De la sémantique

Le chapitre précédent commençait déjà le travail que nous allons faire ici. Nous allons nous construire un document qui a du sens et laisser LaTeX faire apparaître la signification des mots.

L'emphase

Pour commencer ce chapitre, nous allons faire un petit test. Compilons le code qui suit.

\documentclass[a4paper, 12pt, french]{article}
\usepackage[utf8]{inputenc}
\usepackage[T1]{fontenc}
\usepackage{babel}
   
\begin{document}
   Ceci est \emph{important}.
\end{document}

Qui peut dire ce que fait la commande \emph ?

Un indice, le titre de cette partie devrait nous aider.

Celui qui répond que la commande \emph sert à mettre le texte en italique a tout faux. La commande \emph sert à mettre du texte en emphase. Elle sert à indiquer que le texte passé en paramètre à la commande est important. L’italique n’est qu’une conséquence de cela. LaTeX met ce qui est important en italique (car ce sont les conventions typographiques), mais il aurait tout autant pu le mettre en gras ou en violet. \emph n’est pas une commande de police, c’est une commande sémantique. D’ailleurs, en écrivant \emph{Dans cette phrase importante, \emph{ce mot} est vraiment très important}, nous remarquons que « ce mot » est écrit en romain1. L’emphase est donc faite dans un texte déjà important en passant à l’écriture romaine.

On aborde là un aspect fondamental de la philosophie des TeXniciens. Nous devons faire la distinction entre le document et son rendu visuel. Notre rôle à nous est d’écrire un code avec la plus grande valeur sémantique possible. Ensuite, LaTeX se charge de mettre tout ceci en page. Non seulement cela assure une grande cohérence (tout ce qui est important sera écrit de la même manière, tous les titres de même niveau auront la même taille…), mais cela facilite aussi le passage au travail visuel.

LaTeX a des commandes de changement de police, de taille, de couleur… Mais, les utiliser comme ça ne rime à rien. Ces commandes sont judicieuses à utiliser lorsqu’on crée nos commandes. Prenons un exemple : nous écrivons un livre dans lequel nous voulons mettre tous les noms de lieu en petites capitales. Nous pourrions bien sûr, chaque fois que nous écrivons un lieu, utiliser une commande pour le mettre en petites capitales… Mais ce ne serait ni élégant, ni en conformité avec la philosophie de LaTeX. La bonne méthode serait de :

  • créer une commande \lieu qui prendrait un argument obligatoire et le mettrait en petites capitales ;
  • utiliser la commande \lieu à chaque fois qu’on écrit un lieu pour indiquer que c’est un lieu.

Il faut bien remarquer le changement de point de vue : on ne veut pas écrire qu’il faut le mettre en petites capitales, on veut indiquer qu’il s’agit d’un lieu. De plus, si plus tard on veut les lieux en bleus, il suffira de modifier la commande \lieu. Ainsi, si on veut que les mots importants soient en rouge gras, il faut modifier la commande \emph.

Nous verrons plus tard comment changer de polices, comment créer une nouvelle commande ou en modifier une existante.

En résumé, la commande \emph est la commande d’emphase de LaTeX. Elle prend un argument obligatoire, et LaTeX s’occupe de mettre en forme cet argument pour que le lecteur comprenne qu’il s’agit de quelque chose d’important.

Dans le chapitre précédent, nous avons également vu la commande à bascule \em qui permet de passer en mode emphase. Contrairement à \emph qui est, rappelons-le, une commande courte, elle permet de mettre en emphase du contenu contenant la primitive \par (donc un changement de paragraphe). Cependant, \emph doit lui être préférée et nous n’utiliserons \em que très rarement, voire jamais (il y a rarement besoin de mettre plusieurs paragraphes en emphase dans un texte).


  1. L’écriture romaine correspond à l’écriture « normale », avec des caractères droits.

Les listes

L’emphase, c’est bien, mais avec ça seulement, on n’ira pas loin. On aimerait bien faire quelque chose d’autre histoire de changer. Les listes, c’est bien, ça, non ?

Oui, les listes, c’est bien, et ce qui est encore mieux, c’est que les listes sont très faciles à faire avec LaTeX. En plus, on peut faire trois types de listes. Cela nous fait trois nouveaux environnements à découvrir.

Les listes à puces

Les listes à puces correspondent à ceci :

  • élément de la liste ;
  • autre élément ;
  • un dernier pour la route.

Pour les faire, il faut utiliser l’environnement itemize. À l’intérieur de celui-ci, il faut utiliser la commande \item pour une nouvelle entrée. Cette entrée peut tenir sur plusieurs paragraphes.

\begin{itemize}
   \item Le premier item.
   \item On fait un nouvel item. 

         On a sauté une ligne pour le faire sur plusieurs paragraphes.
\end{itemize}

En utilisant babel avec l’option french, les puces sont remplacées par des tirets.

Les listes numérotées

Les listes numérotées se construisent de la même manière que les listes à puces grâce à la commande \item. Seul l’environnement change : pour les listes numérotées, il faut utiliser l’environnement enumerate. La numérotation est faite automatiquement.

  1. Premier.
  2. Deuxième.
  3. Troisième.

Cette liste est obtenue avec ce code.

\begin{enumerate}
   \item Premier.
   \item Deuxième.
   \item Troisième.
\end{enumerate}

Là encore, les entrées peuvent être sur plusieurs paragraphes.

