La canicule et l'arrêt des centrales électriques : la question de la source froide

Sauf pour les éoliennes ?

a marqué ce sujet comme résolu.

Mais pourquoi ne parle-t-on jamais de cette catastrophe et toujours de Fukushima.

Est-ce qu’il n’y aurait pas une volonté de la part de certains de masquer les défauts de telle ou telle stratégie, et d’exagérer les défauts de telle autre ?

Y a plein de raisons qui peuvent faire ça, mais la première c’est sans doute que ça concerne le Laos et pas le Japon.

Mais sinon, oui, probablement. Dans l’imaginaire du public, les barrages sont ok bien qu’ils fassent partie des risques industriels les plus dangereux.

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Pour répondre aux interrogations de certains :

Ce qui a motivé mon intervention initiale, c’est que j’ai cru entendre un message du pouvoir : "pour l’énergie, ne vous inquiétez pas, on va mettre des centrales nucléaires".

En réponse, j’ai entendu que c’était dangereux, qu’on ne saurait pas quoi faire des déchets, que c’était coûteux et que ce ne serait pas pour demain.

Donc, ce que je pointe, c’est que toute centrale thermique (et en particulier nucléaire) a besoin d’eau, et que cela constituait un facteur limitant ~important ~pour le parc nucléaire français. Avec les canicules (2003, 2006, 2022), cela est apparu nettement.
De ce point de vue, j’aurais fait un hors sujet si j’avais écrit aussi sur l’éolien, ou sur la géothermie.

Je n’ai pas la prétention de faire le tour des questions de production d’électricité, mais seulement d’essayer de pointer les conséquences des pénuries d’eau (et plus généralement de sources froides) sur la production d’électricité. Cette limitation n’est pas clairement exposée par les médias grand public.

La question de la source froide est parfois escamotée absente: par exemple, l’article wikipedia sur Flamanville n’aborde pas du tout ce sujet.

J’'ai trouvé des éléments qui me semblent pertinents ici  :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_en_France#Risques_climatiques
https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire#Rejets_thermiques

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Je précise juste par rapport à ce point :

De ce point de vue, j’aurais fait un hors sujet si j’avais écrit aussi sur l’éolien, ou sur la géothermie.

C’est ton sujet. Libre à toi d’en élargir le champ (tu peux modifier le titre et sous-titre du sujet pour ce faire) si tu en as envie. :)

L’essentiel est toutefois d’avoir une idée claire de ce qui est discuté et d’avoir un échange de qualité (et donc des liens intéressants qui appuient le propos).

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La question de la source froide est parfois escamotée : par exemple, l’article wikipedia sur Flamanville n’aborde pas du tout ce sujet.

Flamanville est au bord de la Manche. La source froide ne risque pas d’avoir de soucis à cause de la sécheresse. Aussi, le réchauffement de l’eau de mer n’est pas une contrainte aussi forte que celle des rivières : les volumes d’eau y sont considérables et il faudrait vraiment y aller pour trop réchauffer.

Par ailleurs, Wikipédia est une encyclopédie collaborative : si tu penses que le sujet mérite d’être traité sur la page, tu es libre et encouragé à le faire. Il n’y a pas d’omission, et encore moins d’escamotage, c’est juste un manque.


Enfin, penser que la mission de RTE, c’est dire que tout va bien, c’est être de mauvaise foi ou ignorer leur mission. RTE s’occupe du réseau de transmission en France, ils transportent de l’électricité, c’est tout. C’est un monopole naturel et une mission de service public. Ils sont certes une filiale d’EDF, entreprise publique, mais ça pourrait être autrement (voir les autres pays pour d’autres possibilités). Une de leurs missions est de planifier l’évolution du réseau pour permettre le transfert des producteurs vers les consommateurs et ainsi éviter les problèmes d’approvisionnement. Ils travaillent sur la base de différents scénarios (estimations de production et de demande typiquement), à différentes échéances et différents niveaux de détails afin de prendre les meilleures décisions. Ces études finissent dans des rapports (rapport annuel notamment, pour savoir comment on va passer l’hiver), dont on entend parler tout le temps vu qu’ils sont la source principale d’information sur ce sujet.

