Salutations, agrumes !
Que sont les Éditions du Renard Spatial ?
Les Éditions du Renard Spatial, c’est un éditeur de littératures de l’imaginaires – c’est-à-dire du fantastique, de la science-fiction, de la fantasy, etc. qui a pour but de proposer des textes plutôt courts (nouvelles, novellas, séries) dans des formats soignés, mais accessible au plus grand nombre.
De plus, autant que possible, les textes sont publiés sous licence libre Creative Commons – vraiment libre, pas seulement « de libre diffusion ».
Un peu d’historique…
Au début de la crise du Covid, j’ai voulu profiter du temps libre forcé pour me lancer dans une idée qui me trottait dans la tête depuis un moment : devenir éditeur. Un vrai, hein, pas juste de l’autoédition en douce sans structure, mais une vraie, avec une structure légale et tout.
Puis se sont enchainées : les difficultés liées à la création d’une autoentreprise (c’est pas aussi simple qu’on voudrait le croire, même les CCI sont à la ramasse sur ce sujet), la crise du papier due au Covid, la crise du papier due à la guerre en Ukraine…
Alors, puisque je n’allais pas attendre 107 ans – et parce que mon amie Lisa me tannait pour que je publie enfin son dernier bébé –, j’ai décidé de commencer en ne publiant que des livres électroniques.
Le début réel des Éditions du Renard Spatial
Ainsi donc, ce lundi deux octobre deux-mille-vingt-trois, est sorti Ça ne peut pas être pire qu’ici, une novella1 de Lisa Refur. Puissiez-vous lui réserver un excellent accueil !
Cet évènement marque donc le lancement officiel2 des Éditions du Renard Spatial.
Il y a déjà le principal : un livre électronique disponible dans toutes les librairies en ligne ou presque, un site Internet avec sa liste d’auteurs et son catalogue… et y’a pas besoin de beaucoup plus en fait ?
Si, peut-être l’explication détaillée de pourquoi il n’y a toujours pas de livres papier.
Dans les coulisses…
La création de l’autoentreprise (ou microentreprise)
Note : ces informations datent de mi-2020, ça a pu changer depuis…
Comme d’habitude, l’administration française est incapable de faire simple. Par exemple, il y a plusieurs types d’entreprises selon qu’on veut faire du commerce, du service, de l’artisanat… et tout ça passe par des acteurs différents (URSSAF, BPI France, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat…) qui se parlent assez mal et utilisent des outils hors d’âge.
D’autre part, la loi prévoi simplement que l’autoentreprise doit avoir un compte bancaire dédié. En théorie rien de particulier n’est nécessaire quant à ce compte, on devrait pouvoir utiliser n’importe lequel. Sauf que, à un moment, il faut déclarer un IBAN pour les impôts, et cet IBAN doit être un IBAN professionnel (distinct des IBAN personnels). Et là toutes les banques ont utilisé la même astuce : les comptes pour particulers ne donnent pas droit à un tel IBAN, il faut impérativement un compte pro, évidemment plus cher.
Enfin, il est possible de protéger ses informations personnelles (une microentreprise se fait obligatoirement sous son vrai nom à son adresse) pour éviter de se retrouver sur plein de sites de référencement d’entreprises, par exemple en bloquant l’accès à son SIREN. Mais si on fait ça, tous les automatismes nécessaire à la création de l’autoentreprise, nécessaires à la communication entre les acteurs susmentionnés, sont cassés, et plus rien ne fonctionne – et surtout personne n’est capable de comprendre le problème. Donc, au moins le premier mois, vous êtes virtuellement obligé de laisser trainer vos informations dans la nature.
Bref, comme d’hab : de la paperasse et de la paperasse. Heureusement c’est surtout valable au lancement, après il suffit de bien tenir ses comptes (pas besoin de comptable) et de remplir la déclaration de chiffre d’affaires tous les mois à l’URSSAF.
La recherche d’un diffuseur
Un livre doit être diffusé. Pour ça deux solutions : le faire soi (mais c’est vite infernal, voire impossible si on veut faire autre chose que de la vente directe – ce qui n’est pas terrible pour la visibilité et prends du temps), ou passer par un distributeur.
Pour les livres électroniques, mon choix s’est vite porté sur immatériel.fr, qui fonctionne bien et qui ne m’a pas posé problème malgré des années de présence sans vente. Le contrat s’est fait facilement et assez rapidement.
Pour les livres papier… disons que c’est plus compliqué. En résumé, le problème principal est qu’un contrat de diffusion, c’est avant tout un contrat qui garanti au diffuseur de n’être responsable de rien.
