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Quelques idées reçues en psychopathologie

Parlons peu, parlons fou !

Les idées reçues ont la vie dure, et ce dans tous les domaines : en histoire, on imagine bien que les gladiateurs étaient des esclaves criant « Ave Caesar, morituri te salutant » ou que Copernic a été brûlé ; en santé, que l’eau oxygénée est un antiseptique ou que la citronnelle écarte les moustiques ; et ainsi de suite…
De fait, nous aussi, en psychologie, nous avons notre lot d’idées reçues, et particulièrement pour ce qui concerne la psychopathologie, c’est-à-dire le domaine de la psychologie s’intéressant aux maladies mentales. Je vous propose donc de passer en revu quelques cas où, en fait, on utilise un terme de manière inappropriée, à la place d’un autre :) . Ce n’est bien sûr qu’un prétexte pour parler un peu de psychologie avec vous :D .

Les éléments qui sont donnés plus bas, bien sûr, ne pourront pas suffire à vous improviser psychologue : n’allez pas diagnostiquer à tout va, surtout. Si vraiment cela vous intéresse ou vous questionne, n’hésitez pas à vous renseigner davantage dessus, mais soyez toujours prudent avec vos idées de diagnostic !

Le ton de mon billet est volontairement léger, mais cela n’exclut pas de comprendre et respecter les souffrances des personnes souffrant des troubles exposés plus bas. Ces personnes ont besoin d’un environnement compréhensif et bienveillant pour s’en sortir, et il nous incombe, à nous psychologues, de l’être plus que tout autre.

C’est parti pour une virée dans les hôpitaux psychiatriques et les manuels de psychopathologie :pirate: !

Manie & trouble obsessionnel

« C’est terrible, il fait tout le temps le ménage chez lui, vérifie que tout est propre : il est vraiment maniaque, n’est-ce-pas ? »

Le premier des termes qui nous intéresse est celui de « maniaque », qu’on utilise pour désigner quelqu’un de très minutieux, perfectionniste, faisant attention à chaque détail. En fait, quelqu’un qui serait excessivement à cheval sur l’hygiène et la propreté de sa maison serait plutôt victime d’un trouble obsessionnel compulsif (aussi abrégé TOC).
Comme le dit son nom, le TOC est caractérisé par une ou plusieurs idées qui s’imposent à l’idée du malade, souvent avec beaucoup d’angoisse, (obsession) laquelle angoisse ne peut être réduite que par un geste ou un comportement rituel bien déterminé (compulsion). Un cas fréquent est un rituel hygiénique, comme se laver les mains, pour se protéger de maladies ou de germes (alias syndrome de lady MacBeth) ; on trouve aussi des gens qui ont peur de ne pas avoir bien fermé la porte en partant de chez eux, ou fermé leurs volets, causant d’importants retards. Cela peut aller plus loin avec ce que l’on appelle une phobie d’action, c’est-à-dire une peur de poser un acte non-désirable, comme un acte violent : le rituel consiste alors à se rendre inoffensif, par exemple en évitant le contact avec tout objet dangereux (couteau, fourchette, etc.). Dans certains cas, l’obsession peut être colorée d’éléments mystiques ou superstitieux, menant à des rites conjuratoires plus ou moins compliqués.
Quelques exemples réels, pour que vous compreniez :

  • Une femme de 28 ans a peur, à chaque fois qu’elle prend la voiture, de rouler sur quelqu’un. À chaque bruit, supposé ou réel, qu’elle entend dans sa voiture, elle pense avoir percuté quelqu’un et s’arrête donc pour vérifier que personne n’a été touché.
  • Un jeune homme de 16 ans a peur d’attraper une maladie en laissant une impureté sur sa peau, il passe donc 8 heures par jour sous la douche.
  • Un enfant de 13 ans est convaincu que faire un geste le « déséquilibre » s’il ne fait pas le même geste en symétrique. Ainsi donc, s’il se frotte deux fois l’œil droit avec la main gauche, il devra se frotter deux fois l’œil gauche avec la main droite, au même rythme.

