’ai failli l’indiquer en footnote dans ce billet. Cependant, le fait que le premier expérimentateur arrive seul, avec une seule serviette, sans parler avec personne pourrait indiquer qu’il est vraiment seul. Mais cela reste quelque chose d’implicite, d’où le fait qu’in fine je te rejoigne sur :

M’est avis que l’effet d’engagement est loin d’être le seul facteur dans cette expérience

adri1
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Moriarty a aussi fait une autre expérience du même genre où dans le premier cas, l’expérimentateur ne fait rien et dans le second cas, il demande au sujet de surveiller ses affaires pour lui. Dans le second cas, une très grande majorité (plus de 90 % je crois) des sujets intervenaient face à moins de 30 % dans le premier cas. Ça met en avant les principes d’engagement et de cohérence qui font qu’on se sent « obligé » de réagir pour respecter notre engagement et paraître cohérent avec nos actions précédentes et nos paroles.

Et c’est bien ce qui provoque ce malaise, cet inconfort face au démarchage dont traite l’article. On a clairement pris parti en faveur de la cause, comment refuser de donner pour elle sans avoir l’air de renier notre engagement précédent !?

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Question : est-ce que les démarcheurs sont payés en fonction de la somme qu’ils ont récoltés ou ce sont des bénévoles de l’asso en question ? Dans le dernier cas, je ne comprends pas leur fonctionnement en mode harcèlement. A la limite, celui qui dit non, ils devraient donner un flyer avec le site où faire le don à tête reposée justement.

Looping

J’ai déjà vu pas mal d’annonces d’offre d’emploi de démarcheur, à l’époque (sur un site de job étudiant). C’était foutu comme ça d’après ce que j’avais compris : les ONG/assos (des moyennes, des grosses, des connues, des moins connues) passent par une agence qui se charge de fournir la prestation de démarchage. C’est cette dernière qui emploie les démarcheurs. Dans les offres d’emoloi il est indiqué pour quelle asso on va indirectement bosser. Niveau salaire, c’était légèrement au dessus du SMIC (genre SMIC + indemenités du fait d’être debout dehors ou un truc du genre). De mémoire c’était du 11/12 euros de l’heure à l’époque du SMIC à 9.57 euros.

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