Supprimer la liberté d'autrui

a marqué ce sujet comme résolu.

Suite au visionnage de la vidéo suivante, je me suis demandé si vous pensez qu’il soit normal de privé quelqu’un de sa liberté dans notre société moderne, pour avoir commis un crime? La mort en soit n’est-t-elle pas une sentence plus appropriée en ce qu’elle permet la perte d’une existence malfaisante pour la société?

Es-tu certain que commettre un crime, allez disons même un meurtre, est équivalent à être malfaisant pour la société ? Tu penses vraiment que les gens sont soit tout bons, soit tout mauvais ? Que l’entre-deux n’est pas possible ?

adri1

Par rapport à ceci, je peux répondre par un non catégorique. Tous les criminels – y compris les condamnés pour meurtre – ne se valent pas. Il y a beaucoup de meurtriers qui, ça peut sembler paradoxal pour certains, étaient et sont des types bien qui ont tué pour X ou Z raison(s) (crime passionnel par exemple) et qui en théorie pourraient très bien se réinsérer dans la société sans problème. Le problème est que la prison est criminogène et, si certains se tiendront à carreau, d’autres pas. Malheureusement, ce sont ces derniers qui influencent le plus la réaction sociale et la politique criminelle en conséquence. On va vers des peines souvent très lourde (on a augmenté l’échelle des peines en Belgique hors perpétuité, on a désormais des peines qui peuvent monter à 40 ans) parce qu’on ne sait tout simplement pas comment lutter contre ce problème des prisons criminogènes alors qu’on a fondamentalement besoin de prisons pour les cas les plus dangereux. Comment la société réagirait-elle si l’on libérerait quelqu’un en quelques mois pour meurtre voire pas de sanction du tout ? La société appelle une réaction sociale et le législateur n’ira jamais en sens contraire même s’il offre désormais des moyens de moduler les peines, d’avoir des mesures alternatives, etc.

Mais c’est un fait, il y a de bonnes personnes en prison. Comme de mauvaises. Et malgré l’établissement de profils, on ne peut jamais être sûr que sur 100 condamnés pour crimes passionnels, aucun ne récidiveront alors que 90% d’entre eux savent qu’ils ont eu tort et acceptent leur peine. Mais certains recommenceront parce que l’environnement carcéral va les faire entrer dans une spirale délictuelle de laquelle il est très difficile d’en sortir.

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La CEDH n’interdit pas la peine de mort.

Tu te trompes. Ta source a raison, mais tu te bases uniquement sur le texte original qui a été amendé par le biais de protocoles, et notamment le protocole 6 et 13 interdisent la peine de mort et c’est l’une des raison pour laquelle la Biélorussie ne parvient pas à rejoindre le Conseil de l’Europe et la CEDH.

Le site officiel est sans ambiguïté sur la question : https://www.coe.int/fr/web/conventions/search-on-treaties/-/conventions/treaty/results/subject/3

+4 -0

Ta source a raison, mais tu te bases uniquement sur le texte original qui a été amendé par le biais de protocoles, et notamment le protocole 6 et 13 interdisent la peine de mort et c’est l’une des raison pour laquelle la Biélorussie ne parvient pas à rejoindre le Conseil de l’Europe et la CEDH.

Effectivement je me suis trompé. Merci de ta précision.

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Salut,

Suite au visionnage de la vidéo suivante, je me suis demandé si vous pensez qu’il soit normal de privé quelqu’un de sa liberté dans notre société moderne, pour avoir commis un crime?

Ozmox

De mon point de vue, la prison est une sanction d’une grande cruauté, voire littéralement de la torture. Enfermer des personnes dans un espace confiné (pas toujours salubre) avec peu voire pas de liens avec la société, sans forcément savoir ce qui les attends par après (Disposent-elles d’un logement ? De ressources pour vivre ? Disposent-elles encore de proches pour les aider ?), sans la moindre intimité, avec pour quasi seule compagnie d’autres personnes chargées de les surveiller et, en grande partie, de décider et d’organiser leurs journées me paraît juste… ôdieux. Sincèrement, pour les peines longues, la mort me paraît moins cruelle.

J’appuye par ailleurs fortement le message d’Arius quand à l’efficacité toute relative de la prison, de manière générale.

La mort en soit n’est-t-elle pas une sentence plus appropriée en ce qu’elle permet la perte d’une existence malfaisante pour la société?

Ozmox

Et qu’est-ce que cela résoudra, finalement ? La société finira au minimum avec une personne morte (si elle est condamnée à mort pour un autre motif qu’un meurtre) et un peu plus de personnes meurtries par cette perte. Par ailleurs, de la même manière que pour la prison : qu’est-ce qui justifie un tel pouvoir ? Qui est-on pour décider de la mort ou de l’emprisonnement d’une autre personne ? Et, à supposer qu’on y trouve une justification probante (ce dont je doute), qu’est-ce que cela va concrètement apporter à la société ?

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Mais la mort, c’est tellement définitif… Alors que vivre pour un seul moment de joie, est-ce que ça n’en vaut pas la peine ?

(Excusez mon envolée lyrique)

Phigger

La mort ce n’est pas forcément définitif (ni une fin en soi), chacun sa conception là-dessus.

Et vivre un seul moment de joie même extrême ne justifie pas pour tout le monde le fait de vivre. Surtout qu’après avoir vécu la joie, le fait de retourner dans l’état précédent est plus dur à vivre qu’avant, même s’il est quasiment identique.


