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Origine et prix de l'électricité en Europe

Juste quelques données

Bonjour à tous,

Le but de ce billet est d’actualiser un graphique qui a pas mal circulé présentant le prix de l’électricité en fonction de son origine. Ce graphique avait pour but de montrer que les énergies intermittentes ont un effet non-souhaitable sur le prix. Et il y arrivait for bien, mais il datait de 2011. Depuis, bien des choses ont changé. Les énergies intermittentes ont progressé à marche forcée, dopées par des subventions très généreuses, et ses supporteurs disent à qui veut bien l’entendre que les données utilisées ne sont plus à l’ordre du jour, et que maintenant, c’est moins cher ou tout au plus aussi cher que les énergies fossiles.

Quand on est comme moi un peu fainéant, on se demande comment vérifier cette déclaration. Certains vont essayer de trouver le prix de l’éléctricité en prenant en compte tous les facteurs : C’est compliqué, et ce sera sûrement l’objet d’un prochain billet. Certains s’y sont essayé ; Lazard et Jancovici obtiennent des résultats très différents. Et pour cause, il est compliqué d’estimer ce qui doit entrer en compte dans le calcul (stockage de l’énergie produite, centrales de soutient, connexions au réseau, etc) et même la valeur de certains paramètres (stabilité de la fréquence, CO2 produit, etc).

L’autre approche, beaucoup plus empirique et directe, est de regarder le prix de vente de l’éléctricité, en supposant que tout le monde prend une marge similaire et que personne ne vend à perte. Bien sûr, il y a de l’inertie, des capacités installées quand les prix étaient différents, et il font donc garder, comme toujours, son sens critique éveillé, que vous ayez confiance ou pas dans la personne qui écrit.

Les données

Même pour des données a priori aussi objectives que l’origine de l’éléctricité produite, on trouve des données différentes. Pour ne pas pouvoir être accusé d’avoir un parti pris, j’ai récupéré les données depuis ce site, qui a energiewende dans son nom. Ce sont les données de 2018, donc les plus récentes que l’on ait jusqu’à la fin de l’année. Les voici reproduites ci-dessous.

Sources d'électricité dans l'Union Européenne.
Sources d'électricité dans l'Union Européenne.

Quand aux prix, j’ai tout bêtement décidé de faire confiance au site de l’Union Européenne, qui les rapporte pour la seconde moitié de 2018. Vous noterez qu’ici aussi, on peut trouver des variations. Rien qu’en France, selon le forfait, le fournisseur, etc, ça peut changer pas mal.

Prix de l'électricité dans l'Union Européenne.
Prix de l'électricité dans l'Union Européenne.

Analyse très basique

Comme indiqué, l’idée c’était de se faire une idée de l’influence du renouvelable, et plus particulièrement de l’intermittent, sur le prix de l’éléctricité. Sur les graphique ci-dessous, je n’indique pas quels pays correspond à quel point (retrouvable depuis les données de la section précédente), puisque le but n’est pas de donner des blâmes, juste d’observer si une tendance existe. Je vais aussi commenter assez peu, pour influencer le moins possible.

Prix de l'électricité (pour 100 kWh) en fonction du pourcentage de renouvelable.
Prix de l'électricité (pour 100 kWh) en fonction du pourcentage de renouvelable.

Le renouvelable ne semble pas, à première vue, augmenter le prix de l’électricité, mais l’hydraulique, la géothermie, la biomasse sont inclus dans le lot, et personne ne s’en plaint.

Prix de l'électricité (pour 100 kWh) en fonction du pourcentage d'intermittent.
Prix de l'électricité (pour 100 kWh) en fonction du pourcentage d'intermittent.

L’intermittent par contre semble avoir un léger effet négatif. Mais il y a quelques points de données assez écartés du reste. En dessous, une dernière courbe, en enlevant les pays qui ont produit ou consommé moins de 10 TWh sur l’année.

