Taguan, j'ai jamais dit qu'il n'y avait pas de dérives, au contraire. Tu as de même des dérives "dans l'autre sens". Des scientifiques non-croyants incapables de s'abstraire des modèles actuels (et l'abstraction est une notion importante en science) ou de ce que l'on leur a appris (science et religion s'oppose alors il y'a incompatibilité). Non. Elles ne s'opposent pas, c'est le comportement des personnes qui pratiquent (ou non) qui crée ces contradictions (cf. les deux cas que tu as présenté qui devraient sérieusement se remettre en question sur la vision de la religion).
Je ne pense pas être de "mauvaise foi", j'observe les religions et la science de deux angles différents: la recherche spirituelle, domaine de la croyance et la recherche scientifique, née de l'observation de ce qui nous entoure. Cette séparation n'est pas incompatible en elle-même.
La religion ne vise pas à expliquer le réel, ça n'a jamais été son but. Cela a été utilisé ainsi par l'homme, et cela a donné lieu à conceptions fondamentalistes, fanatiques et des actes brutaux (l'obscurantisme en Europe, etc.). La religion a pour but de répondre (ou du moins d'essayer) aux questions sur l'existence et la "douleur" de l'incertitude. Le problème c'est pas la religion, c'est l'interprétation des gens.
Et cette interprétation a été très, très loin dans la dérive. On est passé d'une recherche purement spirituelle (que l'on retrouve dans toutes les religions) à extraire de la religion un corpus de lois (tribunal de l'inquisition chez nous et je n'aborde pas ce qui se passe dans certains pays du M-O).
De même, webshinra (et c'est peut-être là ta plus grosse erreur dans ton propos), la science n'a pas pour but de trouver une explication au réel (si on admet qu'il existe). Le rôle de la science est d'observer ce qui nous entoure, en établissant des modèles, des théories basées sur un maximum de méthodes scientifiques concordantes ou sur un raisonnement scientifique pour en arriver à une conclusion. Parfois, le modèle ou la théorie se révèle incorrect ou incomplet et parfois pas. On a toujours pensé que le Big Crunch aurait la plus forte tendance à survenir de tous les cas des théories de "fin d'univers". Aujourd'hui, on a des éléments qui indiquent que l'univers continuera vraisemblablement à s'étendre parce qu'on a analysé de nouvelles données qui ont fourni des éléments en contradictions avec la théorie couramment admise. Cette théorie s'appliquera donc jusqu'au moment où d'autres éléments viendront compléter ou la foutre au placard.
La science vise donc à comprendre ce qui nous entoure…à la limite de nos connaissances actuelles.
L'explication du réel (en admettant que c'est le rôle de la science) se trouverait donc de toute façon un mur du fait de ces limites. Et c'est par l'existence de cette limite que dire que la science explique (ou tente de le faire) le réel est incorrect. Elle tente d'expliquer ce que nous voyons (et ce que nous ne comprenons pas encore, par raisonnement), et cette explication n'est pas toujours vraie. C'est une démarche analytique. Comme expliqué par mon analogie précédente: je peux t'expliquer ce qui s'est passé quand tu as mis la main sur la flamme. Je ne pourrais expliquer pourquoi tu m'as cru (je peux supposer: parce que tu avais confiance par exemple) mais ça n'explique pas pourquoi tu as eu confiance et ni que cette supposition est vraie, réelle.
C'est une image évidemment, mais tu saisis la nuance.
On ne «crois» pas en la science parce qu'elle ne le requière pas. La science permet de crée une représentation du monde a l'aide d'informations obtenue par experimentation/raisonement dans un cadre épistémologique fiable. La science n'a rien d'une religion.
Je repose la question: qu'est-ce que croire en la science ? Et en quoi une religion requiert de croire en elle ? La religion est une recherche spirituelle avant toute chose personnelle. C'est un questionnement propre à toi (et à beaucoup d'autres dans le même chemin que toi mais c'est avant tout toi que ça regarde).
La recherche de la spiritualité, des réponses aux questions existentielles est un questionnement personnel, certains vont la trouver dans la religion catholique, d'autres dans le bouddhisme,… La religion en elle-même n'exige pas de croire. C'est un questionnement. Si tu te retrouves dans les paroles de Jésus ou de Bouddha, c'est toi qui fait "le chemin vers lui". Si ça ne répond pas pour toi à ton questionnement, alors tu n'y crois pas et tu chercheras d'autres religions (ou tu te tourneras vers des philosophies non-religieuses) qui donneront une réponse (religieuse ou non) qui te satisfera. Ce ne sont pas les paroles de Jésus qui ont mis en place le Clergé, etc. C'est l'homme (et ça vient d'un chrétien). C'est pour cela aussi que tu as beaucoup de personnes qui changent de conviction ou qui finissent par s'y retrouver dans l'une. Elles choisissent de changer parce qu'elles ne se retrouvent pas dans la religion qu'elles pratiquaient ou qu'elles souhaitent se retrouver dans un chemin spirituel pour une raison qui les regarde.
Pas parce que tu as une entité religieuse qui dit que pour être X, tu dois faire Z, Y et P que c'est la religion X qui dit que c'est nécessaire, obligatoire. Interprétation de l'homme >< fondements du questionnement religieux, spirituel.