Bref, ça n’est pas dans leur intérêt de dire que tout va bien : leur job est de faire en sorte que le réseau de transmission fonctionne, pas de cirer les pompes des politiques. S’il n’y a pas assez électricité, il y aura des clients non desservis et puis c’est tout. Mais ça ne sera pas de leur fait.

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Je précise juste par rapport à ce point :

De ce point de vue, j’aurais fait un hors sujet si j’avais écrit aussi sur l’éolien, ou sur la géothermie.

C’est ton sujet. Libre à toi d’en élargir le champ (tu peux modifier le titre et sous-titre du sujet pour ce faire) si tu en as envie. :)

L’essentiel est toutefois d’avoir une idée claire de ce qui est discuté et d’avoir un échange de qualité (et donc des liens intéressants qui appuient le propos).

Arius

Merci. J’ai donc modifié le titre.

J’ai des difficultés à trouver des sources centrées sur la disponibilité des sources froides dans un contexte de canicule. Merci aux éventuelles contributions à ce sujet.

Les centrales nucléaires doivent s’adapter aux températures de l’air extrêmes bien centré sur le sujet.

L’accès à l’eau, un enjeu crucial pour le nucléaire contient des digressions hors sujet. De plus,, ce média n’est pas une source de bonne qualité.

Prélèvements et consommation d’eau par pays donne une idée de l’ampleur des prélèvements.

J’ai lu ailleurs qu’EDF était le principal consommateur d’eau en France, devant l’irrigation.

à Aabu

En effet, l’article Wikipédia sur Flamanville dit bien que cette centrale est en bord de mer. Mais il n’est écrit nulle part que c’est l’eau de mer qui constitue la source froide. En fait, il n’y a même pas de paragraphe dédié au refroidissement. Je n’ai pas les compétences pour compléter cet article.
J’ai édité le terme "escamoté" qui semble te gêner.

Je ne pense pas du tout que la mission de RTE est de d’écrire que tout va bien. Mais je serais bien étonné qu’ils fassent part des préoccupations que j’aborde ici.

Merci de ne pas trop caricaturer mes propos.

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J’ai lu ailleurs qu’EDF était le principal consommateur d’eau en France, devant l’irrigation.

Les articles qui disent ça oublient (sciemment ?) qu’EDF relargue l’eau en question. L’eau consommée (typiquement, évaporée) par EDF est bien plus faible que l’eau consommée par l’agriculture.

Les chiffres par FranceTVInfo : les centrales représentent 50 % de l’eau prélevée, loin devant l’agriculture, mais 35 % de l’eau consommée, derrière l’agriculture (45 %). De plus, on n’irrigue pas l’hiver, ce qui fait qu’en juin-aout, l’irrigation représente 80 % de l’eau consommée. Diminuer la consommation d’eau l’été passe par l’agriculture avant tout, pas les centrales.

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Au passage, Reporterre est un média notoirement anti-nucléaire, qui a déjà été pris plusieurs fois1 la main dans le sac à faire de la fausse information sur le sujet, par diverses techniques (souvent du cherry-picking et du bordage sur un détail).

Dans les média plus "grand public", Le Monde et surtout Arte ont un fort biais anti-nucléaire de principe. Pour être exact, ils ont un biais "Écologisme de papi", qui mélange allègrement préoccupations écologiques scientifiquement étayées, peur du nucléaire, pacifisme2, appel à la nature et "médecines douces". D’ailleurs c’est le même genre d’écologisme que celui de Charles III d’Angleterre, si on veut coller à l’actualité.

Bref, ces sources sont à prendre avec précaution sur le sujet, comme on prend des précautions en lisant les communiqués officiels des exploitants de centrales.


