Si vous avez lu mon tutoriel sur la cartographie, le nom de Jacques Bertin est pour vous familier. Aujourd’hui est un jour un peu spécial : on fête ses 100 ans !
Sa vie, son œuvre
Mais il a fait quoi de beau, ce brave Jacques, pour qu’on lui fête son anniversaire (surtout qu’il est mort en 2010) ? Jacques était un cartographe : il dessinait donc des cartes. Il a fait même mieux : il recherchait comment on peut représenter le monde de la meilleure manière possible. Il travaillait au sein du laboratoire de graphique à l’EHESS, où il concevait des cartes pour ses collègues ; mais, lui, ce qui l’intéressait, c’était de réfléchir comment l’information, visuellement, peut être transmis. En effet, à l’époque, les cartes comportaient beaucoup de texte. Or, une carte ne doit pas être lue, mais vue : on doit comprendre au premier coup d’œil l’information principale. Il a inventé un « langage » cartographique, avec ses règles, pour que les cartes soient facilement compréhensibles : c’est la sémiologie graphique. Bertin va alors mener une démarche extrêmement rigoureuse pour trouver la recette d’une carte efficace :
Il importe donc de définir un critère précis, mesurable, à partir duquel on puisse classer les constructions, définir incontestablement la meilleure et expliquer, s’il y a lieu, pourquoi certains lecteurs préfèrent une construction et certains une autre. Nous appellerons ce critère « l’efficacité ». - Bertin
Il va écrire un livre, La Sémiologie Graphique, qui est un ouvrage de référence, cité dans quasiment tous les ouvrages de cartographie. C’est un travail inédit, avec quasiment aucune bibliographie, exceptées quelques références dans le corps de texte : un travail de titan, synthétisant des essais pour trouver les bonnes combinaisons de formes, couleurs… Finalement, il a établi huit règles de sémiologie, pour qu’une carte soit lisible, quasiment érigées en dogme par certains cartographes. Mais ça, c’est une autre histoire .
Les hommages
Les hommages vont pulluler dans la sphère des cartographes, et sûrement au-delà. En effet, son travail sort du cadre de la cartographie, et concerne toute la représentation graphique de l’information. L’année dernière, on fêtait les 50 ans de son ouvrage, et on trouve quelques choses intéressantes fait dans ce cadre.
On peut citer l’exposition sur son travail, organisée par l’EHESS ou la réédition de son ouvrage, La Sémiologie Graphique. Et finalement, un très bon article revenant sur l’apport et les limites de la Sémiologie graphique, écrit par Gilles Palsky.
Bref, joyeux anniversaire, Jacques, et merci pour ton travail ! Si vous voulez aller plus loin, pourquoi ne pas lire sa biographie sur Hypergéo ?