C’est officiel : NDDL ne se fera pas. Youpi, victoire ?
Je pense pas. NDDL, au-delà de la simple contestation d’un projet d’aménagement vieux de plus de 50 ans (et de la même période que le Larzac), NDDL, c’est une forme d’utopie concrète. Une matérialisation d’un autre mode de vie. Le gouvernement veut éliminer les « zadistes ». Finalement, en renonçant à l’aéroport, le gouvernement veut éteindre la contestation. Mais il cherche aussi à « normaliser » la situation. Normaliser dans le sens de norme de Foucault : imposer, de manière coercitive un modèle. Reprenons.
Un argument de NDDL, c’est de lutter contre « l’aéroport et son monde ». Et son monde. Le néolibéralisme. Le capitalisme. La destruction de l’environnement au nom du profit. Mettez ce que vous voulez derrière « son monde ». Finalement, le gouvernement ne voudrait-il pas éteindre une source possible de contestation de son modèle de fonctionnement, pour empêcher une alternative de marcher ? Thatcher disait qu’il n’y avait pas « d’alternative au capitalisme » (son fameux TINA). Or, NDDL, c’est clairement une alternative, avec un rejet d’une forme de la propriété privée. Si le capitalisme laisse naître et diffuser des arguments de contestation, et montrer des alternatives plus intéressantes (aux yeux du plus grand nombre), il perd sa légitimité comme système hégémonique. Finalement, renoncer à l’aéroport, et remettre « dans le droit commun » cet espace, avec l’idée de redonner aux agriculteurs expulsées la propriété privée, c’est couper l’herbe sous le pied des porteurs du modèle alternatif, celui de la propriété commune. La ZAD est une incongruence dans l’idéal capitaliste, une verrue dans un tableau idéal.
Bref, au-delà du simple projet d’aménagement, il se cache une lutte pour deux modèles de sociétés. Et c’est pas celui qu’on croit qui a forcément gagné.
Bien sûr, la question est plus complexe qu’une simple confrontation d’une vision du monde. Je pourrais vous parler des heures des tenants et aboutissant de tel ou tel choix, des problèmes d’artificialisation des sols, tout ça tout ça. Mais je trouve que traiter de « terroristes » les zadistes, est quand même symptomatique d’un certain refus de l’altérité.