Hello,
Je vais te donner mon ressenti un peu en marge de la discussion sur la recherche qui est un monde que je ne connais pas du tout.
Les premières années de travail sont (je pense) plutôt difficiles dans notre métier ("Ingénieur en système d’informations" c’est volontairement vague / vaste).
On sort d’école sans beaucoup de légitimité, et, c’est une question de caractère, mais ça peut être difficile à vivre. On est immergé dans un monde professionnel où tout va très vite, où les sommes investies peuvent être énormes, sans avoir vraiment le bagage de l’expérience qui permet :
Au plus on est laissé seul dans ces premières années, au plus la vie professionnelle peut paraître difficile, mais bien sûr, c’est très formateur.
Ce que tu vis me semble légitime, et ça m’est arrivé aussi. Débarquer avec un peu d’expérience scolaire + bénévole + perso (mini-projets persos, lectures, etc.) et se trouver confronter à des mécaniques qu’on ne connaît pas (stacks techniques "du marché", industrialisation, etc.) d’une ça fout la trouille, de deux ça consomme énormément de temps, parce que ça demande de se former, d’apprendre, de se viander, aussi, alors qu’on est souvent dans un cadre qui nous impose (ou qu’on s’impose) une certaine pression : rapport de stage, "résultat" de stage (j’ai envie que ça fonctionne au final, d’arriver à un résultat concret).
Donc je dirais : pas de panique pour l’instant. C’est bien que tu "n’acceptes pas" cette situation, et que tu gardes à l’esprit que ce n’est pas ce que tu souhaites vivre au final. Plutôt que de l’accepter sans broncher.
Quelques éléments pour te rassurer, à défaut d’apporter vraiment des solutions :
Ce secteur vit le "plein emploi". Franchement, travailler dans l’industrie "IT" est un luxe incroyable. "Software is eating the world" qu’ils disent… Bah profites-en. J’aime pas trop dire ça, parce que j’ai vu des gens abuser de ça notamment en entretien d’embauche et jouer les princesses, mais tu seras, si ce n’est demain en sortie d’école, dans quelques années en grosse grosse position de force. Donc à toi d’être droit dans tes baskets : soit autant exigeant avec ton employeur que tu ne l’es avec toi-même. Il n’est pas rare (du tout, et ça devient même très fréquent) que les employeurs se mettent en 4 pour attirer de très bons développeurs / architectes / etc. Ca veut quand même dire disposer d’un certain bagage. A toi de le construire comme tu le souhaites. Certains tirent partie des boîtes de prestation pour ça, d’autres préfèrent trimer assez violemment dans des startups / PME et s’investir à fond dans un domaine fonctionnel qui leur plaît (mais du coup : peu de bénéfices comme les comités d’entreprise / mutuelles costaudes, et des horaires souvent très demandant). A toi de choisir, essaie, fais-toi une opinion.
Point numéro 2 : TOUT LE MONDE fait de l’IT. Ca paraît con dit comme ça, mais c’est une incroyable force. Un ingénieur en aérospatiale, en génie civil, en logistique (encore que…), dispose d’un panel de choix d’entreprises plus limité qu’un "Ingénieur IT" (encore une fois c’est vague c’est fait exprès). Pour toi, ça veut dire le choix de ton employeur. Banque, finance, assurance ? Commerce de détail ? Santé / Médical ? Et ça peut être un bon axe de recherche aussi. Choisis la boîte d’abord, et regarde s’ils n’ont pas un département IT qui fait des trucs (peut-être même de la R&D hein) qui t’intéressent.
Il y a encore quelques années, les grosses boîtes non spécialistes de l’informatique faisaient énormément appel aux SSII. Et j’ai l’impression, en regardant un peu autour de moi que c’est en complète révolution. Les boîtes veulent des profils techniques qui savent faire, chez eux, en interne. Profites-en. Que tu aies envie de bosser chez Oui-SNCF, Terres d’aventure, Meetic, RTE, le Centre Spatial, etc.
Peut-être qu’aujourd’hui tu n’es, ou ne te sens pas, en position d’aller chercher un job de rêve, dans une entreprise qui colle à tes envies (nature + sport visiblement), si ça peut te rassurer : ne t’inquiètes pas, ça viendra nécessairement. Peut-être pas demain, en sortie d’école, peut-être pas dans un an. Mais c’est sûr que oui. Reste vigilant comme tu l’es ("aïe, c’est pas tout à fait ce que j’avais envie de faire"), c’est bien, et garde cet objectif en tête : trouver un poste dans lequel tu te plais, où tu apprends des choses et où tu conserves du temps libre.
Je suis presque désolé de citer Steve Jobs parce que… … Mais dans son discours à Stanford il y a deux trucs à garder à l’esprit dans ta situation :
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"connecting the dots" : tes expériences doivent te servir plus tard. Tu ne peux pas savoir a priori lesquelles, mais au bout du compte ça viendra. L’important est d’apprendre, et de "se respecter soi-même" (si tu te rends compte qu’en travaillant autant tu te mets en péril => change)
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"Your work is gonna fill a large part of your life and the only way to be truly satisfied is to do what your believe is great work. And the only way to do great work is to love what you do" => dès maintenant : si tu n’aimes pas ce que tu fais, ça fait un peu princesse de dire ça, désolé, mais profite du marché. Change.
EDIT : j’ai oublié une partie de la question. Ca me paraît normal et sain qu’après avoir passé une journée à développer tu n’aies pas envie de développer sur ton temps perso. C’est normal, et sûrement que ça changera, peut-être en même temps que ton job évolue. Si tu te retrouves à moins développer (besoins d’un projet etc.) tu te lanceras peut-être dans un "week-end projet" amusant. Trouve un autre truc pour ton temps libre, ça peut ne pas être du tout en rapport avec ton job, pourquoi pas. Mais ça peut, également. Lire un bouquin "semi-technique" (par ex. un bouquin sur un la programmation fonctionnelle, sur les maths appliquées à l’informatique, sur l’intelligence artificielle au sens large). Ecouter un podcast aussi ! Tu dis aimer l’activité physique, tu peux te trouver un podcast sur un sujet techno connexe (plus ou moins vulgarisé), y’a certainement des trucs qui t’aideront dans ton futur job.