Le site internet
Il est libre, sous licence MIT et son code source est disponible sur Github. C’est un site statique créé avec Hugo, en HTML et CSS modernes : il n’y a pas de framework et n’utilise qu’une poignée de classes et de balise non sémantiques. Et c’est efficace : couplé aux logos en SVG, la page d’accueil charge 77,58 Ko de données seulement, polices d’écriture comprises.
J’avoue que faire ce site m’a un peu rabiboché avec le design front en général et le CSS en particulier : pour la première fois, j’ai réussi à faire ce que je voulais, comme je le voulais, sans que ça pète en permanence sur un navigateur ou un autre.
J’avoue aussi m’être inutilement amusé avec l’excellente directive oklch
pour gérer mes couleurs.
Le site n’a pas de popup de cookies ou de RGPD : c’est normal, puisqu’il n’utilise aucun cookie ni système d’analyse d’audience – honnêtement, la seule métrique « importante » c’est la quantité de bouquins vendus, et c’est pas le site qui va me la donner.
Les problèmes connus sur ces site (corrections prévues à venir) sont :
- Le fil d’ariane très capricieux sur mobile.
- Il manque l’explication du choix des licences sur la page dédiée
- L’accessibilité
- Pourquoi le HTTP/2 n’est pas activé ?!
Si vous voyez d’autres problèmes (c’est probable !), signalez-le en commentaires !
Le processus éditorial
Et elle a raison : un travail éditorial, c’est d’abord et avant tout lire, relire, re-relire, re-re-relire… le même texte encore et encore, pinailler sur plein de détails, et s’apercevoir qu’il y a encore des coquilles dans un bout de texte qu’on a relu des dizaines de fois.
Et encore, la partie éditoriale c’est facile, l’auteur (l’autrice ici) en a fait au moins le double avant.
D’ailleurs c’est peut-être ça le signe d’un bon texte : c’est celui qui ne nous sort pas par les yeux dès le début de la correction…
L’édition papier ou PDF
C’est pareil, le but est de fournir une mise en page fixe et la plus soignée possible.
J’ai voulu d’abord utiliser un logiciel libre et assez connu pour ce faire : Scribus. Ce fut un échec total : même avec plein de tutoriels, impossible d’arriver à quoi que ce soit, il y a des manques énormes, le logiciel est une horreur ergonomique… Peut-être que si j’étais pro avec une volonté forte de m’en servir j’aurais pu investir le temps nécessaire, mais là c’était hors de question.
Adobe InDesign, Microsoft Publisher, QuarkXPress… sont beaucoup trop chers3. Par contre Affinity Publisher (la version 1 à l’époque) a des tutos clairs, une offre d’essai et rentrait dans le budget. Avec la démo et les tutos j’ai pu arriver à ce que je voulais en une poignée d’heures. Mieux, il offrait toutes les fonctionnalités avancées dont je pourrais avoir besoin : gestion des couleurs d’impression (CMJN), alignements visuels4, réglages avancés des césures, alignement du texte sur une grille, ligatures… Alors j’ai pris une licence et suis parti là-dessus.
L’édition de livres électroniques (ePub)
En livre électronique, je n’avais besoin de gérer que les PDF et les ePub, les autres formats (mobi d’Amazon…) sont générés par le distributeur à partir des ePub.
Et là, c’est le drame : personne ou presque ne sait générer proprement des ePub, et les liseuses font absolument n’importe quoi avec (les liseuses matérielles ça va encore, les liseuses logicielles c’est la fête du slip).
En fait la chaine du livre traditionnelle ne pense qu’en terme de « livre papier », le livre électronique n’est qu’un sous-produit réalisé parce qu’il le faut bien, souvent par export plus ou moins automatisé du fichier Word (ou LibreOffice – si tant est que quelqu’un dans l’industrie l’utilise) d’origine.
Il faut savoir qu’un ePub, c’est juste un ZIP un peu capricieux (un fichier en particulier doit être le premier de l’archive), une poignée de XML de métadonnées et une série de XHTML de texte, avec un peu d’images et de CSS pour saupoudrer le tout. En théorie, c’est super facile à faire.
