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Histoire des Amériques sous l'influence Occidentale — Première partie

Découverte et explorations pré-colombiennes

Bonjour à tous !

Je serai votre guide à travers ce gros sujet bien compliqué (admettons-le) qu’est l’histoire américaine. Mais n’ayez crainte, car mon rôle sera de vous accompagner à travers tout ce bazar incompréhensible de Français (les futures communautés francophones au Canada et États-Unis), Anglais (qui deviennent bientôt des Américains), Américains (qui deviennent par la suite des Amérindiens, bien qu’ils ne soient pas vraiment apparentés aux Indiens d’Inde d’une quelconque manière), Espagnols, Portugais, leurs petits copains, enfin vous voyez quoi :p

Ce billet sera donc le premier d’une série — ou pas, dépendant de ma motivation dans les prochaines semaines — consacré à l’histoire des Amériques, depuis les premières explorations puis colonies occidentales (je ne compte pas parler de l’histoire précédant cette période, car elle est déjà assez complexe à aborder à elle-seule) jusqu’à… ce que je ne sois plus motivé, voilà.

Enfin, sans plus vous faire attendre, entamons donc notre voyage à travers l’histoire à partir du tout début : c’est à dire, la découverte du Nouveau-Monde—qui n’est pas si nouveau que ça, d’ailleurs, mais passons !

Les explorations pré-colombiennes (Xe siècle – 1492)

Cette première section sera donc réservée aux premiers explorateurs occidentaux à avoir mis les pieds sur le sol américain.

Les expéditions de Christophe Colomb, tu veux dire ?

Eh bien, pas tout à fait ! Contrairement à ce qui est encore enseigné dans la plupart des établissements scolaires, Christophe Colomb n’est pas le premier à avoir découvert l’Amérique. Il nous a cependant fallu attendre les années 1960 pour en être complètement sûr—et le système éducatif n’a toujours pas pris le temps de se mettre à jour :lol: . Les premières explorations du territoire américain par des occidentaux remontent donc aux vikings, autour du XIe siècle.

Bien que Christophe Colomb ne soit pas le premier explorateur européen à avoir mené des expéditions en Amérique, il est cependant le premier à les faire consigner par écrit, ainsi que présenter des témoignages par ses contemporains et des Amérindiens qu’il fit amener à la Cour d’Espagne. Il est aussi celui qui initia le processus d’exploration à grande échelle et la colonisation qui s’en ensuivit. Rendez à César ce qui appartient à César.

Je parlerais ici de ces expéditions, ainsi que les différentes sagas qui les relatent (et non, nous ne parlerons pas de Candy Crush). Le but de cette section est donc de partager cette petite partie d’histoire, souvent oubliée par l’éducation classique—ou délibérément ignorée, je ne suis pas sûr—, bien qu’elle reste enveloppée de mystère pour le commun des mortels.

Sans plus attendre, commençons donc !

Je souhaiterai introduire un peu de vocabulaire avant de poursuivre, juste pour votre culture générale (rien de bien sorcier, ne vous inquiétez pas !).

  • Groenland : Terre verte
  • Helluland : Terre des pierres plates. On pense que ceci pourrait être le nom que les Scandinaves donnait à l’Ile de Baffin.
  • Vinland : Terre de la vigne, qui semble décrire une terre située entre Terre-Neuve, la Nouvelle-Écosse et la Nouvelle-Angleterre.
  • Markland : Terre des forets. On suppose que la terre décrite par ce nom est l’actuel Labrador.
Et la petite carte sympa qui va avec (carte de Skalholt, 1540) !
Et la petite carte sympa qui va avec (carte de Skalholt, 1540) !

L’histoire débute donc avec Gunnbjörn Ulfsson—non, ce n’est pas un meuble IKEA—, qui aurait supposément aperçu les côtes du Groenland autour de 876–932… par hasard. En effet, durant une traversée entre l’Islande et la Norvège, son navire aurait accidentellement viré de bord vers l’Ouest, et c’est à ce moment là qu’il aurait aperçu quelques îles côtières du Groenland, qu’il appela Gunnbjarnasker. Il n’aborda cependant pas ces îles.

