Interview : Rencontre avec Taguan

Une lead dev' au pays de la bière et des frites !

Taguan

Salut Taguan, et merci pour cette interview ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Hello. Alors : Chantal, 28 ans, toutes mes dents ! Passionnée d'info, de cuisine, de lecture et de basket-ball.

Peux-tu nous parler de ton métier ?

Depuis janvier 2014, je travaille dans une petite start-up à Bruxelles, qui s'occupe de la gestion et de la diffusion de données de points de vente. Nos clients sont exclusivement des retailers avec de nombreux points de vente (entre 30 et 1000 je dirais). Nous centralisons les données de ces points de vente (adresse, heures d'ouverture, promotions locales, …), puis nous les diffusons vers divers médias et partenaires, comme Google My Business, Foursquare, des systèmes de GPS ou des annuaires. Nous récupérons ensuite des statistiques sur les clics, vues et autres pour mettre sur pied un rapport mensuel pour nos clients.

Moi, là-dedans, je m'occupe de tout le développement et de la gestion de notre infrastructure. Mon titre officiel c'est "lead developper", mais en réalité, je suis aussi sysadmin, analyste, DBA, architecte et fournisseuse officielle de douceurs pour la pause café. En fait, c'est simple, à part moi, côté technique, il n'y a que le CTO qui n'est là que 2,5 jours par semaine.

C'est à la fois très enrichissant, et fatiguant. Enrichissant parce que j'apprends énormément, j'ai à peine le temps de finir quelque chose qu'un nouveau challenge se présente. Enrichissant également parce que je jouis d'une très grande liberté. Mon CTO est toujours là pour valider mes choix techniques ou me donner des conseils, mais il ne m'impose presque rien. Il préfère me laisser faire un "mauvais" choix (tant que ça ne mets pas l'avancée des projets trop en danger bien sûr) pour me forger ma propre expérience plutôt que de m'obliger à faire quelque chose dont je ne suis pas convaincue. Mais les semaines où je dois corriger des bugs, faire une modification demandée par un client et comprendre pourquoi tel serveur s'est planté, tout en continuant à développer la dernière killer feature qui a été vendue aux clients, il me faudrait 6 mains et deux cerveaux.

Côté technos pour ceux que ça intéresse : nos applications sont codées en Java, avec les framework Spring, Dropwizard pour notre API et Stripes pour les applications web. Et pour la base de données, nous utilisons MongoDB.

Quelles études as-tu faites ?

J'ai un parcours plutôt atypique puisque j'ai commencé par des études de biologie. J'ai fait un baccalauréat (équivalent belge d'une licence en France, bac+3) à l'Université Libre de Bruxelles. Pendant ce bac, j'ai eu un petit cours d'introduction à l'informatique, et je me suis éclatée ! Et coup de bol, au moment où je devais choisir mon Master s'est ouverte une toute nouvelle option : le Master en Bioinformatique et Modélisation. J'ai sauté dessus et ne l'ai jamais regretté !

Par la suite, j'ai commencé une thèse à l'Université de Genève mais la recherche ne m'a pas plu. J'ai donc tout arrêté et cherché un boulot. Les opportunités en bioinformatique étant rares, je me suis tournée vers l'informatique pure. J'avais fait un petit projet en Java pendant ma thèse donc j'ai cherché dans ce domaine là, et j'ai rapidement trouvé un poste dans une entreprise qui développait des logiciels financiers. Depuis, j'ai changé encore deux fois de boulot pour atterrir à mon poste actuel.

Partir de la bio pour arriver à l'informatique, c'est (un peu) original ! Qu'est ce qui t'a tant attirée dans ce monde ?

J'ai toujours eu un esprit très logique et une prédilection pour les mathématiques. J'ai d'ailleurs longtemps pensé à faire des études de maths plutôt que de bio. Du coup, alors que mes congénères biologistes galéraient à comprendre le principe des variables pendant notre cours d'introduction à l'informatique, moi j'ai trouvé ce cours super amusant, facile et incroyablement intéressant (et pourtant, on ne faisait jamais qu'afficher des sapins à l'aide du caractère "*" hein…).