Le plus important à comprendre sur ce trouble est qu’il touche l’individu sans atteindre sa conscience : il est généralement conscient que ses idées sont ridicules, mais il n’arrive pas à prendre de recul dessus, tant l’angoisse attachée à l’obsession est importante. Ce trouble est d’ailleurs assez courant, touchant environ 2% de la population.
Au niveau des thérapies, on a souvent recours à des thérapies cognitivo-comportementales, dans lesquelles on apprend à se défaire des rituels, à réguler l’angoisse suscitée par les obsessions. En cas de besoin, certains médicaments peuvent réduire l’anxiété. Il faut aussi noter que certains TOCs, par leur contenu, peuvent révéler des problèmes psychologiques plus profonds, auquel cas un accompagnement thérapeutique à long terme semble indiqué.

Mais du coup, Jamy, c’est quoi la manie ?

Le mot « manie » vient du grec mania, qui désigne la folie en général. Durant l’époque classique, on qualifiait de manie, ou monomanie, certains comportements obsessionnels, d’où la confusion avec les TOCs. Mais aujourd’hui, « manie » a un autre sens, c’est un trouble de l’humeur.
Pour se figurer ce qu’est la manie, il faut essayer de penser à une dépression inversée : une grande euphorie, une tachypsychie (pensée trop rapide), une logorrhée (parler sans cesse, très vite), une hypermotricité (bouger partout, tout le temps), une insomnie, une hypersensibilité émotionnelle, et une certaine désinhibition (être sans gêne, ne plus avoir honte de rien, se permettre d’être familier ou vulgaire, etc.). Le plus grand problème, c’est que cet accès d’euphorie, normal sur une courte durée, dure au moins 2 à 4 jours, ce qui rend l’individu complètement inadapté à la vie normale.
Voici le cas le plus grave de manie dont j’ai pu entendre parler : un homme d’une quarantaine d’année est hospitalisé pour crise maniaque. Il ne bouge pas, mais reste toujours les yeux ouverts, toujours debout, avec un sourire large et des yeux brillants, rieurs. Et rien ne peut le faire parler, ni bouger, ni sortir de cet état de sur-excitation.
Ce type d’épisodes est généralement traité par des médicaments régulateurs de l’humeur, comme le lithium, qui sont très efficaces, mais doivent être pris toute la vie sous peine de rechute. Ils ont également des effets tératogènes, c’est-à-dire qu’ils induisent des malformations fœtales.
Les épisodes maniaques peuvent alterner avec de grands moments de dépression, auquel cas on parle de trouble bipolaire (anciennement psychose maniaco-dépressive).

Paranoïa & délire de persécution

« Il se cloître chez lui, il a peur d’être empoisonné, il se cache au moindre bruit : il est paranoïaque, non ? »

Passons à quelque chose de plus sérieux ! Dans la mentalité commune, quelqu’un de paranoïaque est quelqu’un d’extrêmement méfiant, à l’extrême, qui a toujours peur qu’on lui veuille du mal. Dans les cas nettement pathologiques, on pourrait penser à ceux qui ne mangent plus de peur d’être empoisonnés, ne sortent pas de chez eux par peur de se faire enlever, ou n’ouvrent même plus leurs volets. Mais cela, non, ce n’est pas de la paranoïa, c’est ce que l’on appelle un délire de persécution, où l’individu pense qu’on lui veut du mal.
Ce genre de délire apparaît effectivement dans la paranoïa (que nous allons décrire un peu plus bas), mais pas exclusivement : d’autres maladies, comme la schizophrénie, la dépression, Alzheimer ou d’autres pathologies du vieillissement. Ainsi donc, voir un malade souffrir d’un délire de persécution ne peut suffire à le caractériser comme paranoïaque.
D’où la question : qu’est-ce-que la paranoïa ?

En faisant référence à la paranoïa, on peut parler du délire paranoïaque ou simplement de la personnalité paranoïaque, ce qui est assez différent.

