Une fois signalée, oui. Mais tant qu’aucune autorité ne le signale à l’hébergeur, l’hébergeur n’est pas tenue de le supprimer, sauf cas flagrant (et ce sont ces exceptions proactives qui ont été introduites récemment via les règlements français et européens anti-terro). Les exigences sont les mêmes dans lesdits cas flagrants peu importe la taille de la structure.
Le signalement ne doit pas (forcément) émaner de l’autorité. Le principe de responsabilité limitée des fournisseurs de services intermédiaires, en particulier des hébergeurs, repris de l’article 14 de la directive européenne sur le commerce électronique : ces derniers ne peuvent être tenus responsables des informations présentes sur leurs services, sauf si, ayant eu connaissance de leur caractère illicite, ils n’ont pas agi promptement pour les retirer ou les rendre inaccessibles.
En cas de flagrance (si le contenu est objectivement illicite et aucun doute n’est possible), il y a une obligation d’action.
Par exemple, un site de streaming illégal ne peut se prévaloir de n’agir qu’au signalement du contenu… puisqu’il est évident que ce contenu n’a pas été obtenu légalement et que le site fait ce que l’on appelle du recel de contrefaçon informatique. C’est un cas de flagrant délit et c’est ce qui rend les phrases du type "Les contenus ne sont pas hébergés sur notre site, nous ne sommes pas responsables" d’autant plus drôle.
Ce n’est toutefois pas une règlementation anti-terro (et comme expliqué plus haut, il y a une exception pour les contenus de ce type (comme pour la pédopornographie, etc.)). C’est une législation qui se base sur plusieurs textes qui doivent souvent être analysés en même temps :
- la directive 2000/31/CE sur le commerce électronique,
- la directive 2001/29 sur l’harmonisation de certains aspects du droit d’auteur et des droits voisins dans la société de l’information
- la directive 2019/790 du Parlement européen et du Conseil du 17 avril 2019 sur le droit d’auteur et les droits voisins dans le marché unique numérique et modifiant les directives 96/9/CE et 2001/29
- la directive 2004/48 relative au respect des droits de propriété intellectuelle
- la directive relative à la lutte contre les abus sexuels commis sur des enfants
- la décision-cadre sur la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal
- les escroqueries et fraudes commerciales (directive sur les pratiques commerciales déloyales ou directive relative aux droits des consommateurs)
- la directive de l’UE relative à la lutte contre le terrorisme
- etc.
La notion de "contenu illicite" varie donc selon ces différentes législations, de même que les obligations des services en ligne. Il y a donc un régime général de responsabilité limitée et des exceptions, mais aussi une gradation, en ce qui concerne les moyens mis en place. En effet, il faut veiller à ce que les décisions relatives à la suppression de contenu soient précises et fondées, particulièrement si l’on utilise des algorithmes de détection et de suppression. Les entreprises doivent donc mettre en place des mesures adaptées, y compris des méthodes de vérification humaines pour respecter le cadre fixé, plus largement, par les droits fondamentaux, la liberté d’expression et des règles en matière de protection des données.
Et actuellement est en préparation les futures législations sur les services numériques et sur les marchés numériques.
Cette proportionnalité est uniquement dans le cadre des contenus soumis au droit d’auteur.
Oui et non. Elle ne s’applique pas pour du contenu objectivement illégal, mais la proportionnalité et la transparence est de mise pour tout autre contenu. Ce n’est pas spécifique au contenu soumis au droit d’auteur, même si c’est l’application la plus fréquente.
Pour la future législation sur les services numériques, actuellement en préparation par l’UE, les obligations sont graduées en fonction de la nature et de la taille des fournisseurs de services en ligne concernés.
A noter que les législations nationales peuvent aller plus loin que ce que les règlements et directives européennes prévoient.