Ce qu’essaye de dire nohar, également, c’est qu’il a mal pris la remarque parce qu’il est lui-même professionnel de l’informatique, ainsi qu’un certain nombre de personnes ici qui font généralement du bon boulot et ne méritent pas un reproche généralisé lancé comme ça.
C’est bizarre mais, je ressens très bien cette remarque justement en tant que professionnel expérimenté de l’informatique moi-même. J’ai travaillé dans plusieurs entreprises, chacun ayant une culture de l’excellence technique plus ou moins accentuée. Dans l’ensemble, les gens avec qui j’ai travaillé ont toujours été sérieux dans leur métier. Mais très honnêtement beaucoup de projets sortaient et on pouvait avoir l’impression justifiée que c’était fait par des clowns, dans lesquels je m’inclus parfois.
En France en particulier, le côté technique de l’informatique est mal vu à moyen terme : être développeur n’est trop souvent vu que comme une passerelle pour être chef de projet ou n’importe quoi d’autre. Ce qui est complètement con, c’est des métiers très différents ; et n’aide vraiment pas à se motiver pour se maintenir à jour.
Je reconnais que moi-même, développeur/ingénieur (même en incluant les trucs « nobles » habituels comme l’architecture logicielle, conception théoriques, …), je ne pense qu’à faire autre chose. J’ai réellement cette impression que c’est un métier de « petite main ». Je dis parfois à des amis (qui ne sont pas dans le domaine) que je fais « un travail d’ouvrier, mais avec un salaire de ministre », pour plaisanter. Certes, il s’agit d’une boutade, mais en nuançant un peu la nature outrancière du propos, c’est un ressenti réel.
Mais, est-ce bien là quelque chose de propre à l’IT ? Un ami dans l’ingénierie mécanique tient à peu près ce genre de propos aussi. Au début de sa carrière il était étonné de voir le sort qu’on réservait aux ingénieurs dans l’industrie, eux qui pourtant étaient si nobles avec leur maîtrise des sciences et des mathématiques, maîtrise si valorisée par la société.
Sauf que les ingénieurs ne seraient en fait pas si considérés que ça, même dans les autres domaines…
On pourrait donc peut-être généraliser au-delà de l’informatique : en France, le côté technico-scientifique est mal vu à moyen terme. Il faut devenir « head of engineering » ou « director of research » pour avoir le deux : la noblesse savante et la noblesse sociale.
Certains sont se contenteront très bien d’avoir la première seulement. D’autres, forcément, voudront obtenir plutôt la seconde (même au détriment de la première) car elle peut être très confortable : haut salaire, bon statut, opportunités de rencontres et autres types. Dans ces conditions, oui, il peut être difficile de se motiver et de se maintenir à jour, comme tu dis, car les objectifs sont très différents.