Le délire paranoïaque, contrairement à ce que l’on pense, ne se définit pas par son thème (persécution, mysticisme, amoureux, mégalomaniaque, etc.), mais avant tout par son mécanisme. C’est vraiment central à retenir, pour comprendre ce qu’est la paranoïa. Le délire paranoïaque se caractérise donc par l’usage quasi-exclusif du mécanisme d’interprétation, qui consiste à voir en chaque signe anodin une confirmation de son délire. Par exemple :

  • « Le voisin a fermé ses volets plus tôt que prévu, c’est pour que je ne voie pas qu’il prépare du poison pour me tuer. »
  • « J’entends des bruits dans ma canalisation, ça doit être des agents secrets déguisés en plombiers qui mettent du cyanure sur les parois de mes canalisations. »
  • « On m’a servi du riz à la cantine, ça veut dire qu’on se rit de moi. »
  • « Trois voitures jaunes sont passées devant chez moi, ça veut dire que ma femme me trompe avec des chauffeurs de taxi. »
  • « J’ai mal aux oreilles aujourd’hui, ça veut dire qu’on parle mal de moi. »

D’autres types de délire peuvent utiliser ce mécanisme, mais la caractéristique du délire paranoïaque est qu’il ne s’appuie que sur ça. Si, au contraire, le délire s’appuie sur un grand nombre d’autres mécanismes (comme les hallucinations, l’intuition, etc.), il y a fort à parier pour une schizophrénie (cf. plus bas).
Ainsi donc, le délire paranoïaque est principalement interprétatif, se basant sur les détails réels de la vie : il est de fait beaucoup plus construit, beaucoup plus argumenté et donc beaucoup plus crédible que les délires basés sur l’hallucination. Les personnes souffrant de délire paranoïaque sont de fait plus difficiles à discerner des personnes normales, car leur délire ne prend pas tellement de place dans leur vie publique : cela ne leur empêche généralement pas d’aller au travail, de résoudre des problèmes de maths, d’apprendre des langues, etc. Généralement, les délirants ne sont pas pris en charge, à moins de commettre un acte agressif (comme tuer son voisin qui l’espionne), car ils ne vont pas se plaindre d’eux-mêmes, et estiment être parfaitement sains (« I’m not sick but I’m not well »). Par ailleurs, l’individu délirant adhère généralement pleinement à son délire, malgré ses côtés quelquefois grotesques : il est très difficile de l’en faire démordre, de le remettre en question sans être à son tour persécutoire (« De toute façon, tu veux toujours me prouver que j’ai tort, je vois pas pourquoi je parle encore avec toi. D’ailleurs, tu dois être sans doute du complot »).
Le délire paranoïaque se déclare généralement vers 50 ans et est plus fréquent chez les hommes. Il n’existe pas de traitement miracle pour la paranoïa, seulement quelques moyens de limiter le délire et de l’apaiser. Mais l’individu peut quelquefois chercher à ne pas prendre ses médicaments, à ne pas se rendre en psychothérapie, etc.

Parlons maintenant de la personnalité paranoïaque, c’est encore plus amusant !
Il s’agit généralement, à nouveau, de personnes qui ne ressentent pas le besoin de se faire suivre psychologiquement, qui estiment ne pas en avoir besoin et que tout va bien pour eux.
On cite généralement 4 traits pour déterminer la personnalité paranoïaque :

  • Une hypertrophie du moi, c’est-à-dire un grand orgueil, souvent écrasant et agressif, d’autres fois faussement modeste ; une tendance à rechercher compulsivement les postes prestigieux, les honneurs ; à donner des conseils/ordres de manière très hautaine et altière, à s’estimer grandement. Mais oui, à ce titre-là, nous serions beaucoup de paranoïaques :p .
  • Une tendance naturelle au doute, à la méfiance, qui peut se muer en soupçon ; une grande susceptibilité associée à une rancœur tenace.
  • Un jugement généralement faussé, très obstiné et entêté, la capacité à défendre coûte que coûte son avis en ne prenant pas en compte ce qui ne va pas dans son sens. Ce trait peut être valorisé dans certains milieux, comme chez les avocats ou les hommes politiques, à qui l’on demande avant tout de savoir défendre leur bout de gras. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, être avocat ou homme politique ne sert pas pour être diagnostiqué paranoïaque :D .
  • Une inadaptation sociale fondamentale, pouvant mener à un repli. Tous les échecs sont vus comme la faute du monde extérieur, jamais de soi-même.

