Site communautaire de vérification de dires politiques

Vérifer ce que disent les politiques de façon rigoureuse et non partisane

a marqué ce sujet comme résolu.

Bonjour à tous,

Récemment, j’ai découvert un site Web américain qui se propose de vérifier les affirmations des politiciens américains (politifact.com).
J’ai bien aimé le concept, mais le problème, c’est que la politique américaine ça m’intéresse pas trop.

Je vous demande alors si par hasard vous ne connaîtriez pas un site similaire pour la politique en France. Un site, bien-sûr, indépendant voire communautaire qui ferait du "fact-checking" sur ce que disent les politiciens ou les journaux en France.

Actuellement, pour les amateurs de ce genre de chose, je suppose que la sphère dite « zététique »* est un bon début, mais le problème c’est qu’on doit s’en remettre à une personne qui parle (dans son article de blog, ou sur sa vidéo YouTube). Je chercherais quelque chose de plus communautaire où chacun peut apporter des éléments de vérification ou de contradiction d’une proposition, afin que la communauté puisse en établir finalement un niveau de véracité ou de plausibilité.

Par exemple, un politicien affirme (dans une interview ou sur sa chaîne YT, ou son Twitter, …) la proposition PP. Le site permet alors à des membres de "débunker" ou bien de soutenir en proposant des éléments tangibles, comme par exemple un extrait de document officiel attestant, un recoupage avec des articles de presse moins partisans, des stats de l’INSEE, etc.

Merci d’avance !

* : je pense notamment à « Aude WTFake » sur YouTube, qui propose de vérifier les dires des politiques.

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Le site américain en question est Politifact.

Il y a des services de journalistes en France qui essaient de fournir le même service, ou un service proche, voir par exemple le site CheckNews de Libération et la partie française du projet CrossCheck. C’est beaucoup de travail.

Dans un genre assez proche, voir Acrimed qui évalue et critique les médias, et finalement la page wikipédia Vérification des faits qui recense des initiatives de ce genre partout dans le monde.

Globalement il me semble que ça existe déjà, et qu’il y aurait un intérêt à étudier et aider/améliorer les structures existantes (ou au moins à suivre leur travail) avant de lancer une nouvelle initiative indépendante des autres.

gasche, c’est intéressant, merci. CrossCheck s’approche en effet pas mal du "Truth-o-Meter" de Politifact. Mais j’ai l’impression que c’est plus trop à jour, en revanche : le dernier fait date de mai 2017… Dommage. Le principe de CheckNews de Libé est intéressant aussi, mais si l’on garde bien en tête que ce sont exclusivement les journaliste de Libération qui font ce travail (si j’en crois la présentation du projet). Les articles ne sont pas tous signés, par contre, et ne font pas toujours clairement mention des sources. De plus, on doit faire face à un potentiel biais : c’est l’équipe de Libé qui choisit quelle question va être traitée. Je ne suis pas suspicieux envers eux, mais c’est juste que c’est un élément à prendre en compte.

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Je vous demande alors si par hasard vous ne connaîtriez pas un site similaire pour la politique en France. Un site, bien-sûr, indépendant voire communautaire qui ferait du "fact-checking" sur ce que disent les politiciens ou les journaux en France.

Pourquoi est-ce que cela devrait être indépendant ou communautaire ? Pour moi au contraire, c’est le rôle des journalistes de faire ce travail. Leur boulot n’est pas de juste rapporter les discours des politiques, ni de citer la loi nouvellement voté. Leur but est aussi de vérifier les propos et la pertinence de tout ceci par rapport aux enjeux du moment mais aussi apr rapport aux faits vérifiables.

Comme le citoyen lambda n’a pas le temps infini nécessaire pour suivre l’actu, vérifier les sources et les faits pour se forger un avis, il faut bien que ce travail soit effectué par des gens qui sont payés pour ça, non ?

Après, le communautaire pour effectuer cette tâche, pourquoi pas. Mais le risque partisan est tout aussi présent, et le risque est qu’en cas de manque de moyen financier ou humain, la couverture ne soit pas suffisamment bonne. Et je pense même que ce serait plus simple si les journalistes faisaient le gros du travail pour que les sites communautaires puissent vérifier le travail des journalistes (ce qui serait plus simple et rapide à faire).

Après il y a la question de la portée de la vérification des faits.

Je vais prendre un exemple lié à l’actualité des élections européennes. La France est par exemple contributrice nette au budget de l’UE. C’est un fait sur lequel les nationalistes ont raison, X milliards d’euros par an vont dans le budget de l’UE et ne nous reviennent pas.

Une vérification des faits pourrait se contenter de dire que c’est valide. Après tout suffit de lister les entrées et sortie du budget et si le chiffre est bon, c’est valable.

Mais selon moi, c’est insuffisant. Il faut aller plus loin. Car ce chiffre est réducteur.

Déjà parce que l’UE finance des projets avec son budget qui ne sont pas liées à un État en particulier. Par exemple la fusée Ariane, Galileo, les projets au CERN, etc. Du coup il est évident que si la France finance moins l’UE car elle quitte l’Union mais souhaite poursuivre ces projets en finançant sa part, elle devra payer plus chère directement ces dites contributions. Donc l’économie sous-entendue par les nationalistes est assez trompeur.

Et bien sûr cela sous-entend que les bénéfices de l’UE se traduisent par rapport au budget seul. Pourtant il est évident que la France gagne probablement plus en étant ans l’UE malgré la contribution nette au budget européen. Or cela ne se traduit pas dans un tel raisonnement.