Le premier homme a vouloir coloniser le Groenland fut Snaebjörn Galti—qu’est ce qu’ils ont ses gens avec leur noms de meubles à assembler soi-même—, mais cette expédition sera malheureusement infructueuse et il mourut la même année.

Cependant, grâce aux Sagas norvégiennes (surtout la saga d’Érik le Rouge, ou Eiríks saga rauða, qui fut rédigée autour du XIIIe siècle), on sait qu’un autre Viking eu plus de succès.

Eirikr Rauði, ou Erik le Rouge—ou Eirikr Thorvaldson, comme vous voulez—, fut banni d’Islande pour meurtre pour une durée de 3 ans : ironiquement, son père fut banni de Norvège pour la même raison et alla s’installer en Islande juste avant, comme quoi, tel père tel fils. Il entreprit donc d’explorer cette terre nouvelle qu’était le Groenland, en 982. De retour en Islande après 3 ans, il planifie une colonisation à plus grande échelle, et part de nouveau pour le Groenland avec une flotte de 100 knörir (des bateaux vikings) et une population de 450 personnes, qui atteignit bientôt autour de 5000 habitants. Il meurt en 1010, en tant que chef respecté du Groenland.

Représentation d'Érik le Rouge
Représentation d'Érik le Rouge

À peu près au même moment, un autre navigateur, Bjarni Herjólfsson—bonne chance pour mémoriser tous ces noms—, est devenu le premier européen à voir le continent américain, le vrai (en l’occurence, Terre-Neuve). La saga des Groenlandais—aussi appelée Grænlendinga saga— raconte son histoire, qui, je l’avoue, est plutôt palpitante.

En 985 ou 986, Herjólfsson entreprit un voyage de la Norvège à l’Islande pour y retrouver son père. À son arrivée, on lui apprend que son père a vendu sa ferme et avait suivi Erik le Rouge pour s’installer au Groenland. Il décide donc de suivre celui-ci, sans connaitre le chemin (ah oui sinon c’est pas drôle). Après trois jours, le vent tourne et fait dériver le bateau vers le Nord. C’est alors que Bjarni et son équipage aperçurent une terre. Celui-ci refusa cependant d’accoster, ne pensant pas que la terre était le Groenland (notant toutefois que la terre était boisée avec de basses collines), et ils poursuivirent leur voyage. On pense aujourd’hui que cette terre était le continent américain.

Une autre saga nordique digne d’intérêt est la saga du Vinland. Celle-ci décrit l’expédition de Leif Erikson (Leifr Eiríksson) et ses frères, Thorvald et Thorsteinn, ainsi que leur demi-soeur Freydis Eiriksdottir. En l’an 1000, Leif entend parler de l’histoire de son "prédecesseur", Bjarni Herjólfsson. Celui-ci achète donc le bateau de Bjarni, et rassemble un équipage de 35 hommes environ. Erik le rouge comptait le rejoindre dans son expédition, mais il refuse après être tombé de cheval (un mauvais présage à l’époque). Au cours de leur navigation, ils découvrirent le Helluland (probablement l’Île de Baffin), le Markland (Labrador), et enfin le Vinland (probablement Terre-Neuve ou la Nouvelle-Écosse; le lieu exacte n’a pas encore été découvert), y établissant finalement leur camp, nommé Leifsbudir (que l’on peut traduire par "Les Maisons de Leif"). Il y passe l’hiver, puis retourne au Groenland en été.

Le buste de Leif Erikson (géant, je sais)
Le buste de Leif Erikson (géant, je sais)

Ce camp servira de base à la prochaine histoire.