Les descriptions

Les listes de description s’utilisent comme les autres listes avec la commande \item. L’environnement à utiliser est cette fois description. Cet environnement permet de mettre en valeur une partie du texte (par défaut en gras). Pour cela, il faut passer en argument facultatif à la commande \item la partie du texte à mettre en valeur. Si nous ne passons aucun argument facultatif, aucun texte ne sera mis en valeur (et dans ce cas, nous devrions douter de l’utilité de notre liste). Voici un code d’exemple.

\begin{description}
   \item[Zeste de Savoir] (ou \emph{ZdS} pour les intimes) est un site communautaire de partage libre de connaissances.
   \item[Clem] est la mascotte officielle du \emph{ZdS}.
   \item[\bsc{Karnaj}] est l’auteur de ce tutoriel. 
\end{description}
De l’utilisation des listes

Ce chapitre traite de la sémantique, alors nous ne pouvons que dire qu’il faut utiliser les listes à bon escient. Si nous avons besoin de quelque chose avec une numérotation en lettres, nous pourrions utiliser une liste de description en mettant en valeur chaque lettre. Mais ce que nous voulons faire correspond plus à une liste numérotée qu’à une liste de description. Si nous voulons changer la numérotation, il faut changer le fonctionnement de l’environnement enumerate et non détourner l’environnement description de son usage.

Donc, il faut utiliser les listes pour faire ce qu’elles sont censées faire :

  • itemize pour une liste banale ;
  • enumerate pour une énumération ;
  • description pour une liste où quelque chose doit être mis en valeur (un dictionnaire par exemple).

Les citations et les vers

Nous allons maintenant voir trois environnements particuliers. Ils permettent de faire des citations hors-texte. Ces trois environnements indentent le texte pour le séparer du texte normal.

L’environnement quote

L’environnement quote est utilisé pour les citations courtes. Il s’utilise tout simplement en écrivant le texte à l’intérieur de l’environnement.

\begin{quote}
   Notre première citation.
\end{quote}

Joli, non ? L’indentation fait clairement comprendre qu’il s’agit de quelque chose hors texte.

N’utilisez pas l’environnement quote pour des citations de plus d’un paragraphe.

Cette recommandation est due au fait que l’environnement quote ne place pas d’indentation au début des paragraphes, regardez :

\begin{quote}
   Une citation sur plusieurs paragraphes. Le premier paragraphe de la citation.

   Le second paragraphe de la citation.
\end{quote}

Comme nous pouvons le voir, l’absence d’indentation laisse quasiment penser qu’il s’agit de deux citations différentes. En fait, il vaut mieux considérer chaque paragraphe dans un environnement quote comme une citation à part.

Cependant, si on veut faire deux citations, il vaut mieux utiliser deux environnements quote.

L’environnement quotation

L’environnement quotation est aussi là pour faire des citations.

Quoi ? Mais pourquoi avoir deux environnements de citations ?

L’environnement quotation est là pour pallier les faiblesses de l’environnement quote. Il permet en effet de faire des citations sur plusieurs paragraphes, car lui, il place l’alinéa de début de paragraphe. D’ailleurs, l’environnement quotation n’est utilisé que pour les citations de plus d’un paragraphe. En effet, dans le cas d’une citation à un paragraphe, on ne veut pas de l’indentation supplémentaire que donne quotation. On a donc :

  • quote pour les citations de moins d’un paragraphe ;
  • quotation pour les citations longues, celles qui font plus d’un paragraphe.

Compilez ce code et observez le résultat :

\begin{quotation}
   Voici une citation longue. 

   Tellement longue qu'elle est sur plusieurs paragraphes.

   Espérons que l'environnement saura distinguer les différents paragraphes.
\end{quotation}  
L’environnement verse

L’environnement verse est un environnement qui nous permet d’écrire des vers (et donc des poèmes) facilement. Il n’y a que deux choses à savoir.

  • On passe à un nouveau vers grâce à \\.
  • On passe à une nouvelle strophe en sautant une ligne (une strophe est donc un paragraphe).

L’environnement verse se charge de placer les vers bien et de laisser un espace entre chaque strophe. De plus, si un vers est trop long, il est coupé et la fin du vers est indenté. Ceci permet de ne pas la confondre avec le début d’un nouveau vers.

Testons donc cet environnement :

\begin{verse}
Et voilà je me lasse,\\
Tout cela me dépasse.\\
Le fil de mon ennui,\\
Tendu à l'infini,\\
Est rythmé par l'envie\\
D'une toute autre vie.\\
\end{verse}

Il s’agit de vers écrit par Phigger sur le forum poétique des zesteurs. Si vous vous sentez l’âme poétique, je vous invite à aller poster là-bas (et à rédiger en LaTeX pour vous entraîner).


Avec ce chapitre fort en informations, nous avons déjà de quoi faire de bons documents et nous avons fait notre entrée dans le monde de la sémantique. Nous avons également vu les environnements, une notion qui est très importante. Les listes et l’emphase sont très utilisées. Les citations le sont un peu moins mais restent utiles.

Au programme du prochain chapitre, quelque chose de moins utilisé, mais de très puissant.