Différentielle exacte

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Bonjour,

Je comprends pas super bien ce qu’est qu’une différentielle (formellement) et encore moins une différentielle exacte.

Et comment déterminer si elle est exacte ? Par exemple, $dW(x,y) = {x^2}ydx + x{y^2}dy$. Est-ce que ça a une application en Physique de savoir si elle est exacte ou pas?

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Et comment déterminer si elle est exacte ?

C’est un problème difficile. Aussi difficile que celui d’intégrer.

D’ailleurs le problème dépend (très, très fortement) de la géométrie. On ne peut pas répondre à ton exemple sans connaître l’espace dans lequel évoluent $x$ et $y$.

Est-ce que ça a une application en Physique de savoir si elle est exacte ou pas?

Oui !

Par exemple en thermodynamique

Source : P. Bernard
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Merci. Que veux tu dires par " le problème dépend (très, très fortement) de la géométrie". J’ai un exercice qui me demande de choisir quelle différentielle est exacte entre $dw = {x^2}{y^3}dx + {x^3}{y^2}dy$ et $dw = {x^3}{y^4}dx + {x^3}{y^2}dy$ . J’aurais clairement dis la première par symétrie.

Et puis, pour l’inexacte, calculer son intégrale linéaire le long de la courbe $y=x^-1$ de $(1;1)$ à $(5;1/5)$.

$$dy = - \frac{{dx}}{{{x^2}}}$$
$$ \to dw = \frac{{{x^3}}}{{{x^2}}}( - \frac{1}{{{x^2}}})dx + \frac{{{x^2}}}{{{x^3}}}dx \Leftrightarrow dw = 0$$

Donc l’intégrale sera nulle.. Étrange je trouve.

Délicate question, il faudrait demander à un physicien parce que selon les usages, $\delta$ peut aussi désigner l’opérateur de bord dual. (Mais j’aurais tendance à te répondre oui.)

Au passage, écrire $dw$ une forme dont on n’est pas sûr de l’exactitude est à mon avis une erreur de notation. Puisque précisément, si on peut écrire $dw$ c’est que c’est une forme exacte (puisque c’est la différentielle de $w$).

Avoir $dw=0$ ne signifie pas systématiquement que $\int dw = 0$ (par exemple fonction constante n’est pas toujours d’intégrale nulle). D’ailleurs c’est plutôt une bonne chose, puisque ça veut dire que $dw$ est exacte sur ce chemin (la fonction nulle est certainement exacte) et que donc tu peux appliquer Stokes.

Pour la première, je pense que tu peux trouver explicitement une primitive.

Plus généralement, si tu travailles dans $\mathbf R^2$ (ou dans n’importe quel espace simplement connexe) c’est très facile de vérifier l’exactitude, il suffit de vérifier que la forme est fermée. C’est le lemme de Poincaré (et c’est d’ailleurs ce qui explique en bonne partie la part géométrique du problème).

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D’ailleurs la notation de Thermo est intéressante. Le physiciens notent $\delta Q$ pour dire qu’elle n’est pas exacte contrairement à $dU$ par exemple?

sotibio

En thermo, c’est la foire. Les notations habituelles sont :

  • $d$ pour les différentielles exacts ($dS$) ;
  • d̄ (d barré, c’est chiant à faire en latex) pour différentielles pouvant être non exact (d̄Q) ;
  • $\partial$ pour les dérivées partielles ($\frac{\partial V}{\partial P}$) ;
  • $\delta$ pour les grandeurs infinitésimales. Dons on évite, et on utilise le bon d.
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Le cas en maths est assez intéressant (en vrai, la notation $\partial$ est à peine croyable).

Les notations (co)homologiques singulières (c’est la théorie classique) sont les suivantes :

  • $\partial : H_{i+1} \to H_{i}$ opérateur de bord ;
  • $\delta : H^{i}\to H^{i+1}$ son dual cohomologique (défini par le crochet plus bas).

En géométrie différentielle (en fait, en cohomologie de De Rham) :

  • $d : H^{i}\to H^{i+1}$ l’opérateur de bord ;
  • $\partial$ le bord géométrique.

Regardons un instant la formule de Stokes :

$$ \int_{\partial \Omega} w = \int_\Omega dw.$$

En fait, le premier et le dernier $\partial$ sont beaucoup plus proches qu’on ne peut le croire. (Seuls $\delta$ et $d$ sont des variations d’une (presque) même chose).

Le théorème de De Rham nous dit que la cohomologie de De Rham est isomorphe à la cohomologie singulière (à coefficients réels). Et en fait, la formule de Stokes se comprend comme une dualité : si je note

$$ \langle M , \psi \rangle = \int_{M} \psi $$

et bien le théorème de Stokes dit exactement que c’est un crochet de dualité :

$$ \langle \partial \Omega, w\rangle = \langle \Omega,d w\rangle $$

exactement comme dans le cas de l’homologie singulière où

$$ \langle \partial u,v\rangle = \langle u,\delta v\rangle. $$

Ce qui est à peine croyable, c’est qu’on note aussi $\partial$ le dual (au sens linéaire) de $d$, puisqu’on définit $dx^i$ comme la forme linéaire duale à $\partial/\partial x^i$.

TL&DR : on a deux dualités entre $d$ et $\partial$ dans deux contextes différents où à chaque fois on a deux isomorphismes forts.


Bonus : en passant par la cohomologie de Cech, on peut montrer l’isomorphisme de De Rham, la formule de Stokes et Mayer-Vietoris comme des conséquences (presque) triviales. Comme quoi, avec un bon formalisme les théorèmes peuvent tomber comme des mouches :).

Conclusion : la topologie c’est le bien.

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