Si l’on passe soigneusement en revue tous ces éléments, on comprendra que le fondement de la personnalité paranoïaque est généralement une estime de soi défaillante, qui doit être blindée, protégée à tout prix, car elle ne supporterait pas la remise en cause. Et le délire paranoïaque est justement la protection la plus extrême que l’on peut fournir à une estime de soi aussi vulnérable : c’est pour cela qu’il n’est pas rare de voir quelqu’un à la personnalité paranoïaque souffrir de délire paranoïaque par la suite.
Ce n’est cependant pas systématique : une personnalité paranoïaque à l’estime de soi assez peu menacée peut ne jamais développer de délire paranoïaque ; au contraire, une personne souffrant de problèmes d’estime de soi, sans jamais avoir développé de personnalité paranoïaque, peut souffrir de délire paranoïaque.

Schizophrénie & trouble de dissociation de la personnalité

« Il entend des voix dans sa tête, il pense qu’il y a plusieurs personnes à l’intérieur de lui : ce serait pas de la schizophrénie, docteur ? »

Parlons enfin d’un trouble mental extrêmement flamboyant et extrêmement médiatisé : la schizophrénie. Généralement, on parle des schizophrènes comme des personnes ayant plusieurs identités dans leurs têtes, identités qui interagiraient en elles. C’est ce que l’on voit dans de nombreuses œuvres populaires, comme le film Split, inspiré du malade Billy Milligan, qui avait développé 24 personnalités, ou même le personnage de Gollum1. D’ailleurs, le mot schizophrénie vient du grec schizein, fendre et phrene, l’esprit : cela ne veut-il pas dire que l’esprit est fendu en de multiples personnalités ?
Eh bien, non. Tout ce qui a été présenté plus tôt relève de ce que l’on appelle le trouble dissociatif de la personnalité, qui est un trouble très rare, mais très médiatisé dès le XIXème siècle, car il bénéficie d’une aura mystérieuse et ésotérique. Ce trouble peut apparaître dans des schizophrénies, ou possiblement en dehors (abus de substance, pathologies du vieillissement, etc.), mais la plupart des schizophrènes n’ont pas de dissociation de la personnalité.

La schizophrénie est une maladie beaucoup plus étrange, beaucoup plus baroque que cela. C’est une pathologie très polymorphe, très difficile à saisir, mais que l’on peut tenter de qualifier comme une perte d’unité et de cohérence de la personne. C’est pour cette raison que l’on peut la confondre avec la dissociation de la personnalité, car il s’agit dans tous les cas d’une perte d’unité : mais dans la schizophrénie, l’atteinte est beaucoup, beaucoup plus profonde.

