Qualité de Withings depuis le rachat français ?

a marqué ce sujet comme résolu.

Tout dépend de ce qu’on met derrière le mot « Qualité » aussi. Pour moi, c’est d’avoir des pratiques en adéquation avec le projet. Tu ne vas pas développer pareil une page vitrine dynamique pour une campagne de publicité unique, et un système destiné à gérer des paies, même si la technologie sous-jacente est la même. Je ne sais pas aujourd’hui, mais il y a 4–5 ans le développement mobile c’était beaucoup de code jetable, où tu étais content si tu avais un temps de vie en prod de 2 ans.

Les problèmes arrivent généralement :

  • Quand il n’y a pas eu de suivi du code. Un code de qualité mais jamais maintenu va finir par être obsolète (c’est plus ou moins rapide et plus ou moins grave selon les langages et les frameworks).
  • Quand ton code se retrouve à faire autre chose que ce pourquoi il a été conçu. L’exemple classique c’est celui du POC qui se retrouve être la base du produit de production… (astuce : évitez autant que possible de faire des POC avec des technologies qui permettent ce genre de manœuvre).

Ce qu’essaye de dire nohar, également, c’est qu’il a mal pris la remarque parce qu’il est lui-même professionnel de l’informatique, ainsi qu’un certain nombre de personnes ici qui font généralement du bon boulot et ne méritent pas un reproche généralisé lancé comme ça.

C’est bizarre mais, je ressens très bien cette remarque justement en tant que professionnel expérimenté de l’informatique moi-même. J’ai travaillé dans plusieurs entreprises, chacun ayant une culture de l’excellence technique plus ou moins accentuée. Dans l’ensemble, les gens avec qui j’ai travaillé ont toujours été sérieux dans leur métier. Mais très honnêtement beaucoup de projets sortaient et on pouvait avoir l’impression justifiée que c’était fait par des clowns, dans lesquels je m’inclus parfois.

En France en particulier, le côté technique de l’informatique est mal vu à moyen terme : être développeur n’est trop souvent vu que comme une passerelle pour être chef de projet ou n’importe quoi d’autre. Ce qui est complètement con, c’est des métiers très différents ; et n’aide vraiment pas à se motiver pour se maintenir à jour.

Je reconnais que moi-même, développeur/ingénieur (même en incluant les trucs « nobles » habituels comme l’architecture logicielle, conception théoriques, …), je ne pense qu’à faire autre chose. J’ai réellement cette impression que c’est un métier de « petite main ». Je dis parfois à des amis (qui ne sont pas dans le domaine) que je fais « un travail d’ouvrier, mais avec un salaire de ministre », pour plaisanter. Certes, il s’agit d’une boutade, mais en nuançant un peu la nature outrancière du propos, c’est un ressenti réel.

Mais, est-ce bien là quelque chose de propre à l’IT ? Un ami dans l’ingénierie mécanique tient à peu près ce genre de propos aussi. Au début de sa carrière il était étonné de voir le sort qu’on réservait aux ingénieurs dans l’industrie, eux qui pourtant étaient si nobles avec leur maîtrise des sciences et des mathématiques, maîtrise si valorisée par la société. Sauf que les ingénieurs ne seraient en fait pas si considérés que ça, même dans les autres domaines…

On pourrait donc peut-être généraliser au-delà de l’informatique : en France, le côté technico-scientifique est mal vu à moyen terme. Il faut devenir « head of engineering » ou « director of research » pour avoir le deux : la noblesse savante et la noblesse sociale.

Certains sont se contenteront très bien d’avoir la première seulement. D’autres, forcément, voudront obtenir plutôt la seconde (même au détriment de la première) car elle peut être très confortable : haut salaire, bon statut, opportunités de rencontres et autres types. Dans ces conditions, oui, il peut être difficile de se motiver et de se maintenir à jour, comme tu dis, car les objectifs sont très différents.

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J’ai réellement cette impression que c’est un métier de « petite main ». Je dis parfois à des amis (qui ne sont pas dans le domaine) que je fais « un travail d’ouvrier, mais avec un salaire de ministre », pour plaisanter. Certes, il s’agit d’une boutade, mais en nuançant un peu la nature outrancière du propos, c’est un ressenti réel.

sgble

Il y a quelque chose de très étrange dans le développement informatique, c’est qu’on doit être l’une des rares industries à ne fonctionner pratiquement que avec des ingénieurs ou assimilés, et avec très peu de de techniciens (et virtuellement aucun ouvrier). Du moins dans les pays occidentaux.

