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Et dans 5 ans, les avions ne décolleront pas !

C’est officiel : NDDL ne se fera pas. Youpi, victoire ?

Je pense pas. NDDL, au-delà de la simple contestation d’un projet d’aménagement vieux de plus de 50 ans (et de la même période que le Larzac), NDDL, c’est une forme d’utopie concrète. Une matérialisation d’un autre mode de vie. Le gouvernement veut éliminer les « zadistes ». Finalement, en renonçant à l’aéroport, le gouvernement veut éteindre la contestation. Mais il cherche aussi à « normaliser » la situation. Normaliser dans le sens de norme de Foucault : imposer, de manière coercitive un modèle. Reprenons.

Un argument de NDDL, c’est de lutter contre « l’aéroport et son monde ». Et son monde. Le néolibéralisme. Le capitalisme. La destruction de l’environnement au nom du profit. Mettez ce que vous voulez derrière « son monde ». Finalement, le gouvernement ne voudrait-il pas éteindre une source possible de contestation de son modèle de fonctionnement, pour empêcher une alternative de marcher ? Thatcher disait qu’il n’y avait pas « d’alternative au capitalisme » (son fameux TINA). Or, NDDL, c’est clairement une alternative, avec un rejet d’une forme de la propriété privée. Si le capitalisme laisse naître et diffuser des arguments de contestation, et montrer des alternatives plus intéressantes (aux yeux du plus grand nombre), il perd sa légitimité comme système hégémonique. Finalement, renoncer à l’aéroport, et remettre « dans le droit commun » cet espace, avec l’idée de redonner aux agriculteurs expulsées la propriété privée, c’est couper l’herbe sous le pied des porteurs du modèle alternatif, celui de la propriété commune. La ZAD est une incongruence dans l’idéal capitaliste, une verrue dans un tableau idéal.

Bref, au-delà du simple projet d’aménagement, il se cache une lutte pour deux modèles de sociétés. Et c’est pas celui qu’on croit qui a forcément gagné.

Bien sûr, la question est plus complexe qu’une simple confrontation d’une vision du monde. Je pourrais vous parler des heures des tenants et aboutissant de tel ou tel choix, des problèmes d’artificialisation des sols, tout ça tout ça. Mais je trouve que traiter de « terroristes » les zadistes, est quand même symptomatique d’un certain refus de l’altérité.



14 commentaires

Meh. Je ne dirai qu’une seule chose : il est facile mais pas forcément honnête de faire de supputations sur les intentions d’un gouvernement, alors que le problème est visiblement complexe.

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alors que le problème est visiblement complexe

Alors certes, il y a toutes les problèmes de développement territoriale (multi-modes de transports, critique de l’étalement urbain…). Mais bon, il reste un goût amer, un je ne sais quoi, que je souhaitais exprimer pour mettre le point dessus.

Concernant les pour et contre ce projets, y’a pléthores de documents, en commençant par les rapports. Je recommande la lecture de cette tribune, qui résume bien : http://www.presseocean.fr/actualite/notre-dame-des-landes-jean-varlet-geographe-bon-sens-et-raison-garder-12-01-2016-181127

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Ajout de cette partie (en plus de la correction de la faute) :

Bien sûr, la question est plus complexe qu’une simple confrontation d’une vision du monde. Je pourrais vous parler des heures des tenants et aboutissant de tel ou tel choix, des problèmes d’artificialisation des sols, tout ça tout ça. Mais je trouve que traiter de « terroristes » les zadistes, est quand même symptomatique d’un certain refus de l’altérité.

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D’un point de vue politique, je dis pas, mais sur le terrain, c’est une victoire. On ne va pas détruire un marais, on ne va gaspiller de l’argent public ah ben en fait, si, parce que construis ou pas, on paye l’aéroport à Vinci. Logique…

Qu’ils agrandissent l’aéroport de Rennes. De toute façon, là aussi, construis ou pas, Rennes a prévenu qu’il développerais son aéroport. Le but de tout ça étant évidemment de se la péter : on a bien trop d’aéroports et pas assez de trains. Y’a tout pleins de lignes à l’abandon, on ferait mieux d’utiliser l’argent pour les remettre en service. Ça détruis peu de choses pour très cher (c’est presque que de la restauration), et ça sera très utile, je pense. Plus qu’un aéroport international…

Intéressant : https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-17-janvier-2018

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@Breizh : je ne dénie pas ce côté-là. Mais serait-ce toujours une victoire quand on verra le retour des propriétaires et qu’on fera des magnifiques et grandes exploitations en monoculture ? hmm… Bref, une joie en demi-teinte. Qu’on soit clair : je préfère le triton au béton.