Pour moi ces éléments devraient faire parti de la vérification des faits. Pourtant on en est un peu au delà car on ne vérifie pas uniquement si une assertion est vraie, mais il faut vérifier si le raisonnement est complet, cohérent et valide dans son ensemble ce qui demande beaucoup de travail supplémentaires. D’où pour moi la nécessité que les journalistes travaillent dessus, aussi.

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Sauf que dans tout ça, tu pars du principe qu’un journaliste est là pour informer, et qu’il est neutre.

Dans un monde parfait, oui. Dans notre monde, les journalistes ont des opinions, des points de vue et ce qu’ils écrivent est très généralement influencé par leurs opinions.

On parlait de libération, voici par exemple ce que Wikipédia dit de Libération :

Situé à l’extrême gauche à ses débuts, Libération évolue vers la gauche sociale-démocrate à la fin des années 1970 après la démission de Jean-Paul Sartre en 1974. En 1978, le journal n’a déjà plus rien de maoïste : Serge July le décrit alors comme « libéral-libertaire ». Aujourd’hui, sa ligne éditoriale est toujours de centre gauche ou de gauche sociale-démocrate, selon l’échiquier politique français habituellement utilisé, et son lectorat est majoritairement de gauche3.

Sauf que dans tout ça, tu pars du principe qu’un journaliste est là pour informer, et qu’il est neutre.

Ils sont là pour informer. Il y a des dérives dans la profession, mais faudrait que les lecteurs les rappellent un peu à leurs obligations à ce sujet.

La vérification des faits n’implique pas une neutralité politique. Car tout fait, suivant comment est abordé, suivant le choix des sujets effectué, a une orientation politique. Et je ne suis pas convaincu qu’une communauté (composée d’individus qui sont forcément non neutres politiquement) puisse corriger ce problème.

Le but est de rester factuel. Tu peux considérer que l’UE par exemple est une abomination, tout en utilisant des arguments qui sont justes en ce sens. Sans devoir énoncer des propos faux ou en cachant des parties importantes de l’argumentaire pour mieux servir son point de vue. Et c’est le rôle normalement du journalisme que de faire ce travail.

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Pour moi, un journaliste n’a ni plus ni moins de légitimité qu’un citoyen ordinaire. Il n’y a aucune raison qu’un tel chantier puisse être mieux fait par un journaliste que par un citoyen ordinaire, ou un groupe d’individus. Les journalistes ne sont pas des sur-hommes.

Il faudrait que les lecteurs leur rappellent leurs obligations… Même si Libé est clairement engagé, les lecteurs de Libé considèrent que leur journal donne les bonnes informations, contrairement aux autres journaux qui ne feraient que désinformer. (Et idem avec l’Huma, le Monde, le Figaro ou Minute ou autre…) J’imagine mal un lecteur de l’Huma écrire au journal pour lui demander de moins taper sur la droite.

Si demain, le truc se développe, il va y avoir un dénonceur de fake-news, qui va dénoncer les mensonges du RN, factuellement, et en face, il va y avoir l’équivalent, qui va montrer que le RN dit vrai. Et tous les 2 trouveront plein d’arguments pour dire que tout cela est factuel, qu’ils font leur travail de journaliste et qu’ils ne font qu’informer de manière totalement neutre.

Et même si demain, un dénonceur de fake-news dénonce les mensonges de tous les hommes politiques, il ne faut pas être dupe, il est probable qu’il va être très virulent contre untel ou untel, et un peu moins contre tel autre.

Pour moi, un journaliste n’a ni plus ni moins de légitimité qu’un citoyen ordinaire. Il n’y a aucune raison qu’un tel chantier puisse être mieux fait par un journaliste que par un citoyen ordinaire, ou un groupe d’individus. Les journalistes ne sont pas des sur-hommes.

Je ne dis pas le contraire. Mais il y a plusieurs bonnes raisons que le journalisme prenne cela en charge tout de même :

  • Déjà leur public est à priori plus large que celle d’une petite communauté, il me semble essentiel que la population dans son ensemble ait accès directement à ce type d’information ;
  • C’est leur travail de le faire, il me semble naturel qu’ils le fassent ;
  • Ils sont payés et ont des moyens d’enquêter (accès à des ressources ou sources que le citoyen ne peut avoir) qu’ont moins le citoyen lambda qui fait ça sur son temps libre ;
  • Du fait que c’est une profession, on peut exiger d’eux le respect de certaines conduites pour limiter les dérives, par voie judiciaire s’il le faut.

Remets mon propos dans le contexte, le PO voulait lire surtout du travail communautaire à ce sujet. Je réponds que ce serait une bonne chose que ce soient des journalistes qu’ils le font et qu’il ne faudrait pas écarter (au contraire) des sources journalistiques.

Et même si demain, un dénonceur de fake-news dénonce les mensonges de tous les hommes politiques, il ne faut pas être dupe, il est probable qu’il va être très virulent contre untel ou untel, et un peu moins contre tel autre.

C’est tout l’enjeu d’une ligne éditoriale. Il est évident que les sujets et l’angle de vue adoptée pour leur traitement ne sera pas le même dans Marianne et Médiapart. Et la pluralité de la presse permet justement d’exposer ces différents points de vue, au lecteur de recouper l’ensemble ou de lire le point de vue qui lui paraît le plus pertinent.

C’est d’ailleurs globalement l’avantage de la presse, ces opinions sont souvent facile à identifier voire clairement établi. Si tu reposes cela sur une plateforme communautaire, il peut être délicat de s’assurer d’un équilibre quelconque à ce sujet.

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