L’avant-propos se trouve ici.
J’ai mal. Assis dans la voiture qui m’amène vers le cabinet médical où je vais subir une IRM, j’ai mal. Ma mère trouve, oh joie !, une place toute proche. Nous rentrons, nous nous présentons à l’accueil et, après un petit temps d’attente, je suis pris.
Parmi les scènes qui m’ont marquées, celle-ci est située bien haut.
Comment expliquer ce qu’est une IRM a quelqu’un qui n’en a jamais subi ? On commence par vous faire vous déshabiller, on vous demande si vous avez une intolérance au produit marqueur, si vous portez des trucs métalliques (ceinture, boucle d’oreille, piercing…) et vous rentrez dans une grande salle avec un gros tube creux. On s’assoit sur un lit qui va rentrer dans le tube. Et on vous donne un casque pour protéger vos oreilles.
ZIUM PLUT PLUT PLUT PLUT PLUT ZBA ZBA PZIIIIIIIII ZIUM ZIUM PLUT PLUT PLUT PLUT PLUT…
Imaginez de la techno, de la mauvaise techno, enregistrée par quelqu’un adorant les sons répétitifs. Vous avez une vague idée de ce qu’on peut entendre. Et ça dure de quelques minutes à une heure selon la machine et la taille de la zone à scanner.
Après cette extraordinaire séance de grande musique, on nous dit d’attendre dans une seconde salle d’attente. Avec ma mère, nous sommes seuls. Je rappelle si vous avez oublié : j’ai mal.
Après un petit moment, voilà le médecin. Il nous dit de le suivre jusque dans son cabinet et nous montre des inflammations, des petits trucs pas normaux autour de ma colonne vertébrale. Le tout est très pédagogique. Il ne sait pas trop à quoi c’est dû, il veut que je fasse, là dans la foulée, une radio. Nous sommes raccompagnés jusque dans la salle d’attente, où une infirmière nous dit qu’il faudra passer à la pharmacie pour leur acheter un produit marqueur (qui doit normalement être apporté lors de l’examen) pour la radio, mais qu’ils en ont d’avance.
Le scanner. C’est plus proche du beignet que du tube et c’est moins bruyant que l’IRM. Le lit (et vous avec) se déplace pour scanner la zone voulue. Les images ne sont nettes que si vous ne bougez pas lors du scanner, d’où les instructions régulières « Inspirez, bloquez,…, …, …, respirez ».
Je repars dans la seconde salle d’attente. J’ai mal.
Assez vite, voici deux médecins qui viennent (le type de l’IRM et du scanner, j’imagine). Monsieur IRM me tend un dossier en me disant : « Allez voir votre médecin traitant. »
Petite parenthèse : lors d’une conversation, le texte, ce qui est dit, ne porte pas tout le sens. Il faut l’intonation, le contexte, les expressions, les mouvements, les mimiques… Pour des raisons de compréhension, le dialogue qui suit vous est donc proposé en deux versions : ce qui est dit, et le sous-texte.
(Médecin) Allez voir médecin traitant. (sous-texte) Dégagez de mon cabinet.
(Moi) Qu’est-ce que j’ai ?
(Médecin) Des ganglions. (sous-texte) Vous allez mourir.
(Moi) Mais c’est normal, ça. (sous-texte) Comment ça je vais mourir ???
(Médecin) Mais ils sont gros. Allez voir votre médecin traitant. (sous-texte) Vous êtes mort, MORT ! Vous pensez que vous êtes vivant, mais c’est illusion, vous êtes foutu ! Partez d’ici, je ne veux plus vous voir. Vous me faites peur, à être déjà crevé à même pas 20 ans.
Je n’ai pas ma carte Vitale (on ne l’a jamais retrouvée, et comme je n’ai eu aucun rendez-vous médical entre mes 16 ans et mes 20, on ne s’en est jamais rendu compte). Nous attendons un moment dans la salle d’attente, le temps qu’ils pressent le CD avec le scanner, mais la presse ne marche plus. Nous partirons sans les CD, en ne payant que les machines (pas les médecins), sans apporter de produit marqueur. Quand je le signale à ma mère, elle me fait remarquer qu’ils n’ont surement pas envie de nous revoir (en fait, elle le sait, ils lui ont dit à l’accueil).
Nous partons chez mon médecin traitant.