  1. De façon presque systématique en réalité…
  2. Ces deux points ne sont pas indépendants : historiquement les mouvements anti-nucléaires (typiquement Greenpeace) sont contre le nucléaire militaire, en particulier les bombes atomiques. Ces mouvements ont soit confondu le nucléaire militaire et le nucléaire civil dès le départ (certaines technologies de centraler énergétique peuvent aider à la production de matériaux militaires, mais ne sont plus utilisées en occident – ailleurs je ne sais pas), ou se sont "converties" pour conserver une existence suite aux différents accords de limitation des bombes atomiques.

Au passage, Reporterre est un média notoirement anti-nucléaire, qui a déjà été pris plusieurs fois1 la main dans le sac à faire de la fausse information sur le sujet, par diverses techniques (souvent du cherry-picking et du bordage sur un détail).

Dans les média plus "grand public", Le Monde et surtout Arte ont un fort biais anti-nucléaire de principe. Pour être exact, ils ont un biais "Écologisme de papi", qui mélange allègrement préoccupations écologiques scientifiquement étayées, peur du nucléaire, pacifisme2, appel à la nature et "médecines douces". D’ailleurs c’est le même genre d’écologisme que celui de Charles III d’Angleterre, si on veut coller à l’actualité.

Bref, ces sources sont à prendre avec précaution sur le sujet, comme on prend des précautions en lisant les communiqués officiels des exploitants de centrales.

SpaceFox

Les centrales nucléaires doivent s’adapter aux températures de l’air extrêmes bien centré sur le sujet.

L’accès à l’eau, un enjeu crucial pour le nucléaire contient des digressions hors sujet. De plus,, ce média n’est pas une source de bonne qualité.

Prélèvements et consommation d’eau par pays donne une idée de l’ampleur des prélèvements.

Je suis bien d’accord avec toi sur la qualité de la seconde source. Par contre, la première source me semble solide, et la troisième source donne une idée des ressources nécessaires.
HS : Concernant Arte, je partage ton opinion. La sensibilité correspond assez bien à celle qui prédomine en Allemagne (les écolos à deux pfenig qui ont fermé leurs centrales pour brûler plus de charbon).


  1. De façon presque systématique en réalité…
  2. Ces deux points ne sont pas indépendants : historiquement les mouvements anti-nucléaires (typiquement Greenpeace) sont contre le nucléaire militaire, en particulier les bombes atomiques. Ces mouvements ont soit confondu le nucléaire militaire et le nucléaire civil dès le départ (certaines technologies de centraler énergétique peuvent aider à la production de matériaux militaires, mais ne sont plus utilisées en occident – ailleurs je ne sais pas), ou se sont "converties" pour conserver une existence suite aux différents accords de limitation des bombes atomiques.
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Note que les points abordés par tes différents liens ont été couverts par les réponses précédentes donc insister dessus n’est pas trop pertinent.

Spacefox insiste sur reporterre car beaucoup de fausses infos concernant le nucléaire (et pas qu’à ce sujet d’ailleurs) viennent d’eux en Francophonie (ou de Greenpeace), donc il est préférable dans la mesure du possible de considérer cette source comme non fiable et d’en privilégier d’autres.

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Note que les points abordés par tes différents liens ont été couverts par les réponses précédentes donc insister dessus n’est pas trop pertinent.

Spacefox insiste sur reporterre car beaucoup de fausses infos concernant le nucléaire (et pas qu’à ce sujet d’ailleurs) viennent d’eux en Francophonie (ou de Greenpeace), donc il est préférable dans la mesure du possible de considérer cette source comme non fiable et d’en privilégier d’autres.

Renault

J’ai essayé de donner des liens pertinents sur le sujet. C’est pourquoi ils abordent certains des items qui figurent plus haut. Je ne pense pas que cela pose problème ?

J’ai édité le texte pour le lien reporterre pour mettre en garde.

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Tout a été dit mais je tenais à (re)préciser certains ordres de grandeur, en balayant sommairement chaque moyen de production électrique. On se pose donc la question de l’impact de fortes températures et/ou de la sécheresse sur la production électrique.