En pratique :
- 95% des fichiers générés sont une soupe infecte de balises presque toutes inutiles – des
<div class="bla">
ou des<span class=bla">
selon le logiciel utilisé, avec des tonnes de règles CSS complètement redondantes. Ceci parce que ce sont des exports de fichier Word, en suivant le balisage interne qui est lui-même rarement propre – même quand les styles sont utilisés. - De toutes façons, les liseuses se torchent avec 95% des standards et des instructions. La compatibilité SVG de la norme ? Seulement si je veux. Le comportement des titres et des sauts de page ? Aléatoires. Les césures ? Ça coupe n’importe où et ça ira bien. Et j’en passe. Et c’est pas parce que le logiciel de lecture ePub est récent qu’il gère ça mieux.
Conséquence : j’ai complètement généré mon ePub à la main. En fait, c’est facile, et ça donne un ePub tout petit par rapport à l’état de l’art (ben oui, j’ai pas des balises inutiles partout, et je n’essaie pas de forcer une police, une taille d’écriture et des marges qui sont toutes façons ignorées par presque tous les lecteurs). Le problème, c’est le rendu : c’est plus facile de faire un rendu HTML propre à l’époque de IE6 (ou dans des mails) que pour ePub. Donc, le maitre mot, c’est : faire au plus simple, vu que de toutes façons ça va être massacré.
Mon seul regret est de n’avoir jamais réussi la page de faux titre, coupée en 3 pages sur trop de liseuses.
La publication électronique
Une fois qu’on a encore relu les textes, on génère les fichiers finaux et on les envoie via sur le site du diffuseur accompagnés de métadonnées et du prix (en France c’est l’éditeur qui fixe le prix pour tout le monde). Et on attend.
Et on attend.
Oui, parce que si le diffuseur publie les fichiers le soir même, trois jours plus tard, certains libraires en ligne ne les ont toujours pas intégrés. D’ailleurs, c’est les plus gros qui sont les plus lents à se mettre à jour. Merci au diffuseur d’avoir intégré un système de vérification qui permet de savoir qui est à jour !
Remerciements
Merci à toi d’avoir lu ce pavé.
Merci aux participants de ce post pour m’avoir aidé à remplir cette page (même si vous ne le saviez pas) (maintenant, vous savez).
Merci aux membres qui étaient sur le Discord de Zeste de Savoir à l’été 2020 pour leurs conseils sur le site et le logo. Même si le site et le logo ont changé depuis, ces conseils n’ont pas été vains !
Est-ce qu’on peut faire quelque chose pour t’aider ?
Acheter les livres que je publie, évidemment
Si vous les avez aimés : parlez-en ! C’est valable pour toutes les œuvres, quel que soit l’artiste. L’artiste qui se construit une réputation via les réseaux sociaux, c’est un mythe ; l’immense majorité des artistes à grosse communauté ont une communauté de fans qui parle d’eux, ce qui leur permet de créer leur communauté sur les réseaux sociaux, et le lien de causalité est dans ce sens.
Si vous voyez des erreurs ou des axes d’amélioration : contactez-moi (ou directement par MP ici, ou dans ce thread).
Et maintenant ?
Les projets d’avenir ! Pas forcément dans l’ordre :
- Mettre à jour les versions électroniques de Inattendu, c’était juste un test mais ça me fait loucher, et c’est facile à mettre à jour – et ça me permettra de savoir si on peut réellement pousser des mises à jour !
- Publier d’autres textes de Lisa.
- Publier des livres papier.
- Ouvrir la soumission de textes (peut-être le vôtre ? Je vous préviens, je suis pénible comme éditeur).
Devenir millionnaireRentrer dans mes frais (on peut rêver).
Je vous le remet ici : lisez Ça ne peut pas être pire qu’ici, une novella1 de Lisa Refur, publiée aux Éditions du Renard Spatial.
- Une novella est un texte intermédiaire entre les nouvelles et les romans courts, à destination des adultes – en littérature jeunesse ce serait un roman court ou un roman selon l’âge visé. C’est un type de texte historiquement peu courant parce que très difficile à publier au format papier : un peu court pour être publié indépendamment de façon rentable, un peu trop long pour être publié dans un recueil de nouvelles sans en phagocyter une grande partie. Je n’aime pas trop le terme mais il est plutôt bien connu des lecteurs et évite d’introduire en erreur quant à la longueur du texte.↩
- Il y a bien un autre texte plus ancien mais c’était surtout un test de la chaine de publication. À votre place j’attendrais un peu – au moins une semaine – que j’en publie une version plus propre.↩
- Le but est de faire ça légalement, donc pas de piratage !↩
- On peut décaler légèrement les premières ou dernières lettres d’un texte pour que les bords aient l’air bien droit, même s’ils ne le sont plus tout à fait.↩