Je vais tenter de prendre le contre-pied de ta vision sur chaque domaine.
(PS: ce qui suit reste mon avis et est tout à fait critiquable)
Commençons par l’embarqué. C’est un domaine très vaste et qui évolue beaucoup. Il est large parce qu’on inclut dans l’embarqué du développement sur des micro-contrôleurs comme ceux de Atmel dans les arduinos, et des systèmes Linux complets avec des performances élevées, comme la Nintendo Switch (à priori son OS dérive plutôt de FreeBSD, mais l’idée est là), voir surpassant complètement ce qui se trouve dans les PC pour des applications spécifiques (broadcast vidéo, gestion de flux boursiers, …). Quant à l’évolution, il y en a dans tout le domaine: aujourd’hui, on veut des microcontrôleurs consommant moins d’un µW en veille, et capable de faire du chiffrement asymétrique, d’isoler des informations dans le système, pour résister au hacking, les bus de communication voient leurs performances être démultipliées, etc, et cela fait que les microcontrôleurs développés aujourd’hui sont très différents de ceux d’il y a 10 ans. Sur des systèmes plus large, type smartphone, même en restant sur Android, le système évolue énormément tous les ans (il y a 10 ans, c’était android 1.5), et les téléphones aussi, que ce soit sur les technos de caméra, les technos sans fil (aussi bien le wifi que la téléphonie), les technos de compression vidéo, les technos de mémoires RAM, flashs, les filesystems qui vont avec. En fait l’éco-système évolue trop pour que tu puisse suivre l’évolution de toutes les technos. Même au niveau du soft utilisé, quand je dois utiliser un kernel Linux d’il y a 5 ans, je pleure un peu parce qu’il lui manque beaucoup de fonctionnalités pratiques dont on dispose aujourd’hui.
Du côté du web, honnêtement, je vois mal comment y parler de physique. Cependant, il y a tout un pan du domaine qui nécessite de solides connaissances de maths, informatique, et une bonne connaissance du comportement du hardware. Je pense à des usages comme Netflix, ou comme Blade/Shadow. Le fait de faire du streaming pour des millions de personnes, ou avec une latence contrôlée, nécessite de bien comprendre comment les données sont traitées par la stack logicielle (le browser, l’OS, le réseau…).
Alors, maintenant que j’ai dit du bien de tout le monde (je me suis plus étalé sur l’embarqué. Devinez ma filière), est-ce qu’il faut conclure que tout est beau et tout est magique partout ? Ma réponse serait "presque". Quelle que soit la branche, et les branches se recoupent plus qu’on ne le croit, l’informatique offre des opportunités remarquables. Cependant, il faut garder à l’esprit qu’on fournit un travail qu’on vend, et qu’il y a des parties moins sympa là dedans. En embarqué, la grosse contrainte, c’est de maintenir des systèmes pendant des années, voir des dizaines d’années. Ca peut être super intéressant, mais, dans beaucoup de cas, l’approche est de faire évoluer le système le moins possible, pour éviter les régressions, et on se retrouve en fin de projet avec des technos d’un autre temps, et des galères immondes pour les maintenir. Du côté du web, je verrais plutôt le problème inverse: les sites web évoluent toutes les quelques années, et il y a une certaine tendance à faire des choses jetables, à remplacer les technos en continu, et à toujours refaire la même chose différemment. J’évite le web parce que je le perçois comme un mythe de Sisyphe moderne. Les boîtes qui font des trucs vraiment remarquables et techniquement intéressant sont assez minoritaires dans le domaine, et, si les technos sont cools, la plupart des usages n’ont pas grand chose d’innovants.
Alors que faire ? Personnellement, j’ai choisi l’embarqué, et je choisis des entreprises qui travaillent sur des technos récentes (ARMv8, USB3, bus MIPI, FPGA, kernel à jour, yocto à jour), et qu’elles continuent à faire évoluer. Ça restreint le nombre d’entreprises intéressantes, mais, étant sur Paris, je n’ai pas de mal à trouver. Vu que tu sors d’école, tu auras probablement plus de mal à rejoindre des boites avec un besoin trop précis (j’ai pas mal de start-up de 50–100 personnes dans les boites que je suis au cas où je voudrais changer de job), et tu ne sauras probablement pas quelles questions poser en entretien pour savoir si le job pour lequel tu postule correspond vraiment à ce que tu cherches, mais tu apprendras plein de choses au cours des quelques années à venir, quoi qu’il arrive. Essaye juste de choisir une entreprise qui travaille sur le type de systèmes qui t’attire, ou, idéalement, une boite qui fait les deux avec un poste sur celui que tu préfère à priori. Tu n’acquière pas la même expérience en bossant sur des systèmes embarqués avec Linux et sur des vrais microcontrôleurs low-power. Les deux sont intéressants, mais différents, et, au moment de changer de boite, la boite qui recrute va chercher des gens ayant déjà de l’expérience dans le domaine. C’est plus facile de changer de domaine en interne dans une boite, quand on connaît le responsable de l’équipe qu’on veut rejoindre.
Quoi qu’il en soit, il n’y a pas d’inquiétude à avoir, même dans un job pas cool il est possible d’apprendre beaucoup, et il y a suffisamment de demande en informatique pour qu’il soit toujours possible de se réorienter. Au pire ça demande plusieurs étapes.