On caractérise la schizophrénie par deux syndromes principaux, dans lesquels vous verrez comment l’individu est complètement éclaté, morcelé.
D’abord, c’est ce qu’on appelle le syndrome dissociatif. La pensée est extrêmement atteinte, car l’individu ne peut plus articuler des termes logiques entre eux, ne peut plus raisonner. Le fil de ses méditations est sans cesse rompu, passe du coq-à-l’âne, et c’est exactement ce qui s’observe dans son langage : le patient commence à parler puis s’arrête brusquement, reste quelques secondes sans bouger, puis recommence à parler, mais sur complètement autre chose ; si vous essayez de lui demander ce qu’il voulait dire avant, vous n’aboutirez à rien. C’est le phénomène de barrage, caractéristique de la schizophrénie. Dans les cas les plus graves, on observe carrément de la schizophasie, c’est-à-dire un langage très productif mais complètement incompréhensible, sans suite logique : en réponse à la question « Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? », on pourrait avoir la réponse : « Bonjour Madame être vraiment éloigné poignée de porte avec des trottoirs tout le long parce que bonjour Madame il me donne la vie, m’en fait le don et me rend électronique, électroniquement bon donc ma boite est brisée, très brisée dans le vent qui tourne en rond rond rond ». Les mots ne sont plus associés de manière logique, mais par association d’idées, par rime ou jeu de mots : il n’est de même pas rare d’observer des néologismes (« ulut ») ou des paralogismes (dire « tic-tac » pour parler d’un taxi). Affectivement, on observe la même perte d’unité : c’est ce qu’on appelle alors l'ambivalence. On peut entendre dire « Je déteste ce docteur, c’est quelqu’un d’absolument adorable, adorable », ou voir le schizophrène frapper quelqu’un après l’avoir embrassé, puis voir le malade s’effondrer en pleurs avec des hoquets de rire. De même, quand le malade parle de quelque chose de désagréable, il peut tout à fait sourire, et inversement, pleurer en parlant de quelque chose qu’il apprécie. Le comportement aussi est extrêmement atteint, avec un retrait social et une baisse des interactions avec autrui, une tendance à ne rien vouloir faire (aboulie), à ne prendre du plaisir à rien (anhédonie), voire ne pas du tout obéir aux ordres (négativisme). Dans les cas extrêmes, cela va jusqu’à l’immobilisation totale. On observe enfin des troubles du schéma corporel, c’est-à-dire que les schizophrènes ne conçoivent pas le corps comme vous et moi : ils ne se voient pas comme une entité finie, imperméable. Pour eux, se faire aspirer par le trou dans leur baignoire, avoir le corps qui se décompose, se réveiller sans son foie, se faire absorber par un autre corps sont autant de scénarios possibles voire probables, qui véhiculent une angoisse très forte.
L’autre grand syndrome, c’est le délire. À la différence du délire paranoïaque, il est extrêmement peu réaliste, très explosif, très fantastique. D’abord, les thèmes sont très diversifiés et mixtes : par exemple un jeune homme pense que Mick Jagger le connaît (thème mégalomaniaque) et fricote avec une jeune fille de sa connaissance (érotomanie), mais il est menacé par des extraterrestres (fantastique), parce que c’est aussi la réincarnation de Bouddha (mystique). Les mécanismes sont également diversifiés : on peut halluciner, c’est-à-dire percevoir des choses qui n’existent pas ; être victime d’illusions, c’est-à-dire prendre un objet réel pour autre chose (voir des anguilles à la place de ses lacets) ; on peut avoir des mécanismes d’interprétation aussi, ou d’intuition (savoir au fond de son cœur que l’on est l’incarnation de Shiva). Le tout est très diffus, très emmêlé, assez peu structuré et explicable.

Notez bien que l’on ne peut diagnostiquer la schizophrénie que lors de la présence de ces deux syndromes (dissociation et délire). Les délires sans dissociation peuvent être dus à d’autres maladies, comme la psychose hallucinatoire chronique ou la bouffée délirante aigüe, qui ont des causes et quelquefois des traitements différents.


  1. Tolkien ne l’a pas expressément décrit comme schizophrène, mais c’est généralement un bon symbole de ce que l’on caractérise comme schizophrénique.


Voilà, j’espère que ce petit aperçu de psychopathologie vous aura plus :3 ! J’ai tâché de vulgariser autant que possible, mais n’hésitez pas à me reprendre si ce que je dis n’est pas assez clair, ou à poser des questions si ça vous intéresse ;) .


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18 commentaires

C’était très intéressant ! Merci beaucoup pour ces précisions !

Mais du coup, si on subit un syndrome dissociatif sans délire, ce n’est pas de la schizophrénie ? On appelle ça uniquement un syndrome dissociatif ?

Une personne présentant un trouble dissociatif de la personnalité doit aussi présenter le syndrome dissociatif et le délire pour que ce soit de la schizophrénie ? Ça doit être carrément le bazar, et du coup, vu que le syndrome a l’air de mettre bien le bazar dans la personnalité, c’est vraiment reconnaissable qu’il y ait plusieurs personnalités ?

Et sinon, dans Split, tu dirais qu’il souffre de quoi le monsieur ? :3 Trouble dissociatif de la personnalité suite à des traumatismes psychologiques ?

Ces différents pathologies peuvent-elles être liées à des problèmes neurologiques également ?

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C’était très intéressant ! Merci beaucoup pour ces précisions !

