Un peu de théologie

a marqué ce sujet comme résolu.

affirmaient même au XXe siècle que la philosophie a cessé, sinon d’exister, du moins d’avancer au Moyen-Âge pour cette raison

C’est surtout parce qu’ils avaient trop de respect pour Aristote et co pour les contredire, et de ce fait, ce n’était que des commentaires de textes (cf mes cours d’histoire).

qwerty

C’est surtout que le christianisme était devenue la "philosophie" dominante, qui, comme je le disais, laissait peu de place à la reflexion philosophique. Les prêtres disaient d’ailleurs que "la philosophie devait se mettre au service de la religion". Du coup tout système philo devait être conforme au christianisme. Le platonisme était tres bien pour ça, avec son monde des idées qui cadrait très bien avec l’idée du royaume de dieu vs royaume des hommes. Cf livre de Saint Augustin - La cité de Dieu

(extraits wiki : "Tout en choisissant les philosophes platoniciens comme les meilleurs pour rechercher la vérité sur Dieu et sur les dieux, Augustin va récuser une partie de leur théologie. La pierre d’achoppement est l’impossibilité affirmée par eux que Dieu, le Souverain Bien, puisse se communiquer aux hommes. Ce livre établit les fondements de la pensée chrétienne de la philosophie pour de nombreux siècles.[…] À la question de savoir qui des philosophes grecs ou des prophètes du peuple juif a autorité pour enseigner les hommes, il répond que ce sont les prophètes")

Les idées d’Aristote étaient interdites au début car trop matérialistes, puis remises au gout du jour par Thomas d’Aquin

(wiki toujours : "Au xiiie siècle, la philosophie aristotélicienne, revue par Thomas d’Aquin, devient la doctrine officielle de l’Église latine, malgré quelques soubresauts, telle la condamnation de 1277 d’un ensemble de propositions aristotéliciennes par l’évêque de Paris Étienne Tempier. Elle devient aussi la référence philosophique et scientifique de toute réflexion sérieuse, donnant naissance à la scolastique et au thomisme. Toutefois, Thomas d’Aquin fait subir certaines torsions à la pensée aristotélicienne. D’une part, il subordonne la philosophie à la théologie, laquelle est elle-même au service de la connaissance de Dieu. D’autre part, il intègre « toutes les sciences aristotéliciennes en un ordre unique et hiérarchisé » lui-même subordonné à la théologie."

Donc oui, beaucoup de commentateurs mais surtout pour faire rentrer les philosophies antiques dans le moule de l’église. Le prêtre Abelard écrira d’ailleurs le traité "Oui et non", où il présente les thèses antiques, qu’il confronte aux thèses de l’eglise (j’avais d’ailleurs lu que c’est de la que vient la forme de nos dissertations thèse-antithèse-synthèse). L’épicurisme, trop matérialiste, était d’ailleurs honni, et c’est de là que vient sa réputation (au départ, un épicurien c’est pas qqn qui ne cherche qu’à manger, boire et b…er, comme l’image populaire l’imagine)

Cette explication me laisse perplexe. De mon point de vue, si à leur époque ils admiraient et respectaient autant des grands philosophes morts depuis plus de 1000 ans, comme Socrate, Platon et Aristote, la moindre des choses aurait été qu’ils essayent de poursuivre le travail de ces derniers, plutôt que d’attendre que ça redevienne la mode à la Renaissance, tu ne penses pas ?

nohar

À mon sens, ce qu’on leur reproche (ou du moins ce qu’on peut leur reprocher) est d’avoir justement "poursuivi" le travail de ces derniers en se conformant strictement à leurs paradigmes philosophiques, et à ne pas en chercher vraiment d’autres. Une fois les philosophes antiques christianisés (c’est le travail des Sommes), j’ai l’impression qu’on les gardait tels quels. L’exemple le plus marquant est celui d’Aristote qui, une fois christianisé par Thomas d’Aquin, est devenu la doctrine philosophique mainstream, alors qu’il aurait été sans doute plus indiqué de diversifier les approches philosophiques.
Après, je n’ai pas assez travaillé la philosophie médiévake (notamment la scolastique) pour pouvoir en parler de manière très documentée.

Le platonisme était très bien pour ça, avec son monde des idées qui cadrait très bien avec l’idée du royaume de dieu vs royaume des hommes. Cf livre de Saint Augustin - La cité de Dieu

Looping

Petite précision, cependant : si une tendance dualiste est clairement visible dans le christianisme (Saint Augustin est l’exemple que j’aurais moi-même donné), on ne peut l’y réduire − sans quoi les attaques contre les hérésies dualistes (catharisme, bien sûr, mais aussi encratisme, bogomilisme, gnosticisme, etc.) sont purement incompréhensibles. D’où d’ailleurs le fait qu’Aristote, une fois complété par d’Aquin, ait fait un tel carton (au point de rester aujourd’hui encore philosophie dominante de l’Église, quoique complété par pas mal d’autres courants plus modernes).

Donc oui, beaucoup de commentateurs mais surtout pour faire rentrer les philosophies antiques dans le moule de l’église. Le prêtre Abelard écrira d’ailleurs le traité "Oui et non", où il présente les thèses antiques, qu’il confronte aux thèses de l’eglise (j’avais d’ailleurs lu que c’est de la que vient la forme de nos dissertations thèse-antithèse-synthèse). L’épicurisme, trop matérialiste, était d’ailleurs honni, et c’est de là que vient sa réputation (au départ, un épicurien c’est pas qqn qui ne cherche qu’à manger, boire et b…er, comme l’image populaire l’imagine)

Looping

J’ai cru lire qu’Horace (né et mort avant J.-C.) avait beaucoup contribué à rendre l’épicurisme caricatural (se définissant lui-même comme « un cochon dans le jardin d’Épicure » − citation de mémoire).
L’un n’exclut pas l’autre bien entendu : j’ai vu sur Wikipédia que des attaques véhémentes avaient été menées par les Pères de l’Église, mais je n’ai pas trouvé de nom précis.

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À mon sens, ce qu’on leur reproche (ou du moins ce qu’on peut leur reprocher) est d’avoir justement "poursuivi" le travail de ces derniers en se conformant strictement à leurs paradigmes philosophiques, et à ne pas en chercher vraiment d’autres. Une fois les philosophes antiques christianisés (c’est le travail des Sommes), j’ai l’impression qu’on les gardait tels quels. L’exemple le plus marquant est celui d’Aristote qui, une fois christianisé par Thomas d’Aquin, est devenu la doctrine philosophique mainstream, alors qu’il aurait été sans doute plus indiqué de diversifier les approches philosophiques.

Attention quand je parle de "poursuivre" j’entends plutôt éprouver les limites, contredire et/ou construire du nouveau par-dessus, hein, pas se borner aux commentaires composés. Un peu comme en Asie, les différentes écoles de Zennisme ont poursuivi et construit par-dessus le travail de Lao Tseu au fil des siècles. :)

Mais on parle du même phénomène en fin de compte.

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ez613 faut pas tout confondre. La science n’est pas une croyance, c’est d’ailleurs pour ça qu’il > L’athéisme, qu’il soit gnostique, ignostique ou agnostique ou "jem’enfoutique" n’est pas forcément moins croyant en d’autres choses (cf l’homéopâthie en France, pays fortement athée).

artragis

Je remonte le sujet parce que Hygiène mentale vient de sortir une vidéo sur le sujet

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