Mais le vrai déclic, je l'ai eu l'année suivante, pendant un cours qui s'intitulait "Génomique et évolution". En gros, on y apprenait la théorie de l'évolution, et les techniques permettant de relier les espèces entre elles à partir de séquences ADN (je schématise beaucoup…). Le professeur nous a notamment expliqué qu'on pouvait utiliser un algorithme génétique pour ça. J'ai trouvé ça incroyable et élégant, non seulement le principe même de ce genre d'algorithme, mais surtout le fait d'utiliser les principes de la génétique pour comprendre comment les mutations génétiques ont mené à la diversification des espèces d'êtres vivants à travers les âges ! Une espèce de raisonnement récursif, ou de serpent qui se mord la queue, je sais pas trop, mais waouh quoi !

A partir de là, dès qu'on m'a parlé d'un master en bioinformatique qui s'ouvrait l'année suivante, j'ai su que c'était ce que je voulais faire. J'ai fait mon travail de fin d'études avec ce professeur de génomique qui m'avait tant passionné, et je l'ai même suivi en Suisse lorsqu'il a changé d'Université pour faire ma thèse chez lui. Bon, finalement j'ai laissé tomber la recherche et même ce domaine-là, sans regrets d'ailleurs, mais ça reste une super expérience.

Quoique discrète, tu te caches derrière les publications sur les réseaux sociaux de Zeste de Savoir. Peux-tu nous parler un peu de ton rôle au sein de la communication ?

En effet, ShigeruM, elyppire et moi formons l'équipe comm' de ZdS. Sur le site même, nous n'avons pas énormément de boulot, parce que la communauté s'anime très bien toute seule, comme on a pu le voir récemment avec le Concentré de Savoir par exemple. Par contre, nous nous chargeons d'essayer de la faire connaître à l'extérieur. Par exemple, nous avons rédigé un communiqué de presse lors de la sortie de Zeste de Savoir. Nous nous sommes également chargés de contacter les auteurs d'un cours sur OpenClassrooms que nous voulions pouvoir reprendre ici, pour leur demander la permission (même si la licence le permettait, c'est toujours mieux) et leur proposer de créer un compte sur le site pour qu'on puisse leur attribuer le tutoriel.

Et bien sûr, nous publions des nouvelles de ZdS sur les réseaux sociaux. Nous écumons donc régulièrement les forums à l'affut d'un sujet intéressant et partageons les nouveaux articles et tutoriels. C'est le plus gros du travail actuellement côté comm'. Pour nous aider, nous utilisons Buffer, qui nous permet de publier sur tous les réseaux à la fois et d'avoir des statistiques sur nos publications.

Tu as dit être aussi passionnée de cuisine. S'il y avait une recette que tu conseillerais à nos agrumes, laquelle serait-ce ?

Oui, j'adore cuisiner, principalement des pâtisseries mais des plats salés également. J'avais même un blog de cuisine à une époque mais je ne le mettais quasiment plus à jour donc j'ai fini par me résoudre à l'abandonner.

Depuis pas mal de temps, je traverse une grosse période macarons, mais vu que ce n'est pas le plus simple à réaliser, je vous propose plutôt une des recettes préférées de mon homme : des moelleux au chocolat, coeur de chocolat blanc. En plus elle est ultra facile et rapide à faire.

Ingrédients

Pour 12 petits moelleux

  • 3 oeufs
  • 60 g de farine
  • 80 g de sucre
  • 120 g de chocolat noir (idéalement du chocolat patissier/culinaire)
  • 100 g de beurre
  • 12 carrés de chocolat blanc
Matériel
  • un saladier en inox, autrement appelé cul-de-poule en pâtisserie (mais n'importe quoi de suffisamment grand et dans lequel vous pouvez mélanger la pâte peut faire l'affaire)
  • une casserole + un bol métallique pour le bain-marie, ou à défaut (de matériel ou de courage) un petit poelon avec un fond qui n'attache pas
  • un fouet (de cuisine, pas de dressage)
  • un moule à petits muffins. La recette est pour 12 petits moelleux faits dans un moule ayant des empreintes d'environ 5cm de diamètre, 3cm de profondeur. Si vos empreintes sont plus grosses, vous pourrez faire moins de moelleux avec la même quantité d'ingrédients (merci Cap'tain Obvious…) et il faudra rallonger un peu la cuisson. Je conseille fortement un moule en silicone parce que ça reste un peu humide même après cuisson et donc c'est pas facile facile à démouler.
  • un four (à préchauffer à 180°C avant de commencer)
Recette

Dans un saladier en inox, mélangez les oeufs, le sucre et la farine au fouet.