Prix de l'électricité (pour 100 kWh) en fonction du pourcentage d'intermittent. Seulement les pays qui ont produit et consommé strictement plus de 10 TWh.
Prix de l'électricité (pour 100 kWh) en fonction du pourcentage d'intermittent. Seulement les pays qui ont produit et consommé strictement plus de 10 TWh.

Il semble bien y avoir un léger effet. Les amateurs d’Excel peuvent décrouvrir qu’avec un R² de 0.12, le prix de l’électricité augmente en moyenne d’1€ par MWh par pourcent d’intermittent.


La conclusion sera de ne pas prendre pour argent comptant ce que je viens de vous dire. Vous avez les données, faes votre propre analyse. Peut-être voulez-vous comparer aux émissions de CO2, ou peut-être préféreriez-vous exclure les capacités installées il y a trop longtemps ? Y’a qu’à le faire !

5 commentaires

Après il faut aussi noter quelque chose, pour l’instant le stockage on n’en fait pas malgré l’intermittence de l’éolien et du solaire.

Car globalement l’Europe a surdimensionné le parc électrique pilotable. Si jamais le soleil ou le vent manquent, il suffit d’allumer la centrale de charbon / pétrole / gaz / nucléaire pour combler ou au moins augmenter la charge de celles qui tournent. Cas de la France avec le nucléaire par ailleurs qui module la charge du nucléaire suivant le vent ou du soleil disponible.

Ensuite, certains pays comme le Danemark ou la Belgique ne sont pas autonomes d’un point de vue électrique. Ils sont importateurs. Le Danemark qui a un parc intermittent important a la chance de bénéficier de voisins (Norvège et Suède) qui ont une hydraulique surabondante, donc bon marché et disponible à l’export pour le petit pays scandinave. Donc s’il n’y a pas assez de vent, ils comptent sur les voisins pour sauver la mise.

Le montage fonctionne bien car l’intermittent représente aujourd’hui une faible part de l’électricité européenne encore, le stockage n’est pas nécessaire et n’est donc pas provisionnée. Si on souhaite baser l’électricité sur du 100% renouvelable sur le continent, cet avantage disparait et il faudra investir dans du stockage avant, ce qui est coûteux.

Puis comme ton tableau le souligne, l’électricité est taxée indépendamment du coût de production. En Belgique par exemple c’est assez notable, et les taxes ne sont pas là pour financer le renouvelable intermittent (du moins, pas uniquement) mais sont aussi un impôt indirect. Mais dans d’autres pays cela sert à financer le renouvelable intermittent donc c’est difficile de comparer comme ça.

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Avec un R² de 0.12, il n’y a vraiment aucune corrélation

C’est la raison pour laquelle je l’ai indiqué ;)

Il semblerait aussi que ma mémoire m’ait joué des tours. L’image (plus bas) est en fait sur des données de 2014, et compare avec la puissance installé, au lieu de l’énergie produite.

Mais comme Renault l’a dit, et comme je l’ai aussi écrit dans le billet, il y a des tas de limites à cette approche. Par contre, une correction et un commentaire :

  • L’énergie hydraulique en Suède n’est pas surabondante. Environ 50% de leur électricité, et pas des masses de potentiel non-exploité exploitable. En plus, le Sud de la Suède, d’où proviennent probablement les électrons vendus au Danemark est presque entièrement nucléaire.
  • Quand tu dis que les centrales au charbon/gaz/uranium suffisent encore pour éviter le stockage, ce qui permet de ne pas être trop couteux, je ne sais pas si je suis d’accord. Je pense de plus en plus qu’il faudrait soit prendre en compte ce coût (baisse du facteur de charge des centrales conventionnelles) quand on calcule le coût des intermittentes, soit arrêter avec la priorité des intermittentes sur le réseau. Mais je suis d’accord, quand il faudra en plus avoir le stockage, ça va devenir de la folie.

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