Voici un retour comme promis.
Déjà, globalement je trouve que l’article est plutôt complet, donc bravo pour
ça. Les deux seuls éléments manquants à mon sens sont le fameux diagramme masse
de la planète vs distance à l’étoile qui montre bien les biais observationnels
des méthodes employées et comment on peut estimer/mesurer la composition des
planètes (grossière avec la densité et celle de l’atmosphère si on a du bol).
Vous n’êtes pas tombés dans le sensationalisme de l’extrabiologie, donc ça
c’est pas mal aussi, point bonus pour expliciter les limites de la zone
d’habilité (j’ai quand même hésité à mettre un point malus pour avoir mentionné
la zone en question ).
Voici quelque points plus précis, dans l’ordre du texte.
Il y un "être" en trop dans le sous-titre.
On classe fréquemment les planètes en se basant sur leur composition
Pour les exoplanètes, c’est difficile de faire mieux que la composition
à l’ordre 0 en utilisant la densité. Du coup, la formulation est peut
être trompeuse, c’est plus un tri par densité que par composition.
Il y a plusieurs variantes de planètes telluriques, en plus des planètes n’étant que tellurique.
Là, j’ai pas compris ce que vous vouliez dire.
Ce sont des géantes gazeuses situées très proches de leur étoile. Les modèles
ne permettent pas d’expliquer comment la formation d’une telle planète est
possible : proche de l’étoile, le gaz est expulsé par les vents solaires, si
bien qu’il ne soit pas possible qu’une planète aussi massive se forme dans
cette zone. De plus, quand bien même cela arriverait, l’atmosphère de la
planète serait soufflée par les vents solaires et finirait par disparaitre.
L’explication proposée est une migration de la géante gazeuse vers l’étoile.
Formée loin, elle se rapproche, et elle est observée alors que son atmosphère
n’a pas encore été soufflée.
C’est plus que l’explication proposée, on a des modèles numériques capables de
reproduire ça très bien et l’exentricité forte des jupiters chauds collent avec
ces simulations. On arrive même à se servir de la migration des géantes lors de
la formation du système solaire pour expliquer la petite taille de Mars (modèle
de Nice, par A. Morbidelli et collaborateurs).
Une telle planète ressemble (théoriquement) dans ses propriétés à une planète
tellurique.
La densité doit être plus grande non, vues les pressions démentielles au centre
des gazeuses ?
Pour la majorité d’entre elles, on peut les observer directement ; pour les
autres, on voit leur influence sur des corps que l’on peut voir.
Je vois ce que vous voulez dire, mais la formuulation est trompeuse. On a
l’impression qu’il y a des planètes du Système Solaire qu’on n’a jamais observé
directement, l’équipe de New Horizons serait déçue.
Pour les transits, les images qu’il y a sont prises depuis le sol, non ? Celles
obtenues par Hubble sont beaucoup plus frappantes, surtout en comparaison
(Brown et al. 2001 par exemple). L’explication pour déterminer le rayon de la
planète et de son orbite est un peu simpliste, on utilise en fait le rayon de
l’étoile, la baisse d’intensité, la durée du transit, et la durée de la
transition au début et à la fin du transit pour déterminer de manière
auto-cohérente la masse de la planète, celle de l’étoile, le rayon de la
planète et la distance orbitale.
En effet, l’inclinaison de l’orbite de l’exoplanète autour de son étoile doit
approcher les 90°, c’est-à-dire qu’on doit voire le système étoile-planète par
la tranche. Si ce n’est pas le cas, on ne pourra pas voir depuis la Terre la
planète passer devant l’étoile, rendant cette méthode inutilisable.
Une conséquence triviale est que cette méthode favorise les planètes grosses
orbitant proche de leur planète (même si on est capable d’observer des petites
planètes telluriques, les probabilités sont contre nous).
La loi de Plank précise que tout objet émet des radiations, et que ces
radiations sont d’autant plus intenses et avec une longueur d’onde faible que
l’objet est chaud (c’est pourquoi un humain a 37 °C émet un peu d’infrarouges
et très peu d’autres ondes, et que le Soleil émet beaucoup plus, avec un pic
dans le domaine du visible).
Je suis pas sûr de voir l’intérêt de cette explication, le fait que le spectre
d’émission d’une étoile est constant dans le temps à distance constante suffit.
Comme tout corps dans l’espace, les étoiles sont massives — plutôt très
massives, d’ailleurs.
Pas sûr de voir ce que vous voulez dire par là.
La lentille grossit donc l’image et augmente sa luminosité, ce qui permet de
révéler les planètes orbitant autour de l’étoile lentille, qui ne réémettent
que peu de lumière.
Cette explication n’est pas hyper-claire, ce qu’on voit sont des perturbations
dans l’image de l’étoile source dues à la présence des planètes. Comme c’est
dit, on a l’impression qu’on arrive à grossir l’image des planètes. On sait
faire aussi remarque, mais c’est une méthode directe.
À propos de la méthode directe, il y a l’ELT (oui oui, c’est bien pourExtremely Large Telescope) en construction qui est prometteur avec un mirroir
de 39 mètres de diamètre. Là on pourra faire de l’observation directe
sérieusement.
Pour la méthode d’astrométrie, j’imagine que vous vouliez dire que c’est
similaire à la vélocimétrie par effet Doppler plutôt que la méthode des
transits.
L’idée de la zone d’habitabilité est que la vie a besoin d’une certaine
quantité d’énergie (mais pas trop), d’eau liquide, d’une atmosphère…
Comment ça, "mais pas trop" ? Les bactéries dans une boîte de Pétri ou les
humains sur une planète sont la preuve qu’il n’y a jamais trop d’énergie pour
la vie… L’idée de la zone d’habilité, c’est la présence d’eau dans les trois
phases en surface, point à la ligne. C’est justement parce qu’elle ignore le
fait que la vie a besoin d’énergie exploitable (donc pas nécessairement solaire
donc pas nécessairement en surface) et d’un environnement où les molécules
organiques complexes (pour la vie carbonnée) sont stables que la zone
d’habilité est aussi naîve pour ne pas dire autre chose.
Mars n’est pas dans les bonnes conditions aujourd’hui pour voir apparaitre et
se maintenir de la vie.
Rien de prouvé dans un sens ni dans l’autre à ce sujet.
Cela signifierait dans son cas une dissipation d’énergie (et donc une
surchauffe) très importante, ce qui poserait des problèmes pour l’apparition de
la vie.
Je n’ai lu que l’abstract, mais l’article parle spécifiquement de dissipation
tidale qui est due à la résonnance avec ses camarades plutôt que le
verrouillage de marée, ce qui pose des questions sur la stabilité de la planète
elle même plutôt que nécessairement l’habitabilité. Le verrouillage va plutôt
poser problème parce qu’un côté de la planète va être cuit alors que l’autre
sera très froid.
En tout cas encore une fois, c’est du très bon boulot, il n’y a pas grand chose
à corriger pour que ce soit publiable !