Vous vous rappelez de la saga d’Érik le Rouge ? Et bien, elle ne parlait pas que d’Érik le rouge. on y retrouve aussi l’histoire d’un autre explorateur, du nom de Thorfinn Karlsefni Thordarson (Þorfinnr Karlsefni Þórðarson, si vous aimez les caractères bizarres). Celui-ci décide de suivre les pas de Leif, la même année. Il apprête donc, lui aussi, trois bateaux et un équipage de 160 personnes, incluant cette fois les deux frères de Leif et sa demi-soeur. Tout va très bien, jusqu’à ce qu’ils trouvent un groupe de 9 indiens se reposant sous des canots. Les européens, effrayés par ces hommes étranges qu’ils appellent Skraelings (probablement des indiens micmac), les tuent tous, sauf un, qui eu le temps de s’enfuir. Celui-ci revient avec des renforts, et ils attaquèrent les vikings, en tuant plusieurs. Parmi eux, Thorsteinn Eirikson et Thorvald, les deux frères de Leif (j’espère que vous pleurez comme moi pour ces pauvres hommes nordiques du XIe siècle :'( ).

Thorfinn (le monsieur qui guidait l’expédition, vous vous rappelez ?) décide donc de créer son propre camp, comme un grand garçon, qu’il nomma Strumfjord (fjord des courants, un peu un mélange de fjord et stream en anglais, qui est d’ailleurs apparenté au mot strom dans les langues nordiques, passionant n’est ce pas). On sait d’ailleurs maintenant que le site de sa colonie est probablement celui de l’Anse aux Meadows, à Terre-Neuve. Et, oh joie, il eu un petit bébé tout mignon nommé Snorri. Snorri est donc le premier européen à être jamais né en Amérique !

Statue de Thorfinn Karlsefni, à Philadelphie
Statue de Thorfinn Karlsefni, à Philadelphie

L’histoire qui suit est plutôt flou. On sait aujourd’hui que les colonies Vikings ont dû retourner au Groenland et en Islande autour du XIVe siècle à cause de l’hostilité des peuples autochtones de l’époque, mais il reste malheureusement assez peu de documents historiques ou preuves archéologiques connus qui puissent nous étayer sur le sujet…

Quelques notes

Vous vous demandez probablement pourquoi les dates fournies sont aussi approximatives —et même si ce n’est pas le cas, pas de problème, continuez de lire quand même :p — ?

Eh bien la raison est assez simple : le problème est que toutes ces histoires, elles n’ont pas été écrites par ceux qui les ont vécues. Les sagas n’ont été retranscrites que bien plus tard, aux alentours du XIIIe siècle, bien après leurs morts. Toutes ces légendes ont été relatées entre générations pendant des centaines d’années, jusqu’à ce jour, jusqu’à cette page Internet du XXIe siècle. Plutôt cool, vous ne trouvez pas ?

Mais alors, est ce qu’on est sûr de la véracité des faits décrits dans ces sagas ?

Partiellement, oui. Il a maintenant été prouvé que des colonies Viking avaient bien été mises en place à Terre-Neuve (le Vinland des sagas viking), dans un site archéologique maintenant connu sous le nom Anse aux Meadows, en 1960. On a aussi découvert des vestiges à Tanfield Valley, sur l’Île de Baffins (Helluland), et certains sites archéologiques sont encore à l’étude en ce moment même, par exemple aux Îles Avayalik, au Labrador (Markland). Ce que je tiens à démontrer est que nos connaissances historiques sont bien plus que juste un grand livre dans lequel tout est déjà écrit. L’histoire est vivante, elle change selon de nouvelles découvertes, de nouvelles recherches, et à mon sens est trop souvent injustement catégorisée comme une partie un peu ennuyeuse de la science et de la littérature.

Photo d'Anne Stine Ingstad durant une fouille à l'Anse aux Meadows en 1960
Photo d'Anne Stine Ingstad durant une fouille à l'Anse aux Meadows en 1960

Bref, voici ce qui conclue ce premier (long) billet sur l’histoire des Amériques ! J’ai dévié un peu du sujet principal de ce billet—en fait, non, c’est le mien donc je peux un peu y faire ce que je veux hein :-° —, mais le but de cette (j’espère) série de billets est d’attirer les personnes vers cette partie passionnante qu’est notre passé, dans une société qui est, à mon avis, très (peut-être trop) centrée sur le futur.

Archéobee le fait d’ailleurs très bien dans son article sur l’archéologie. Vous devriez y jeter un coup d’oeil en attendant la prochaine partie :D !

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