Enseigner sans comparaisons ?

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Bonjour,

Je me demandais s'il était possible et judicieux d'enseigner un notion sans faire de comparaisons avec ce que l'on connait. Par exemple, pour enseigner l'anglais à un français (parlant français, mais pas anglais). D'un côté, en faisant des analogies entre les notions, la personne peut se rattacher à ce qu'elle connait et s'appuyer sur son expérience. Mais de l'autre, il est alors facile d'introduire incorrectement à des concepts propres à l'anglais (will $\neq$ futur, modaux, aspects des temps…).

Qu'en pensez-vous ? ^^

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Vaste question. En très bref, je dirais que les associations aident fortement la mémoire, mais que du même coup, elles sont d'autant plus difficiles à dépasser quand elles s'avèrent partiellement erronées : c'est précisément ce que tu pointes.

Pour ma part, mais cela n'engage que moi et mon cerveau bizarre, j'apprécie la démarche contrastive : aborder deux notions en même temps, en insistant sur ce qu'elles ont de différent, et qui permet de les distinguer. Ça peut aller du simple, comme la distinction entre deux lexèmes sémantiquement proches (beef / pork vs. ox / pig), à nettement plus abscons, comme la notion d'aspect en conjugaison. Cela étant, une telle démarche ne s'applique pas nécessairement bien en dehors de la linguistique.

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En théorie, il est vivement conseillé de comparer de nouvelles informations aux connaissances antérieures : les associations permettent de renforcer la mémoire. Il est aussi fortement conseillé de mettre l'accent sur les différences lors des comparaisons : plus des concepts sont différents, distinguables, plus ceux-ci seront résistants à l'oubli. Mais ces principes relativement simples s'implémentent de manières très différentes suivant le matériel à enseigner.

Le premier cas correspond aux analogies, et il est à double tranchant : cela peut donner aussi bien de bonnes choses que des catastrophes, sans aucune manière de prévoir comment cela va se passer. Il existe des recommandations sur comment bien utiliser de telles analogies, mais autant prévenir : celles-ci sont insuffisantes pour rendre les analogies vraiment opérationnelles.

Personnellement, je déconseille les analogies, qui sont assez difficiles à maitriser : je préfère comparer entre eux un grand nombre d'exemples du concept à apprendre, de préférence des exemples accessibles, simples, mais inconnus de l'élève. Dans ce cas, le processus de comparaison peut parfaitement s’implémenter de manière efficace, sans devoir gérer les défauts de l'analogie.

Dans d'autres cas, on peut dériver le concept à apprendre en spécialisant un concept déjà connu ou en le généralisant (mais sans analogie). Cela fonctionne aussi pour les procédures et méthodes. Dans ce cas, il faut utiliser quelques recommandations assez simples :

  • organiser le plan du cours suivant une structure cognitive (voir le lien donné juste avant) ;
  • procéder du général au particulier ;
  • spécialiser progressivement les concepts en rajoutant des propriétés distinctives.

Il existe cependant deux exceptions à cette efficacité des comparaisons entre concepts :

  • quand cela peut faire mémoriser des erreurs ;
  • pour certaines procédures et méthodes.

Pour se second cas, il faut absolument éviter de jouer sur les ressemblances entre règles, à tout prix. Si des règles peuvent être confondues, elles interféreront entre elles lors de lors application, et l'apprentissage sera nettement plus lent. Il existe cependant une exception à cette exception, qui correspond au cas où la règle est une spécialisation d'une règle déjà connue.

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Merci pour ces réponses très intéressantes. =)

Du coup, est-il bon d'enseigner directement les concepts propres au sujet ? Par exemple, les débuts des tutoriels sur un langage de programmation se ressemblent globalement beaucoup : variables, entiers, chaînes, fonctions… Serait-il judicieux de s'attarder dès le départ sur les spécifités du langage, pour donner un cours plus [nom-du-langage]ique et permettre à l'élève de comprendre ce qu'il manipule (cf : ici)?

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Comme l'a signalé mewtwo, il est indispensable d'aller du général au particulier. Pour l'exemple que tu donnes dans le lien (« tout est objet en Python »), comment un novice total peut-il comprendre ce qu'est un objet s'il ne sait pas ce que sont des variables ? Plus encore, en n'ayant aucun point de comparaison dans un autre langage, comment peut-il comprendre ce que ce fonctionnement a de particulier ou non, et en quoi cela a une importance qu'il fonctionne ainsi ?

À mon sens, il est d'autant plus indispensable d'introduire ce genre de notions de base (variable, fonction, etc.), que derrière les mêmes mots se cachent des réalités différentes par exemple entre langages impératifs et langages fonctionnels. En outre, dans les langages impératifs comme le Python, les variables et les fonctions ne sont pas la même chose qu'en maths, ce qu'un apprendra connaîtra en général avant de s'intéresser à l'informatique. Il est donc important, à cause d'un risque de confusion dû au vocabulaire, de bien éclaircir dès le départ de quoi on parle.

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