Solaire photovoltaïque et éolien

Côté solaire photovoltaïque, le rendement des panneaux diminue avec la température. Toutefois, il augmente évidemment avec l’éclairement et sans surprise, c’est bien pendant la période estivale que la production solaire atteint son maximum.

Source : https://bilan-electrique-2021.rte-france.com/production_solaire
Source : https://bilan-electrique-2021.rte-france.com/production_solaire

Côté éolien, la production n’est pas très élevée en été, notamment à cause des conditions anticycloniques.

Source des données : https://bilan-electrique-2021.rte-france.com/production_eolien/
Source des données : https://bilan-electrique-2021.rte-france.com/production_eolien/

Comme l’a souligné @Spacefox, ces deux moyens de production se compensent dans une certaine mesure : lorsque la production éolienne est au plus bas, la production solaire est au plus haut.

Hydraulique

Il existe différents types d’installations hydroélectriques. Si on pense souvent aux grands barrages lac de montagne, il faut savoir que la majorité de la production hydroélectrique en France est assurée par des centrales au fil de l’eau, qui exploitent le débit d’un cours d’eau, et les centrales éclusées, qui disposent d’un petit réservoir et qu’on retrouve sur les grands fleuves et en moyenne altitude.

Source des données (arrondies) : https://bilan-electrique-2020.rte-france.com/production-hydraulique/
Source des données (arrondies) : https://bilan-electrique-2020.rte-france.com/production-hydraulique/

En été, le débit des fleuves et des rivières peut baisser à cause de la sécheresse et la production hydroélectrique des installations éclusées et fil de l’eau est alors affectée. On le voit bien sur le graphique ci-dessous ; la production baisse tout au long de l’été avant de remonter à l’automne, notamment grâce aux pluies.

Source des données : idem
Source des données : idem

Centrales vapeur

L’un des moyens les plus utilisés pour la production d’électricité est la centrale vapeur. Le principe consiste à produire de la vapeur grâce à une source chaude puis à la détendre dans une turbine afin d’entraîner un alternateur. En sortie de turbine, la vapeur est condensée grâce à une source froide et devient de l’eau liquide, qui acheminée vers la source chaude puis le cycle recommence. On distingue :

  • les centrales nucléaires, où la source chaude est constituée par les réactions de fission nucléaire qui ont lieu dans le coeur du réacteur ;
  • les centrales thermiques à flamme, où la source chaude est constituée par la combustion de charbon ou de fioul (il n’y a plus de centrale vapeur fioul en France depuis la fermeture de la centrale de Porcheville).

Ces centrales sont toujours construites en bord de mer (centrales nucléaires de Penly, Paluel, Flamanville, Gravelines) ou en bord de fleuve / rivière (toutes les autres centrales nucléaires françaises) afin de disposer d’une source froide : de l’eau est prélevée dans le milieu naturel puis acheminée vers un échangeur thermique (le condenseur) afin de refroidir la vapeur détendue dans la turbine. Ensuite, l’eau est rejetée au milieu.

Schéma de principe d'une centrale vapeur. Source : https://direns.mines-paristech.fr/Sites/Thopt/fr/co/partie-2-centrale-vapeur.html
Schéma de principe d’une centrale vapeur. Source : https://direns.mines-paristech.fr/Sites/Thopt/fr/co/partie-2-centrale-vapeur.html

L’enjeu ici est de rejeter une eau qui ne provoque pas un échauffement significatif du milieu aquatique, afin de préserver l’environnement (si la température du cours d’eau est trop élevée, le taux d’oxygène dissous dans l’eau diminue et les poissons meurent par exemple). En période de forte chaleur, l’eau prélevée par les centrales est déjà à une température supérieure à la normale. Afin de limiter l’échauffement du cours d’eau induit par la centrale, il est nécessaire d’imposer des limites sur les températures de rejet de l’eau de refroidissement.