Le résultat, c’est qu’on paie des armées d’ingénieurs (ou Bac+5 en général) à faire du travail qui ne nécessite que des compétences de technicien (bac+2, bac+3). Et ça n’est absolument pas un reproche ou un mépris, ni même une considération salariale. C’est le constat que ce sont deux métiers différents – en gros, la conception et la réalisation – qui ne demandent pas les mêmes compétences ni la même façon d’appréhender le projet. Et un bon technicien (y compris hors informatique), c’est précieux et mérite aussi un salaire à la hauteur de ses compétences.

De ce que je comprends, la raison à ça est multifactorielle et plus ou moins historique :

  • Un historique très ancien de l’époque où tout système informatique était un monstre qui nécessitait beaucoup de personnel, en particulier des gens très qualifiés pour écrire les programmes.
  • De grosses et anciennes entreprises d’informatiques avaient ce découpage très net entre « l’ingénieur » et « les développeurs » (avec typiquement l’ingénieur qui écrit des interfaces, et les développeurs qui remplit les fonctions) – mais la rigidité du système a fait que pour chercher quelque chose de plus souple, les entreprises ont cherché à ce que tout intervenant sur le projet puisse faire de la conception.
  • La sous-traitance du travail de technicien à l’étranger, tout simplement. Qui généralement fonctionne assez mal.
  • Les sociétés de services qui veulent toujours et « proposer le meilleur » et « pouvoir placer leurs employés sur n’importe quel poste », et donc n’embauchent que des bac+5, alors que la plupart de leurs missions sont du travail de technicien.
  • Le fait que souvent les organisations qui séparent le travail ingénierie de celui de réalisation (organisation à l’ancienne, sous-traitance) partent du principe que la personne à la réalisation n’a pas besoin de comprendre ce qu’elle fait. C’est peut-être vrai dans d’autres domaines ; mais en informatique c’est vite délétère (on a vite fait de coder n’importe quoi parce qu’on doit remplir une fonction sans savoir vraiment à quoi elle va servir). Ce qui diminue la réputation du travail de réalisation par des techniciens, alors que le problème ne vient pas d’eux.
  • Beaucoup de projets informatiques sont réalisés par de toutes petites équipes donc tu ne peux pas avoir de gens trop spécialisés.

Est-ce qu’on peut revenir au sujet de base (celui qui apparaît dans le titre de la page) et éviter de s’éparpiller SVP ?

Je vous invite à créer un sujet dédiée si vous souhaitez continuer le débat.

viki53

Je pense que les précédents messages quant à la culture du milieu de cette industrie en France font assez bien écho à une partie du sujet de base, à savoir cette partie :

a qualité des pros en infos est tellement proche du 0 absolu, truc de fou… et je suis loin d’être le seul à le dire, y a qu’à consulter la littérature via hackernews par exemple, certains expliquent que c’est le caractère ultra-multi-dimensionnel du dév/génielogiciel informatique qui implique que l’humain actuel ne peut pas être efficace, etc. etc. y a des dizaines et des dizaines de théories, bref je m’égare).

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Et withings ?

HerbeQuiBenchEtSquat

Tu voulais parler du rachat français de Withings et des implications de cela. On a abordé les problèmes potentiellement inhérents à la culture tech française et l’influence que cela peut avoir sur la qualité logicielle (même au sein de Withings, donc).

Mais, à défaut de travailler chez Withings, on ne peut qu’apporter des éclairages par rapport à l’expérience qu’on a pu avoir au sein d’autres entreprises françaises d’IT. C’est le mieux qu’on puisse faire. Mais, je suppose qu’on aurait effectivement dû s’abstenir, comme tu l’avais demandé :

Evidemment ne participez à ce topic que si vous avez déjà travaillé chez Withings, que vous avez eu un collègue là-bas, ou que pour quelle que raison que ce soit, vous êtes au courant précisément et sans équivoque de l’éventuelle qualité de leurs projets.

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