Montpellier est une ville formidable pour les cyclistes, parce qu’il y a un bon système de vélos en libre-service1 et des tas de pistes cyclables2 ce qui permet de rouler souvent sans se préoccuper des voitures.
Et c’est là, surtout en hiver, qu’on se rends compte d’une terrible vérité :
La majorité des cyclistes se comportent comme des connards suicidaires.
Sérieusement. Je crois que seuls les joggers arrivent à faire pire.
Comment faire pour éviter ça ?
Non-cyclistes, comment faire pour éviter que les cyclistes se transforment en connard à votre approche ?
Parce que si on veut que les automobilistes respectent les cyclistes, ce serait pas mal aussi que les cyclistes fassent un minimum d’effort pour être respectables…
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Tellement bon qu’on a réussi à le revendre à Paris ! ↩
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OK, beaucoup de pistes cyclables sont super mal indiquées, peu pratiques, presque inaccessibles, de simples bandes peintes trop près du bord d’une chaussée trop étroite, ou ce qui est une connerie plus subtile, des trottoir partagés3. Mais on saluera l’effort quand même, ça reste globalement utilisable et souvent pratique. ↩
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Un vélo va entre 3 et 6 fois la vitesse d’un piéton, sur plat, sans forcer. Et on essaie de les faire circuler au même endroit ?! ↩
- Comportements suicidaires
- Comportements de connard
- Apprendre à faire du vélo
- La section des non-cyclistes
Comportements suicidaires
Nuit = lumières
J’insiste :
La nuit, on circule avec des lumières.
Blanc devant et rouge derrière, pour qu’on puisse savoir le sens du vélo. Fixes : le clignotant se voit mieux, mais empêche de déterminer correctement votre vitesse. Et je m’assure que les phares soient visibles (donc pas planqués par la roue, le chargement, la veste qui flotte…).
On trouve une paire de phares certifiés sécurité routière pour 30 €, et des versions qui permettent de circuler en rase campagne pour à peine plus.
La nuit, il n’y a que 3 couleurs :
- Le lumineux, qui vous permet d’être vu et de ne pas mourir.
- Le rétroréfléchissant, qui vous permet d’être vu si la personne en face vous éclaire et de ne pas mourir que dans ce cas.
- Absolument toutes les autres couleurs, y compris le blanc et le fluo, sont invisibles de nuit. Au mieux c’est la différence entre « beaucoup trop tard » et « un peu trop tard ». Dans les deux cas vous êtes mort.
Vous circulez en ville ? Ça ne change rien. L’éclairage public est souvent insuffisant, parfois absent (de façon normale ou exceptionnelle), ou bien on ne vous distingue pas devant le bordel illisible provoqué par plein de lumières distantes. Utilisez des phares.
Possibilité de réaction
Il faut pouvoir réagir face à l’imprévu :
- Pas de musique sur les oreilles.
- Pas de mains dans les poches.
- Pas de manipulation du smartphone.
- Pas de cagoule qui interdit la vision latérale.
Un vélo ça freine mal et ne permet pas d’esquiver. Si en plus vous vous interdisez de percevoir le danger ou de réagir, c’est que vous voulez mourir.
Anticipez : en vélo, la carrosserie, c’est votre corps
Et je donne de mon corps pour illustrer mes propos :
Ça, c’est l’état de mon coude après une chute à vélo : mon frein avant s’est bloqué et je suis passé par-dessus la roue avant.
C’était il y a plus de deux mois, et j’ai encore une marque visible sur la peau.
Je roulais au pas, à environ 5 (cinq) km/h.
Selon le vélo, sur plat et sans vent, un cycliste monte sans forcer à des vitesses de 20 à plus de 30 km/h.
En vélo, on a aucune protection : le corps prends tout directement. Ne pas anticiper, c’est vouloir mourir.
Griller les priorités et feux
Cf le point précédent :
Un danger mal évalué sur une priorité ou un feu grillé, et c’est la mort.
Les cyclistes ont souvent du mal à évaluer le temps qu’il leur faut pour traverser une intersection, départ arrêté. Je ne sais pas trop pourquoi, un problème de longueur et d’accélération, je pense.
Comportements de connard
Ha mais oui, on peut aussi être un gros connard égoïste sans être suicidaire ! Parce qu’être un bon danger public, c’est aussi faire courir des risques aux autres !
Circuler comme si on était seul au monde
Parce que voyez-vous, c’est aux autres de s’adapter. Le cycliste ne fait que se promener gentiment, non ?
Donc, pas de problème à tourner n’importe où n’importe comment sans prévenir, à doubler par la droite, à rouler à gauche, sur les trottoirs, à couper les intersections en travers… non ?
Vidéo: Voilà pourquoi tant d’automobilistes, de piétons et d’autres cyclistes détestent les cyclistes.
Se planter au milieu du passage
Ha, mais on peut aussi faire chier le monde sans rouler : il suffit d’attendre (ou pire, de se garer) à un endroit où ça fait bien chier le monde.