Thermique à flamme

Les préfectures fixent des prescriptions techniques à respecter pour l’exploitation des centrales thermiques à flamme. Par exemple, l’arrêté préfectoral relatif à la centrale charbon de Cordemais indique en page 44/95 que la température de rejet des eaux de refroidissement ne doit pas excéder 30 °C. En cas de risque d’atteinte de cette limite, l’exploitant baisse la puissance de sa centrale ou demande une dérogation.

Toutefois, il y a aujourd’hui très peu de centrales charbon en France et elles sont surtout utilisées comme variable d’ajustement en cas de forte demande ou de forte indisponibilité d’autres moyens de production. On peut donc penser que les canicules estivales ne les impactent pas vraiment, puisque le pic de demande est plutôt en hiver. De plus, le charbon coûte cher et on peut également supposer que le gestionnaire de réseau privilégiera d’autres moyens de production en priorité avant de pousser à pleine puissance les centrales thermiques à flamme. Bref, la canicule met certainement sous tension les centrales thermiques à flamme mais je ne pense pas que ça soit un gros problème car on n’en a a priori pas ou peu besoin l’été (voir graphique ci-dessous).

Source : https://bilan-electrique-2021.rte-france.com/production_thermique_fossile/
Source : https://bilan-electrique-2021.rte-france.com/production_thermique_fossile/

Pour conclure sur le thermique à flamme, il existe aussi des turbines à combustion (TAC), refroidies à l’air, où les gaz d’échappement issus de la combustion de gaz ou de fioul léger entraînent une turbine. Comme les gaz d’échappement sont plutôt chauds en sortie de turbine (450 - 550 °C), il est possible d’installer une petite turbine vapeur qui utilise ces gaz comme source chaude : c’est le cycle combiné.

Je n’ai rien trouvé au sujet de l’impact d’une canicule sur ces moyens de production. Toutefois, la puissance nominale de ces installations est largement inférieure à celle d’une centrale à charbon et les besoins de refroidissement des cycles combinés sont donc certainement inférieurs à ceux du charbon.

Nucléaire

Le nucléaire se distingue du thermique à flamme sur au moins deux points :

  • la puissance thermique nominale de la chaudière est nettement supérieure à celle d’une centrale charbon (entre 2785 et 4250 MW selon le type de réacteur, contre environ 1800 MW pour la centrale charbon de Cordemais) ;
  • en cas d’arrêt du réacteur, c’est-à-dire arrêt de la réaction en chaîne, le cœur doit tout de même être refroidi. En effet, au cours de l’irradiation, il se forme dans le cœur un certain nombre d’isotopes radioactifs qui continuent de se désintégrer, même après arrêt de la réaction en chaîne. Ces désintégrations génèrent de la chaleur : c’est la puissance résiduelle.

La puissance résiduelle doit être évacuée afin d’éviter une fusion partielle ou totale du cœur, qui conduirait à l’accident grave et au risque de rejet significatif de radioactivité dans l’environnement. C’est par un exemple un défaut de refroidissement qui a entraîné la fusion des réacteurs n° 1, 2 et 3 de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.

Ci-dessous un ordre de grandeur de cette puissance résiduelle, qui décroît avec le temps à partir de l’arrêt du réacteur, du fait du phénomène de désintégration radioactive.

Source : https://www.irsn.fr/FR/Larecherche/publications-documentation/collection-ouvrages-IRSN/Documents/livre-libman_PDF%20web%20couleur.pdf
Source : https://www.irsn.fr/FR/Larecherche/publications-documentation/collection-ouvrages-IRSN/Documents/livre-libman_PDF%20web%20couleur.pdf

On a donc, selon le type de réacteur, entre 3000 et 4000 MW à évacuer du cœur pour produire à pleine puissance, contre 10 à 300 MW à évacuer après arrêt du réacteur pour des raisons fondamentales de sûreté nucléaire (et il s’agit littéralement de prévenir un accident grave).

On comprend donc qu’il faut regarder l’impact d’une canicule et d’une sécheresse sur deux choses :

  • l’impact sur la production d’électricité (source froide conventionnelle) ;
  • l’impact sur la sûreté nucléaire, c’est-à-dire être en mesure d’évacuer la puissance résiduelle après arrêt du réacteur qui surviendrait au début d’une séquence incidentelle ou accidentelle (source froide de sûreté).