Bonsoir,

Suite au visionnage de la vidéo suivante, je me suis demandé si vous pensez qu’il soit normal de privé quelqu’un de sa liberté dans notre société moderne, pour avoir commis un crime? La mort en soit n’est-t-elle pas une sentence plus appropriée en ce qu’elle permet la perte d’une existence malfaisante pour la société?

Ozmox

Je ne considère pas qu’il soit toujours nécessaire de priver de ses libertés une personne ayant commis un crime. Si elle ne représente pas de danger pour la société ou sa personne, il y a plus à gagner en faisant participer cette personne au "dédommagement" des dégâts causés (en faisant au mieux, car un meurtre, peu importe le motif, ne peut être réellement dédommagé, peu importe la peine prononcée).

Le problème est que le dédommagement n’est pas toujours suffisant. Si je me fais cambrioler ma maison, le simple remboursement des objets dérobés ne peut pas réparer le dommage subi. Rien ne m’enlèvera la sensation de ne plus être totalement chez moi et la paranoïa qui s’en suit.

Par contre, je suis d’accord que pour la très petite délinquance, la possibilité d’ordonner la réparation en nature du dommage comme peine peut être approprié. J’ai en tête comme exemple, les personnes qui taguent les murs. Il serait plus intéressant de les condamner à aider l’entreprise de nettoyage que de les condamner à une amende ou à une peine pécuniaire avec sursis. La personne se rendrait compte de l’ampleur de son comportement.

Les peines pénales ne servent pas à contenter la ou les personnes lésées mais à sanctionner un comportement légalement inadéquat. Sinon les infractions de mise en danger n’auraient aucun sens puisque personne n’est lésé.

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Mais la mort, c’est tellement définitif… Alors que vivre pour un seul moment de joie, est-ce que ça n’en vaut pas la peine ?

Phigger

Quand vivre implique plus de souffrances que de bien-être sans grand espoir de changement, je pense sincèrement que la mort doit être une délivrance, le mot « vivre » n’étant d’ailleurs probablement plus adapté dans un tel cas.

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C’est un de ces rares sujets où les pays de l’EU me semblent faire fausse route depuis longtemps…

victor

Je serais curieux de connaître ton avis à ce sujet.

Taurre

+1. Avec une phrase aussi percutante, j’espère qu’il y a des arguments appuyés par des sources derrière parce que l’évolution de l’euthanasie ne fait aucun doute sur le fait que la situation est meilleure maintenant que jadis où il y avait des problèmes éthiques et médicaux inquiétants…

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C’est un de ces rares sujets où les pays de l’EU me semblent faire fausse route depuis longtemps…

victor

Je serais curieux de connaître ton avis à ce sujet.

Taurre

+1. Avec une phrase aussi percutante, j’espère qu’il y a des arguments appuyés par des sources derrière parce que l’évolution de l’euthanasie ne fait aucun doute sur le fait que la situation est meilleure maintenant que jadis où il y avait des problèmes éthiques et médicaux inquiétants…

Arius

Bah on va pas se mentir il y a pas mal de tourisme vers la Suisse à ce sujet depuis assez longtemps. Moi je suis clairement en faveur, je compte pas particulièrement argumenter. Je pense que le suicide assisté devrait être nettement plus simple en France Allemagne Italie Autriche. Le fait que leurs citoyens viennent mourir en Suisse me pose aucun problème à part celui qu’ils doivent le faire pour mourir dignement.

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Tu parles de l’euthanasie passive. En te lisant, j’ai cru que tu parlais d’euthanasie active.

J’habite en Suisse et c’est vrai qu’il a un tourisme du suicide. Il existe des associations qui permettent au gens de se suicider dignement. Les deux principales sont Dignitas et Exit. Pour l’instant, elles ne s’aident que les personnes qui sont atteints de maladies dégénératives incurable ou de malade en fin de vie. Les personnes doivent être dans un stade très avancée de la maladie.

Il se peut que ces associations élargissent leur cadre. Récemment une triste histoire a défrayé la chronique. Une personne âgée voulait mettre fin à ses jours, mais elle n’était pas malade. L’homme en question ne voulait simplement plus vivre. Il avait donc contacté Exit pour l’aider à mourir. Ses frères l’ont appris et on introduit une action en justice pour interdire à Exit de l’aider. En attendant de trancher au fond, la justice genevoise a temporairement interdit l’assistance.

Malheureusement, plutôt que d’attendre la décision finale, l’homme s’est suicidé seul chez lui.

En Suisse, l’assistance et l’incitation au suicide n’est punie que si l’auteur poursuit un mobile égoïste. (art. 115 CP) Le cadre légal n’impose pas que le suicidé soit malade ou en fin de vie. C’était la politique des associations qui ne voulaient jusqu’à récemment assister que des personnes gravement malade.

Pour moi, la possibilité de se suicider dignement va de soi. C’est dur pour la famille mais si c’est le souhait réfléchi d’une personne, il faut le respecter. J’ai plus de réticence dans le cas d’un jeune homme ou d’une jeune fille qui voudrait se suicider à cause d’une dépression, mais si elle dure et que la personne a été traitée sans succès, je pense aussi qu’on devrait la laisser mourir dignement.

Pour plus d’info sur cette triste affaire:

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