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Salut,

Un argument de NDDL, c’est de lutter contre « l’aéroport et son monde ». Et son monde. Le néolibéralisme. Le capitalisme. La destruction de l’environnement au nom du profit. Mettez ce que vous voulez derrière « son monde ». Finalement, le gouvernement ne voudrait-il pas éteindre une source possible de contestation de son modèle de fonctionnement, pour empêcher une alternative de marcher ?

Techniquement, il y a déjà des alternatives qui fonctionnent. L’agriculture biologique, la permaculture, la vente en circuit court, etc. Tout cela existe déjà et je ne pense pas que le gouvernement français cherche spécialement à les étouffer.

Dans ce cas ci, je pense juste qu’il s’agit de mettre un terme à une guerre d’usure et à un projet qui semble avoir crée suffisamment de problèmes et d’incidents.

Maintenant, je comprend que tu ne souhaites pas voir un désert vert poindre le bout de son nez, mais ceci est une autre question et n’est certainement pas une fatalité.

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Le mouvement punk, le rock, le bio et même le Che ont critiqué le capitalisme. Mais ce dernier a réussi a intégrer la critique pour perdurer. Je me questionne si, ici, on risque pas ce délire ?

Bref, ce sont des élécubrications, mais autant partager avec d’autres. Cerner les enjeux conceptuels de cette décision.

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Le mouvement punk, le rock, le bio et même le Che ont critiqué le capitalisme. Mais ce dernier a réussi a intégrer la critique pour perdurer. Je me questionne si, ici, on risque pas ce délire ?

Je comprend ton point de vue qui est de se demander si l’abandon du projet NDDL ne vise pas à éviter que la contestation ne fasse tâche d’huile (avec la mise en place d’autres ZAD par exemple). C’est certainement un point qui a été pris en considération, cependant, de mon point de vue, ce qui dérange ce n’est pas tant la remise en cause du modèle économique et politique actuel, mais plutôt l’atteinte à l’ordre que la ZAD pose en elle-même. Autrement dit, ce n’est pas tant les idées véhiculées ou les remises en questions qui gênent, mais a priori plutôt les actes illégaux.

Bref, ce sont des élécubrications, mais autant partager avec d’autres. Cerner les enjeux conceptuels de cette décision.

qwerty

Personne ne te reprochera de vouloir en discuter ici. ;)

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Autrement dit, ce n’est pas tant les idées véhiculées ou les remises en questions qui gênent, mais a priori plutôt les actes illégaux.

Oui, je ne le nie pas (le cas de la « routes des chicanes » par exemple). Mais mon questionnement se porte essentiellement sur la redistribution des terres (va-t-elle se faire et comment ? Peut-on imaginer une solution comme au Larzac avec une collectivisation des terres ou un retour à la propriété privée ?).

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Excellent article : https://reporterre.net/Et-si-Notre-Dame-des-Landes-devenait-un-bien-commun

Qui rejoint sur ce point ma pensée :

Possible juridiquement et concrètement, un statut de commun est-il envisagé par le gouvernement actuel ? « Je suis à peu près sûr que notre manière d’expérimenter va à l’encontre de la façon de penser d’Édouard Philippe, affirme Camille. Mais d’un autre côté, beaucoup de gens ressentent ce que l’on fait comme une source d’inspiration bien au-delà de Notre-Dame-des-Landes. Et ceux qui nous gouvernent ont compris qu’on ne bougera pas. Je ne pense pas qu’ils pensent à cette solution des communs, mais c’est à nous de continuer à la faire exister très concrètement au lendemain de l’abandon. »

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Oui, je ne le nie pas (le cas de la « routes des chicanes » par exemple). Mais mon questionnement se porte essentiellement sur la redistribution des terres (va-t-elle se faire et comment ? Peut-on imaginer une solution comme au Larzac avec une collectivisation des terres ou un retour à la propriété privée ?).

qwerty

Foncièrement (hu hu), dans tous les cas, il n’y a pas de « retour à la propriété privée » puisque c’est déjà et ce sera une ou des propriétés privées au final. Que le propriétaire soit l’État, des entreprises commerciales, une société ou une ASBL, le résultat est le même : il y a un ou des propriétaires. La différence est dans la manière de gérer ces propriétés et l’objectif poursuivit.

De ce point de vue, le terme « commun » employé dans l’article est pour moi erroné voire un peu fallacieux. S’il y a création d’une société, quelle qu’en soit sa forme, et qu’elle devient usufruitière ou emphytéote comme cela est suggéré, c’est une privatisation (comprendre : la propriété est toujours publique, mais la gestion en devient privée) des terres à son profit. Autrement dit, seuls les membres de cette société pourront décider de l’usage de ces terres. Pour moi, qualifier cela de « commun » est trompeur.

Je précise que je ne remets pas ici en cause le bien fondé ou non du projet ni ne juge les objectifs poursuivis (qui m’ont l’air louable). Simplement, les termes me semblent employés de manière un peu mensongère.

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