L’IRSN donne quelques explications et un schéma ici.

Les ordres de grandeur maintenant :

  • les deux pompes qui envoient l’eau de la source froide dans le condenseur servent uniquement à la production d’électricité. A pleine puissance sur un réacteur de 1300 MWe, le débit de chaque pompe est de 21,521,5 m3/sm^3/s (une pompe peut donc remplir une piscine olympique en moins de 2 minutes, c’est un débit colossal !)
  • les deux pompes qui envoient l’eau de la source froide dans l’échangeur servant à refroidir les éléments importants pour la sûreté (incluant le refroidissement du réacteur à l’arrêt) ont un débit de 11 m3/sm^3/s chacune. En sachant qu’une pompe sur les deux est capable d’assurer le refroidissement.

Une sécheresse peut donc avoir un impact sur la production d’électricité. Par contre, le mètre cube par seconde nécessaire au refroidissement du réacteur à l’arrêt est bien inférieur au débit d’étiage de nos cours d’eau. Côté sûreté nucléaire, il n’y a donc pas de problème.

Comme pour le thermique à flamme, il est par ailleurs nécessaire de maîtriser la température de rejet de l’eau de la source froide, pour des raisons environnementales. Pour le nucléaire, ce n’est plus la préfecture qui fixe les limites mais l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). En cas de risque d’atteinte de la température limite, l’exploitant peut baisser la puissance ou arrêter son réacteur. Il peut également demander une dérogation à l’ASN mais il faut que plusieurs conditions soient réunies, incluant notamment un risque avéré lié à la sûreté du réseau électrique. Les dérogations sont alors accordées de façon temporaire (cf message de @Spacefox) en contrepartie d’une surveillance renforcée de l’environnement.

Par exemple, pour l’été 2022, qui a été exceptionnel sur plusieurs points (deuxième été le plus chaud enregistré derrière 2003, trois épisodes caniculaires, déficit pluviométrique jamais vu de -85% en France en juillet), j’ai recensé les dérogations temporaires suivantes sur les limites de température des rejets (c’est peut-être pas exhaustif) :

Centrales nucléaires concernées Durée d’applicabilité  Décision ASN
Blayais, Golfech, Saint-Alban 15 au 24 juillet  2022-DC-0728
Bugey 15 au 24 juillet 2022-DC-0729
Blyais, Bugey, Golfech, Saint-Alban 25 juillet au 7 août  2022-DC-0730

Le post commence à être long, donc je ne vais pas détailler mais en parallèle de tout ceci, EDF a déployé un plan qualifié de Grands chauds visant à mieux prendre en compte le risque de fortes températures dans les études de sûreté, ce qui s’est notamment traduit par des modifications matérielles visant à améliorer la ventilation des locaux ou encore l’efficacité des échangeurs thermiques. Plus d’infos ici.

Parce qu’il faut conclure un jour

Désolé pour le pavé. Pour conclure efficacement, je dirais que les fortes températures et la sécheresse mettent sous tension la quasi totalité des moyens de production électrique et in fine le réseau. Côté nucléaire, en plus du risque lié à la perte de production, il y a aussi un risque sûreté qui est bien maîtrisé. Bref, ceux crient sur les plateaux télé que l’accident nucléaire va arriver en France parce qu’il fait chaud sont soit des ignorants soit des menteurs, en plus d’être des hypocrites pour ne pas parler des autres moyens de production en difficulté, y compris renouvelables.

C’était très complet et très intéressant, merci. Cependant, j’ai l’impression qu’il manque la partie sur les centrales nucléaires refroidies à l’air ? Tu as parlé de centrales thermiques de faible puissance, je ne crois pas que ce soit le cas de ces centrales nucléaires ?