Phigger

Merci à toi pour ton commentaire :) !

Mais du coup, si on subit un syndrome dissociatif sans délire, ce n’est pas de la schizophrénie ? On appelle ça uniquement un syndrome dissociatif ?

Phigger

Je pense qu’on le classerait malgré tout dans de la schizophrénie, surtout que dans les modèles classiques (au moins chez Bleuler), le délire est en fait le fruit de la dissociation, donc que la dissociation appelle forcément le délire (mais pas l’inverse). Une forme pure de la dissociation est difficile à observer dans la réalité.

Une personne présentant un trouble dissociatif de la personnalité doit aussi présenter le syndrome dissociatif et le délire pour que ce soit de la schizophrénie ?

Phigger

Absolument ! C’est tout le sel de la chose :p .

Ça doit être carrément le bazar, et du coup, vu que le syndrome a l’air de mettre bien le bazar dans la personnalité, c’est vraiment reconnaissable qu’il y ait plusieurs personnalités ?

Phigger

Après, là, ça dépend clairement du patient. Mais par exemple, la dissociation de la personnalité peut être échafaudée comme défense contre le morcellement dû au syndrome dissociatif, et donc faire partir du délire schizophrénique.

Et sinon, dans Split, tu dirais qu’il souffre de quoi le monsieur ? :3 Trouble dissociatif de la personnalité suite à des traumatismes psychologiques ?

Phigger

N’ayant pas vu le film, je te répondrai que Billy Milligan, celui qui a inspiré le film, a été diagnostiqué comme atteint de schizophrénie. Donc à peu près le tableau que tu as dépeint tantôt.
À noter, tout de même, que la schizophrénie se décline en plusieurs types, et l’un d’eux est justement la schizophrénie héboïdophrénique, aussi appelé pseudo-psychopathique, car elle partage l’impulsivité et la froideur connue dans cette dernière maladie (je crois que Wikipédia FR a une page sur ce sujet).

Ces différents pathologies peuvent-elles être liées à des problèmes neurologiques également ?

Phigger

On a beaucoup d’hypothèses neurologiques pour la schizophrénie et la paranoïa (cf. le modèle dopaminergique dans la schizophrénie), mais aucun modèle ne s’est imposé comme la cause ultime de telle ou telle maladie. L’autre difficulté des études d’imagerie est que l’on ne sait pas si l’on observe la cause ou l’effet : oké, ce patient a une zone cérébrale sous-réactive, mais est-ce que ça cause la maladie, ou est-ce que la maladie cause le symptôme et donc la sous-réactivité ?
En tous cas, ces deux grandes maladies sont assez complexes pour que l’on raisonne non plus en terme de cause unique, mais en terme de facteurs de risque, c’est-à-dire des éléments augmentant la probabilité de devenir schizophrène/paranoïaque. Et bien sûr, parmi ces facteurs de risque, il y a des éléments génétiques, organiques, et particulièrement cérébraux :)

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Fascinant !

Y’a pas à dire, notre cerveau et notre esprit sont vraiment incroyables.

Petite question : ce dont tu parles et que tu qualifies de psychopathologie, d’instinct j’aurais plutôt appelé ça de la psychiatrie. Y a-t-il une différence concrète entre les deux ? Je connais la différence entre le psychologue et le psychiatre, mais là je sèche…

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Petite question : ce dont tu parles et que tu qualifies de psychopathologie, d’instinct j’aurais plutôt appelé ça de la psychiatrie.

Ekron

De la part d’un carabin, je n’en attendais pas moins :p .

Y a-t-il une différence concrète entre les deux ? Je connais la différence entre le psychologue et le psychiatre, mais là je sèche…

Ekron

En fait, la psychiatrie est une discipline médicale, tandis que la psychopathologie est un champ d’étude qui regroupe plusieurs disciplines : non seulement la médecine, mais aussi la psychologie, puis la sociologie, l’ethnologie, la psychanalyse, etc.

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\o/ Wooohooo un nouveau billet de psycho sur ZdS !

