Il y a environ 7 ans, j’avais écrit un article sur Omnilogie à propos de l’ordre des lettres. Vous avez probablement entendu parler de cette histoire, au moins en ayant lu ce mail qui a commencé à circuler au début des années 2000 :
Sleon une édtue de l’uvinertisé de Cmabrigde, l’odrre des ltteers dnas un mot n’a pas d’ipmrotncae, la suele coshe ipmrotnate est que la pmeirère et la drenèire sioent à la bnnoe pclae. Le rsete peut êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos puoevz tujoruos lrie snas porlblème. C’est prace que le creaveu hmauin ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot.
Dans cet article, j’avais expliqué que ce mail était faux, notamment parce que l’université de Cambridge n’avait jamais publié la moindre étude à ce sujet. C’est techniquement vrai… Mais il y a quelques jours, j’ai découvert par hasard de nouveaux éléments1.
En effet, même si aucune université de Cambridge2 n’a publié de résultat allant en ce sens, en 1976, un thésard, Graham Rawlinson, de l’université de Nottingham, du Royaume-Uni, travaille sur sa thèse intitulée The significance of letter position in word recognition (L’importance de la position des lettres pour la reconnaissance d’un mot).
La thèse n’est pas publiée, et par conséquent n’attire pas l’attention. En revanche, en 1999, Saberi et Perrott publient un article dans la revue Nature sur la capacité du cerveau à reconstituer des mots entendus, même si certaines portions sont prononcées à l’envers3. D’après le site que j’ai trouvé il y a quelques jours, Rawlinson a alors écrit une lettre au New Scientist :
Cela me rappelle ma thèse à l’Université de Nottingham (1976), qui montrait que mélanger les lettres du milieu d’un mot avait peu ou pas d’effet sur la capacité d’un lecteur qualifié à comprendre le texte. En effet, un lecteur rapide ne remarquait que quatre ou cinq erreurs dans une page A4 remplie de texte mélangé.
Je n’ai pas retrouvé cette lettre [rajout : gasche l’a retrouvée !], mais les dates correspondent et l’explication est plausible. Cependant, je ne sais pas qui a écrit le texte qui sera ensuite largement partagé à travers le monde.
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Ces éléments étaient d’ailleurs présent sur Internet depuis bien longtemps, avant la rédaction de mon article originel. Comme je ne parlais pas bien anglais à cette époque-là, je suis passé à côté. ↩
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L’université de Cambridge se trouve au Royaume-Uni, mais aux États-Unis se trouve également une ville de Cambridge, qui héberge plusieurs universités : le MIT, Harvard… ↩
Sources, liens pour aller plus loin :
- Aoccdrnig to a rscheearch at Cmabrigde Uinervtisy… - University of Cambridge
- L’ordre des lettres, important ? - Omnilogie
- Cognitive Restauration of Inversed Speech: Abstract - Nature
- So Much to Read, So Little Time - Psychological Science in the Public Interest - Sage journals
Anecdote bonus
En 2007, la sextuple championne du monde de lecture rapide, Anne Jones, a lu le dernier tome de la saga Harry Potter (Harry Potter and the Deathly Hallows), constitué de 607 pages, en 47 minutes.