Faites fondre le beurre et le chocolat noir au bain-marie, ou sur feu très très doux. Ajoutez ce mélange dans le saladier et mélangez à nouveau au fouet.

Remplissez vos empreintes jusqu'à environ la moitié et déposez un carré de chocolat blanc dans chaque empreinte (sans l'enfoncer). Remettez un peu d'appareil par dessus le chocolat blanc (remplissez aux 2/3, maximum 3/4, ça va gonfler à la cuisson).

Faites cuire vos moelleux 12 minutes à 180°C, option chaleur tournante si possible. Laissez refroidir quelques minutes avant de démouler et dégustez sans trop trainer pour que le chocolat blanc soit bien chaud et fondu à l'intérieur !

Moelleux au chocolat, coeur chocolat blanc


Un grand merci à Taguan pour avoir répondu à cette interview ! Si vous avez des remarques ou des questions, ou si vous voulez poster le rendu de votre moelleux chocolat, rendez-vous en zone commentaires !



58 commentaires

Merci pour cet article !

Haha, je vois que je suis pas le seul à avoir choisi mes études juste parce que j'avais surkiffé le principe des algorithmes génétiques. :D

nohar

Il y a tout un monde qui est tombé dedans !

Article très intéressant en tout cas, merci pour ce zeste de faim !

+0 -0

Aaah ! Enfin ! :D

Merci pour l'article. Juste une question :

Par la suite, j'ai commencé une thèse à l'Université de Genève mais la recherche ne m'a pas plu.

Est-ce qu'il y avait un/des aspect(s) en particulier que tu n'appréciais pas ?

+0 -0

Encore une recette a tester <3

Sinon, article très intéressant. Effectivement, je dois avouer que le parcours est un peu atypique, quoiqu'il m'est pas tout à fait étranger, étant en train de faire le même (remplacez bio par chimie, quoi). Du coup, j'avoue que la réponse à la question d'Arius m'intéresse.

Qu'est ce qui t'a tant attirée

Je l'ai pas celle-là :\ j'ai l'impression de plus en plus régresser en orthographe :|

A attiré qui ? Toi du coup l'accord me semble bon. Et la conjugaison du verbe avoir aussi.

Edit : Ah OK, Dominus a posté la correction et elyppire a corrigé dans la foulée. Me faîtes pas des frayeurs comme ça…

+0 -0

Super interview comme d'habitude. En plus ça donne faim :)

+0 -0

J'adore toujours autant lire les interviews. C'est super intéressant de connaitre les boulots des membres de la communauté, le parcours qu'ils ont dû suivre pour y parvenir et ce qu'ils font auprès de la communauté de Zeste de Savoir.

Puis c'est dingue de voir que je ne suis pas le seul a m'être extasié sur les algorithmes génétiques. Perso, c'était dans le cadre d'une IA pour les fantômes d'un jeu Pacman. Un très bon projet scolaire !

En tout cas, ravi d'en apprendre plus sur toi Taguan !

Hello ! Merci pour vos réactions :-) Et merci à Elyp' et Eskimon pour l'interviouv

@Taguan : pas trop dur de lâcher le côté biologie pour ne faire que de l'informatique ?

viki53

Pas tellement. J'avais peur que ça me manque mais finalement non. Je ne regrette absolument pas d'avoir fait mes études là-dedans par contre, parce que j'ai adoré la quasi-totalité de mes cours et je continue à trouver ça fascinant. Mais primo, le côté appliqué de la bio m'intéresse nettement moins, deusio, je m'éclate sincèrement dans l'informatique.

Est-ce qu'il y avait un/des aspect(s) en particulier que tu n'appréciais pas ?