Il y a tellement à écrire sur ce domaine… Je pense par exemple à la façon de réagir quand on sent que quelqu’un "ne va pas bien", la façon d’aborder (et de se préparer à) une conversation de ce style, jusqu’aux premiers réflexes de prévention du suicide. Je pense connaître une personne que ce billet vient d’encourager à écrire sur ZdS. ;)

Merci beaucoup @Dwayn !

+4 -0

Il y a tellement à écrire sur ce domaine… Je pense par exemple à la façon de réagir quand on sent que quelqu’un "ne va pas bien", la façon d’aborder (et de se préparer à) une conversation de ce style, jusqu’aux premiers réflexes de prévention du suicide. Je pense connaître une personne que ce billet vient d’encourager à se mettre à écrire. ;)

nohar

Approuvé !

+1 -0

Il y a tellement à écrire sur ce domaine… Je pense par exemple à la façon de réagir quand on sent que quelqu’un "ne va pas bien", la façon d’aborder (et de se préparer à) une conversation de ce style, jusqu’aux premiers réflexes de prévention du suicide. Je pense connaître une personne que ce billet vient d’encourager à écrire sur ZdS. ;)

nohar

Oui ! Ce billet m’a aussi donné de parler davantage de la psychopathologie : mais c’est quoi un symptôme ? un syndrome ? la classification traditionnelle des symptômes psychologiques, etc. Ça pourrait faire d’ailleurs l’objet d’un contenu en sémiologie général, psychiatrique et non-psychiatrique @Ekron ;)

Quant aux éléments que tu donnes, ils sont clairement en dehors de mon domaine de compétence, mais ça m’intéresse du coup :D !

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n’allez pas diagnostiquer à tout va des personnalités paranoïaques ou des schizophrénies

Vu que la majorité de la classe politique est orgueilleuse, soupçonneuse voire complotiste, obstinée à l’absurde (avec des positions changeante au gré du vent, l’un n’empêche pas l’autre…) et attribue tous ses échecs à la conjecture ou autre, il faut effectivement mieux se garder de tout diagnostique. :-°

Non, mais sérieusement, tu donnes la définition à quelqu’un et tu lui demandes à quoi ça le fait penser, il a plus de chance de répondre Politicien que Personnalité paranoïaque.

Billet super intéressant, en tout cas. :)

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Par ailleurs, pourquoi avoir choisi comme image d’illustration avec DSM et non CIM ?

Helmasaur

La question est intéressante, mais c’est le DSM qui m’est venu le premier à l’esprit quand j’ai pensé "Manuel bourrin de psychopathologie". La CIM aurait pu (et aurait dû, en un sens) être sur cette photo à la place de ce DSM.

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Ça pourrait faire d’ailleurs l’objet d’un contenu en sémiologie général, psychiatrique et non-psychiatrique @Ekron ;)

La sémio générale c’est jouable mais par contre je n’ai pas encore abordé la psychiatrie dans mon cursus (y’en a un peu l’année prochaine normalement, mais je crois que c’est très léger…). :-°

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C’est intéressant. :)

Je ne sais pas si je suis le seul dans cette situation, mais j’ai toujours eu l’impression que certains diagnostics psychiatriques n’étaient pas basé sur des fondations aussi rigoureuses que pour des pathologies physiques, par exemple. D’ailleurs beaucoup de gens critiquent le DSM pour cette raison là. Par contre, je crois qu’une telle catégorisation des pathologies mentales peut être surtout pertinente parce qu’elle permet un encadrement et une thérapie pour ce type de pathologie. Je pense notamment à une personne autiste que je connais qui a pu obtenir un meilleur encadrement à cause de sa catégorisation comme étant « autiste », bien que son diagnostic soit questionnable (ce n’est qu’un exemple).

Bref, je me demande à quel point le diagnostic psychiatrique peut être rigoureux puisqu’il est tellement polymorphe et, à la limite, subjectif. D’ailleurs il existe un débat intéressant sur la notion de « pathologique »: à quel moment on considère qu’un état mental est « pathologique »?

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J’ai toujours eu l’impression que certains diagnostics psychiatriques n’étaient pas basé sur des fondations aussi rigoureuses que pour des pathologies physiques, par exemple.

