Comme chaque année depuis 2017 (sauf COVID, bien entendu), je me rends au FOSDEM. Après deux ans d’absence, l’édition 2023 c’est tenue les 4 et 5 février.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas, le FOSDEM (Free and Open Source Software Developers’ European Meeting) est une conférence annuelle organisée à l’Université libre de Bruxelles (ULB) depuis 2001. C’est l’occasion de croiser des personnalités connues (et moins connue) du logiciel libre (quelques grands noms du domaine sont déjà passés par Bruxelles à cette occasion, en ce compris Jimmy Wales, Richard Stallman, Jon « Maddog » Hall, etc). C’est aussi l’occasion de voir différentes conférences données par des passionnés le temps d’un weekend, de rencontrer des personnes sur les différents stands et de goûter aux bières belges. C’est assurément un des grands événements du genre, et pour une fois qu’il se passe un truc en Belgique, je vais pas me priver
Laissez-moi vous faire un petit compte rendu de ce que j’y ai vu cette année
Je vais agrémenter ce billet de quelques photos que j’ai prise cette année. Elles sont toutes disponibles ici pour ceux que ça intéresse.
Concepts de l'événement
Les talks
Si vous êtes là pour entendre parler de votre langage préféré, pas d’inquiétudes. Le FOSDEM, c’est avant toute chose 30 devrooms qui se déroulent en parallèle sur toute une journée. Le terme devroom est ceci dit un peu trompeur, car il ne s’agit pas uniquement de langage de programmation ou de logiciels. Ainsi, j’ai par exemple assisté à plusieurs conférence de la devroom "Legal and policy issues", qui dépasse clairement le cadre du codage.
Personnellement, j’aborde le FOSDEM avec une préselection des talks que je souhaite voir, et puis je décide plus précisément une fois sur place. La conférence propose en effet différentes applications mobiles et celle que j’utilise (FOSDEM companion) permet de tenir une liste de bookmarks (que je remplis à l’avance) et de voir le programme à l’avance ainsi qu’en live (en proposant une liste des talks ayant lieu dans les 30 prochaines minutes, pratique pour changer de programme en cours de route).
Une bonne connaissance des lieux (qui s’acquière avec l’age) est parfois nécessaire pour naviguer sur le site, qui comme je l’ai dit plus haut se découpe en 30 salles réparties sur 5 bâtiments. Par ailleurs, il arrive que certaines salles soient pleines, ce qui donne l’occasion d’aller voir d’autres sujets (même si c’est souvent frustrant).
Heureusement, le FOSDEM met à disposition des stream de toutes les conférences (il est courant de croiser des gens suivant des talks sur leur GSM) ainsi que les enregistrements de ceux-ci … Depuis 2003 à l’adresse https://video.fosdem.org/. La logistique du FOSDEM est d’ailleurs assez démentielle: ils installent un réseau (full IPV6 depuis cette année) en quelques heures le vendredi, leur permettant de gérer les live et le Wi-Fi durant le week-end.
Les stands
Pour ceux qui ne sont pas trop introvertis comme moi, il est également possible de discuter avec des personnes issues d’association du logiciel libre, telle que Mozilla, VLC, Apache, etc. On y croise aussi bien les grands noms du milieu (GNOME, Canonical, SUSE, Grafana, etc) que des associations plus petites, ce qui est toujours l’occasion de découvrir de nouvelles choses.
Les stands sont évidemment l’occasion de faire le plein de stickers à coller sur son portable ainsi que de goodies. Par contre, beaucoup de stands ne proposent que les payements en cash et il n’y a plus de distributeur de billets sur le site :/
La nourriture
Bien que le FOSDEM propose des sandwichs (pas mauvais d’ailleurs), l’attraction principale entre deux talks, c’est les stands de nourriture, qui sont pris d’assaut dès le début de la journée et qui ne désemplisse plus jusqu’à la fin. Prenez votre nourriture avec vous ou prévoyez de passer un peu de temps dans la file pour discuter avec vos voisins.