Je voulais mettre d’autres idées dans cette section, mais en fait elles se résument toutes aux deux points précédents. Donc :
Respectez les autres usagers
J’insiste encore :
Respectez les autres usagers.
Quand vous êtes sur la route ou sur une piste cyclable, respectez le code de la route (feux et sens interdits, notamment).
Si vous devez circuler sur les trottoirs1 ou dans les parcs, roulez prudemment et n’exigez pas des piétons qu’ils vous laissent un boulevard.
Et si un usager fait n’importe quoi avec la piste cyclable… affirmez-vous :
(Plein d’autres exemples dans la chaine YouTube)
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Parce que soyons sérieux : il y a pas mal de cas ou c’est hélas beaucoup moins dangereux de faire une petite infraction au code de la route et d’emprunter un passage piéton, un bout de trottoir, etc. que de rouler en tant que véhicule, sur la route. On peut signaler le fait aux autorités, et éviter de suicider en attendant que les choses bougent. ↩
Apprendre à faire du vélo
C’est un constat extrêmement curieux que j’ai fait au cours de mes pérégrinations :
Énormément de cyclistes – y compris des livreurs ! – ne savent pas faire de vélo.
J’entends par là qu’ils savent avancer sans tomber1. Mais de façon totalement inefficace, parce qu’on ne leur a visiblement jamais expliqué les trois trucs ci-dessous :
Régler la hauteur de la selle
C’est le truc qui peut faire perdre ou gagner énormément de puissance, donc de fatigue. Une selle trop haute est dangereuse à l’arrêt ; une selle trop basse est extrêmement fatiguante.
La selle doit être à hauteur de hanche, utilisez l’une des techniques suivantes :
- Assis sur la selle, les deux pieds touchent à peine le sol.
- Assis sur la selle, le talon sur une pédale, la jambe reste presque tendue.
Attention, c’est précis pour un gain en puissance énorme : récemment j’ai remonté ma selle de moins de 2 cm. Du jour au lendemain, j’ai pu monter sans souci un raidillon qui m’imposait de descendre 2 vitesses supplémentaires ou de me mettre « en danseuse » jusqu’à la veille.
Il y a plein d’autres réglages de confort et d’efficacité sur un vélo, mais celui-ci est de très loin le plus important.
Positionner son pied correctement
On pédale avec l’avant du pied sur les pédales, et pas la voûte plantaire.
C’est un peu comme si on « marchait sur la pointe des pieds » sur les pédales, ce qui permet une bien meilleure efficacité de pédalage. Cf ce site par exemple.
Je suis toujours étonné du nombre de personne qui se fatiguent inutilement simplement en pédalant mal.
C’est par contre plus lent pour trouver la position : sans cale-pied, ça peut être utile de se lancer pied à plat (voûte plantaire sur la pédale) puis de repositionner le pied une fois l’impulsion donnée. Par exemple pour dégager un carrefour.
Utiliser les vitesses
N’importe quel véhicule passe des vitesses pour accélérer efficacement au démarrage.
Plein de cyclistes galèrent au démarrage, ou alors se limitent à des vitesses ultra-lentes parce qu’ils pédalent dans la choucroute alors qu’il reste plein de vitesse disponibles.
Il paraîtrait que l’efficacité la meilleure serait aux alentours de 80 tours de pédale par minute ; pour de la promenade c’est sans doute plutôt 60. Mais en gros : montez les vitesses si vous ne sentez plus de résistance sous la pédale (sinon vous ne pourrez pas accélérer en cas de besoin), et n’oubliez pas de baisser les vitesses en ralentissant sous peine de devoir se mettre debout sur les pédales pour redémarrer.
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Je ne parle même pas d’entretenir son vélo, alors que c’est facile et très peu cher. Un essuie-tout, une burette d’huile, un tournevis à têtes interchangeable, une pince, et à moins d’avoir des freins à disque vous pouvez tout re-régler tant qu’il n’y a pas de pièce à changer. C’est infiniment de confort en plus, et rentabilisé en moins de 2 visites chez votre vendeur/régleur préféré. ↩
La section des non-cyclistes
Non-cyclistes, votre section se résume en gros en un point :
Respectez les autres ! (dont les cyclistes).
En vrac, sur cette semaine :
- Les pistes cyclables ne sont ni des parkings, ni des trottoirs, ni des pistes pour 2-roues motorisées, ni des routes. Ni des pistes pour joggers !
- Si votre mioche se plante devant le vélo, sur la piste cyclable, en écartant les bras… faites-lui comprendre que c’est dangereux…
- Ce n’est pas parce que vous pilotez une tonne ou plus de métal que vous avez tous les droits.
- « Si je peux taper, c’est que vous êtes trop près ! » (1 m de sécurité en ville, 1 m 50 hors agglomération).
Voilà, c’était le billet-coup-de-gueule-mais-que-j’ai-voulu-faire-constructif-alors-du-coup-ça-s’est-étalé du soir.
Parce que le vélo c’est bien, c’est pratique et c’est bon pour la santé. Alors faisons en sorte que la cohabitation se passe au mieux pour que plus de gens puissent se mettre au vélo !