Arius

Plusieurs :-)

  • Je n'aimais pas le côté "pas de résultat, c'est déjà un résultat". travailler des années à prouver une théorie pour finalement juste réussir à prouver qu'en fait, la théorie est fausse, bof…
  • Je n'aimais le côté hyper spécialisé de la recherche. Connaitre les principes de la génétiques, c'est intéressant. Passer 4 ans à trouver à quoi sert la protéine XYZ dans l'organisme A4315, boaf…
  • Je n'ai pas vraiment eu le temps de l'expérimenter, mais il y avait tout un pan très politique dans le monde scientifique, entre les publications pour les grands magazines scientifiques qui ne sont pas toujours basé sur des critères très clairs (ou très justes), les renommées de certains labos ou maître de recherches, la course à la publication à tout prix. Je m'imaginais pas jouer là dedans
  • Le mode de vie, la carrière typique ne m'attirait pas. Changer de pays tous les 3 ans parce que c'est mieux de faire plusieurs labos, dans plusieurs pays différents pour espérer un jour peut-être décrocher un job permanent intéressant, me battre pour obtenir des subsides régulièrement, remplir des tonnes de dossier pour justifier mon salaire… Autant ma bourse de doctorante était bien payé, autant les perspectives n'étaient pas brillantes…

Bref, je pense qu'il faut être complètement passionné par la recherche pour se lancer là-dedans. Moi à partir du moment où le côté appliqué de la bio m'excitait pas des masses, tous les mauvais côtés pesaient trop. Bon après, c'est mon expérience perso hein !

Pourquoi tester ? Quand tu reviendras en Belgique, on ira à Bxl faire un coucou à Taguan (<3) et elle nous préparera ça. :)

Arius

Chiche :)

Puis c'est dingue de vir que je ne suis pas le seul a m'être extasié sur les algorithme génétiques.

Andr0

Ah Ah, avec Nohar on est déjà 3 donc ! Faut dire que c'est beaucoup trop coooool \o/

Merci pour les réponses, chef ! Et tu continues à t'intéresser à l'actu lié à la bio ou plus trop ? :)

Ah Ah, avec Nohar on est déjà 3 donc ! Faut dire que c'est beaucoup trop coooool \o/

Oh, c'est bien plus que 3. :)

+0 -0

Travaillant à Inria et donc côtoyant des chercheurs au quotidien, je peux comprendre les raisons pour lesquelles tu n'as pas aimé la recherche. C'est un domaine vraiment très spécial où il faut une certaine motivation à vouloir faire un doctorat. Si tu fais un doctorat juste pour en faire un comme tu pourrais le faire pour un master, c'est mort. Et si tu y arrives alors que tu n'étais pas spécialement motivée, tu auras passé 3 années (ou plus) difficiles.

Par contre (et je ne sais pas si c'est spécifique à Inria), il n'est nullement nécessaire de voyager pendant le doctorat. La seule chose qui est (très) bien vue, c'est de devoir faire un post-doc dans un autre labo pendant 6 mois et, de préférence, le plus loin possible.

Puis, même si c'est le parcours logique de rester dans le monde de la recherche après un doctorat, il n'est pas obligatoire de travailler dans la recherche ou dans le secteur académique. Tu peux très bien retrouver dans le milieu de l'entreprise mais il est vrai que tu arriveras difficilement à faire valoir ton doctorat. Tu pourrais même être sur-qualifiée pour certaines entreprises. Ca c'est pas cool. ^^

En France, certaines boites cherchent des bac+2 car c'est presque aussi qualifié que le bac+3, mais qu'on peut les payer moins. :D

Le retour de Taguan me parle beaucoup, justement car je suis en train de finir mon M2, et que je vois pas mal de trucs qui ne me conviennent pas, surtout dans l'après doctorat (et qu'elle a bien résumé). En plus, les bourses de doctorat ne sont pas vraiment « bien payés » pour la plupart, dans l'hexagone. ^^

Encore une interview bien intéressante !

+0 -0
Connectez-vous pour pouvoir poster un message.
Connexion

Pas encore membre ?

Créez un compte en une minute pour profiter pleinement de toutes les fonctionnalités de Zeste de Savoir. Ici, tout est gratuit et sans publicité.
Créer un compte