Pour la blague, notez qu’à peu près 3000 gaufres ont été vendues sur le week-end, d’après le talk de fermeture de la conférence, ainsi que 750 kg de frites … Une fois.
Les volontaires
Vu que tout est gratuit (et financé par une courte liste de sponsors, du merch' et des donations), le tout est évidemment conditionné à la présence de volontaires.
Ce que j'ai aimé
Dans tout les cas, tout les talks ont été enregistrés et sont (ou seront) prochainement disponible. La manière la plus simple de procéder est de parcourir l'agenda et de vous rendre sur la page du talk qui vous intéresse pour retrouver la vidéo. C’est également le cas pour les éditions précédentes récentes. Dans certains cas, vous retrouverez également les slides et des liens.
Dans l’ordre, je pointerai les conférences suivantes auxquelles j’ai eu l’occasion d’assister:
- Celebrating 25 years of Open Source: pour les plus jeunes d’entre nous (dont je fais partie), petit rappel des événements marquant de 25 ans de logiciel libre.
- Windows and Office "tax" refund: se faire rembourser sa licence ? C’est possible mais pas si facile.
- Is “European open source” a thing?: comment faire en sorte que l’Europe supporte le logiciel libre, sans tomber dans le protectionnisme primaire. Il s’agissait d’un débat, ce qui fait que tous les points annoncés n’ont malheureusement pas pu être abordés.
- Winners and Losers in FOSS: le logiciel libre est désormais partout, mais dans quelles conditions ? S’agit vraiment d’une victoire ? Un talk qui propose une vision politique du problème, avec des véritables morceaux de "dévellopeurs du monde entier, unissez-vous et reprenez le contrôle des moyens de production" mais aussi quelques statistiques intéressantes.
- Reimplementing the Coreutils in a modern language (Rust): il fallait que ça arrive, c’est arrivé … On réimplémente
Linuxles outils coreutils en Rust. Le talk est ceci dit beaucoup moins partisan que prévu (tant mieux!) et est aussi l’occasion de découvrir quelques commandes et comportements étonnant des coreutils. - pip install malware (vidéo pas encore disponible à l’heure ou j’écris ce billet): comme son nom l’indique, ce talk parle de la présence de malware dans certains packages python. Bien que ne présentant rien de nouveau pour qui connait déjà le sujet, le talk vaut le détour car le présentateur donne tout ce qu’il a
- If it’s public money, make it public code!: un talk sur la campagne Public Money? Public Code! de la Free Software Fundation Europe (FSFE). Sur celle là, je ne suis pas objectif car directement concerné (pour rappel, mon université a décidé de passer chez Microsoft).
- Matrix 2.0: Matrix (pas le film), c’est ce petit protocole de messagerie moderne qui monte malgré
le silence des médiasla présence d’IRC et de XMPP. Ce talk revient sur le passer, mais surtout le présent de Matrix, et contient de véritables démos en live: Matrix en BLE ? Oui. Matrix avec un casque VR sur un clone de second life ? Oui. Bref, Matrix, c’est le futur et vous devriez regarder ce talk. - Open Source Software at NASA: pour finir en apothéose, Steve Crawford, Science Data Officer à la NASA résume les contributions de la NASA à l'open source… Mais aussi l’inverse, puisqu’il rappelle qu’un grand nombre des missions de la NASA se basent sur des logiciels libres et ne seraient pas possible sans elles. Il rappelle également l’engagement de la NASA pour l'open data: toutes les données sont disponibles dès que possible.
Bref, le FOSDEM, c’est génial pour ceux qui apprécient les journées de conférence comme celle-ci.
Par ailleurs, j’essaye toujours de m’organiser pour croiser du monde de ZdS, puisque c’est moins courant en Belgique (des bisous à @ache et @Taurre pour cette année !)
Donc si vous le pouvez et si ça vous intéresse, ne manquez pas les éditions futures !