Si l’on fait quelque chose d’aussi tordu que changer d’heure, c’est sûrement que ça sert à quelque chose, n’est-ce pas ?
La même justification est rapportée par de nombreux médias (notamment 1, 2 3, 4). Le changement d’heure est pratiqué depuis 1976, avec l’objectif de consommer moins de pétrole, notamment en faisant des économies sur l’éclairage. Selon une étude de l’Ademe, on aurait économisé 440 GWh (gigawatts-heures) en 2009 grâce à ça, soit les besoins en éclairage d’une grande ville de 800 000 habitants.
Quelques autres médias, plus rares, critiquent cette justification énergétique (5, par exemple). Et ils ont raison ! 440 GWh, c’est environ 0,1% de la consommation électrique française, qui se situe entre 480 TWh et 490 TWh (voir par exemple 6). Autant dire qu’on économise presque rien. Alors pourquoi conserve-t-on le changement d’heure ?
Un autre gain est apporté par le changement d’heure, rapporté par la même étude, mais souvent ignoré par les commentateurs. Le pic de consommation électrique journalière est diminué de l’ordre de 1 à 3 GW, ce qui facilite la vie du gestionnaire de réseau, mais ne fait pas grand chose de plus. Est-ce bien suffisant pour conserver le changement d’heure ?
Cela ne suffit peut-être pas au regard des soupçons d’effets néfastes du changement d’heure sur l’organisme, qui restent cependant à démontrer de manière définitive.
Même si elle a été parfois évoquée (7), la suppression du changement d’heure n’a plus l’air d’être à l’ordre du jour… Pourtant, avec des gains maigres et des effets néfastes potentiels, la balance coûts-bénéfices ne penche pas peut-être pas dans le bon sens.
Illustration: Effet du changement d’heure sur les horaires de lever et coucher du soleil à Greenwhich en 2007 (source).