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Cependant, j’ai l’impression qu’il manque la partie sur les centrales nucléaires refroidies à l’air ? Tu as parlé de centrales thermiques de faible puissance, je ne crois pas que ce soit le cas de ces centrales nucléaires ?

Moté

Toutes les centrales nucléaires sont refroidies à l’eau mais on distingue deux types de circuit de refroidissement (de source froide donc) :

  • les centrales en circuit ouvert, qui prélèvent de l’eau et la rejettent directement dans le milieu. Ces centrales sont celles qui ont l’impact le plus significatif en terme de réchauffement du milieu (quelques degrés). Toutes les centrales bord de mer sont par exemple en circuit ouvert. Toutefois, à ma connaissance, la mer est suffisamment « grande » pour ne pas créer de problème d’échauffement particulier ;
  • les centrales en circuit fermé, qui prélèvent de l’eau mais la refroidissent après passage dans le condenseur grâce à une tour aéroréfrigérante. L’eau est ensuite renvoyée le condenseur après un appoint pour compenser l’évaporation. Je pense que tu fais allusion à ce type de centrale et effectivement, on peut parler de refroidissement à l’air, même si c’est indirect. L’impact sur le milieu récepteur est de quelques dixièmes de degrés. Typiquement, la plupart des centrales en bord de cours d’eau ont des tours aéroréfrigérantes, pour compenser le faible débit. On pourrait probablement s’en passer sur le principe mais l’échauffement du cours d’eau serait alors totalement inacceptable. Les centrales en bord de grand fleuve quant à elles n’ont pas de tours (Saint-Alban sur le Rhône par exemple fonctionne en circuit ouvert) puisque le débit est suffisant pour éviter un échauffement significatif.

Les deux schémas de principe sur cette page illustrent bien la différence.

EDIT : cette différence ne concerne pas seulement les centrales nucléaires. Beaucoup de centrales charbon sont également en circuit fermé et ont donc des tours aéroréfrigérantes. C’est le cas en France de la centrale Émile Huchet. Si tu vas en Allemagne, il arrive souvent de voir une paire de tours aéroréfrigérantes dans un coin de paysage : ce sont des centrales à charbon.

Qu’elles soient en circuit ouvert ou fermé, les centrales doivent respecter des limites de température sur leurs rejets. Toutefois, grâce aux tours aéroréfrigérantes, les centrales en circuit fermé peuvent fonctionner avec un impact thermique bien plus faible que les centrales en circuit ouvert. En revanche, ce gain environnemental dans les cours d’eau est contrebalancé par la nécessité de traiter les tours avec des produits chlorés, afin de prévenir le développement de bactéries type légionelles…

Je reprendrai peut-être mon post à tête reposée, ta question me laisse penser que ce n’était ni très clair ni très exhaustif :) .

Merci pour cette synthèse bien documenté. La seconde contribution complète un manque dans la première (les tours aéroréfrigérantes).
Pour la quantité d’eau consommée par ces tours, j’ai le chiffre de 2 à 3 m3/MWh
https://www.sfen.org/rgn/adapter-centrales-nucleaires-changement-climatique=

Quoi qu’il en soit, la quantité d’eau évaporée finit bien par retomber en précipitations quelque part.

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Je signale en complément le rapport de la Cours des Compte, l’adaptation au changement climatique du parc des réacteurs nucléaires.

Le rapport est rédigé avec une perspective bien plus large : il s’agit du changement climatique en se référant aux prévisions du GIEC à l’horizon du 22e siècle. La disponibilité de la source froide est bien sûr analysée. Les aspects de sécurité de fonctionnement sont aussi examinés.

Il est prévu d’implanter certains EPR2 sur les zones littorales, c’est pourquoi l’impact de l’évolution du niveau des mer et des risques de submersion est également détaillé.

J’envisage de modifier à nouveau le titre de ce post pour faire référence au changement climatique.

Mais cela peut nuire à la compréhension. Peut $etre faut-il faire un nouveau post, qui reprenne lea synthèse de @titus et le rapport de la Cours des Comptes.

Qu’en pensez vous ?

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