Le Gigot

Je ne suis pas franchement d’accord avec ça (peut-être simplement parce que je baigne dedans) : il me semble au contraire environ aussi rigoureux que le classement des maladies. C’est-à-dire qu’on est très souvent dans un trouble spectral, très souvent dans une méconnaissance (voire une ignorance) des causes, mais que le construit reste assez robuste pour comprendre voire prédire partiellement l’état psychique d’une personne. Il y a beaucoup de falsifiable dans la sémiologie psychopathologique (exemple bête : l’utilisation des mécanismes projectifs chez les paranoïaques, qui s’intensifie de manière complètement délirante lors d’une épreuve projective comme le Rorschach).

Après, comme tu dis, le diagnostic doit être au service de la personne.

Bref, je me demande à quel point le diagnostic psychiatrique peut être rigoureux puisqu’il est tellement polymorphe et, à la limite, subjectif.

Le Gigot

Là encore, je ne suis pas d’accord, puisque la démarche de la sémiologie est tout de même de fournir des éléments les plus objectifs possibles pour étayer un diagnostic. Oui, bien sûr, du subjectif rentre en jeu, mais il y a des éléments qui ne trompent pas : quand tu observes un beau barrage chez quelqu’un qui délire, tu peux quand même commencer à bien subodorer la schizophrénie (c’en est un signe caractéristique, pathognomonique).

D’ailleurs il existe un débat intéressant sur la notion de « pathologique »: à quel moment on considère qu’un état mental est « pathologique »?

Le Gigot

C’est effectivement un long débat, mais je ne pense pas qu’un seul critère suffise à résoudre la question. Là encore, il s’agit presque de quelque chose en spectre, que l’on évalue avec plusieurs critères, plusieurs questions, comme l’adaptation au milieu, la viabilité, etc.

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Quid du lien entre les troubles de l’attachement (notamment l’attachement insécure désorganisé), le psycho-traumatisme en général et le PTSD en particulier, dans l’étiologie de ces maladies?

La recherche d’antécédents de psychotraumatismes, notamment dans la toute petite enfance (0–2 ans) ou la jeune enfance (2–6 ans) a-t-elle suffisamment été investiguée, d’une part dans les pratiques cliniques mais aussi dans les recherches scientifiques sur ces troubles et maladies?

Je pense qu’il y a encore pas mal à creuser de ce côté là, tant pour comprendre l’étiologie de ces troubles que pour développer de nouvelles stratégies de prévention et de soin (identifier et soigner les traumatismes chez les enfants, même très jeunes, et les guérir avant que des troubles plus graves ne se déclarent): https://www.cairn.info/psychotherapie-de-la-dissociation-et-du-trauma—9782100754106.htm

L’étude ACE réalisée sur 17.000 personnes a très nettement mis en évidence que les expériences traumatiques de l’enfance et de la petite enfance sont le principal déterminant de l’espérance de vie, et ont un impact très significatif sur l’apparition de troubles à l’âge ado/adulte: https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tude_ACE_(Adverse_Childhood_Experiences)

En tout cas je m’étonne que le DSM et le CIM, qui ont identifié le PTSD en tant que trouble à part entière, certes, ne fasse pas plus le lien entre les traumatismes précoces voire hyper précoce (ex: les troubles de l’attachement les plus graves) et le développement ultérieur d’autres troubles.

J’ai tendance à penser qu’on n’a pas encore bien compris et pas encore assez étudié le PTSD chez les bébés et les jeunes enfants.

Avec les récentes prises de parole sur l’inceste, par exemple, on a bien vu à quel point ce type d’évènements peut provoquer des dysfonctionnements importants (dissociation, PTSD, amnésie traumatiques, addictions, tentatives de suicide, scarifications etc…).

La physiologie du stress et du psycho-traumatisme restent des champs de recherche important à investiguer

Tout cela est très intéressant, effectivement, et bien des recherches restent à faire sur le sujet :) Puisqu’il ne s’agit pas de l’objet de l’article et que je ne dispose pas de savoir suffisamment précis pour compléter tes dires, je laisse à d’autres la possibilité de le faire

Merci pour ce retour !

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