Tentons une explication possible de "croire en la science". Pour moi, croire en la science c'est croire au fait que la science, de part ses découvertes, peut aider l'humanité dans son ensemble à vivre mieux. En gros, c'est ce que je vois en "croire en la science". Croire en "Dieu", de l'autre coté, c'est croire à une explication existentielle possible, croire que tout homme a un but (qu'il choisit lui-même ou qui est destiné) dans le but de faire de soi, sur le plan spirituel et humain, quelqu'un de meilleur ou tout du moins conscient des fautes qu'il peut commettre et de l'importance du pardon. Ces deux visions vont plutôt dans le même sens (mais toujours dans deux référentiels différents: l'un rationnel/intellectuel/amélioration de la qualité de vie, l'autre spirituel), n'est-ce pas ? Et ce, tout en restant cantonné dans leur domaines propres.
Maintenant, la science est un outil visant à comprendre le monde physique qui nous entoure et elle peut aussi commettre des erreurs. Même dans les points ci-dessus: l'utilisation de la science (tout comme les entités religieuses, en fait) a aussi des dérives et a également causé du tort à l'homme et, étant limité par les connaissances que nous avons à un instant T, la conclusion que l'on obtient sur un sujet d'étude peut se révéler à terme fausse ou partiellement vraie.
Tout est question d'interprétation mais cette interprétation sera différente selon l'expérience de l'individu, et cette interprétation peut être terni par les biais de l'individu. Il faut une grande capacité d'abstraction pour 1) s'extraire des "on dit" d'un coté comme de l'autre et essayer d'avoir une vision globale, revenir aux fondements des deux 2) comprendre les tenants et aboutissants de la religion et de la science et ne pas tomber dans les travers de leur prétendue incompatibilité.
prenons un exemple:
L'ancien testament nie notamment l'évolution des espèces, la rotondité de la terre et introduit une dichotomie superflue corps/esprit. Un tel bouquin n'est donc évidement pas source de savoir.
Source de philosophie? Les enfants hérites des péchés de leurs parents (génial). l’esclavage c'est OK. l'adultère, c'est la lapidation-lol.
Cool non?
Tu oublies l'élément fondamental: le contexte. Il faut se replacer dans le contexte de l'interprétation de ces textes. L'interprétation des écrits religieux aujourd'hui n'est pas la même qu'il y'a 300 ans. Analyser les dérives des pratiquants doit de fait se repositionner dans le contexte et suivre l'évolution jusqu'à aujourd'hui. Sinon, ton inteprétation sera biaisée.
Contrairement aux idées reçues, le fait que la Terre soit ronde était une idée connue depuis l'Antiquité mais les écrits ont perdu de l'influence au Moyen-Age (dû notamment au fait qu'on avait pas mal perdu de sources de savoir). Le Traité de la Sphère (« De sphaera mundi ») de Sacrobosco, écrit en 1224 n'a jamais eu d'opposition de la part de l'Eglise. Et le savoir n'est pas que le savoir pratique (d'ailleurs, tu es très réducteur quant à la portée philosophique de la Bible m'enfin, passons).
On pourrais dire «non, mais, il y a a prendre et a laisser» je veut bien, mais auquel cas, ça n'est plus un dogme, c'est juste un livre de conte avec des morales douteuses. Si on veut des réfléctions sur le sens du monde on se tourne vers la philosophie, des centaines d'auteurs on présenté des visions du monde, de la morale, d'une façon de construire une morale adaptées aux circonstances etc. On notes que certains veulent qu'on cesse de séparé science et philo, ce qui en dit long.
Toute religion est liée à des questions philosophiques, les religions sont des philosophies. Elles tentent de répondre aux questions existentielles par l'existence d'une (ou plusieurs) divinité(s). La religion est un questionnement, une interprétation et une réflexion sur le monde et l'existence humaine. Cette définition est également celle que l'on donne à la philosophie.
bref, oui, la religion contredit la science parce qu'elle demande de croire là ou la science demande de toujours douté. On ne doit pas croire quelque chose parce qu'un scientifique le dit, mais parce qu'il le prouve. C'est bien pour ça qu'il peut existé des scientifiques croyants (bien qu'ils soient très rares.): les conviction d'un scientifique n'ont rien de scientifique.
Donc, non, la religion ne contredit pas la science parce qu'elle:
- N'opère pas dans le même référentiel
- Ne tente pas de répondre aux mêmes questions que la science
- Ne demande pas de croire (cf. mon propos un peu plus haut).
Btw,
On ne doit pas croire quelque chose parce qu'un scientifique le dit, mais parce qu'il le prouve.
Quid quand ses preuves se révèlent fausses ? Un scientifique peut se tromper (cf. mon propos plus haut) puisqu'il est limité à nos connaissances actuelles, peut mal interpréter les données, etc. La démarche scientifique n'implique donc pas de croire (que ce soit le scientifique ou la science), c'est une démarche analytique. Le propos de la science est de comprendre le monde physique qui nous entoure, pas de dire s'il a été créé, par qui, etc. Le but de la science n'est pas de répondre aux questions existentielles. Elle n'est donc pas en incompatibilité avec les philosophies et les religions au sens large.
C'est bien pour ça qu'il peut existé des scientifiques croyants (bien qu'ils soient très rares.)
Oh non, y'en a beaucoup et y'en a eu beaucoup. La plupart des savants du monde arabe étaient des croyants. La majorité d'entre-eux comprenaient que science et religion n'étaient pas incompatibles, qu'elles n'étaient pas dans le même référentiel. Certains tentaient par la science de donner une existence à Dieu, ce qu'ils n'ont jamais réussis à prouver (pas parce que Dieu n'existe pas, chacun est juge et libre de penser ce qu'il souhaite à ce niveau) mais parce que, étant dans deux référentiels différents, tu ne peux atteindre l'un avec l'autre.
Et, qu'on soit claire, pas parce qu'un scientifique a des convictions qu'il est moins bon qu'un autre. Nous avons tous des convictions, croire en l'absence d'un Dieu en est une parmi d'autres.